Booking.com concède plus de concurrence dans la réservation en ligne
Quand la nuitée nuit
Le 16 décembre 2014 à 09h00
4 min
Droit
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Sous le coup d’une enquête dans trois pays européens, dont la France, le site de réservation de chambres d’hôtel Booking.com s’est finalement engagé à supprimer la clause dite de parité tarifaire, peu avantageuse pour la concurrence et le porte-monnaie des consommateurs.
Cette clause interdit en effet aux hôteliers faisant appel aux services de Booking.com de pratiquer des prix plus bas sur les autres plateformes de réservation ainsi que sur les autres canaux, même hors ligne. « Cette clause permet d'éviter que les consommateurs ne repèrent la chambre sur la plateforme et traitent ensuite directement avec l'hôtel pour valider leur réservation à un prix moindre » explique l’Autorité de la concurrence. Problème : Booking, Expedia et HRS se partagent 70 % de la réservation de chambres en ligne, le premier se taillant même la part du lion en référençant trois quarts des hôtels français.
La concurrence sacrifiée sur l'autel d'Internet
Le mécanisme de la parité avait fait tiquer l’Autorité de la concurrence, suite à une action des syndicats hôteliers. Et pour cause, quelle que soit la marge de Booking.com, il oblige l'alignement des conditions de vente. « Même en pratiquant des taux de commission plus bas et plus intéressants pour les hôteliers, ces plateformes ne peuvent pas se différencier en prix et proposer des nuitées moins chères aux clients ». Ce mécanisme juridique désavantage donc le consommateur qui ne peut profiter de l’aiguillon de la concurrence en évinçant notamment les plus petites plateformes de réservation.
Face à la gronde montante, Booking s’est finalement engagé à supprimer cette fameuse clause dans l’ensemble des pays européens. « Grâce aux engagements proposés, les hôteliers pourront faire jouer la concurrence entre les plateformes et ainsi faire baisser le montant des commissions et in fine le prix des nuitées. Ces engagements devraient donc bénéficier tant aux hôteliers qu'aux consommateurs » anticipe généreusement l’Autorité.
Seulement, celle-ci ne s’en tiendra pas à ce seul engagement mis en œuvre durant trois ans dans les six prochains mois. Elle promet tests de marché et auditions auprès de tiers pour jauger sa solidité et sa pertinence. Au besoin, si les efforts consentis se révélaient insuffisants, une procédure contentieuse se dessine à l’horizon.
Vers une clause de parité restreinte
Pourquoi cette prudence ? En lisant l’acte d’engagement (PDF), on découvre que Booking propose de conserver une clause de parité, mais de façon restreinte. Simplement, cette clause ne sera plus appliquée dans certains cas pointus encadrés par des conditions de remboursements des clients mécontents.
Extrait de l'acte d'engagement de Booking.com
Il s’agit des rabais consentis par les hôtels aux membres d’un groupe pour lequel l’adhésion n’est pas automatique et quand les consommateurs acceptent explicitement de devenir membres. L’exclusion de cette clause se fera en outre sous silence (vour l'alinéa sous réserve). Le site prend en effet soin de mentionner que dans ce cadre, l’information du tarif de nuitée ou du rabais ne devra pas faire l’objet d’une diffusion auprès du public notamment dans les moteurs de recherches ou les sites de comparaison de prix.
Booking.com, clarifie l'Autorité de la concurrence, « maintiendra l'obligation de parité tarifaire vis-à-vis des canaux de distribution directs des hébergements. A cet égard, Booking.com pourra conclure et mettre en œuvre des obligations imposant aux hébergements de proposer sur le site internet Booking.com des tarifs de nuitées identiques ou inférieurs à ceux disponibles sur les canaux de distribution directs des hébergements (incluant les canaux de distribution en ligne ou hors ligne), y compris via les sites de méta-moteurs de recherche.»
