L’Autorité de la concurrence valide sous conditions le mariage Darty-Fnac
Le contrat de concurrence
Le 19 juillet 2016 à 06h52
4 min
Économie
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L'Autorité de la concurrence a rendu son avis concernant le rachat de Darty par le groupe Fnac. Elle a identifié plusieurs problèmes très localisés de concurrence qui devront mener à la cession de six points de vente en Île de France.
L'un des derniers obstacles empêchant le mariage entre le groupe Fnac et Darty vient enfin d'être soulevé. L'Autorité de la concurrence avait lancé une phase d'examen approfondi fin mars 2016 afin d'étudier, « notamment, la pression concurrentielle exercée par les opérateurs de vente en ligne sur les marchés de la vente au détail de produits électroniques et ses conséquences sur la délimitation des marchés concernés par l'opération ».
En effet, l'Autorité voyait dans ce rapprochement celui « des deux principaux réseaux de distribution physiques sur un marché où plus de 7 Français sur 10 continuent à se rendre en magasins pour effectuer leurs achats ». Si, sur la globalité du marché ce mariage n'a pas d'influence néfaste, les cybermarchands faisant office d'agitateurs, à l'échelon local l'accumulation de boutiques sous le même giron dans certaines zones de chalandise pose problème.
L'Autorité pense local
Dans son compte-rendu, l'Autorité de la concurrence estime que « dans l'intégralité des marchés locaux situés en province, le consommateur disposera, outre l'offre en ligne de « pure players » tels qu'Amazon ou Cdiscount, de plusieurs alternatives ». Les concurrents ici sont composés d'enseignes spécialisées (type Boulanger) des grandes surfaces alimentaires qui peuvent disposer d'importants rayons de produits électroniques ou bien d'enseignes plus modestes.
« Malgré des parts de marché parfois élevées, le groupe Fnac restera donc confronté à une pression concurrentielle sensible en province », résume le gendarme de la concurrence.
À Paris et dans le sud-ouest de la région parisienne, la donne est très différente. Le rapprochement entre Darty et la Fnac poserait quelques problèmes. Dans le centre commercial Vélizy II par exemple, on retrouve un magasin Darty et une boutique Fnac, mais aucun concurrent à proximité immédiate. Cinq autres cas similaires sont pointés par l'Autorité à Paris intra-muros : Belleville, Beaugrenelle, Italie 2 ou dans le 17e arrondissement.
Céder des magasins pour soutenir l'animation concurrentielle
Dans le cas de Paris et de Vélizy, le gendarme estime que « la nouvelle entité disposerait d'un pouvoir de marché important qui ne serait pas suffisamment contraint par la concurrence des autres enseignes. Notamment, l'opération entraîne un risque que les magasins concernés ne soient plus incités à pratiquer des baisses de prix ou des promotions ponctuelles, susceptibles d'animer la concurrence locale ». Pas question donc pour l'Autorité de laisser la concurrence s'éteindre dans ces zones, car cela serait dommageable pour le client final.
Par conséquent, elle demande à Darty et au groupe Fnac de céder six de ses magasins à un ou plusieurs concurrents « présents dans le même secteur d'activité susceptibles d'exercer une pression concurrentielle suffisante sur le groupe Fnac dans la zone considérée ».
Pas de problème en amont
L'une des principales synergies attendues du mariage entre Darty et la Fnac concerne le regroupement des achats des deux enseignes chez leurs fournisseurs. Les volumes commandés pour l'ensemble du réseau étant plus élevés, les revendeurs espéraient pouvoir obtenir des tarifs plus attractifs, et donc des marges plus confortables.
De ce point de vue-là, les intéressés ont la bénédiction de l'Autorité de la concurrence qui explique que « l'opération ne pose en revanche pas de problèmes de concurrence sur les marchés amont de l'approvisionnement en produits électroniques ». Mieux encore, elle a « écarté tout risque de création ou de renforcement de dépendance économique des fournisseurs ». Concrètement, une fois réunis Darty et le groupe Fnac ne seront de toute façon pas assez gros pour poser des problèmes de dépendance économique aux vendeurs d'électronique, ceux-ci étant pour la plupart de grandes multinationales qui disposent déjà de nombreux autres débouchés en France pour écouler leurs produits.
L’Autorité de la concurrence valide sous conditions le mariage Darty-Fnac
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L'Autorité pense local
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Céder des magasins pour soutenir l'animation concurrentielle
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Pas de problème en amont
Commentaires (19)
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Abonnez-vousLe 19/07/2016 à 07h14
Dans l’étude de l’ADC, “produits électroniques” s’entend au sens produits bruns + gris. La Fnac ne vend pas de produits blancs en quantités significatives.
