Connexion
Abonnez-vous

Une université « expérimentale » pour sensibiliser les étudiants aux « données ouvertes »

Open datattitude

Une université « expérimentale » pour sensibiliser les étudiants aux « données ouvertes »

Le 23 septembre 2022 à 12h37

Lancée à titre expérimental, l'Open Data University vise à « favoriser la création de services publics augmentés de manière systémique », ainsi qu'à « détecter les talents du numérique qui veulent œuvrer pour l’intérêt général », en aidant les étudiants à contribuer à des projets de réutilisations de données ouvertes.

Lancée en phase d'expérimentation à l'occasion de l'année scolaire 2022/2023, l'Open Data University (ODU) se donne pour ambition de « créer un programme national d’enseignement à la réutilisation de données ouvertes », explique data.gouv.fr, partenaire du projet.

Elle propose d'aider les établissements d’enseignement supérieur, leurs enseignants et responsables pédagogiques, à sensibiliser à l'open data les étudiants qui suivent une formation liée aux données via des webinaires, mentors, forums de discussion, concours inter-établissements et autres ressources pédagogiques.

Les élèves seront en outre invités à contribuer à des projets open data « cadrés, réels et utiles » dans le cadre de leur projet d’études « afin de les rendre acteurs et actrices de l’intérêt général grâce à leurs compétences ».

Cinq projets ont à ce jour été conçus « pour être intégrés dans des enseignements techniques ».

Un retour aux sources de l'histoire de l'open data

Le premier vise à identifier les liens entre accidentologie à vélo et infrastructures cyclables.

ODU rappelle qu'à ce jour, le vélo ne représente que 3 % des trajets, mais que le Plan vélo, présenté par le gouvernement en septembre 2018, entend lever « les principaux freins identifiés [...] parmi lesquels l’amélioration de la sécurité routière par le développement d’aménagements cyclables ». 

L’objectif était en effet d’atteindre « 55 477 km d’aménagements cyclables sécurisés en 2022 », et ODU propose de répondre à deux questions sous-jacentes : 

  • « Dans quelle mesure de meilleures infrastructures cyclables diminuent-elles l’accidentologie à vélo ?
  • Où aménager des infrastructures cyclables pour réduire les accidents à vélo et améliorer la sécurité routière ? »

Le mouvement « open data », apparu au Royaume-Uni suite à une campagne du Guardian, est issu d'une telle cartographie. Suite à la mort dans un accident de vélo de l’un de ses amis, un membre du cabinet du Premier ministre britannique avait en effet demandé s’il existait des données concernant ce genre d’accidents. Le ministre des Transports avait les données, et les publia dans un tableur dans la foulée :

« Une fois les données publiées, une application était en ligne dans les 2 jours. Est-ce qu’un gouvernement aurait été capable de construire une application en deux jours ? Non. Il lui aurait fallu deux ans, et encore … »

Le portail de données Koumoul a d'ailleurs construit, à partir de la base de données accidents corporels mise en ligne par le ministère de l'Intérieur, un jeu de 22 578 accidents de vélo survenus entre 2005 et 2017, qu'il a cartographiés et classés en catégories.

 

Les données révèlent que 88,3 % des accidents avaient eu lieu en plein jour, que 47 % des cyclistes avaient été percutés par le côté, 14,8 % frontalement et 12 % par l'arrière, avec une sur-représentation masculine (plus de 77,5 % des accidentés). 

La base de données ne portant que sur les seuls accidents où des unités des forces de l'ordre étaient intervenues, on y apprend également que 5,7 % des victimes en sont sorties indemnes, 49 % ont été légèrement blessées, 39,9 % hospitalisées, et 5 % décédées.

De la guerre en Ukraine à l'inscription à l'école

Un second projet « propose d’analyser et de formuler des prédictions sur les impacts » qu'auront la guerre en Ukraine et les sanctions prises à l’encontre de la Russie sur l'énergie cet hiver en France, en termes d'approvisionnement, de production et de consommation : 

« Aujourd’hui, 55 % de l’énergie consommée en France est produite sur le territoire et le pays importe la quasi-totalité des énergies fossiles dont il a besoin. Ainsi, 17 % de ses approvisionnements en gaz proviennent de Russie. [...] A cela s’ajoute une réduction de la capacité nucléaire française, héritée de la crise sanitaire. »

« Comment permettre de savoir dans quel établissement inscrire un enfant ? », se demande le troisième projet consacré à la carte scolaire, qui affecte les élèves, jusqu'au lycée, en fonction de leur lieu de résidence : 

« Il est encore difficile pour les parents de connaître la zone de rattachement de leur enfant, ne disposant souvent que de listes par noms de rue. Malgré la sémantique, il existe aujourd’hui peu de représentations cartographiques de cette carte scolaire, et les rares exemples demeurent partiels et/ou très locaux. »

L'objectif viserait à, non seulement permettre aux parents de savoir facilement dans quel collège inscrire leur enfant, mais également à l’administration de « mieux piloter l’offre en collèges sur le territoire ».

