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Le deuxième rapport de l’Arcep sur le numérique soutenable pointe plusieurs progressions

Pas de quoi pavoiser non plus

Le deuxième rapport de l'Arcep sur le numérique soutenable pointe plusieurs progressions

Le 20 avril 2023 à 09h29

L'Arcep vient de publier son deuxième rapport sur le numérique soutenable. Les chiffres de 2021 viennent témoigner d'un retour de l'activité après deux années particulièrement moroses sur fond de crise sanitaire. Bien que la situation ne soit pas brillante, on note plusieurs indicateurs en progression significative.

Le deuxième rapport de l’Arcep sur le numérique soutenable était attendu de pied ferme pour plusieurs raisons. D’abord, pour voir si les travaux débutés portaient leurs fruits bien sûr, mais surtout pour constater l’évolution dans un monde « post-covid », après l’emballement prononcé pour le numérique, qui plonge depuis le monde de la tech dans un certain désarroi.

L'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse est à pied d’œuvre ces deux dernières années sur le thème du soutenable, et plus généralement de l’impact environnemental du numérique. Des travaux ont été menés conjointement avec l’ADEME et l’Arcom, et on a pu voir récemment un bilan des actions menées jusqu’ici. On se souvient en particulier de la publication des scénarios à horizons 2030 et 2050, dont la plupart ne sont guère réjouissants sans une implication profonde de la classe politique et des citoyens.

Dans ce deuxième rapport, les nouvelles sont pour certaines bonnes et d’autres mauvaises. Globalement, la consommation des réseaux augmente, mais certaines habitudes sont en train de changer, notamment dans le domaine du reconditionné.

Les ventes de smartphones se stabilisent en France

On le sait depuis longtemps, l’immense majorité (79 %) de l’empreinte du numérique provient des terminaux eux-mêmes. Le calcul de cette empreinte intègre l’ensemble du cycle de vie, de l’extraction des matériaux au recyclage ou reconditionnement des appareils. Et dans ce domaine, la situation a beaucoup évolué en 2021.

Si, au niveau mondial, ces ventes ont progressé de 5,7 %, elles se sont stabilisées en France, avec 21,3 millions d’unités écoulées. Sur cet ensemble, 75 % sont des smartphones neufs, pour un total de 15,7 millions d’unités. C’est 1,9 % de moins qu’en 2020.

Cette stabilisation se retrouve dans les ventes chez les quatre opérateurs principaux (Altice France - SFR, Bouygues Telecom, Iliad- Free et Orange France) qui représentent 38 % des unités écoulées, soit 8,1 millions de téléphones. Ils ont vendu 150 000 téléphones neufs en moins sur un an, compensés par les 175 000 téléphones reconditionnés supplémentaires.

Arcep numérique soutenable 2

Notez que l’évolution est très différente selon que l’on observe le grand public ou les entreprises. Pour le premier, la baisse des ventes totales est de 2,5 %, ce qui est particulièrement significatif. Côté entreprises en revanche, les ventes ont progressé de 11,1 %

Les mobiles subventionnés, eux, continuent de perdre les faveurs de la clientèle. Leur part a encore reculé en 2021, de 2,8 % cette fois, même s’ils représentent encore 24 % des achats en France. Cette baisse est d’autant plus notable qu’elle accompagne les hausses des déploiements des réseaux 5G et du nombre de clients actifs sur ceux-ci. Sans grande surprise, une majorité (5,2 millions) des ventes subventionnées se font via les quatre opérateurs : 61 % pour le grand public (- 1 point) et 75 % pour les entreprises (- 6 points). Rapportés à l’ensemble des achats, ces chiffres sont cependant beaucoup plus contrastés : 20 % pour le grand public et 65 % pour les entreprises.

Dans le même temps, les ventes de téléphones reconditionnés ont grimpé à 3,2 millions d’unités, soit une progression de 7,1 %. Les portables reconditionnés représentaient en 2021 15 % des unités en circulation, mais seulement 4 % des ventes. 95 % des reconditionnés achetés l’ont été par le grand public, l’Arcep soulignant le peu d’intérêt des entreprises pour ce secteur. Et même dans le reconditionnement, le subventionnement reste une pratique très courante, puisque 61 % des ventes chez les opérateurs l’ont été par ce biais.

Collecte des téléphones : un bond conséquent après une année 2020 marquée par la crise

L’Arcep cite l’étude Baromètre Recommerce 2022 [PDF], au sein de laquelle on apprend que « 83 % des 16 - 65 ans sont prêts à revendre ou donner leurs mobiles usagés à une entreprise ou une association et 71 % à les revendre ou les donner à un particulier ». Dans le même temps, 40 % des personnes interrogées ont déclaré avoir au moins un téléphone inutilisé chez elles.

2021 a connu cependant une hausse significative de la collecte des téléphones par les opérateurs :+ 34 % en un an, pour un total de 955 000 unités. Toutes structures confondues, le chiffre grimpe à 38 %, pour 1,2 million d’unités collectées. Une différence énorme par rapport à 2020 qui, crise sanitaire oblige, avait vu cette collecte plonger de 20 %. Par rapport à 2019, la progression est de 7 %.