Le 19/07/2016 à 07h23
C’est marrant, a Lyon la part dieu, quasiment à coté, il y a une fnac et un darty. Mais la y’a pas de pb par contre? y’a pas vraiment de concurrent digne de ce nom dans le centre commercial…
Le 19/07/2016 à 07h32
Mais dans leur regroupement, faut il comprendre que la Fnac va vendre de l’électroménager ou les deux enseignes resteront bien distinct ?
Parce que bon on va pas à darty et la fnac pour les même raisons sauf au niveau électronique (ce qui représente un gros morceau c’est vrai).
Le 19/07/2016 à 07h42
” mais aucun concurrent à proximité immédiate” : on a une idée de la distance max correspondant à cette proximité immédiate ?
Le 19/07/2016 à 07h50
Les agents de Pôle Emploi préparent déjà gommes et crayons.
Le 19/07/2016 à 07h58
Les magasins ne seront pas fermés mais vendus à un concurrent, donc pas de licenciement à la clé normalement.
Le but est que la concurrence reste active par un acteur significatif à proximité sur les produits électroniques.
Le 19/07/2016 à 08h08
“normalement”
Après j’espère que t’as raison.
Le 19/07/2016 à 08h10
On retrouve les mêmes produits aux mêmes prix partout donc ca ne change pas grand chose.
Le problème c’est que Darty, Fnac, Boulanger et consorts ont été condamnés il y a quelques années pour entente mais on a l’impression que tout ca a été oublié.
Le 19/07/2016 à 08h14
Le 19/07/2016 à 08h29
Quelque chose me dit que Boulanger va accroître sa présence à Paris, étant donné qu’ils n’ont actuellement qu’un magasin ouvert récemment à Opéra. :P
Sinon, je suis étonné de ne pas voir Paris-Les Halles ou Ternes par exemple qui sont dans la même configuration.
Ce mariage va quand même créer beaucoup de doublons, faut pas se leurrer il y aura de la casse sociale. :/
Le 19/07/2016 à 09h34
Le 19/07/2016 à 11h11
À Grenoble, on a une FNAC en centre-ville et un Darty en banlieue (Saint Martin d’Hères) plus des boutiques à Grand Place, le centre commercial du sud de l’agglomération. Ils sont déjà bien répartis point de vue géographique, et ça me plairait de pouvoir aller à la FNAC centre ville pour changer mon frigo…
L’un comme l’autre son présents sur le net, ça va leur donner la patate face à Amazon et consorts. À suivre…
Le 19/07/2016 à 11h47
Le 20/07/2016 à 10h15
Le 21/07/2016 à 09h18
Le 21/07/2016 à 09h46
Et humainement, qu’est-ce que cela donne ?
Je suis salarié depuis plus de 20 ans à la Fnac, seule entreprise de ma carrière, j’apprends que dans quelques mois, je suis cédé à un inconnu. Car finalement, la cession concerne un emplacement et des salariés. Il n’y a pas de vente comme lu dans les commentaires. La Fnac récupère son stock, ses outils de travail, les gilets de leurs collaborateurs et laisse la place, qui ne lui appartenait pas ! Et ils nous laisse en même temps. La fusion Fnac/Darty, super groupe en devenir, ça sera sans nous (et je n’oublie nos amis de Darty, évidemment).
Nous allons conserver nos salaires, nous allons perdre notre métier pour la plupart. Le modèle “Fnac” apprécié par nos clients (du produits techniques, du livre, du disque/dvd, des jeux vidéo, des jouets, etc…) n’existe quasiment plus en magasin “physique”. Monsieur le libraire, merci d’intégrer notre entreprise, mais désormais, vous allez vendre des cocottes minute. Nous allons conserver nos acquis sociaux… pendant 15 mois.
Je travaille à la Fnac Beaugrenelle depuis son ouverture, et auparavant Fnac Odéon, Fnac Micro, Cluny … Qui sait, j’ai même peut être vendu un walkman à Alexandre Bompard quand il était ado ? D’ailleurs, à l’ouverture de notre magasin, Alexandre en était très fier de son petit dernier… son petit “chouchou” avait-il dit. Il n’est pas venu nous l’annoncer en personne.
J’aime mon entreprise, mais je viens d’être cédé, mes amis et moi. Si vous passez à Beaugrenelle, regardez un peu la détresse dans le regard des salariés, vous comprendrez…
Merci de m’avoir lu :)
Le 19/07/2016 à 07h06
A Velizy II, Auchan dispose pourtant d’un très grand rayon de produits culturels et électroniques…
Le 19/07/2016 à 07h07
Peut-être pas assez lourd localement en termes de parts de marché.
Le 19/07/2016 à 07h10
L’électroménager n’est-il pas aussi à prendre en compte dans l’équation ?