Microsoft a débuté hier sa conférence Ignite, qui lui sert de théâtres à de nombreuses annonces sur le futur de ses produits. Azure, Windows ou encore Office ont ainsi été abordés. Des apports importants sont ainsi prévus, notamment sur la sécurité, le cloud et OneDrive.

Ignite est une conférence particulière, centrée sur l’aspect technique des technologies déployées par le géant du logiciel. Nombre d’entreprises et de développeurs sont présents pour découvrir ce que Microsoft mijote. Cette année, Windows 10 a bien sûr été l’un des gros sujets, mais pas le seul. L’éditeur a mis un accent particulier sur la sécurité, avec de nouvelles fonctionnalités en approche, ainsi qu’un retour attendu sur OneDrive : les placeholders.

Le retour de la synchronisation partielle dans Windows 10

Derrière ce mot se cache une fonctionnalité de OneDrive qui était présente dans Windows 8 et a disparu avec Windows 10. Il s’agissait d’afficher dans le dossier synchronisé l’apparence des fichiers, mais ils n’étaient pas téléchargés. L’avantage était que les gros dossiers ne prenaient que peu de place, à moins que l’utilisateur ne les récupère réellement. Inconvénient, l’accès et la modification de ces fichiers réclamaient un temps de traitement qui en agaçaient certains.

Par facilité, Microsoft avait supprimé la fonctionnalité, pensée surtout au début pour épargner les SSD, souvent de petite taille il y a quelques années. Depuis, beaucoup les réclament. Ils vont donc revenir, sous l’appellation « On-Demand Sync ». La fonctionnalité sera intégrée dans Windows 10 via une mise à jour, mais on ne sait pas quand. Il est possible qu’il faille attendre Redstone 2 au printemps 2017.

Pour rappel, Dropbox travaille aussi sur une fonctionnalité similaire.

Sécurité : isolation renforcée dans Edge et analyse des menaces

Windows 10, Office 365 et Enterprise Mobility and Security vont en outre recevoir plusieurs nouvelles fonctionnalités liées à la sécurité. À commencer par Windows Defender Application Guard (WDAG), dédié aux entreprises, qui va renforcer les défenses du navigateur Edge. Les onglets seront ainsi placés dans des conteneurs isolés les uns des autres, court-circuitant normalement tout passage de l’un à l’autre par un éventuel malware.

Les membres du programme Insiders pourront bientôt tester la fonctionnalité dans une prochaine build du Fast Ring de Windows 10 Enterprise. Les clients de cette édition devraient en bénéficier durant le premier trimestre 2017. Notez que l’isolation passe par Hyper-V, dont la présence devient obligatoire, l'ensemble reposant sur Virtualization Based Security. 

L'arrivée de WDAG représente une étape importante pour la sécurité, et sa généralisation est envisagée, y compris auprès du grand public. Mais cette solution, efficace sur un plan technique, possède également de vraies contraintes. Exemple simple : les cookies permanents ne peuvent pas être utilisés puisque fermer l'onglet élimine la machine virtuelle qui les contenait. Les données de navigation sont donc supprimées en même temps. À terme, il n'est pas impossible que la fonctionnalité soit disponible à travers une API pour d'autres logiciels, y compris les navigateurs concurrents. Pour l'instant, il faut cependant considérer WDAG comme un apport centré sur le monde professionnel uniquement.

L’Advanced Threat Protection (ATP) d’Office 365 est par ailleurs renforcée. D’une part, elle est étendue à Word, Excel, PowerPoint, SharePoint Online et OneDrive for Business. D’autre part, Dynamic Delivery s’occupera de livrer les pièces jointes dans un premier temps sous forme de placeholders, pendant que les fichiers seront analysés par le service pour y détecter des malwares, comme les liens par URL Detonation pour flairer d’éventuelles menaces. Enfin, ATP communiquera avec Windows Defender pour permettre aux administrateurs d’avoir plus d’informations sur les menaces.

Parallèlement, Office 365 Threat Intelligence doit permettre de remonter plus facilement jusqu’à la source d’une attaque. Il est prévu pour s’intégrer dans des systèmes SIEM (Security Incident Event Management) et autorise la mise en place de règles pour parer à différentes situations, en fonction des critères définis et de la sévérité de l’attaque. Quant à Enterprise Mobility and Security, il s’agit d’un nouveau service pensé, il centralise la gestion des identités, des appareils et applications mobiles, et inclut Azure Information Protection.

Office 365 continue de s'enrichir

Les testeurs Insider d’Office 365 peuvent récupérer depuis hier une mise à jour de la suite bureautique pour s’essayer à plusieurs nouvelles fonctionnalités. Par exemple, Tap permet à Word et Outlook d’aller puiser facilement dans les ressources internes de l’entreprise. L’inverse en quelque sorte de la recherche qui permettait de récupérer des éléments sur le web. QuickStarter se destine de son côté à PowerPoint et Sway. Il doit faciliter la vie de l’utilisateur en lui fournissant rapidement des ressources associées aux sujets abordés. Microsoft indique qu’il s’agira d’un contenu trié et que les images proposées seront toutes sous licence Creative Commons.

