Le CSA s’interesse aux perspectives de Netflix et du marché de la SVOD
Deux mots clés : concurrence et investissement
Le 17 mars 2016 à 11h05
5 min
Économie
Économie
Le CSA a publié un rapport concernant les derniers résultats financiers de Netflix et sur les perspectives qu'ils impliquent pour la filière audiovisuelle. L'autorité s'attend ainsi à un renforcement de la concurrence et à de forts investissements dans les contenus.
Netflix, c'est une affaire qui marche. Comme nous l'expliquions lors de la présentation des derniers résultats financiers de l'entreprise, le géant américain se porte à merveille et a réalisé un chiffre d'affaires de 6,7 milliards de dollars en 2015, soit 23 % de mieux qu'un an auparavant. Avec plus de 70 millions d'abonnés à travers le monde, dont quelques centaines de milliers en France, le service ne cesse de s'étendre. Si bien que le CSA commence à s'y intéresser de près.
La location de DVD et Blu-Ray génère plus de marge que la SVOD
L'autorité a en effet publié un rapport complet sur les résultats annuels de l'entreprise afin de « dresser le bilan économique global de l’activité de l’éditeur, mais également de s’interroger sur les défis que présente l’accélération du déploiement mondial de Netflix ».
Le CSA s'est ainsi penché sur le modèle économique de Netflix et note que si sa principale source de revenus reste la vidéo à la demande par abonnement (VàDA ou SVOD), avec un chiffre d'affaires de plus de 6 milliards de dollars, ce n'est pas son activité la plus rentable.
Malgré son érosion, l'offre de location de vidéos sur support physique de l'éditeur, qui compte encore 5 millions d'abonnés (contre 20 millions en 2010) est « presque trois fois plus rentable pour Netflix que la vidéo dématérialisée » note l'autorité. Pour chaque dollar de revenu tiré de la vidéo physique, l'entreprise dégage 50 cents de marge brute. Sur la VàDA, cette marge se réduit à 17 centimes seulement.
L'écart en termes de marge brute par abonné payant est encore plus élevé. Elle est ainsi de 62,96 dollars par an et par abonné au service de location de DVD et de Blu-Ray, contre 16,08 dollars pour l'abonné VàDA moyen. On notera que dans le cas spécifique du marché américain, la marge brute en SVOD est plutôt de l'ordre de 33 dollars.
Netflix ne compte d'ailleurs pas se séparer à court terme de cette activité, celle-ci étant très rentable, malgré la baisse régulière de sa clientèle. Celle-ci n'est toutefois pas aussi rapide que l'on pouvait l'imaginer, les clients privilégiant souvent cette option à la VàDA pour des questions de catalogue. Si Netflix ne dispose que de quelques milliers de programmes aux États-Unis en SVOD, son offre en location dépasse les 93 000 titres.
Des contenus pour soutenir la croissance
Le CSA a également noté l'accélération et l'importance des investissements de Netflix dans ses contenus, expliquant par exemple que « l’amortissement du catalogue représente à lui seul 54 % des charges d’exploitation » et que « les investissements de la société dans la production et l’acquisition de programmes ont progressé de 52 % en 2015, à près de 5,9 milliards de dollars ».
Cette somme est proche de ce que dépense un géant comme ESPN pour l'acquisition de droits sportifs, mais surtout très supérieure aux investissements d'autres diffuseurs de contenus. Selon le CSA, HBO n'aurait dépensé qu'un peu moins de 2 milliards de dollars dans ses contenus en 2014, Amazon 1,3 milliard et Hulu 1,1 milliard. La concurrence risque donc de se faire prendre de vitesse assez rapidement, à moins qu'elle n'adapte elle aussi son niveau d'investissement.
Cette entrée en ébullition du marché a pour conséquence que chacun de ces acteurs cherche désormais à produire ses propres contenus afin de se différencier des autres. « Cette concurrence accrue entre ces acteurs devenus plus nombreux conduit à une inflation du coût des programmes, alors même que la fragmentation de l’audience fragilise la rentabilité de leurs investissements », s'alarme le CSA.
En France, Netflix n'est pas seul en tête
Sur le marché français, Netflix doit encore se battre pour la couronne. Le CSA note ainsi que Canalplay comptait 613 000 abonnés au 31 décembre 2015 contre une estimation d'environ 750 000 clients en juin et 900 000 clients fin décembre pour le géant américain. L'autorité ne mentionne pas le service Zive de SFR, qui se revendique « premier acteur de la SVOD en France », en avançant un chiffre d'un million d'abonnés, parfois malgré eux suite aux remaniements tarifaires de ses offres fixes en novembre.
