Semi-conducteurs : un important accord entre l’Europe et l’Inde
Brahmâ, Vishnu et Shiva prêtent mains fortes ?
Les semi-conducteurs sont des matériaux très largement utilisés dans les composants électroniques et dans l’informatique de manière générale. L’Europe annonce un partenariat avec l’Inde pour ne pas rester sur le bord de la route. L’Inde de son côté multiplie les annonces et compte produire ses premières puces fin 2024.
Le 27 novembre 2023 à 09h29
5 min
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Comme on vous l’expliquait récemment, le silicium est le matériau semi-conducteur le plus utilisé au monde. Il est abondant sur Terre, mais son raffinage et son extraction sont coûteux en énergies. Ces opérations ont donc un impact environnemental non négligeable.
C’est également un matériau identifié comme critique par l’Union européenne. En effet, près de 80 % du silicium utilisé pour les puces est produit en Chine.
Avec les tensions géopolitiques actuelles, c’est un sujet important pour les questions de souverainetés. Sur Twitter, Thierry Breton, confirme : « les semi-conducteurs sont au cœur de la nouvelle géopolitique industrielle ».
Des chaînes d'approvisionnement solides
L’accord avec l’Inde dont il est question aujourd’hui ne porte pas directement sur le silicium, mais sur les semi-conducteurs. Selon la Commission européenne, il « définit la manière dont l'UE et l'Inde vont coopérer pour mettre en place des chaînes d'approvisionnement des semi-conducteurs qui soient solides ». Les partenaires ne donnent pas plus de détail.
Un second point important est mis en avant : « une collaboration en matière d'innovation », qui s’articule autour de quatre piliers :
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- « partager des expériences, des bonnes pratiques et des informations sur leurs écosystèmes de semi-conducteurs respectifs ;
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- recenser les domaines de collaboration possible entre les universités, les instituts de recherche et les entreprises dans le domaine de la recherche, du développement et de l'innovation ;
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- promouvoir le développement des compétences, des talents et de la main-d'œuvre dans le secteur des semi-conducteurs et faciliter la collaboration par l'organisation d'ateliers, par des partenariats et par la promotion des investissements directs ;
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- veiller à l'égalité des conditions de concurrence dans le secteur, notamment en partageant des informations sur les subventions publiques accordées. »
Les semi-conducteurs sont partout et en grosse quantité
Si on remonte quelques mois en arrière, le Parlement européen annonçait en février 2023 un plan afin de « lutter contre la pénurie de semi-conducteurs ». L’Europe rappelait alors l’importance des puces (et donc des semi-conducteurs) : elles « sont utilisées dans les activités quotidiennes telles que le travail, l'éducation et le divertissement, pour des applications critiques dans les voitures, les trains, les avions, les soins de santé et l'automatisation, ainsi que dans l'énergie, les données et les communications ».
Bref, les semi-conducteurs sont partout (ou presque), et utilisés en très grandes quantités. « Par exemple, un téléphone portable contient environ 160 puces différentes alors que des voitures électriques hybrides en contiennent jusqu'à 3 500 ». Toujours selon le Parlement, un géant des semi-conducteurs « peut s'appuyer sur pas moins de 16 000 fournisseurs hautement spécialisés situés dans différents pays ». La Chine n’est pas citée directement, mais tous les yeux sont tournés vers le pays de Xi Jinping et l’Asie en général.
La guerre en Ukraine a suscité « des inquiétudes supplémentaires pour le secteur des puces ». Il ne faut pas oublier le changement climatique, les incendies et les sécheresses qui « ont touché de grandes usines de fabrication et ont aggravé la crise ».
Des bonnes intentions, mais aucune obligation
Dans son protocole d’accord avec l’Inde, la Commission rappelle que face à ces défis, « la coopération internationale est un élément important pour parvenir à un écosystème de semi-conducteurs résilient. Cela nécessitera des collaborations avec des partenaires stratégiques ».
Les dispositions générales à la fin du protocole définissent les limites réglementaires (spoiler, il n’y en a quasiment pas). « Ce protocole d'accord sert uniquement à enregistrer les intentions des participants. [Il] n’est pas juridiquement contraignant et ne donne lieu à aucun droit ou obligation en vertu du droit national ou international. Il n’a aucune implication financière […] Les participants n'ont pas l'intention d'échanger des informations sensibles ».
Bref, de belles paroles pour le moment. Attendons de voir ce que ça donnera dans les mois et années à venir.
L’Inde sur tous les fronts
L’accord côté européen pourrait presque être l’arbre qui cache la forêt. L’Inde n’en est pas à son coup d’essai sur les semi-conducteurs. Depuis plusieurs mois, le pays affiche d’ailleurs ouvertement sa volonté de peser fortement sur ce marché.
Cet été, le gouvernement indien (par l’intermédiaire de son ministre Ashwini Vaishnaw) faisait part de son intention de produire ses propres semi-conducteurs. Il vise la fin de l’année prochaine. En août, dans la cité industrielle de Dholera, des photos de la construction d’un bâtiment sur un site de 920 km² ont été publiés, comme le rapporte NHK. Il « devrait accueillir la première usine de fabrication de semi-conducteurs de l'Inde ».
« Je ne parle pas seulement d’une nouvelle entreprise, il s’agit d’une nouvelle industrie pour le pays », expliquait-il au Financial Times. Pour arriver à ses fins, le pays propose 10 milliards de dollars de subvention pour les entreprises intéressées. L’Europe et les États-Unis aussi proposent de grosses enveloppes de subventions pour attirer des usines.
En mars de cette année, les États-Unis ont devancé l’Europe en annonçant un « protocole d’accord sur la chaîne d’approvisionnement et un partenariat d’innovation en matière de semi-conducteurs entre l’Inde et les États-Unis ».
Semi-conducteurs : un important accord entre l’Europe et l’Inde
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Des chaînes d'approvisionnement solides
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Les semi-conducteurs sont partout et en grosse quantité
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Des bonnes intentions, mais aucune obligation
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L’Inde sur tous les fronts
Commentaires (7)
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Abonnez-vousLe 27/11/2023 à 10h31
J'ai dans l'idée que, à l'instar du pétrole et de l'uranium, ou pourrait voir des guerres de ressources.
Le 27/11/2023 à 10h51
Le 27/11/2023 à 11h55
Modifié le 27/11/2023 à 14h06
160 références différentes, me semble plus réaliste.
Le 27/11/2023 à 12h33
J'ai cherché et c'est difficile de trouver de l'info (ou je m'y prends mal).
Mais je suis tombé sur 20 à 30, ce qui me semble plus proche de la réalité. (ici : https://ts2.shop/en/posts/how-many-chips-does-a-cell-phone-have )
Avec les SOC qui intègrent beaucoup de choses, ça me semble plus réaliste. Ça m'inquiète que l'UE prenne des décisions sur des infos peu fiables.
Sur ifixit, on compte moins de 50 puces pour un iPhone 13. J'ai peut-être compté des composants qui ne sont pas des puces.
Modifié le 27/11/2023 à 13h53
C'est malheureusement le cas aussi au niveau européen.
Merci pour le lien.
Le 29/11/2023 à 15h41
Et bim qui c'est qui s'est ENCORE fait griller au poteau ? L'Europe, pour pas changer...