ANFR : retour sur deux ans de déploiement de la 4G en France
Rien ne sert de courir...
Bouygues Telecom :
Le 08 avril 2015 à 14h00
9 min
Société numérique
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Depuis maintenant deux ans, les quatre opérateurs déploient leurs antennes 4G à un rythme plus ou moins soutenu. Alors que l'ANFR vient de mettre en ligne son observatoire pour le mois de mars, avec de nouveau Free Mobile en tête des déploiements, nous avons décidé de voir ce qu'il en était sur une période plus longue avec un retour sur deux ans.
Comme chaque début de mois, l'ANFR (agence nationale des fréquences) publie son observatoire du déploiement des antennes 2G, 3G et 4G. Pour rappel, ces chiffres sont issus des déclarations faites par les différents opérateurs auprès de l'agence. Fidèle à notre habitude, nous les avons regroupés ci-dessous et comparés à ceux du mois précédent afin de suivre l'évolution de chaque opérateur :
- 2 600 MHz : 1 037, soit 13 de plus
- 1 800 MHz : 6 007, soit 12 de plus
- 800 MHz : 1 481, soit 55 de plus
- Total d'antennes : 8 525, soit 80 de plus
- Supports : 6 559, soit 18 de plus
Free Mobile :
- 2 600 MHz : 3 051, soit 267 de plus
- 1 800 MHz : 0, pas de changement
- Supports et total d'antennes : 3 051, soit 267 de plus
Numericable-SFR :
- 2 600 MHz : 923, soit 3 de plus
- 800 MHz : 2 860, soit 72 de plus
- Total d'antennes : 3 783, soit 75 de plus
- Supports : 3 103, soit 72 de plus
Orange :
- 2 600 MHz : 5 348, soit 70 de plus
- 800 MHz : 4 050, soit 112 de plus
- Total d'antennes : 9 398, soit 182 de plus
- Supports : 7 262, soit 91 de plus
OPT Nouvelle Calédonie :
- 2 600 MHz : 1, stable
- 1 800 MHz : 71, soit 23 de plus
- 800 MHz : 7, soit 1 de plus
- Total d'antennes : 79, soit 24 de plus
- Supports : 79, soit 24 de plus
Free Mobile en tête pour le troisième mois consécutif... mais toujours dernier sur le total
Avant d'entrer dans le vif du sujet, sachez que OPT Nouvelle Calédonie continue de mettre en place son réseau 4G avec 24 antennes de plus, soit 79 au total. L'opérateur est par contre le seul ultra-marin à s'y mettre pour le moment. Dans la suite de notre analyse, nous nous focaliserons exclusivement sur les opérateurs opérants dans l'Hexagone.
Premier point marquant : malgré l'attribution au début de l'année d'un bloc de 5 MHz dans la bande des 1 800 MHz, Free Mobile n'a toujours aucun accord avec l'ANFR et a fortiori aucune antenne d'activée sur cette fréquence. Bouygues Telecom est donc toujours le seul à l'exploiter pour de la 4G, en attendant qu'elle soit ouverte par l'ARCEP pour tous les usages et à tous les opérateurs, ce qui arrivera le 25 mai 2016.
Quoi qu'il en soit, pour le troisième mois consécutif, Free Mobile est en tête des déploiements avec 267 antennes activées en plus sur le mois de mars, contre 182 pour Orange qui est deuxième. Cette fois encore, Bouygues Telecom et Numericable-SFR ferment la marche avec respectivement 80 et 75 antennes de mieux.
Par contre, si l'on prend en compte le nombre total d'antennes actives sur l'Hexagone, Orange est toujours largement en tête avec un total de près de 9 400. Bouygues Telecom suit avec plus de 8 500 antennes, tandis que les deux autres opérateurs terminent avec respectivement 3 783 pour Numericable-SFR et 3 051 pour Free Mobile.
Mais quelle est la tendance sur une période plus longue ?
