L’Arcep a enfin mis à jour son observatoire du déploiement de la 5G. Free arrive en tête sur le nombre de sites, mais se place dernier sur ceux à 3,5 GHz, la bande au cœur de la 5G car permettant des débits plus importants. Les opérateurs continuent de monter le débit de leurs sites, qui sont désormais 70 % à 240 Mb/s minimum.

Avant le lancement commercial de la 5G en France, l’Arcep avait expliqué qu’elle reprenait la main sur la publication des observatoires du déploiement. Il revient ainsi au régulateur des télécoms de publier l’observatoire des sites commercialement ouverts, tandis que l‘ANFR garde celui des autorisations et des sites techniquement opérationnels.

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L’Arcep divise son rythme par trois

L’Arcep était réactive au début avec un bilan publié tous les mois (mi-février pour les chiffres de janvier, mi-mars pour ceux de février, etc.), soit la même temporalité que l’observatoire de l’ANFR. Mais là le rythme s’est ralenti à partir de l’été dernier.  Il n‘y a pas eu d’observatoire sur les déploiements de juillet et d’aout, tandis que les données du mois de mai ont été mises en ligne… le 7 octobre. Il a fallu attendre le 16 décembre pour avoir celles du troisième trimestre. 

Le gendarme des télécoms nous a confirmé ce changement important de temporalité, sans davantage de précision : « Le rythme de publication initialement mensuel est trimestriel depuis la publication des données du deuxième trimestre 2021 en octobre 2021, nous devrions publier fin mars le quatrième 2021 ». C’est désormais le cas.

Il est donc dommage de perdre la granularité mensuelle et d’avoir un délai aussi important pour la mise en ligne de l’observatoire. De deux/trois semaines au début, on est désormais à trois mois de latence… Nous avons quoi qu’il en soit compilé les nouvelles données de l’Arcep dans un tableau récapitulatif afin de suivre le déploiement des uns et des autres. 

Free a presque autant de sites 5G que les trois autres réunis…

Les grandes lignes restent les mêmes que depuis le lancement de la 5G : Free mobile dispose bien du nombre de sites le plus important : 13 470, soit le double de Bouygues Telecom, second du classement. SFR est à 4 984 sites et Orange ferme la marche à 3 035.

La situation s’inverse si on ne prend en compte que la bande des 3,5 GHz. Elle est pour rappel au cœur de la 5G, car les opérateurs disposent de plus d’espace (en MHz) et peuvent donc proposer des débits bien plus importants que sur les 700 et 2 100 MHz. 

… mais il est dernier sur les sites en 3,5 GHz

Free Mobile n’a ainsi que 2 384 sites 5G sur les 3 500 MHz, ce qui le place en dernière position. Bouygues Telecom et Orange sont au coude à coude avec respectivement 2 689 et 2 698 sites. SFR est désormais en tête avec 2 828 sites 5G en 3,5 GHz.

La marque au carré rouge était en dernière position fin juin, mais elle a visiblement mis les bouchées doubles sur le second semestre 2021. Sur cette période, SFR a en effet mis en service 1 823 sites, contre 1 679 pour Bouygues Telecom. Free Mobile et Orange sont loin derrière avec respectivement 1 087 et 1 101 sites.

Sur les 2 100 MHz, Bouygues Telecom a été très actif avec plus de 3 800 sites en l’espace de six mois, tandis que SFR (deuxième sur cet indicateur) est à seulement 1 180 sites. Orange continue de peu miser sur cette bande de fréquence avec seulement 173 sites de plus en six mois.

Pour rappel, Free ne déploie pas sur les 2 100 MHz, mais sur les 700 MHz, lui permettant ainsi d’afficher un fort taux de couverture de la population en 5G.

Les informations sur les cartes de couvertures…

On apprécierait d’ailleurs que Free Mobile communique plus ouvertement sur les débits qu’il est possible d’atteindre en 5G. C’est le cas chez ses concurrents, notamment Orange qui rappelle qu’ils dépendent de nombreux facteurs ; l’opérateur donne d’ailleurs une large fourchette : 

« Débits maximums théoriques : en réception, jusqu’à 2,1 Gb/s en zones couvertes en 3,5 GHz avec agrégation des 4 bandes de fréquences 4G, ou 615 Mb/s en zones couvertes par la bande 2100 MHz. En émission, jusqu’à 126 Mb/s en zones couvertes en 3,5 GHz avec agrégation de la bande d'ancrage 4G, ou 99 Mb/s en zones couvertes par la bande 2100 MHz.

