Retour des humains sur la Lune : Artemis I parée pour le lancement, avec une longue liste de « passagers »
Shaun vs Snoopy : fight !
Le 05 août 2022 à 11h37
5 min
Sciences et espace
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C’est un événement historique qui se prépare outre-Atlantique : dans moins de quatre semaines, le monstre Space Launch System (SLS) avec sa capsule habitable et son module de service devraient décoller direction la Lune. C’est la première étape d’une partition en trois temps qui devrait signer le retour des humains sur la Lune.
Le 20 juin, la NASA bouclait (enfin) un test important pour sa mission Artemis I avec le « wet dress rehearsal » péniblement arrivée à son terme. C’était la « première fois que l’équipe de la NASA a complètement chargé tous les réservoirs de propergol de la fusée Space Launch System et a procédé au compte à rebours du lancement », expliquait l’Agence spatiale européenne (ESA), partenaire de la NASA sur les missions Artemis.
L’ESA ajoute que la fusée SLS qui emportera Artemis I dans l’espace vient de passer les dernières qualifications ; elle est désormais autorisée à être lancée. Les petites défaillances identifiées durant la répétition ont été corrigées, affirme la NASA.
Des fenêtres de tir les 29 août, 2 et 5 septembre
En plus de la capsule Orion, on retrouve pour rappel le module de service européen (ESM), dont le but est de fournir de l’énergie électrique et de propulser la partie habitable. Pour cette première mission, qui doit orbiter autour de la Lune, aucun humain ne sera à bord.
Artemis I prépare le terrain pour la suite des événements avec, bien évidemment, l’entrée des membres d’équipages si tout se passe bien. Ils seront normalement quatre dans Artemis II (lancement prévu en 2024) et autant dans Artemis III (pas avant 2025), dont deux qui devraient fouler le sol lunaire. Prévue pour 2024, Artemis III prend aussi du retard : le calendrier (trop) ambitieux annoncé par Donald Trump n’est pas tenable.
Ce vol inaugural est pour le moment programmé pour le 29 août à partir de 14h33 heure française. La fenêtre de tir restera ouverte pendant deux heures. Après le lancement, la mission doit durer 42 jours. Des solutions de replis sont prévues pour les 2 et 5 septembre en cas de report. C’est dans tous les cas largement en retard sur le calendrier initial qui prévoyait un décollage en novembre 2021.
Trois mannequins à bord, dont un en hommage à Arturo Campos
Pour autant, « la mission Artemis I n’est pas totalement dénuée de "passagers". Afin de mesurer la capacité d’Orion et de son module de service à maintenir un environnement adapté à des astronautes, un mannequin bardé de capteurs a été récemment installé à bord de la capsule », explique la Cité de l’Espace de Toulouse. Trois « passagers » seront ainsi à bord, notamment le Commander Moonikin Campos.
Ce nom est un hommage à Arturo Campos (1934 - 2001) : « Né au Texas d’une famille américano-mexicaine, cet ingénieur en électricité a établi les procédures à suivre pour que la capsule d’Apollo 13 ait suffisamment d’énergie, assurant ainsi le retour sur Terre de Jim Lovell, Fred Haise et Jack Swigert ».
Deux autres dispositifs anthropomorphiques sont également installés dans la capsule : Helga de l’institut spatial allemand (DLR) et Zohar de l’agence spatiale israélienne. Il s’agit dans les deux cas de la reproduction d’un torse qui servira à mesurer l’impact des radiations sur les humains.
Ces données seront indispensables pour assurer la sécurité des astronautes, car leur exposition sera supérieure à celle des hommes et des femmes présents pendant des mois dans la Station spatiale internationale. « Zohar est d’ailleurs équipée de la veste de protection AstroRad afin que la comparaison avec Helga permette d’évaluer l’efficacité du dispositif (conçu pour les hommes et les femmes) », ajoute la Cité de l’Espace.
Snoopy, Shaun, un boulon de Saturn V, des Lego…
Deux autres passagers prendront place dans la capsule. « Le célèbre chien philosophe Snoopy de la BD Peanuts de Charles Shulz sera ainsi du voyage en forme de peluche habillée d’une combinaison orange. Depuis le programme Apollo, Snoopy incarne la mascotte de la sécurité de la NASA […] La participation européenne (rappelons que l’ESA fournit le module de service d’Orion fabriqué par Airbus Defence and Space) sera symbolisée par Shaun le mouton ».
S’agissant d’un vol historique – ce n’est en effet rien de moins que la première étape du retour des humains sur notre satellite naturel depuis plus de 50 ans – des « reliques » feront aussi le voyage.
Il y a notamment un bout de tissu des ailes de l’avion des frères Wright (des éléments avaient déjà fait le voyage sur Apollo 11, la première mission à poser des hommes sur la Lune), un boulon d’un moteur F-1 de la fusée Saturn V d’Apollo 11 ainsi que des personnages Lego (Kate, Kyle, Sebastian et Julia). La liste complète des objets de cette mission se trouve ici.