L’application Outlook pour Android et iOS a eu droit elle aussi à son annonce. Microsoft a ainsi indiqué qu’elle était pleinement alimentée par la solution cloud maison. Conséquence directe, les entreprises abonnées à Office 365 pourront y renseigner leurs comptes, les paramètres de ces derniers étant récupérés en ligne, selon les sécurités décidées par les administrateurs.

PowerPoint va également se doter d’une fonction Designer, un mode permettant de changer rapidement la présentation d’une diapositive. Plusieurs modèles sont fournis, en fonction de ce qui est détecté dans le contenu, l’utilisateur pouvant ensuite modifier l’ensemble. Excel va recevoir de son côté un outil pour transformer les données géographiques en graphiques. Le service est évidemment alimenté par Bing Maps.

Toujours dans le domaine du travail d’équipe, la version Mac de Skype for Business débarquera le mois prochain. Elle devrait normalement avoir toutes les fonctionnalités de la version Windows, y compris la gestion des nouveaux Skype Room Systems.

Enfin, Microsoft a présenté StaffHub, un nouvel outil centré sur la gestion des équipes et des plannings. Disponible en préversion publique, l'éditeur le destine avant tout aux employés mobiles ayant besoin d’une zone centralisée pour ce type d’informations. Il s'agit en quelque sorte du pendant interne de Bookings qui est pour sa part dédié à la gestion des rendez-vous externes à l'entreprise.

Windows 10 installé sur 400 millions d'appareils

Microsoft a également révélé quelques informations au sujet du succès de Windows 10. Le système continue ainsi sa progression dans les chaumières et entreprises et est maintenant installé sur 400 millions d’appareils divers : ordinateurs, tablettes, smartphones et Xbox One. Cela représente 40 % donc de son objectif d’un milliard d’appareils, même si le délai initialement indiqué – deux à trois ans – a été abandonné en cours de route.

Le rythme a cependant ralenti. En tout début d’année, on comptait environ un million de nouvelles installations par jour. En juin, il n'était que de 100 000 installations. On peut y voir évidemment une influence de l’intensification de la promotion basée sur l’application GWX, tellement décriée. L’arrivée de la mise à jour Windows 10 sur Xbox One a également participé. Au 26 septembre, le rythme était toutefois de 568 000 installations.

Notez que même avec cette chute, le rythme reste cependant supérieur à ce qu’avait enregistré Windows 7 en son temps (et qui avait gardé le record).

Les offres Cloud d'Adobe basculent toutes dans Azure

Puisque l’on aborde le cloud, Microsoft avait une annonce importante dans ce domaine : un accord conséquent avec Adobe.

Les offres Creative Cloud, Marketing Cloud et Document Cloud vont ainsi être entièrement hébergées dans Azure. Dans l’absolu, il n’est pas dit que les clients voient une grande différence de leur côté, mais Microsoft peut ainsi mettre en avant un nouveau partenaire de poids dans son catalogue.

Signalons tout de même que certains produits étaient déjà situés dans le cloud de Microsoft, notamment Campaign et Experience Manager. L’annonce sur les trois autres produits n’est pas non plus complètement une nouveauté puisque l’éditeur avait annoncé l’année dernière que ses Marketing Cloud Solutions seraient placées dans Azure à une date qui n’était pas précisée. Ils deviennent d’ailleurs la solution privilégiée pour Dynamics 365 Enterprise Edition, annoncée dans la foulée par Redmond.

Un partenariat avec l'Alliance Nissan-Renault

Autre domaine, autre partenariat, cette fois avec Renault et Nissan. Cet « accord mondial pluriannuel » doit conduire à la mise en place de services alimentés par – évidemment – Azure. Les deux constructeurs ont indiqué que la solution était « rassurante ».

L’heure était évidemment aux congratulations de rigueur : « Microsoft nous offre une solution globale, à l’échelle mondiale, déclinable sur plusieurs systèmes d’exploitation, en plusieurs langues et avec une variété d’outils de programmation » a ainsi indiqué Blanca Garcia, porte-parole de l’Alliance Renault-Nissan. Elle a en outre indiqué que le niveau de protection des données avait joué en faveur de l’Américain.

L’idée générale est de faire de la voiture une extension connectée du lieu de travail. Azure pourra s’occuper des données de navigation, prédire la consommation de carburant, mettre en relation le véhicule avec des données utilisateurs et ainsi de suite. Les premiers véhicules ne sont cependant pas attendus avant 2018 au minimum. Plus d’une dizaine de modèles sont déjà prévus. Microsoft aidera également les deux entreprises à travailler leurs interfaces.

Une évolution qui garde les directions prises

Dans tous les cas, on voit encore une fois que le renforcement des solutions Azure et de la sécurité occupe une grande part des développements de Microsoft. Le cloud offre l'avantage à l'éditeur de pouvoir se connecter avec d'autres produits, et donc d'attirer une clientèle hétérogène. En outre, Azure est actuellement la division de Microsoft dont le chiffre d'affaires croît le plus rapidement. On imagine dans ce contexte qu'il n'est pas question de ralentir les efforts. Tout comme pour la sécurité, devenu un critère commercial plus évident pour nombre d'entreprises.