Twitter fait fermer PostGhost et son archive de tweets effacés
Cherche un peu de sable pour tracer une ligne
Le 12 juillet 2016 à 07h40
4 min
Internet
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Twitter a fait fermer PostGhost, qui proposait une archive des tweets d’un grand nombre de comptes vérifiés. Pour l’éditeur, cette activité viole les conditions du service, un tweet effacé devant l’être partout. Pourtant, Twitter ne fait pas nécessairement appliquer cette règle partout.
PostGhost proposait un service assez particulier. Le site s’était fait une spécialité de l’enregistrement des tweets provenant des comptes vérifiés. Pourquoi ? « Parce qu’un compte vérifié dispose en moyenne de 123 000 abonnés ». Rappelons qu’un tel compte représente une personnalité qui a fait la démarche de prouver son identité afin de recevoir le précieux macaron bleu au signe « check » blanc.
Mais Twitter n’a pas apprécié ce concept. Dans un billet publié ce week-end, PostGhost indique que l’éditeur lui a expédié un email affirmant que son service violait les conditions imposées aux développeurs. Les sections I.B.3 et I.B.6 sont concernées, toutes deux étant liées à l’application et à la répercussion des actions de l’utilisateurs, notamment la suppression des tweets. Si un contenu est effacé, il doit l’être partout.
Fermé pour violation des conditions développeurs
PostGhost n’a pas souhaité tenter le diable et a donc fermé son service, mais pas sans répondre. La petite équipe ne comprend pas bien pourquoi Twitter a demandé une telle fermeture alors que l’entreprise laisse Politwoops opérer. Ce dernier se consacre exclusivement aux personnalités politiques, avec la même mission : garder une trace de tout ce qui est copié. Initialement, Politwoops avait été fermé de la même manière, mais avait finalement trouvé un terrain d’entente avec Twitter, qui l’avait laissé faire par la suite.
Mais pour PostGhost, les vues politiques sont exprimées par bien plus de personnes que la classe politique elle-même. Certaines stars de la musique, du cinéma ou de la littérature n’hésitent pas à exposer leur avis. PostGhost cite notamment J.K. Rowling (7,6 millions d’abonnés) et Lindsay Lohan (9,3 millions d’abonnés) qui s’étaient exprimées sur le référendum anglais sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Des tweets effacés quelque temps après, mais dont PostGhost garde une trace.
Un service d'hygiène pour le débat public
Or, le problème n’est pas l’avis exposé : il s’agit après tout de la liberté d’expression. Mais pour PostGhost, un tel avis répercuté sur des millions d’abonnés peut avoir autant, sinon plus d’impact qu’un tweet d’homme politique. Le service insiste : « Quand une personnalité publique fait une déclaration dans le monde réel, que ce soit dans un imprimé, en personne ou sur son propre site web, les rédacteurs, blogueurs et le grand public ont le droit de la reproduire et d’en discuter autant qu’ils le souhaitent, même si la personne qui s’est exprimée aimerait que ce ne soit pas le cas. Puisque Twitter devient la plateforme mondiale par défaut pour l’expression en ligne, perdre ce droit est une perte pour les échanges publics dans leur globalité ».
Surtout, PostGhost pointe que fermer son service n’empêchera personne de partager des tweets effacés, la capture d’écran restant permise chez tout le monde. La différence, par contre, est que sans un vrai travail d’archivage et une garantie d’authenticité, toute traçabilité sera perdue. PostGhost rappelle les propos en décembre dernier de Jack Dorsey, PDG de Twitter, selon lequel l’entreprise avait la « responsabilité de mettre en avant les structures qui promouvaient la transparence dans le dialogue public ».
Reste donc à voir si Twitter sera sensible à ces arguments, comme il l’a déjà été par le passé avec Politwoops. L’entreprise sera tôt ou tard forcée de tracer une limite entre ce qui est toléré et ce qui ne l’est pas, au risque de voir fleurir un trop grand nombre de services « d’intérêt public ». À l’approche des élections présidentielles aux États-Unis, la décision sera en tout cas particulièrement intéressante.
Twitter fait fermer PostGhost et son archive de tweets effacés
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Fermé pour violation des conditions développeurs
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Un service d'hygiène pour le débat public
Commentaires (15)
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Abonnez-vousLe 14/07/2016 à 13h35
Exact, ce serait bien de pouvoir l’éditer dans les minutes qui suivent pour corriger une faute
Le 12/07/2016 à 07h46
Ca pourrait se comprendre si Twitter se preparait a lancer son propre service de sauvegarde, ou etait en nego avec une autre boite comme Politwoops mais specialisee pour les stars, etc.
Le 12/07/2016 à 07h50
Dans ce cas twitter n’a qu’à interdire de supprimer un tweet. Mais je pense qu’ils auraient quelques problèmes.
Le 12/07/2016 à 07h50
Privatisation de l’espace publique et politique …
En même temps, Twitter n’est ni un espace ouvert, ni publique. Un peu comme si tous les politiques allaient parler uniquement aux journaux de leurs sponsors …
Le 12/07/2016 à 07h53
Si ce que tu dis sur twitter est publique. Ça peu ce retourner contre toi dans bien des cas.
Le 12/07/2016 à 07h54
“afin de recevoir le précieux macaron bleu au signe « check » blanc. Peu importe “.. peu importe quoi ? " />
c’est pas vraiment une erreur mais bon " /> " />
sinon faut créer un petit macaron rouge style sens interdit, pour marquer le tweet comme démenti ou condamné par l’auteur ? " />
Le 12/07/2016 à 09h01
ben oui hein ce serait quand même dommage que chacun puisse faire un état des lieux de la censure globale.
On imagine d’avoir la liste de tous les contenus modérés dans des com ou sur une forum…
Non mais quand même !
Le 12/07/2016 à 09h15
Je ne comprends pas la réaction de PostGhost. Ils disent eux-mêmes « cela n’empêchera personne de partager des tweets effacés, la capture d’écran restant permise chez tout le monde », mais ils ferment le service. Pourquoi ne pas faire un service/moteur de recherche de captures d’écran ? Que risquent-ils, même s’ils contreviennent aux CGU de Twitter ? Un procès pour avoir pris des captures d’écran ? " />
Le 12/07/2016 à 09h22
Je pense qu’on doit leur couper tout simplement l’accès aux API. Pas d’API, pas de chocolat " />
Et les captures d’écran n’ont aucun intérêt, elles peuvent être facilement falsifiées.
Le 12/07/2016 à 10h17
Tout ça n’arriverait pas si Twitter ajouterait un bouton “modifier / éditer”.
Ca ferait revenir pas mal de monde :)
Le 12/07/2016 à 11h44
D’où l’intérêt d’un service qui est basé sur l’honnêteté et ne falsifie pas les posts " />
C’est sur que si un inconnu qui présente les captures, ça ne sert à rien…
Le 12/07/2016 à 12h22
Twitter n’a rien a faire de la liberté d’expression il s’attendait à quoi. Twitter s’adonne à la censure autant que FB & Youtube.
Le 12/07/2016 à 12h39
+1. C’est fatiguant de devoir supprimer et refaire le tweet pour corriger une faute ou améliorer la formulation.
Mais bon, Facebook a mis des années avant d’accepter l’édition de posts… " />
Le 12/07/2016 à 15h18
Le 12/07/2016 à 17h45
l’éditeur lui a expédié un email affirmant que son service violait les conditions imposées aux développeurs
Vive l’inversion de la hiérarchie des normes lois. " />