Du coup, devine aussi la Commission européenne, qui chapeaute ces procédures lancées en France, Italie et Suède, « l'hôtel serait encore tenu de proposer sur Booking.com des prix au moins aussi avantageux que ceux pratiqués sur ses propres canaux de réservation en ligne et hors-ligne. »
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Vers une clause de parité restreinte
Commentaires (7)
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Abonnez-vousLe 16/12/2014 à 09h41
Ils fournissent la vaseline et le verre pilé aussi ? …
Sérieux pour avoir bossé dans le secteur hôtelier je n’ai jamais accepté cette maudite parité. Il est normal que l’hôtelier puisse proposer un prix inférieur sur son site Internet .. Apres les canaux de distribution on s’en tape … Le tout c’est de se passer des 15% voir plus qu’ils prennent …
Un site hôtelier bien fait est 10 fois mieux que leur m…. de booking.
Le 16/12/2014 à 09h52
C’est ça qu’on appelle le crapbooking ?
Le 16/12/2014 à 11h32
hello,lesujet est loin d’être simple et il faut savoir que ces règles de paritétarifaires ont été créés à l’origine a la demande a la demande des hôteliersqui avaient peur de voir les OTAs offrirent des tarifs inferieures a ceuxproposés en direct. A mon sens c’est un véritable cadeau empoisonnéque bkg.com vient de faire. Quand on parle de parité on parle d’ailleurs de plusieurschoses : - la parité de dispo : celle-ci oblige les hôtelsà proposer les mêmes types de chambres sur les OTA (ou au moins les chambresles moins chères) impossible de distribuer ces chambres standards en direct etles suites sur les OTA)
-la parité tarifaire :obligation d’offrir le couple chambre/tarif le moins cher : conditions devente et descriptif du package identique (la encore impossible d’essayer devendre de la chambre sèche sur les OTA et de la chambre + petit déjeuner en directau même prix : Ça a marché mais c’est plus vraiment le cas …)
Pour s’assurer du respect deces règles les OTA utilisent des prices shopper qui balayent l’ensemble dessites et se chargent d’envoyer des piqures de rappels aux hôtels. Sans régularisationrapide l’hôtel va alors rapidement tomber dans les profondeurs du classement.Et quand un hôtelier vend aujourd’hui 50% de son inventaire sur booking.com c’estplutôt dissuasif … Quidde la parité inter OTA qui serai le seul moyen pour un hôtelier de gérer sa distributionen s’appuyant non pas sur le prix de vente mais sur la contribution dudistributeur. Impossible de savoir si je vais pouvoir vendre la même chambre ades tarifs differentes sur bkg/hrs/exp et pourtant les commissions sont différentes.Finalementbkg ne prend aucun risque. Sur l’hotellerie individuelle ils ont totalementcaptés les clients :-investissement colossaux en SEM et cela inclus le droit de bidder sur le nom del’hôtel : les hôtels n’ont pas le budget pour suivre et se retrouve en page 2de google ce qui n’aide pas pour générer du trafic et de la réservationdirecte.
Je travaille pour un groupe hôtelierdu top 10 mondial et quand je vois nos difficultés je peux dire qu’un hôtelindividuel n’est plus aujourd’hui maitre de sa distribution …
Le 16/12/2014 à 12h10
J’ai quand même du mal à concevoir que Booking porte atteinte à la concurrence…
Le système a probablement de nombreux défauts, mais on ne peut pas tout avoir en même temps.
J’imagine qu’on parle plutôt de la concurrence entre Booking et les autres sites de réservation d’hôtels, mais les trois principaux sites se partagent seulement 70% des réservations en ligne… Dans le domaine des télécoms, avant l’arrivée de Free, trois acteurs c’était génial…
Le 16/12/2014 à 13h01
Le 16/12/2014 à 20h26
Le 16/12/2014 à 21h58
Non, chaque hôtel est obligé de proposer son prix minimum sur booking, c’est quand même pas la même chose… À côté de ça, booking fait jouer à plein la concurrence entre hôtels, donc la résultante totale ne me semble pas si évidente.