Yahoo prépare son schisme, ferme 5 bureaux et licencie 15 % de ses effectifs
Yahoo s’aplatit comme une crêpe
Le 03 février 2016 à 10h40
6 min
Économie
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Yahoo a dévoilé ses résultats pour le quatrième trimestre et l'ensemble de 2015. Il y est question de 4,4 milliards de de dollars de pertes nettes pour l'entreprise et de 1 400 licenciements d'ici trois mois, soit environ 15 % de ses effectifs. Enfin, Yahoo envisage à nouveau de se séparer d'Alibaba
Le quatrième trimestre aura été très difficile pour Yahoo. D'un côté, la société était pressée par ses investisseurs de se séparer de sa participation au sein d'Alibaba afin de dégager un maximum de cash rapidement. De l'autre, elle devait chercher de nouvelles sources de revenus afin de compenser le recul des revenus de la publicité traditionnelle sur ses services.
Dévaluations en chaîne
Sur le quatrième trimestre de 2015, Yahoo a réalisé un chiffre d'affaires de 1,27 milliard de dollars, quasi stable sur un an (+ 2 %). Ses coûts d'acquisition de trafic ayant augmenté très fortement, passant de 74 millions de dollars l'an passé à plus de 271 millions de dollars aujourd’hui, la rentabilité de l'entreprise s'est réduite d'autant, son EBITDA passant ainsi de 409 millions de dollars il y a un an, à 215 millions de dollars au dernier trimestre.
Le pire n'est pas là, il se trouve du côté du résultat net qui, sur le seul quatrième trimestre, est négatif à hauteur de 4,435 milliards de dollars. Principal facteur de ce résultat : Yahoo a fait réévaluer ses investissements passés, et le bilan est plus que négatif. Les actifs de l'entreprise ont ainsi connu une dévaluation de 4,461 milliards de dollars, dont 1,2 milliard pour des investissements réalisés après 2012, sous le règne de Marissa Mayer, l'actuelle PDG de Yahoo.
Yahoo n'a pas détaillé les dévaluations enregistrées pour chacun de ses investissements, et Kenneth A. Goldman, le directeur financier du groupe a même tenté de noyer le poisson en conférence lorsqu'il fut interrogé sur la question. Le responsable a bien voulu admettre une dévaluation de 230 millions de dollars pour Tumblr, acheté en 2013 pour 1,1 milliard de dollars, mais pour le reste il s'est réfugié derrière une ventilation des résultats par zone géographique et par date d'acquisition plutôt que par entreprise.
Yahoo veut licencier et vendre ses « actifs non-stratégiques »
Pour regonfler ses revenus et réduire ses dépenses, Yahoo va également se lancer dans une nouvelle restructuration de grande envergure. Dans un premier temps, l'entreprise va à nouveau se séparer de plus de 1 400 employés, afin de passer sous la barre des 9 000, contre 10 400 aujourd'hui, soit une réduction d'environ 15 %. « Cela représente des effectifs inférieurs de 42 % à ce qu'ils étaient en 2012 », précise Marissa Mayer. Par contre, le nombre de prestataires pourrait passer de 860 à 1 000 d'ici la fin de l'année prochaine.
Yahoo va également fermer cinq de ses bureaux situés à Buenos Aires, Dubai, Madrid, Mexico et Milan. Cela portera le nombre de bureaux fermés sous le règne de l'actuelle PDG à 27 en trois ans et demi. Et la transformation ne s'arrête pas là. La dirigeante évoque également « la vente de biens immobiliers de valeur et d'autres actifs non-stratégiques ».
Typiquement, Yahoo espère tirer plus d'un milliard de dollars l'an prochain en « monétisant de façon responsable » certains de ses brevets ne faisant pas partie de sa stratégie ni de son cœur de métier. Il n'est pas uniquement question de vente ici, mais aussi d'éventuels accords de licence.
Split d'unités
La question de la séparation de Yahoo en deux parties est également revenue sur la table. Après avoir dit tout et son contraire sur la question, l'entreprise est finalement arrivée à la conclusion qu'une séparation de certains actifs serait une solution adéquate. Seulement, la manœuvre s'annonce longue et périlleuse.
Yahoo dispose d'une part du capital d'Alibaba évaluée au 31 décembre dernier à plus de 31 milliards de dollars, soit déjà plus que la valorisation actuelle de l'entreprise américaine (27,9 milliards de dollars). Et se séparer d'un tel morceau ne peut pas se faire simplement, notamment sur le plan fiscal. Les autorités fédérales ont en effet les yeux rivés sur cette énorme plus-value potentielle et espèrent bien retirer leur part du gâteau. Lors de l'introduction en bourse d'Alibaba en 2014, le fisc américain avait en effet déjà récupéré un chèque de 3,3 milliards de dollars et l'histoire pourrait se répéter.
Quoi qu'il en soit, Yahoo assure être en train d'étudier toutes ces options, mais cela doit passer par des études approfondies notamment afin que tout soit en règle avec les autorités, mais également avec ses partenaires. La séparation des actifs de Yahoo Japan serait aussi compliquée à organiser, bien que souhaitée par une frange des investisseurs.
Des prévisions conservatrices pour 2016
Sur le plan financier, les prévisions de Yahoo sont conservatrices à court terme, l'entreprise voulant profiter de 2016 pour se réorganiser avant de retourner chasser la croissance sur les exercices suivants. Elle table ainsi sur un chiffre d'affaires compris entre 4,4 et 4,6 milliards de dollars, contre 4,97 milliards de dollars sur l'ensemble de 2015.
