CES de Las Vegas : l’édition 2021 se réinvente en ligne pour exister
Un coup de poker
Le 11 janvier 2021 à 16h42
7 min
Hardware
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Pour la première fois depuis son existence, le Consumer Electronics Show (CES) est un événement virtuel, entrainant des modifications profondes dans son organisation, aussi bien pour les participants que les exposants. Un changement de taille, notamment pour les startups et écosystèmes locaux.
Ce soir, le CES 2021 ouvre officiellement « ses portes ». Durant quatre jours (le lundi étant traditionnellement réservée aux médias), le monde de la tech va vivre au rythme des annonces des constructeurs.
CES 2021 virtuel : Las Vegas en fait les frais
Mais contrairement aux autres années, les dizaines de milliers de participants ne se sont pas rendus en masse à Las Vegas, pandémie mondiale oblige. C’est évidemment un coup dur pour la ville et l’économie locale. En 2020, l’impact du Consumer Electronics Show était de près de 300 millions de dollars selon Las Vegas Review-Journal.
L’absence de voyageurs et d’exposants en 2021 entraine une baisse drastique du prix des chambres, de la fréquentation des hôtels – des suites servant de stands à certains constructeurs – et des autres « attractions » de la ville.
Cette année devait être celle de l’inauguration de l’extension d’un des halls d’exposition, c’est donc partie remise. Il en est de même pour la Boring Company d’Elon Musk, qui avait prévu d’ouvrir au public son tunnel pour transporter des voyageurs entre les différents halls du CES. Nous découvrirons cela plus tard.
On regarde avec les oreilles, on touche avec les yeux
Les grands constructeurs se sont adaptés avec facilité à ce nouveau format, puisqu’ils organisent régulièrement des évènements en ligne. C'est d'autant plus le cas ces derniers mois du fait de la crise sanitaire qui a été l'occasion de multiplier les conférences préenregistrées. Depuis quelques jours déjà, les présentations et autre teasing se multiplient donc.
Mais les plus gros shows sont encore à venir, avec des moments importants, qui seront suivis par tout le secteur. AMD ouvrira officiellement le bal, avec Lisa Su en maitresse de cérémonie. Elle livrera la feuille de route de l'entreprise pour l'année à venir. Une année marquée par la montée en puissance d'ARM, son rachat par NVIDIA, l'arrivée d'Intel dans le secteur des GPU et son retour progressif attendu sur le devant de la scène...
Le géant de Santa Clara s'exprimera dès ce soir, NVIDIA demain. D'autres seront par contre aux abonnés absents ou ont considérablement réduit la voilure. C’est le cas d’Amazon, de Facebook, de Google et de Microsoft par exemple, comme l’explique Ars Technica. D’autres profitent de la vague du CES sans pour autant s’y rattacher complètement. C’est le cas de Samsung avec sa conférence Galaxy Unpacked qui se déroulera le 14 janvier, dernier jour du salon.
Cette année, la principale différence sera l’impossibilité de « toucher » les produits ou de les voir de près… on devrait donc passer au travers d’articles sur des « prises en main » de quelques minutes seulement. Dans certains domaines, ça sera plus problématique : les télévisions par exemple. Alors que les annonces sont déjà nombreuses, il sera bien difficile de se rendre compte du rendu de telle ou telle dalle par écran interposé.
Cet aspect physique du salon de Las Vegas est une part importante de son ADN, comme le reconnait le porte-parole du CTA ( Consumer Technology Association, organisateur du CES), Jean Foster, repris par l’AFP : « Le CES est l’un des événements les plus expérientiels au monde, où les participants peuvent réellement voir, toucher et expérimenter les dernières innovations »… mais pas cette année.
Certaines habitudes du « monde d'avant » restent par contre de mise, comme les fameux Awards dont sont si friandes les sociétés, et qui se répartissent en deux catégories : Best of Innovation et Honoree.
Cette année encore, plusieurs centaines ont été distribués, répartis dans plusieurs dizaines de catégories. Bref, comme chaque année, c’est un peu l’école des fans. Il faut dire que le marché est juteux pour la CTA qui facture entre 500 et 850 dollars de « frais d’entrée » pour participer à la sélection.
À la place de la « magie », un « bureau d’ancrage » et de l’IA
Jean Foster de la CTA ne se laisse pas abattre : « Et même si nous ne pouvons pas recréer cette magie qui se produit à Las Vegas, nous pouvons offrir à notre public une expérience numérique nouvelle et unique ».
Afin de mettre en place sa plateforme virtuelle du CES 2021, la CTA s’est rapprochée de Microsoft et plus particulièrement de son outil Teams : « Nous avons vraiment construit autour du concept de personnes pouvant interagir les unes avec les autres », affirme Foster. Un coût à « sept chiffres » précise Gary Shapiro (président du CTA).
« La version numérique du CES sera une "véritable expérience de diffusion", dont la pièce maîtresse sera un "bureau d’ancrage" en ligne composé de vétérans des médias sociaux et des nouvelles technologiques », expliquent nos confrères de l’AFP. Ce « bureau » permettra d’accéder à des interviews, des annonces, des récapitulatifs, etc.
On y retrouve aussi la liste des conférences et des exposants, une messagerie instantanée, la possibilité de « discuter » en tête avec des représentants des sociétés, un agenda, etc. Des rediffusions des événements devraient être disponibles jusqu’au moins mi-février pour ceux qui se sont inscrits et qui ont payé les frais pour participer.
Comme on peut s’en douter, l’IA est mise à contribution afin de proposer aux visiteurs des contenus et des exposants en lien avec leurs centres d’intérêt… « dans l’espoir de donner une tournure logicielle au hasard de tombées sur des produits sympas sur les planchers d’exposition », note l’AFP avec une pointe de sarcasme. On pense notamment aux start-ups qui misaient les années précédentes sur le CES pour se faire remarquer.
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Quid de la French Tech ?
En 2020, le CTA revendiquait près de 4 500 stands au CES, mais ils ne sont plus que 1 500 cette année. La French Tech limite la casse avec 110/120 start-ups, contre 160 l’année dernière : « Une baisse de seulement 25 % contre 60 % pour le nombre d'exposants global », explique Éric Morand de Business France à L’Usine Digitale.
La France représente donc entre 7 et 8 % de l’ensemble des exposants. On regrette par contre de voir toujours la même « lutte » entre les régions, chacune essayant de tirer la couverture à soi.
Cette édition sera par contre particulière pour les start-ups, quelle que soit leur nationalité. En effet, il n’y a évidemment pas de CES Unveiled ni d’Eureka Park, deux lieux où l’on pouvait rencontrer facilement des start-ups et discuter avec les personnes impliquées dans les projets.
Ces dernières années, nous y avons rencontré plusieurs sociétés françaises, avec toujours un certain « étonnement » : pourquoi diable devons-nous traverser une bonne partie du globe pour les « découvrir » si loin de nos contrées ? Il faudra donc voir si cette édition virtuelle leur donnera autant de visibilité.
Des CES « hybrides » par la suite ?
La suite se prépare déjà et la CTA a fait savoir que le CES comptait bien (re)poser ses valises à Las Vegas pour les années à venir… en fonction des conditions sanitaires évidemment.
Les dates des prochaines éditions sont déjà connues : 5 au 8 janvier 2022 et 2023, 9 au 12 janvier 2024.Elles pourraient être « hybride », mélangeant présentiel et distancié. Tout cela dépendra du succès de cette édition entièrement virtuelle et de l’évolution de la crise sanitaire. Rendez-vous d'ici quelques jours pour en faire le bilan.
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