Débit minimum : dans les conditions les plus défavorables, le débit peut être de 0 M/s en réception et en émission (en sous-sol par exemple) ».

SFR indique de son côté que « la 5G présentant des performances différentes suivant les fréquences utilisées, débit descendant maximum théorique de 2 Gb/s (association des fréquences 4G et 5G dans les zones couvertes) en bande de fréquence 3,5GHz et débit descendant maximum théorique de 995 Mb/s en bande de fréquence 2100 MHz ».

Bouygues Telecom n’est pas aussi précis, mais donne tout de même des ordres de grandeur : « La 5G dans la bande 3,5 GHz offre les débits les plus importants. Les débits descendants dans cette bande peuvent dépasser le Gb/s ». Dans la bande des 2,1 GHz, les débits descendants « peuvent atteindre plusieurs centaines de Mb/s ». 

… et le manque de détail de Free Mobile

Chez Free Mobile, on se contente d’indiquer que la 5G est « jusqu'à 3 fois plus rapide que la 4G », et n’espérez pas des détails sur les débits en fonction de la fréquence.

L’opérateur met en avant « une large couverture et un bon signal à l’intérieur des immeubles grâce aux fréquences dites basses (700 MHz) qui présentent de très bonnes propriétés de propagation » et « des débits ultra–rapides grâce aux 70 MHz dans la bande des fréquences hautes (3,5 GHz) qui permettent d’augmenter considérablement les débits, jusqu’à trois fois plus rapides que la 4G ».

Rappelons que fin 2021 l’Arcep a publié un observatoire sur la qualité de service mobile des opérateurs. Orange arrivait largement en tête, tandis que Free Mobile était dernier en 5G… avec des débits moyens inférieurs à ceux mesurés en 4G !

Piqué à vif, l’opérateur affirmait que le problème était le protocole de mesure de l’Arcep. Le régulateur s’était expliqué dans nos colonnes, battant en brèche les arguments de Free Mobile et rappelant au passage que les opérateurs avaient tous participé à l'établissement des choix techniques du protocole.

Bref, pouvoir afficher le logo « 5G » sur les smartphones de 79 % de la population est une chose, proposer une information claire sur les débits disponibles aux clients en est une autre.

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Entre 60 et 81 % des sites à 240 Mb/s minimum

Enfin, le dernier point de l’observatoire concerne le nombre de sites avec un débit théorique de plus de 240 Mb/s, que ce soit en 5G ou via l’agréation de plusieurs fréquences en 4G. « Il s’agit d’un débit maximum théorique, lié à la capacité installée sur chaque site. Ainsi, dès lors qu’un opérateur a activé au moins deux bandes de fréquences en 4G sur un site donné (« 4G+ »), ce site est inclus dans la catégorie "240 Mbit/s". Le débit réel peut dépendre de nombreux paramètres, comme la distance à l’antenne ou le nombre simultané d’utilisateurs », rappelle le régulateur.

Voici le dernier décompte :

• Bouygues Telecom : 13 906 sites sur 23 205, soit 60 %
• Free Mobile : 17 398 sites sur 21 351, soit 81 %
• Orange : 20 391 sites sur 27 748, soit 73 %
• SFR : 14 573 sites sur 23 029, soit 63 %

Cet indicateur est important, car il relève d’une obligation pour les opérateurs de proposer une « augmentation du débit sur au moins 75 % des sites du réseau mobile au 31 décembre 2022 ». Pour le moment seul Free est dans les clous, tandis qu’Orange n’est pas loin de l’objectif.

D’autres étapes sont programmées : « au moins 85% des sites du réseau mobile au 31 décembre 2024 » avec un débit de 240 Mb/s, au moins 90 % fin 2025 et enfin 100% au 31 décembre 2030.

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