La différence serait due en partie à la baisse des revenus de la publicité classique, compensée par les « Mavens », les produits de l'entreprise liés au mobile, à la vidéo, à la publicité native et aux réseaux sociaux. 200 millions de dollars issus d'un accord avec Alibaba seront également aux abonnés absents, ainsi que 100 millions supplémentaires provenant d'activités abandonnées.
Les coûts d'acquisition de trafic devraient rester élevés cette année, Yahoo tablant sur une dépense d'un milliard de dollars sur l'ensemble de 2016. L'entreprise devrait néanmoins rester rentable, avec un EBITDA annuel de 700 à 800 millions de dollars.
En bourse, la nouvelle n'a pas suscité de grande réaction, Yahoo ne pouvant (rationnellement) guère tomber plus bas en termes de valorisation, ne serait-ce que grâce à ses 6,6 milliards de dollars de cash en réserve et à la valeur de sa participation au sein d'Alibaba, comme expliqué plus haut. L'action a toutefois enregistré une baisse de 1,1 % dans les heures qui ont suivi la clôture de la séance à Wall Street.
Yahoo prépare son schisme, ferme 5 bureaux et licencie 15 % de ses effectifs
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Yahoo veut licencier et vendre ses « actifs non-stratégiques »
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Split d'unités
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Des prévisions conservatrices pour 2016
Commentaires (23)
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Abonnez-vousLe 03/02/2016 à 12h38
flickr et Yahoo!finances sont les seuls éléments d’intérêt.
Le 03/02/2016 à 13h09
@Kevin : pourquoi les coûts d’acquisition de trafic ont explosé?
Le 03/02/2016 à 13h18
“Yahoo s’aplatit comme une crêpe”
Non pas comme une crêpe, mais comme une crêpe Yahoo, grosse différence " /> " />
Le 03/02/2016 à 13h19
Il ne doit en rester qu’un.
Et dire que lorsque je me rappelle du début de Google entouré par un grand nombre de moteurs de recherches…. Impressionant.
Il est marrant de voir que le capitalisme prône la multiplicité pour toujours finir par n’avoir que des géants à la fin.
Après la crise de l’informatique fin 80, la crise des jeux vidéos, la crise internet. Toutes ont tué le choix.
Le 03/02/2016 à 13h23
Il y a d’autres places de cotation que Wall Street…
Le 03/02/2016 à 13h33
Les fuseaux horaires des différentes places boursières en grande partie.
Le 03/02/2016 à 13h33
Le 03/02/2016 à 13h46
Les lois anti trust vont potentiellement se mettre en route concernant Google si Yahoo s’affaibli fortement.
Le 03/02/2016 à 14h00
Echanges en “After Hours”
Le 03/02/2016 à 14h13
en prenant également en compte les ordres passés en dehors des heures d’ouverture j’imagine.
Le 03/02/2016 à 14h15
tu pourrais répondre à ma question aussi stp? " />
Le 03/02/2016 à 14h16
Les offres d’achat et de vente d’actions continuent après la fermerture du marché. Ces offres détermineront le prix à la ré-ouverture du marché le lendemain.
Multi grilled …
Le 03/02/2016 à 14h23
Pour faire court, ils ont décidé de chercher de nouvelles audiences en faisant de la pub. C’est un changement stratégique.
Le 03/02/2016 à 15h53
Sauf que c’était hier, mais bon pas grave. Moi je le fait aujourd’hui " />
" />
Le 03/02/2016 à 16h48
En fait, la position d’outsider partout de Yahoo leur fait faire des trucs pas mal. Genre Flickr, oui, avec lequel j’envoie sur un même compte les photos de mon tél Android et celles de l’iPad de ma femme. J’aime beaucoup Aviate aussi, dont je ne peux plus me passer. Et Real Times (anciennement Real Player, racheté par Yahoo) est la seule appli que j’aie pu trouver qui savait accéder aux vidéos sur mon Mac à partir d’un iPad et les envoyer sur ma télé via Chromecast…
Par contre, ils ont toujours une politique aussi pourrie, genre l’installation “recommandée” pour Real Times qui remplace le moteur par défaut dans tous tes navigateurs par le leur. Et évidemment, ça n’est pas écrit clairement, il faut expanser le choix pour l’install “personnalisée” pour te rendre compte que tu peux le virer…
Le 03/02/2016 à 17h41
Le 03/02/2016 à 10h44
Whaou!, les crèpes.
GG pour le sous titre ceci dit :)
Le 03/02/2016 à 10h52
Et Marissa Mayer sauve pour le moment son siège sûrement à cause de ses indemnités de licenciement…
Sûrement des départs à prévoir dans les prochaines semaines.
Le 03/02/2016 à 10h52
On va assister en live à la mort d’un l’un des plus gros machin du web depuis la disparition des dinosaures. Rien n’est éternel ainsi va l’univers .
Ah les cons ! " />
Le 03/02/2016 à 10h58
Google va peut être les racheter?
Le 03/02/2016 à 12h11
Tant que les commentaires des news sur yahoo existent toujours, ça me va.
Un des derniers espaces de liberté d’expression en france.
Le 03/02/2016 à 12h29
Google qui absorbe yahoo! alors là…. " />
Le 03/02/2016 à 12h34
Comment une action pourrait-elle baisser après la clotûre de la séance boursière ?