ICANN : bataille entre Congrès américain et géants du Net à deux semaines de l’émancipation
C'est l'heure du du-du-du-duel !
Le 14 septembre 2016 à 10h30
4 min
Internet
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Dans une lettre ouverte, une vingtaine d'organisations et d'entreprises américaines du Net demandent au Congrès de ne pas empêcher la transition de l'ICANN vers un modèle multi-partite le 1er octobre. Selon certains parlementaires, cette émancipation donnerait les clés d'Internet à des régimes autoritaires, soit le but inverse de l'opération.
Faire sortir l'ICANN, le gestionnaire des ressources du Net, du contrôle exclusif des États-Unis n'est pas une mince affaire. Entamé début 2014, le chantier doit se terminer le 1er octobre prochain, avec l'expiration du contrat qui lie l'ICANN avec le département américain du Commerce. Dès le mois prochain, l'entreprise de droit californien doit passer entre les mains de ses « communautés », c'est-à-dire les États, acteurs du Net et membres de la société civile qui y contribuent au quotidien. Cela, en principe, à parts égales.
Si les États-Unis semblent avoir tout intérêt à cette transition, le département américain du Commerce a déclaré il y a quelques jours qu'il se réserve le droit de repousser (une nouvelle fois) cette émancipation d'un an. Le contrôle de l'ICANN (et symboliquement d'Internet) est un enjeu de souveraineté agité par certains élus républicains, accusant Obama de laisser les clés d'Internet à des pays totalitaires via l'ONU, censure comprise. Une rengaine répétée à l'envi par les médias conservateurs outre-Atlantique.
Dos à dos, lobby contre lobby
Le parlementaire le plus prolixe à ce sujet est sûrement Ted Cruz, qui a même monté un site avec compte à rebours avant le désastre que doit être l'émancipation de l'ICANN. Pour lui, Obama abandonnera Internet, donc « nos libertés ! ». Le Congrès a toujours la possibilité de faire passer un texte faisant reculer la date de la transition de l'organisation vers un modèle multi-partite.
Une perspective qui ne plaît pas aux géants du Net, dont Amazon, Facebook, Google ou Twitter, qui ont signé hier une lettre ouverte demandant aux autorités de laisser la transition arriver. Elle peut être résumée par cette phrase : « Il est impératif que le Congrès n'agisse pas pour retarder la transition prévue le 1er octobre ».
Pour la vingtaine d'acteurs, associations, organisations et entreprises numériques, le modèle multi-partite est absolument la voie à suivre... Notamment dans l'intérêt des États-Unis. « Nous pensons que cette proposition importante garantira la sécurité, la stabilité et la résilience constante du système. De plus, des garde-fous cruciaux sont en place pour protéger les droits de l'Homme, dont la liberté d'expression » écrivent-ils.
« Un Internet mondial, interopérable et stable est essentiel pour notre économie et notre sécurité nationale. Nous restons engagés dans la transition de près de vingt ans vers un modèle multi-partite qui servira au mieux les intérêts américains » résument-ils. Les grands groupes américains du numérique se sont développés sur un Internet « unique » mondial, qu'il est essentiel pour eux de préserver.
Deux ans de travail et un plan
Cette transition est en fait censée être un moyen d'apaiser les tensions nées des révélations Snowden sur la surveillance de la NSA, et une manière de contrer les velléités de certains pays (comme la Chine et la Russie) de fragmenter Internet en itérations nationales. Un épouvantail très pratique pour imposer cette émancipation, d'ailleurs. Quand l'ancien président de l'organisation, Fadi Chehade, a lancé les travaux il y a deux ans, l'enjeu explicite était de contrer une gestion des ressources du Net uniquement décidée par les États, via l'ONU.
Comme nous le détaillions l'été dernier, un plan complet a été développé par la communauté pour déterminer le fonctionnement de cet ICANN « post-IANA ». L'essentiel est que la direction de l'organisation aura face à elle des contre-pouvoirs dirigés par les membres de sa communauté, qui doivent être à même de décider des grandes lignes et de contrôler les décisions quotidiennes.
Ce plan ressemble par moments à un tour de force, tant les tensions entre la direction de l'ICANN et ses « communautés » ont été fortes. En fin d'année dernière, la direction promettait par exemple un désastre si ses contre-pouvoirs étaient trop puissants. Elle a d'ailleurs obtenu quelques concessions sur les moyens légaux que peuvent utiliser les acteurs du Net pour contrôler ses décisions. Reste que, dans l'absolu, le contrôle de ses activités (tel que validé) sera bien plus fort... Même si, encore une fois, le nouveau modèle doit encore être appliqué et éprouvé.
ICANN : bataille entre Congrès américain et géants du Net à deux semaines de l’émancipation
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Dos à dos, lobby contre lobby
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Deux ans de travail et un plan
Commentaires (17)
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Abonnez-vousLe 14/09/2016 à 10h41
Pour moi ils ont fait du bon boulot jusqu’ici, que le truc entre sous le contrôle de l’ONU me fait un peu peur par contre
Le 14/09/2016 à 10h41
je préférai l’autre image. " />
Le 14/09/2016 à 10h58
La même. Quels arguments sont avancés pour l’émancipation?