Nous avons décidé de pousser un peu en avant cette analyse en nous replongeant dans les déclarations des deux dernières années afin de mieux cerner les stratégies de chacun. Nous sommes donc remonté dans les observatoires de l'ANFR jusqu'en avril 2013, date à laquelle tous les opérateurs disposaient de moins de 20 antennes 4G chacun :
Comme on peut le voir, Orange a rapidement pris la tête, suivi par SFR et Bouygues Telecom. Ce dernier a par contre littéralement explosé en octobre 2013 lorsque l'ARCEP l'a autorisé à réutiliser la bande des 1 800 MHz, contre le paiement d'une redevance. Orange a alors nettement augmenté la cadence avec, par exemple, plus de 1500 antennes supplémentaires sur le seul mois de décembre. Pour rappel, c'est également ce mois-ci que Free lançait sa 4G... la fin d'année 2013 était donc relativement chargée question 4G.
Sur la période d'octobre à décembre 2013, pas moins de 9 145 antennes ont effectivement été mises en service, soit 40 % du nombre total d'antennes aujourd'hui activées. À titre de comparaison, sur les quatre premiers mois de l'année 2015, on n'est « qu'à » un peu plus de 2 200 antennes activées tous opérateurs confondus : 952 pour Free Mobile, 622 pour Orange, 355 pour Bouygues Telecom et 276 pour Numericable-SFR.
Entre décembre 2013 et juin 2014, Orange déploie à tour de bras pour répondre à Bouygues
Sur la première moitié de l'année 2014 Orange a continué sur un rythme de près de 400 à 600 antennes par mois avant de ralentir grandement la cadence avec moins de 150 antennes durant l'été 2014, soit quelque semaines après avoir dépassé Bouygues Telecom sur le nombre d'antennes activées. On notera d'ailleurs que durant juillet, août et septembre 2014, les déploiements étaient quasiment au point mort chez tous les opérateurs, avant de repartir aux alentours de novembre.
Afin d'avoir une vision plus détaillée du déploiement des opérateurs les uns par rapport aux autres, nous avons regroupé le nombre d'antennes activées par mois dans le graphique cumulé ci-dessous. 100 % correspond donc au nombre total d'antennes mises en service pour chaque mois avec la répartition en fonction des opérateurs. En octobre 2013 par exemple, près de 80 % des antennes mises en service provenaient de chez Bouygues Telecom, contre environ 60 % pour Orange en décembre 2013. Plus l'opérateur occupe de place dans le graphique ci-dessous, plus il a déployé d'antennes par rapport à ses concurrents.
Sur deux ans, la tendance est sans appel : Orange domine largement les débats, avec un gros travail entre fin 2013 et le début, mi-2014. Ce n'est donc pas surprenant que l'agrume soit celui qui revendique la couverture mobile la plus importante avec 74 % de la population.
Comme on peut le voir, depuis les cinq derniers mois Free Mobile prend de l'ampleur par rapport à ses concurrents. Orange est certes un peu en retrait, mais jamais très loin du trublion. Proportionnellement à ces deux derniers, Numericable-SFR et Bouygues Telecom sont par contre en baisse constante depuis fin 2014. Pour rappel, une partie de l'explication tient probablement au fait que le premier cherche à réduire ses coûts, tandis que le second a lancé un important plan de restructuration.
Free accélère sur les derniers mois, mais est-ce suffisant pour rattraper son retard ?
Quoi qu'il en soit, le classement général ne bouge pas depuis plusieurs mois et le réveil tardif de Free Mobile sur ses concurrents ne lui permet pas (encore) de se rapprocher de SFR-Numericable sur le nombre d'antennes en service, sans parler de Bouygues Telecom et d'Orange évidemment. À titre d'exemple, si l'on prend comme base de calcul la moyenne des trois derniers mois, favorable à Free Mobile, l'opérateur ne dépassera pas Numericable-SFR avant le mois de septembre de cette année.