Le CSA souligne aussi « l'instabilité de ces bases d’abonnés liée d’une part, à l’absence d’engagement, et d’autre part, aux offres promotionnelles proposées par les deux acteurs [NDLR : Canalplay et Netflix] ». Sans parler des éventuels artifices pouvant être employés pour gonfler les chiffres, comme l'inclusion de l'offre avec des forfaits mobiles, dans le cas de Canalplay, ou internet fixe, dans le cas de Zive. De quoi donner de belles migraines aux équipes du CSA, et aux analystes de tous bords.
Le CSA s’interesse aux perspectives de Netflix et du marché de la SVOD
-
La location de DVD et Blu-Ray génère plus de marge que la SVOD
-
Des contenus pour soutenir la croissance
-
En France, Netflix n'est pas seul en tête
Commentaires (20)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 17/03/2016 à 13h58
Malgré son érosion, l’offre de location de vidéos sur support physique de l’éditeur, qui compte encore 5 millions d’abonnés (contre 20 millions en 2010) est « presque trois fois plus rentable pour Netflix que la vidéo dématérialisée » note l’autorité. Pour chaque dollar de revenu tiré de la vidéo physique, l’entreprise dégage 50 cents de marge brute. Sur la VàDA, cette marge se réduit à 17 centimes seulement.
Hey ouai, rien ne vaut la location physique. Autant en termes de prix que de qualité vidéo. Les majors ont sabré cette location physique et ont fait porté le chapeau au web.
Le 17/03/2016 à 14h14
Netflix a peut-être réduit un peu le téléchargement illégal, mais pas de façon notable.
Au niveau des séries, celles qu’ils produisent eux-mêmes sortent en même temps en France et aux US, mais pour les autres, il y a un délai assez long, voire même une absence dans leur catalogue. Sur ce point d’ailleurs, ce n’est pas forcément leur faute, puisque des chaînes comme TF1, Canal+ ou M6 achètent l’exclusivité sur certaines séries (tu ne verras jamais NCIS sur Netflix France par exemple) et pour d’autres séries, achètent même le fait que personne ne les diffuse.
Quant aux films, avec 36 mois de délai avant diffusion, Netflix n’a aucun impact sur le téléchargement illégal. Les films sont téléchargés illégalement plus de 2 ans avant qu’ils ne soient visibles sur Netflix.
Le 17/03/2016 à 15h14
Le fait que tous investissent de plus en plus dans leurs propres séries et plutôt avec réussite quand je vois les séries original Netflix doit commencer à inquiéter les chaînes de TV habituelles. Sur le long terme elles vont avoir de plus en plus de mal à avoir des exclus si les séries à succés sont produites par les diffuseurs VOD qui vont en toute logique les utiliser en premier lieu pour promouvoir leur propre plateforme.
Perso j’ai désactivé la TV depuis longtemps et j’ai Netflix depuis son arrivé en France donc entre Youtube et Netflix et toutes mes autres activités hors internet (oui ne pas avoir de TV aide à se bouger pour être actif aussi) je n’en ressens clairement aucun manque. Juste un décalage à la cantine au boulot quand ça parle des émissons à la con de la veille qui ne m’intéresse peu.
Et Netflix a eu une incidence sur mon téléchargement illégale, je préfère me faire un petit film sur Netflix que je n’ai pas encore vu plutôt que de me faire chier à DL le dernier film. Il y a pas urgence à voir le dernier film immédiatement. Si il est bon il le sera toujours dans 2 ans. Et si vraiment ça vaut le coup un petit tour au ciné entre pote ou avec une demoiselle " />
Bon j’avoue que pour Games of Throne c’est mon craquage annuelle où je sors le torrent. lol
Le 17/03/2016 à 15h26
C’est sûr que le modèle général est amené à changer, avec le déclin progressif de la télévision au profits des contenus à la demande.
Ce qui me pose problème, c’est que ce soit justement Netflix, une société américaine, qui amène ce changement. Parce que comme avec Google ou Amazon, on sait bien que les profits ne vont pas profiter à notre société directement mais partir directement enrichir toujours les mêmes.
A la vitesse où ça va et avec l’augmentation des coûts de production que ça entraîne, il faudra bientôt disposer d’une audience mondiale comme Netflix pour pouvoir se payer des bonnes séries. Et on sait à quel points les monopoles sont néfastes à la société civile.
Et Netflix n’est même pas à blâmer pour ça, il ne font que profiter de leur force de frappe que même la législation française ne peut entraver.
Par contre, pour les petits, avec des concepts novateurs (j’en fais partie) qui souhaitent proposer des offres spécialisées et qui ont non seulement pour but de divertir, mais aussi de faire découvrir d’autres contenus de qualité, la législation imposée de longue date par les Canal+/TF1/M6 est préjudiciable. Elle leur est d’ailleurs aussi préjudiciable à moyen terme, mais ils sont trop “confiants/plein de certitudes” pour s’en rendre compte.
