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Meta retourne sa veste et autorise l’usage militaire de son IA par les États-Unis

Docteur FoLlama

Meta retourne sa veste et autorise l’usage militaire de son IA par les États-Unis

Vendredi, on apprenait que des chercheurs chinois liés à l'Armée populaire de libération avaient entrainé le modèle de langage Llama à des fins militaires, en violation des règles d'utilisation de Meta. Ce lundi, le président des affaires internationales de Meta révèle de son côté que des prestataires de l'armée états-unienne utilisent déjà Llama à des fins militaires, et qu'elle va autoriser les « Five Eyes » à faire de même.

Le 05 novembre à 16h45

Meta autorisera les agences gouvernementales américaines et les sous-traitants travaillant dans le domaine de la sécurité nationale à utiliser ses modèles d'intelligence artificielle à des fins militaires, rapporte le New York Times.

Et ce, à rebours de sa politique qui interdisait jusque-là l'utilisation de sa technologie à de telles fins. La décision de Meta constitue à ce titre une exception à sa « politique d'utilisation acceptable », qui interdisait l'utilisation de ses logiciels d'intelligence artificielle à des fins « militaires, de guerre ou nucléaires », entre autres.

Une « norme mondiale » pour l'IA open source, à l'instar de Linux et Android

Nick Clegg, président des affaires internationales de Meta, a en effet publié ce lundi un billet de blog intitulé « L'IA Open Source peut aider l'Amérique à dominer l'IA et à renforcer la sécurité mondiale ». Il y explique que l'entreprise soutient désormais les « utilisations responsables et éthiques » de la technologie qui soutiennent les États-Unis et les « valeurs démocratiques » dans la course mondiale à la suprématie de l'IA.

« Meta veut jouer son rôle pour soutenir la sûreté, la sécurité et la prospérité économique de l'Amérique, ainsi que de ses alliés les plus proches », précise Nick Clegg : « l'adoption généralisée des modèles d'IA open source américains sert à la fois les intérêts économiques et sécuritaires » :

« Nous pensons qu'il est dans l'intérêt de l'Amérique et de l'ensemble du monde démocratique que les modèles open source américains excellent et réussissent par rapport aux modèles chinois et autres. Au fur et à mesure que les modèles open source deviennent plus performants et plus largement adoptés, une norme mondiale open source pour les modèles d'IA est susceptible d'émerger, comme cela a été le cas pour des technologies telles que Linux et Android. Cela se produira, que les États-Unis s'engagent ou non. »

Le leadership américain et son engagement en faveur de la paix

« Il est essentiel que la norme open source sur laquelle le monde s'appuie soit fondée sur des normes élevées d'ouverture, de transparence et de responsabilité », poursuit Nick Clegg :

« C'est pourquoi le leadership américain et son engagement en faveur du droit international sont si importants pour la paix et la sécurité dans le monde. Il incombe aux pays qui exploitent l'IA pour leur sécurité nationale de déployer l'IA de manière éthique, responsable et conforme au droit international et aux principes fondamentaux applicables, principes que les États-Unis et nombre de leurs alliés se sont engagés à respecter dans la Déclaration politique sur l'utilisation militaire responsable de l'intelligence artificielle et de l'autonomie. »

Un porte-parole de Meta a précisé que l'entreprise partagerait aussi sa technologie avec les membres de l'alliance de renseignement Five Eyes : Canada, Grande-Bretagne, Australie et Nouvelle-Zélande, confirmant une information de Bloomberg.

Un revirement de posture qui ne date probablement pas d'hier

L'entreprise a précisé qu'elle mettrait ses modèles d'IA Llama à la disposition des agences fédérales et qu'elle travaillait aussi avec des entreprises de défense telles que Lockheed Martin et Booz Allen, ainsi qu'avec des entreprises technologiques axées sur la défense, notamment Palantir et Anduril, et des prestataires d'agences gouvernementales, telles qu'Amazon Web Services, IBM, Oracle et Microsoft.

Oracle, par exemple, s'appuie sur Llama pour synthétiser les documents de maintenance des avions, afin que les techniciens puissent diagnostiquer les problèmes plus rapidement et avec plus de précision, « ce qui accélère les délais de réparation et permet de remettre en service les avions les plus importants ».

Scale AI affine pour sa part Llama afin de soutenir la planification des opérations et l'identification des vulnérabilités des adversaires. Lockheed Martin a de son côté intégré Llama dans son usine d'IA, accélérant la génération de code, l'analyse de données et l'amélioration des processus d'affaires. La solution watsonx d'IBM met Llama à la disposition des agences de sécurité nationale dans leurs centres de données et leurs nuages autogérés.