Le quatrième opérateur devra par contre au moins passer la seconde et enclencher le turbo (voire ajouter un peu de nitro) s'il souhaite revenir au niveau de Bouygues Telecom sur le nombre d'antennes en service. Free Mobile a beau être premier ces derniers mois, le résultat est pour autant loin d'être suffisant pour revenir dans la course. En tenant compte de la moyenne actuelle, il lui faudrait en effet presque 18 mois. Et encore, en supposant que Bouygues Telecom ne déploie aucune antenne supplémentaire durant cette période. Si l'on reprend le même calcul pour Numericable-SFR, il faudrait attendre... près de 86 mois (soit plus de 7 ans).
Free au coude-à-coude avec SFR-Numericable sur le nombre de supports en service
Sur le nombre de supports en service par contre, les deux opérateurs se tiennent dans un mouchoir de poche avec une maigre avance de 52 supports pour la marque au carré rouge :
Il faut par contre rappeler que Free Mobile n'exploite que la bande des 2 600 MHz pour la 4G, alors que SFR déploie aussi sur celle des 800 MHz, une bande de fréquence en « or » qui porte plus loin et pénètre mieux dans les bâtiments. De plus, un support peut disposer de plusieurs antennes sur des bandes de fréquences différentes. Cela permet par exemple de proposer de l'agrégation de lien pour de la 4G+(LTE-Advanced), ce que ne peut pas faire Free Mobile pour le moment, sauf via une expérimentation à Petit Quevilly, mais jusqu'au 30 juin 2015 seulement.
3G : 78 % de couverture, mais une nette accalmie sur l'activation des antennes
Mais l'opérateur doit également mettre en place son propre réseau 3G. Si le second point d'étape (75 % de la population le 12 janvier 2015) a été validé par l'ARCEP et que Free revendique désormais un taux de 78 %, la prochaine échéance est d'ores et déjà prévue pour début 2018 : l'opérateur devra couvrir 90 % de la population.
Sur le mois de mars, 114 antennes ont été activées, contre 90 lors du dernier observatoire en février, mais entre 200 à 300 antennes sur les précédents relevés. Le rythme est donc en baisse ces derniers mois, alors que celui des antennes 4G est en hausse. Il faudra voir si Free continuera à déployer simultanément des antennes 4G et 3G, ou bien si l'opérateur est d'avantage sur un système de vases communicants : la hausse de l'un entraine la baisse de l'autre.
Là encore, nous avons regardé ce qu'il en était sur une période plus longue, mais en nous focalisant sur le cas particulier de Free :
Une fois passé le pic fin de 2013 et début 2014 qui correspond au lancement de la 4G de Free Mobile, l'opérateur a passé une bonne partie de l'année sous les 200 activations (3G et 4G confondues) en moyenne, mais avec une hausse de la 3G et une baisse de la 4G sur une partie de la seconde moitié de l'année.
À partir du mois d'octobre, la situation évolue largement à la hausse avec 263, puis 499 et 546 antennes 3G et 4G mises en services. Sur le début de l'année 2015, Free Mobile continue sur la même lancée avec entre près de 400 et plus de 500 antennes par mois. Nous serons évidemment attentifs aux prochains observatoires de l'ANFR afin de voir ce qu'il en est.
ANFR : retour sur deux ans de déploiement de la 4G en France
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Free Mobile en tête pour le troisième mois consécutif... mais toujours dernier sur le total
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Mais quelle est la tendance sur une période plus longue ?
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Entre décembre 2013 et juin 2014, Orange déploie à tour de bras pour répondre à Bouygues
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Free accélère sur les derniers mois, mais est-ce suffisant pour rattraper son retard ?
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Free au coude-à-coude avec SFR-Numericable sur le nombre de supports en service
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3G : 78 % de couverture, mais une nette accalmie sur l'activation des antennes
Commentaires (14)
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Abonnez-vousLe 08/04/2015 à 17h42
SFR a une obligation d’autoriser l’itinérance vers Free si celui ci ne trouve pas d’autre contrat, non ?
donc avec son réseau propre (2600MHz) + le réseau 800MHz de SFR, ça devrait envoyer du bois (niveau couverture hein, niveau débit c’est pas très concluant chez l’agrume, mais il y a le vpn pour ça ;) )
Le 08/04/2015 à 17h47
Avec une couverture bien continue en 2600, l’ajout de fréquences plus basses permet de boucher les trous,
mais surtout…
de pouvoir agréger ces fréquences de façon homogène!