Ces chiffres ne valent que pour le reconditionnement et donc la revente de ces téléphones. Il existe également une collecte pour recyclage, mais celle-ci est encore faible : 248 000 téléphones en 2021. C’est une progression de 55 % par rapport à 2020, mais celle-ci et 2019 avaient connu un profond recul, toujours lié à la crise sanitaire. Comparé à 2018, la progression est de 6 %.

Les gaz à effet de serre en progression ralentie chez les opérateurs

L’Arcep a enregistré un total de 373 000 tonnes équivalent CO2 en 2021 pour les quatre opérateurs, soit une hausse de 3 % en un an.

Ce chiffre se décompose comme suit :

  • Scope 1 :+ 4 % pour les émissions directes, c’est-à-dire provenant de sources détenues ou contrôlées par les opérateurs
  • Scope 2 :+ 2 % pour les émissions indirectes, principalement dues à la consommation d’électricité par les opérateurs

Il y a cependant plusieurs points à noter. La crise sanitaire et ses confinements avaient entrainé en 2020 une baisse majeure de 18 % des émissions directes. Même avec la hausse de 4 %, le chiffre reste 15 % inférieur à la valeur de 2019. « Les effets positifs de la crise sanitaire sur ces émissions n’ont donc pas été entièrement effacés par la reprise de l’activité », indique l’Arcep. Les émissions indirectes progressent, elles, en continu, mais à un rythme ralenti (+ 5 % en 2020).

Pour l’Arcep, la « contraction des émissions de gaz à effet de serre » a débuté en 2019, avec l’optimisation des flottes de véhicules de société et l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments, mouvement que la crise sanitaire a largement amplifié en 2020.

D’autres facteurs viennent s’y ajouter. L’Autorité pointe par exemple le recul du nombre d’abonnés sur les réseaux RTC et cuivre (21,1 millions en 2021,- 15 % en un an). La consommation moyenne par abonnement est d’environ 34 kWh sur une année, contre moins de 10 kWh pour un abonnement fibre optique. L’Arcep cite également une progression plus calme des usages de 25 % (équivalente à 2019, contre + 50 % en 2020).

En 2021, la consommation énergétique moyenne par abonnement fixe est toujours un peu plus faible que pour un abonnement mobile : 25 kWh contre 30.

Les box et décodeurs TV entrent dans la danse

Pour la première fois, le rapport de l’Arcep inclut les box et décodeurs TV, au fur et à mesure que les sources de données se multiplient pour l’Autorité. Ces boitiers sont vus comme autant de leviers sur lesquels jouer dans le bilan environnemental du numérique.

On ne parle pas encore de consommation électrique globale, mais l’Arcep dispose maintenant d’informations sur le reconditionnement et le recyclage de ces équipements. En 2021, les quatre opérateurs ont ainsi traité 8,5 millions de box en vue d’un reconditionnement ou d’un recyclage, soit une progression de 25 % en un an. Un bond conséquent après la faible progression de 3 % en 2020.

La progression sur les seules box reconditionnées est de 16 % en un an. Ces box sont distribuées aux clients lorsque leur boitier tombe en panne ou qu’ils changent d’offres. En 2021, ces box représentaient 20 % de l’ensemble en fonctionnement. Ce chiffre peut paraître important, mais l’Arcep pointe qu’il n’a en fait que peu évolué au cours des trois dernières années.

La progression est plus notable pour les box recyclées. Elles entrainent le plus souvent une réutilisation indirecte de l’équipement, en réemployant les pièces fonctionnelles pour d’autres besoins, dont la réparation des box qui partiront en reconditionné. Si 2020 avait marqué une baisse de cette activité, 2021 a vu une explosion du volume des box recyclées :+ 56 %.

Un troisième rapport à la fin de l’année

Comme l’a souligné récemment Laure de la Raudière, présidente de l’Arcep, les missions de l’Autorité ont été largement étendues ces dernières années aux questions environnementales. Elle est désormais au centre d’un réseau de collecte d’informations en extension. Pour preuve, la publication en décembre dernier d’une décision sur le sujet, qui sera élargie aux fabricants de terminaux et aux opérateurs de centres de données.

Aussi, le troisième rapport sur le numérique soutenable n’attendra pas un an, puisqu’il arrivera dès la fin de l’année. Selon l’Arcep, son objet sera justement le nouveau lot de données obtenues. Nous avons interrogé l'Arcep sur cette troisième édition, qui nous a confirmé qu'il s'agirait d'une édition complète, intégrant les données actualisées pour 2022, complétées par les nouvelles sources.

Commentaires (6)

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Perso, j’ai évalué le prix de reprise de mon Sony Xperia XZ1 (2018) acheté neuf à plus de 700€.