Le 14/09/2016 à 11h11
C’est quand même un moment incroyablement essentiel auquel nous assistons. Pas un media mainstream en parle ! Heureusement que NXI est là pour nous synthétiser et nous éclairer.
On parle de millions d’emplois et de centaines de milliards de dollars d’enjeux ici… esperons que cela ne fractionnera pas le web et ne remettra pas en jeu la neutralité du réseaux des réseaux.
Le 14/09/2016 à 11h41
Le 14/09/2016 à 11h58
Louis Pouzin (créateur d’un réseau nommé Cyclade dans les années 1970)
parle de l’ICANN et de la possibilité d’avoir d’autres annuaires ici : https://www.franceinter.fr/emissions/la-tete-au-carre/la-tete-au-carre-18-fevrier-2015
Décoré par la reine d’Angleterre pour sa contribution majeure à la
création d’internet en 2013, Louis Pouzin est encore un inconnu en
France. Agé de 83 ans, il est pourtant à l’origine d’internet au début
des années 1970, avec le premier réseau « Cyclades » permettant de
communiquer des informations sous la forme de paquets ! Depuis internet a
énormément évolué, est utilisé dans le monde entier, connait succès
mais aussi dérives.Comment les
recherches sur internet ont-elles démarré en France ? Sécurité
informatique et piratage, quelles sont les failles et comment s’en
prémunir ? Qui sont les hackers ? Finalement, Internet doit être
totalement repensé. Quelles améliorations apporter ? Selon Louis Pouzin,
« une refonte de base semble nécessaire ».Avec Louis Pouzin , Ingénieur, polytechnicien, Président d’honneur de la société française de l’Internet.Et Jean-Marc Manach
, Journaliste et blogueur français est spécialiste des questions liées à
l’impact des technologies de l’information et de la communication sur
la société et à la protection de la vie privée.
Le 14/09/2016 à 12h06
Dans un cas d’un statu quo, pas forcément grand chose.
Le soucis, c’est que t’as certains pays qui aimeraient avoir leur mot à dire, et ne pas laisser ça à la seule gouvernance US.
Résultat, si ça reste sous le giron US, certains seraient tentés de faire “leur truc dans leur coin”. Car internet n’est pas régulé à proprement parlé : il s’agit d’un lot de règle que l’on choisi tous d’appliquer pour que ça fonctionne correctement. Mais si un jour quelqu’un décide de pas faire pareil, de réutiliser certaines choses déjà utilisés par d’autres (que ce soit au niveau IP, DNS, ou autre), ben ça va faire “plusieurs” versions d’internet selon de l’endroit où tu y accèdes.
Ce qui va contre la définition même du bidule.
Le 14/09/2016 à 12h08
George Bush avait donc raison ! " />
Le 14/09/2016 à 12h27
“Selon certains parlementaires, cette émancipation donnerait les clés d’Internet à des régimes autoritaires, soit le but inverse de l’opération.”
En même temps pourquoi ce serait au US s’avoir les clefs d’un truc international …
Parce que les USA sont une dictature pour le reste du monde. Ils dictent leurs règles alors qu’on ne vote pas pour leurs représentants…
Le 14/09/2016 à 12h38
Donc c’est juste de l’anti-americanisme primaire sans fondement sur la gouvernance de l’ICANN qui pourrait créer des soucis? Ils réalisent combien ils sont cons ou c’est juste hypothétique qu’il y ai des personnes vraiment motivées pour créer un “autre” internet?
Le 14/09/2016 à 12h44
Internet c’est juste le nom que l’on désigne a l’interconnexion de plusieurs sous réseaux hein. C’est juste que tout le monde prend comme standard le TCP / IP comme protocole de communication. Hors ce protocole ne permet pas d’assigner de lui même une adresse IP, c’est la raison d’être de l’ICANN. De plus il faut un annuaire pour convertir une adresse en nom commun d’où le DNS. Hors les serveurs DNS sont dans le monde entier (bon oki t’en a la moitié aux US).
Tout ca pour dire, c’est pas ‘internet’ qui limite mais le protocole.
Le 14/09/2016 à 12h58
L’ICANN est déjà sous le contrôle d’un état totalitaire alors les craintes du congrès sont infondées
Le 14/09/2016 à 13h55
Même si je n’ai rien contre les Américains je ne comprends pas que l’Europe ne gère pas déjà ses propres DNS (qui seraient juste un miroir de l’existant) avec obligation pour tous les FAI européens de les utiliser.
Juste histoire de pouvoir négocier d’égal à égal.
Le 14/09/2016 à 14h54
tiens une petite localisation des serveurs DNS ^^
http://www.root-servers.org/index.html
Le 14/09/2016 à 14h57
Hein ?
Le 14/09/2016 à 16h28
http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-icann%C2%A0-la-transition-aura-lieu-malgre-le-blocage-de-certains-senateurs-us-65913.html
Le 15/09/2016 à 08h35