Quand free va lancer sa 4G+/ 5G en y associant du WiMax (?), ils ne vont pas seulement doubler SFR et Bouygues en nombre d’antennes. Ils vont aussi… faire mal! " />
Le 08/04/2015 à 18h48
VPN sur mobile, c’est à dire ?
Le 08/04/2015 à 22h55
Android permet de configurer un VPN très facilement. Et ça évite du QoS sur certains contenus (typiquement tous les fichiers audio/vidéo téléchargés, les archives ou d’autres trucs lourds) appliqué par les opérateurs selon les niveaux de saturation du réseau.
Bon chez Free c’est un peu tout le temps, surtout si on est sur une antenne Orange, nombreux sont les test montrant la QoS appliquée à des .mpeg alors que le même fichier en .txt passe facile via un ftp tout simple.
Le 09/04/2015 à 07h16
Je me posait la question du protocole d’échange et du port utilisé.
Y’a t’il des bridages dans ce gout là? Ou cela concerne vraiment que les extensions de fichiers?
Sinon depuis le début du mois j’utilise la 4G de free avec un faible signal j’ai une moyenne de 25 Mb/s. C’est pas vilain mais qu’est ce que c’est rageant ces quota de données… tout ca pour pas faire de l’ombre à leurs box…
Sans les quota je me verrai toute à fait rester en connexion 4G
Le 09/04/2015 à 08h52
Le 09/04/2015 à 12h59
Les quotas sont surtout présents pour permettre au réseau de monter en charge progressivement. Et puis les gens sont habitués par les 3 autres FAI, donc pourquoi se priver d’en mettre ?
Free annoncera un nouveau quota le jour où leur réseau sera vraiment monté. Le voilà le prochain coup de massue dans le secteur. Mais en attendant, Free doit se passer d’Orange.
Le 09/04/2015 à 14h16
Merci de vos précisions ;)
par contre l’histoire de la montée en charge j’y crois moyen, les week end de data illimité chez Bouygues n’ont pas mis le réseau à mal…pourtant à chaque fois c’est la course au bench à celui qui aura dl le plus de data^^
je crois que le record en cours est de 1To environ " />
Les 20 Go il les on fixé uniquement pour pas faire concurrence aux box mais comme vous dites une surprise est toujours possible…
Moi aujourd’hui si je peux me passer d’un abonnement adsl pour de la 4g je dis oui tout de suite!
Le 09/04/2015 à 22h14
Le 08/04/2015 à 14h46
Merci pour ces infos. Belle analyse.
Le 08/04/2015 à 14h49
Des fréquences qui pénètrent mieux dans les bâtiments, ça serait bien chez Free. On bascule vite en itinérance et ça fonctionne très mal…
Le 08/04/2015 à 15h21
alors que SFR déploie aussi sur celle des 800 MHz, une bande de fréquence en « or » qui porte plus loin et pénètre mieux dans les bâtiments.
N’est-ce pas contradictoire ?
Plus la fréquence est basse, plus la portée de l’onde est importante et sa capacité à pénétrer des obstacles mauvaise ?
Les fréquences en “or” ne sont-elles pas plutôt celles à 1 800 MHz qui offre le meilleur compromis entre portée et pénétration ?
Le 08/04/2015 à 16h02
Non non plus la fréquence est basse et plus les ondes vont loin et pénètrent les bâtiments. Donc les fréquences 800 et bientôt 700 sont bien des fréquences en or.
SFR a beaucoup investi dans les 800 MHz, certes la cellule est plus grande mais le nombre d’utilisateur est donc plus important pour chaque antenne ce qui explique les débits anémiques en 4G que l’on a à Paris.
Le 08/04/2015 à 17h41