Interrogé vendredi dernier, Éric Denoyer, le patron de Numericable, a confirmé qu'un scénario de rapprochement avec SFR avait bien été étudié et qu'il était plus qu'intéressant sur le plan financier. Il n'a toutefois pas affirmé que SFR était intéressé à son tour.

Des synergies importantes entre les deux groupes

Depuis mai 2012, l'idée de partenariats renforcés entre opérateurs télécoms fait son train. À l'époque, la logique poussait déjà à une alliance technique afin de réduire les frais, l'arrivée de Free Mobile ayant rogné les marges de la concurrence. En octobre dernier, nous vous annoncions en exclusivité des discussions entre SFR et Numericable, avec pourquoi pas une fusion à la clé. Une nouvelle confirmée par nos confrères quelques jours plus tard, ainsi que par Éric Denoyer lui-même il y a trois jours.

Mais Numericable et SFR fusionneront-ils un jour ? Au regard des récents propos du patron de Numericable accordés au Figaro, la réponse à cette question appartient principalement à SFR, ainsi bien sûr qu'à l'Autorité de la concurrence. En effet, pour Éric Denoyer, les synergies entre son groupe et celui de SFR sont évidentes. Le premier est le numéro un du très haut débit fixe, et de loin, tandis que le second tente de développer rapidement la 4G. En somme, les deux réunis deviendraient un leader du très haut débit fixe et mobile.

« Ce mouvement serait un déclencheur créateur de valeur » résume le PDG. « Or, après la guerre des prix qui a sévi en 2012 avec l'arrivée de Free Mobile, l'objectif est bien de retrouver de la valeur pour être plus efficace dans le nouveau cadre en rationalisant les investissements. C'est ce que permettrait un rapprochement Numericable-SFR en recréant une vraie dynamique. »

Pour Denoyer, en se réunissant avec Numericable, SFR devra beaucoup moins dépenser dans le très haut débit fixe, ce qui lui permettrait d'économiser des centaines de millions d'euros par an, soit des milliards d'euros à moyen terme. Un argument de poids pour une éventuelle fusion, bien que la valeur de SFR (entre 10 et 20 milliards d'euros), largement supérieure à celle de Numericable (3 milliards d'euros ?), puisse compliquer une fusion rapide.

SFR ne veut pas en entendre parler

Du côté de SFR, le discours est simple : la société « n'est pas à vendre » selon Stéphane Roussel, son PDG, qui préfère aborder le sujet du « partage des moyens techniques sur une partie du réseau » (en somme, la mutualisation). Pourtant, sa maison-mère, Vivendi, n'a jamais caché qu'elle souhaitait céder ses différentes filiales télécoms afin de se concentrer sur d'autres secteurs, notamment les médias.

Concrètement, qui peut et surtout ne peut pas fusionner ? Orange est d'office exclu, dès lors qu'il domine à la fois largement le secteur fixe et mobile en France. SFR, pour sa part, ne peut fusionner avec Free et Bouygues Telecom, le risque étant de créer un duopole soit dans le secteur fixe, soit dans le secteur mobile. Enfin, à l'heure actuelle, une fusion entre Bouygues Télécom et Free semble peu crédible, tant les atomes crochus entre les deux sociétés sont peu nombreux.

Le seul scénario plus ou moins crédible quant à une fusion reste donc bien Numericable et SFR. Toutefois, depuis quelques semaines, la mutualisation des réseaux demeure de très loin le scénario le plus viable pour les opérateurs à l'heure actuelle. Tous les opérateurs ou presque y sont favorables, et l'ARCEP n'y est pas opposée sous certaines conditions.