En 2023, Backmarket m’en offre 5€, Sosh me le reprend 30€ (si j’achète un nouvel appareil, avec un bonus supplémentaire selon l’appareil acheté). Je me dis que j’aurais dû m’acheter un iPhone ou un Samsung, plus faciles à revendre en reconditionné. Encore que…



Finalement, je resterais encore quelques temps avec Android 9 (actuellement beaucoup d’applications nécessitent Android 6 au minimum).

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Vu le temps que je conserve mes téléphones, ils ne sont plus vraiment utilisables après.
Le reconditionné n’a d’intérêt que pour des appareils ayant moins de deux ans selon moi.

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En 2018, on commençait à parler obsolescence avec iFixit, HOP, Fairphone… J’avais envie d’un appareil performant et durable : Xperia est peu durable, avec 3 ans de mises à jour de sécurité et 1 mise à jour Android 8 vers Android 9, mais matériellement ça fonctionne très bien “comme neuf”.



Si on est sensible à la durabilité de son matériel et à son empreinte carbone, et qu’on a envie d’un smartphone, mon conseil serait :




  • si on est attiré par le neuf, choisir un smartphone >500€ “flagship” de marque iPhone, Samsung, Fairphone4, Crosscall, Pixel (si l’intrusion Google est ok), Xiaomi (si l’aspect surveillance chinoise est ok). On pourra le revendre un peu plus cher à Backmarket, un opérateur mobile, Les Ateliers du Bocage (Emmaüs), il servira encore quelques années à quelqu’un d’autre reconditionné, car le matériel est bon et l’OS est un peu plus suivi (au moins 5 ans).

  • si on est attiré par le prix bas, ne pas acheter neuf : peu de mise à jour, durabilité matérielle réduite. Acheter un smartphone “flagship” ancien en reconditionné, car c’est le même prix, il aura déjà vécu quelques années et il durera encore longtemps.



Le mieux est de se passer de smartphone. Et ma liste de marques commerciales est non-exhaustive. iFixt, Fairphone, Telecoop, Next inpact sont mes sources.

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Même chose, j’utilise encore mon Fairphone 2 acheté neuf il y a 6 ou 7 ans.
Je doute de pouvoir le revendre à quelqu’un ne serai ce que actuellement. Et en prenant en compte le fait que j’attends qu’il veuille bien mourir pour le changer, je doute que quelqu’un en veuille après! (je viens de racheter un batterie)



J’ai encore qui traîne chez moi un Samsung E900, un Nokia ??? ( avec Firefox OS) et un vieux Nokia 3310. A part pour le coté pièce de musé tel que je le pratique je vois pas d’autre utilisation …



Je suis toujours effaré du nombre de “smart”phone que l’on peut vendre en un an.

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(quote:2130061:consommateurnumérique)
Perso, j’ai évalué le prix de reprise de mon Sony Xperia XZ1 (2018) acheté neuf à plus de 700€.



En 2023, Backmarket m’en offre 5€, Sosh me le reprend 30€ (si j’achète un nouvel appareil, avec un bonus supplémentaire selon l’appareil acheté). Je me dis que j’aurais dû m’acheter un iPhone ou un Samsung, plus faciles à revendre en reconditionné. Encore que…


Comme pour le marché des voitures, les modèles qui ont gardé une bonne cote à la revente sont aussi ceux qui valaient le plus cher à l’achat.



Planifier l’achat/revente d’un smartphone sur 5 ans, c’est un peu jouer au casino sur l’évolution des fonctions/specs. Le nouvel iPhone XR de 2018 valait 900€. Donc est-ce que tu aurais dépensé 200€ de plus que ton Sony pour prendre un IPhone, et cela uniquement dans l’espoir de mieux le revendre 5 ans plus tard ?



Certes, l’aura de la marque du constructeur joue pas mal sur le prix de revente (comme pour les voitures). Mais ca reste un pari à 200 euros sur un appareil high-tech qui peut être rapidement obsolète.

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(reply:2130129:consommateurnumérique)


J’ajouterai Blackview à ta liste de marques. Ce n’est pas flagship mais cela dure longtemps et c’est de l’android quasi nu. Sans un tas de bloatwares pour vider la batterie, cela aide.
La plus part des modèles étanches et antichoc on une très bonne note sur ifxit et les pièces se trouvent facilement sur Internet.



Mon BV6000 fonctionne encore (2 jours d’autonomie), mais je l’ai replacé il y a un an et demis après après 6 ans d’utilisation. Ses problèmes:




  • android 6 plus mis à jour niveau sécu ;

  • de plus en plus d’application qui refusent de s’installer ;

  • le GPS qui fonctionne moins bien qu’avant

  • le sans contact qui merde.



Mon nouveau BV6600 tient 7 jours, je n’ai pas encore dépassé les 100 recharges après 18 mois.

Le deuxième rapport de l’Arcep sur le numérique soutenable pointe plusieurs progressions

  • Les ventes de smartphones se stabilisent en France

  • Collecte des téléphones : un bond conséquent après une année 2020 marquée par la crise

  • Les gaz à effet de serre en progression ralentie chez les opérateurs

  • Les box et décodeurs TV entrent dans la danse

  • Un troisième rapport à la fin de l’année

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