Du plan de relance aux infrastructures de recharge

Le quatrième projet interroge l'impact sur l'économie et/ou la transition écologique (au choix) des aides distribuées par le Plan France Relance. Annoncé en septembre 2020 suite à la crise due au Covid-19, il a en effet consacré « 100 milliards d’euros à la transformation de l’économie, pour une conversion écologique et un retour au niveau d’avant crise en 2022 ».

Le cinquième projet vise à estimer si la répartition des infrastructures de recharge des véhicules électriques est adaptée à la demande, alors que le nombre de ventes a « bondi de 128 % en 2020 et de 63 % en 2021 » : 

« Pour que le modèle du véhicule électrique soit viable, il est nécessaire de disposer d’une borne de recharge publique pour 10 voitures (Directive AFI). La France a largement dépassé ces préconisations. »

Pour autant, souligne ODU, le développement de la mobilité électrique passe désormais par le développement des infrastructures de recharge et leur adéquation aux besoins des usagers. Les élèves sont invités à répondre à deux questions : 

  • « Comment le nombre d’infrastructures de recharge évolue-t-il en France ? Comparer cette évolution avec celle du parc de véhicules électriques et les objectifs pour 2030 ainsi que d’autres indicateurs qui vous semblent pertinents.
  • La répartition des infrastructures de recharge sur le territoire correspond-elle à une logique de distribution de la population et de trafic routier ? »

9 lauréats, et 101 actions pour changer la tech

L'ODU, soutenu par la Direction Interministérielle du Numérique (DINUM), a été imaginé et est porté par l'association Latitudes, créée en 2017 par trois élèves en école d'ingénieurs qui se demandaient « comment allier leur envie d'engagement et leurs compétences tech durant leur cursus », et « prouver qu'il est possible de mobiliser les technologies au service de l'intérêt général ».

Le projet fait partie des 9 initiatives lauréates de l'Accélérateur d’Initiatives Citoyennes, un programme porté par Etalab. Latitudes y explique que « les formations aux métiers du numérique s’attardent peu sur les enjeux sociétaux du numérique alors que celui-ci peut servir des projets d’intérêt général » : 

« L'objectif est de favoriser la création de services publics augmentés de manière systémique et de détecter les talents du numérique qui veulent œuvrer pour l’intérêt général. »

Latitudes, qui a par ailleurs répertorié « 101 actions pour changer la tech » (dont une douzaine à destinations des écoles) pour la rendre « plus engagée et responsable », compterait plus de 3 000 membres.

L'association invite également les pros de la data (« Data analysis / Dataviz, Data science, Deep Learning, Traitement de données, DataMining / Engineering, Intelligence Artificielle / Machine learning, Big Data, etc. ») à postuler pour devenir mentors des équipes étudiantes. 

Commentaires (6)

Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.

Abonnez-vous
votre avatar

(petit HS) Tiens, juste un détail qui m’a fait tiquer : “A cela s’ajoute une réduction de la capacité nucléaire française, héritée de la crise sanitaire.”. Mais que vient faire la crise sanitaire là dedans ? :ooo:

votre avatar

grsbdl a dit:


(petit HS) Tiens, juste un détail qui m’a fait tiquer : “A cela s’ajoute une réduction de la capacité nucléaire française, héritée de la crise sanitaire.”. Mais que vient faire la crise sanitaire là dedans ? :ooo:


Ca a ralenti la maintenance des centrales, provoquant l’obligation de mettre en arrêt plus longtemps que prévu une partie des réacteurs.

votre avatar

Elle a bon dos la crise sanitaire. Les multiples soucis dans le nucléaire existaient bien avant cela. Ca n’a pas aidé, évidemment, mais le soucis est loin d’être nouveau.

votre avatar

grsbdl a dit:


Elle a bon dos la crise sanitaire. Les multiples soucis dans le nucléaire existaient bien avant cela. Ca n’a pas aidé, évidemment, mais le soucis est loin d’être nouveau.


Donc la crise sanitaire a contribué à réduire [plus encore] la capacité nucléaire française.
CQFD.

votre avatar

Koub666 a dit:


Donc la crise sanitaire a contribué à réduire [plus encore] la capacité nucléaire française. CQFD.


La capacité nucléaire est restée la même bien que la production ait diminuée. À tout le moins que l’on découvre une crise vanitaire embrayant sur de nouveaux projets open-dantesques plus anti-ballistiques qu’anti-sceptiques donc. :non:

votre avatar

La rėduction subie de la capacité de production vient avant tout d’un problème de corrosion en cours de résolution.



https://www.francebleu.fr/infos/environnement/corrosion-des-circuits-des-centrales-de-penly-et-flamanville-les-tuyaux-vont-pouvoir-etre-ressoudes-1663859614



Ce ne sont pas les seules centrales touchées. La liste exhaustive est sur le site de l’ASN.



Tout est fait pour que le problème touchant plusieurs réacteurs soit corrigé à temps. Dans cette course, les problèmes de disponibilité des matières liées au COVID compliquent les choses.

Une université « expérimentale » pour sensibiliser les étudiants aux « données ouvertes »

  • Un retour aux sources de l'histoire de l'open data

  • De la guerre en Ukraine à l'inscription à l'école

  • Du plan de relance aux infrastructures de recharge

  • 9 lauréats, et 101 actions pour changer la tech

Fermer