Le 17/03/2016 à 15h40
De même, j’ai netflix je ne fais presque plus d’illégalité sauf quelques rares films bien qui sont sorties au ciné, je regarde plus la tv et je préfère lire l’actu sur le journal ou sur internet qui ne donnent pas cette impression de “c’est la fin du monde!!!”
Par contre quand il y a des tres bons films je vais au ciné.
Le 17/03/2016 à 15h46
Le problème, c’est que netflix a annoncé son arrivée un an avant et les groupes français se sont battus pour avoir son propre service ou comme canal+ se sont dis que netflix en france ne va pas marcher car les fai ne vont pas proposer l’accès tv a ce service, résultat deux mois après la sortie de netflix,les fai ont annoncé le support après qu’ils ont vu que les svod fr avait peur d’innover .
Le 17/03/2016 à 16h13
Le 17/03/2016 à 16h32
Perso il y a tellement de série que netflix seul ne peut pas tout avoir. C’est le cas aux USA. Pas de GoT sur netflix et tout HBO en général.
Pour ma part en tout cas, j’ai attendu pour Walking Dead S5 et elle est bien arrivé comme espérer. J’aurai un vrai sous titrage et pas des Fast Sub. Je critique pas leur boulot, mais il est je trouve dommage d’avoir délaissé le sous titrage de qualité à la rapidité avec parfois des bouts pas du tout traduit.
Comme dit burroz je préfère attendre et jongler entre canal+ (et pas canalplay) et netflix que dl un film en torrent. Parfois pas le choix mais le confort de la légalité et surtout de la qualité passe au dessus.
Pour revenir au location de DVD. On reste quand même dans l’attente de réception.
Le 17/03/2016 à 17h36
j’utilise msn actualité qui regroupe pas mal d’actu de different site, ce qui permet de choisir certains article plutôt que d’autre et de ne pas avoir qu’un seul point de vue.
Le 17/03/2016 à 17h51
Oui je sais je paye netflix.
Mais tu en as pas mal ou tu as les deux. Canal plus / bein.
Mais je suis pas sur que les pontes du CSA prefere que les gens ce passe progressivement de la TV et des pubs qui y sont rattachés.
Le 18/03/2016 à 12h40
Oui mais en plus des pubs sur l’ancêtre d’internet, il y aussi notre très chère redevance TV, qui coute quasiment 140€ soit plus de 10 mois de Netflix..
Le 18/03/2016 à 13h26
Le 17/03/2016 à 11h15
Si le CSA pouvait aider à booster la svod mais j’ai l’impression que ce n’est pas le but. Depuis que j’ai netflix je ne regarde pratiquement plus les chaines TV. Quel bonheur de choisir son rhytme et ses programmes. Et surtout pas de pub.
Le 17/03/2016 à 11h39
le CSA pousserait-il les opérateurs à imposer l’engagement … ? En 2016 ? Sérieux ?
Je ne vois pas en quoi l’engagement serait mieux. C’est pourtant pratique de mettre en pause un abonnement si nous savons à l’avance que le mois qui arrive ne sera pas consommé. Et puis, il est tout aussi facile de se réengager, à l’instar de spotify ou deezer.
C’est à l’opposé de ce que propose Canal+. Car là, il est vrai, la base clients est solide. La résiliation est un parcours du combattant :)
Une autre époque.
Le 17/03/2016 à 11h52
Le CSA ferait bien de se demander pourquoi la concurrence a du mal à s’établir en France.
Pour de la SVOD qui concerne principalement les séries, la législation impose quand même aux acteur d’avoir un catalogue majoritairement francophone et avec au moins 40% de contenu Européen.
Et je ne parle même pas de la chronologie des médias, qui pour les films, impose une durée de 36 mois avant de pouvoir les diffuser sur une plateforme SVOD (Merci Canal+ au passage).
Et par dessus tout ça, les acteurs du secteur doivent consacrer 15% de leur CA à la production d’œuvres françaises (applicable uniquement aux entreprises faisant plus de 10 M€ de CA).
L’état, et le CSA en particulier, ne facilitent vraiment pas l’émergence de nouveaux acteurs sur le marché, ni une véritable lutte contre le téléchargement illégal.
Le 17/03/2016 à 12h00
Pareil,
Je choisis ce que je veux sans pub, après l’autre problème c’est coté découverte facile/curiosité que je perds en zapping puisque je ne zappe plus du coup…
Le 17/03/2016 à 12h06
+1M
Le 17/03/2016 à 13h05
Le 17/03/2016 à 13h32
Tu t’enflammes à partir d’un simple constat.. Il n’y a là aucune recommandation, respire.
Le 17/03/2016 à 13h41
J’avoue que mise à part le matin, je regarde plus trop la télé aux heures des émissions.
C’est en tout cas vrai avec canal+ et le groupe France tv. Bravo au commerciaux de limité les Replay au FAI sur Xbox one…
Pour ce qui est de la SVOD netflix a réduit de manière considérable le téléchargement illégal.