Ces cas d'usage, énumérés dans le billet de blog de Nick Clegg, laissent entendre que le revirement de posture de Meta ne date pas d'hier, même si son annonce pourrait avoir été précipitée par l'enquête de l'agence de presse Reuters, publiée vendredi dernier.

Elle y révélait en effet avoir repéré le travail de chercheurs chinois, dont deux travaillent pour l'Académie des sciences militaires de l'Armée populaire de libération, s'appuyant sur un modèle de langage de la famille Llama pour créer un outil d'IA. Baptisé ChatBIT (sic), il serait destiné à améliorer la prise de décisions opérationnelles de l'armée chinoise.

Llama a déjà été téléchargé 350 millions de fois

Le revirement de Meta « risque de faire l'objet d'un examen minutieux », relève le New York Times, qui rappelle que les applications militaires des produits technologiques de la Silicon Valley ont été contestées ces dernières années. De nombreux employés de Microsoft, Google et Amazon avaient ainsi bruyamment protesté contre certains des accords conclus par leur entreprise avec des entreprises militaires et des agences de défense.

Meta fait en outre l'objet d'un examen minutieux en raison de son approche « open source » de l'IA, souligne le Times. OpenAI et Google avancent en effet que la technologie qui sous-tend leurs IA serait trop puissante et susceptible d'être utilisée à mauvais escient pour être diffusée dans la nature. A contrario, Meta estime que l'IA ne peut être améliorée et rendue plus sûre qu'en permettant à des millions de personnes d'examiner le code et de l'analyser.

Les dirigeants de Meta craignent également que le gouvernement américain et d'autres pays réglementent sévèrement l'intelligence artificielle open source, ont déclaré aux Times deux personnes familières de l'entreprise.

Fin août, Meta indiquait par ailleurs que son logiciel avait été téléchargé près de 350 millions de fois, faisant de Llama « la première famille de modèles open source », et que l'utilisation mensuelle (en volume de jetons) de Llama avait été multipliée par 10 de janvier à juillet 2024.

Commentaires (8)

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« Le leadership américain et son engagement en faveur de la paix »
Ces mots… j’ignorais qu’il était possible de les combiner comme ça dans une même phrase 🤨
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J'avoue que de lire ça m'a aussi étonné ...
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Après, tout dépend de ce qu'ils entendent par "paix". Ca peut très bien signifier "laisser les dictateurs génocider leurs victimes, pour qu'ils n'aient plus rien à détruire ensuite" (ce qui est à peu près la définition de la paix pour Trump).
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Reste que cette déclaration ne change rien au Shmilblick. Meta, toute puissante soit elle, n'a de fait jamais eu les moyens d'empêcher qu'une armée utilise ses travaux pour faire ce que bon lui semble.
En gros, elle s'autorise juste désormais à peut-être faire un peu de fric dans le secteur militaire, mais attention, seulement avec les "gentils".
Les lois américaines lui interdisent de toute façon déjà de faire quoi que ce soit dans le domaine militaire sans l'autorisation du gouvernement.. (C'est d'ailleurs tout à fait normal, on a les mêmes lois en France, c'est la base du principe de souveraineté militaire en démocratie.)
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Quand j'ai vu hier les tests fait sur le modèle GPT-o1 d'OpenAI (rapidement désactivé par l'éditeur), l'évolution de la techno est tellement rapide qu'elle commence à devenir très efficace. Le modèle semblait doté (ça restera à démontrer avec de vrais tests plus poussés) de capacités de raisonnement et d'analyse plutôt impressionnantes.

L'un des prompts lui demandait "décris cette image", à savoir la photo du Starship de SpaceX au décollage lors du dernier essai. Le rapport était précis, il a reconnu l'appareil, identifié ses deux parties, et détaillé malgré quelques erreurs (comme la date de lancement).

Et si ça c'est dans de la tech "grand public" (au sens visibilité), je me dis qu'en matière de recherche militaire ça doit déjà être bien avancé aussi.
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Et comme d'habitude, l'Europe est à la traine et on en est encore à s'appuyer sur des solutions américaine plutôt qu'Européennes...
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La fin du monde n'est pas pour demain.
Ils n'utilisent pas (pour l'instant) les tweets de Sandrine Rousseau :D

Meta retourne sa veste et autorise l’usage militaire de son IA par les États-Unis

  • Une « norme mondiale » pour l'IA open source, à l'instar de Linux et Android

  • Le leadership américain et son engagement en faveur de la paix

  • Un revirement de posture qui ne date probablement pas d'hier

  • Llama a déjà été téléchargé 350 millions de fois

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