Et si vous vous demandez à quoi ressemble l’intérieur de la capsule, l’Agence spatiale canadienne propose une image :
Retour des humains sur la Lune : Artemis I parée pour le lancement, avec une longue liste de « passagers »
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Des fenêtres de tir les 29 août, 2 et 5 septembre
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Trois mannequins à bord, dont un en hommage à Arturo Campos
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Snoopy, Shaun, un boulon de Saturn V, des Lego…
Commentaires (12)
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Abonnez-vousLe 05/08/2022 à 12h05
Tintin aurait été plus logique.
Le 05/08/2022 à 13h16
Oui c’est vrai, mais il semble que les ayant droits sont tres compliqué, donc pas sur que ce soit possible :(
Le 06/08/2022 à 08h30
Vu le prix demandé par Moulinsart SA pour un usage basique, mettre un perso de tintin dans la fusée aurait probablement doublé le coût du programme
Le 05/08/2022 à 17h10
Ah c’est sur que comparé à la capsule Crew Dragon, ça fait moins showroom Ikea. Mais pour le coup j’ai plus préférence à aimer ce style, moins épuré, plus brut d’une certaine façon.
Le 05/08/2022 à 19h15
Personnellement, un peu de rusticité dans le spatial n’est pas pour me déplaire.
Le 06/08/2022 à 05h21
Le 06/08/2022 à 09h35
Je sais que c’est un sujet tabou, surtout sur un site hitech mais je suis toujours surpris de découvrir à quel point il est techniquement compliqué d’envoyer une personne sur la lune, 60 ans après le premier. Malgré l’énorme avancée technologique ! Surpris aussi que personne ne l’ai refait depuis, puisque apparemment il y a des enjeux…
Les sud-coréens envoient dans les prochains jours un satellite performant tout autour de la lune, équipé d’une super-camera, sensible et High def. J’aurais apprécié une photo du drapeau et des véhicules laissés sur la lune !
… Avant que les américains y “retournent” et j’en fais le pari : au même endroit …
😊 on se calme, c’est “juste” mon opinion…
Le 06/08/2022 à 09h59
C’est quand même énorme ce truc de mascottes et reliques qui prennent l’importance d’un astronaute ! Perso j’adore mais certains chafouins pourraient trouver cela puéril voir malsain,
superstitieux. Bref Si ce n’est déjà fait suivez les liens pour la liste complète, ça vaut le coup d’œil, et les images (snif, il n’y en a pas beaucoup). Merci Sébastien, bel article !
Le 06/08/2022 à 11h35
C’est que ça coûte très cher et que les critères de sécurités, du moins chez nous, sont encore plus drastiques qu’au début de l’ère spatiale.
On ne peut pas prendre en image les drapeaux car trop petit mais la sonde LRO a eu suffisamment de résolution pour prendre en photos les sites d’alunissage d’Apollo 11 et 12
Le 06/08/2022 à 12h40
Ce que les complotistes comme toi semble ignoré c’est la quantité d’argent absolument délirant mis dans le programme lunaire. Il n’y a plus de programme de 153 milliards de dollars utilisant 400 000 personnes.
Cela me rappelle le premier spot 1 qui a couté 2 milliards de franc, le programme Pleiade son remplaçant était autour de quelques centaines de millions.
De plus aller sur la lune coute et ne rapport que du prestige, cette fois-ci il se donne le droit d’exploiter les gisements de la lune.
Le 06/08/2022 à 13h06
En fait, alunir est beaucoup plus compliqué que de faire poser un objet sur Mars (qui a aussi son lot de difficultés vu que peu d’agences spatiales peuvent se vanter de l’avoir fait), notamment à cause de l’absence d’atmosphère et de sa gravité bien moindre.
Le premier programme lunaire avait pour ainsi dire plus d’enjeux politiques que scientifiques (guerre froide, communiste versus capitalisme, etc) et les sommes mises en jeu étaient tout bonnement délirantes par rapport à ce qui se fait aujourd’hui. Ramené à l’inflation actuelle, le programme Apollo c’était 153 milliards de dollars, Artemis c’est “que” 31 milliards de budget à ce jour. Et Artemis ne date pas d’hier, il s’agit d’une relance de programmes arrêtés au fil des années par les présidences US successives.
L’un des enjeux du programme est de pouvoir établir un avant poste permanent avec la possibilité d’extraire les ressources locales pour les exploiter.
Le 06/08/2022 à 22h01
Il y a plusieurs “même endroit” (ils ne sont pas tous posé au même endroit)
Et ils n’ont aucune raison d’aller sur un site connu, ils iront au pole sud pour espérer y trouver de la glace