Lors de la présentation des derniers résultats financiers de son groupe, Martin Bouygues a abordé le cas difficile du secteur fixe chez Bouygues Telecom, à savoir les forfaits haut et très haut débit. Le futur accord avec SFR a aussi été discuté, ainsi que la chute des ventes de terminaux.

Bouygues souffre dans le secteur mobile, mais aussi dans le fixe.

La chute des ventes de smartphones

Aujourd'hui, Bouygues Telecom axe l'essentiel de sa communication vers la 4G, porté par ses fréquences 1800 MHz qui lui permettront d'offrir le très haut débit mobile à au moins 40 % de la population à partir du 1er octobre. Il faut dire que l'opérateur doit à tout prix redresser ses comptes. La société a en effet revu à la baisse ses prévisions de chiffre d'affaires de plusieurs centaines de millions d'euros pour toute l'année 2013 pour sa filiale télécom. La faute aux départs des abonnés bien entendu, mais aussi à un autre phénomène : le sans engagement.

Comme nous le rappelions encore le mois dernier, les Français se tournent massivement vers les offres sans engagement. Que ce soit grâce à Free Mobile, Sosh, Red, B&You et toutes les offres des MVNO, le choix ne manque pas et les tarifs sont agressifs. Mais ce succès du sans engagement a une conséquence majeure pour les opérateurs : ils ne vendent plus de smartphones.

Lors de la présentation des derniers résultats du groupe, Martin Bouygues a ainsi expliqué qu'au premier semestre 2011, 2 millions de smartphones s'écoulaient. Deux ans plus tard, au premier semestre 2013, ce nombre est tombé de plus d'un tiers, à 1,3 million d'unités. Une chute à l'impact financier non négligeable et qui remet en cause les stratégies des anciens opérateurs, qui ne peuvent plus compter sur ces ventes pour doper leurs résultats. « Cela a un impact significatif sur le chiffre d'affaires de Bouygues Telecom » a ainsi noté le PDG.

Les performances moyennes de la Bbox

Lors du dernier bilan financier de Bouygues, nous avons noté les résultats très médiocres de l'opérateur dans le secteur mobile, sauvé essentiellement par B&You, mais nous avons surtout remarqué son trimestre catastrophique dans le secteur fixe. En effet, alors que Bouygues faisait il y a peu encore parti des opérateurs recrutant le plus d'abonnés internet en France, lors du deuxième trimestre, il s'est contenté d'attirer 10 000 nouveaux clients dans ses filets. C'est 35 000 de moins que lors du précédent trimestre. C'est surtout 78 000 de moins que pour le dernier trimestre 2012.

Comment peut-on expliquer un tel marasme pour un opérateur habitué à faire partie du haut du pavé depuis plus de deux ans ? Martin Bouygues, interrogé sur le sujet par une personne présente sur place, a confirmé sa déception : « On a au premier semestre eu des performances moyennes, pas très bonnes, qui ne nous ont pas satisfaits. » De mauvaises performances qui ont deux explications, a précisé le PDG. « Il y avait des raisons. Il y avait un choix. On était en plein dans la restructuration, dans la réorganisation... Et puis on avait aussi un certain nombre de problèmes qualitatifs sur nos offres fixes à régler, et ces problèmes de qualité sont désormais réglés. Ce qui nous permet de pouvoir reprendre une offensive. »

Martin Bouygues explique donc que l'opérateur n'a recruté que 10 000 clients au deuxième trimestre et seulement 55 000 sur tout le semestre, du fait des centaines de départs qui ont débuté l'an passé. Mais surtout, le PDG note que les offres avaient des « problèmes qualitatifs ». Si l'homme n'a pas été des plus précis sur le sujet (parle-t-il de lenteurs, de déconnexion, d'affichage de la TV ?), ses propos font plus que sous-entendre que ses équipes ne se sont pas du tout concentrées sur les recrutements de nouveaux abonnés, et qu'elles ont préféré dans un premier temps régler des problèmes internes.

Le patron rajoute d'ailleurs que ces problèmes appartiennent désormais au passé. « Je pense que nous aurons d'ici la fin de l'année un certain nombre de nouvelles offres que nous mettrons en œuvre. Nous prendrons quelques bonnes initiatives d'ici la fin de l'année dans ce domaine » s'est-il contenté d'annoncer, sachant qu'Olivier Roussat, le PDG de la division Bouygues Telecom, n'a pas souhaité annoncer quoi que ce soit sur le sujet, peut-être surpris par les propos de son supérieur. Ce dernier s'attend en tout cas à « mieux » au second semestre dans le secteur fixe. Il faut l'espérer pour Bouygues Telecom.

Les fruits du futur accord avec SFR ne seront pas récoltés avant longtemps

Enfin, concernant le futur accord de mutualisation des réseaux mobiles entre Bouygues Telecom et SFR, qui ne concernera ni les zones blanches, ni les zones denses, Martin Bouygues a confirmé qu'il ne sera pas bénéfique pour Bouygues avant un moment. « À partir de l'année prochaine, sûrement pas » a-t-il ainsi répondu à un intervenant lui posant une question sur ce sujet. « Les effets positifs seront plus longs à diffuser » a précisé le milliardaire.

L'accord, qui devrait être finalisé d'ici la fin de l'année si tout va bien, devra de toute façon passer entre les mains de l'ARCEP et de l'Autorité de la concurrence. Ces dernières « vont veiller à ce que cette mutualisation des réseaux ne crée pas de nouveaux déséquilibres structurels et économiques entre les différents opérateurs » a d'ailleurs rappelé Martin Bouygues. « Cela provoquera des économies substantielles, mais cela devra se faire sans déséquilibre économique majeur. » Orange et Free Mobile ont donc de quoi se voir venir. « Nous ne prenons pas cette annonce comme une mauvaise nouvelle » réagissait d'ailleurs Stéphane Richard, le PDG d'Orange, fin juillet, lors de l'annonce des discussions exclusives entre ses deux concurrents.