Consultations en ligne : les (nombreuses) idées des internautes
Des hauts débats
Le 19 janvier 2017 à 16h00
6 min
Droit
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La consultation en ligne organisée par les députés Belot et Martin-Lalande sur leur proposition de loi visant à généraliser les consultations en ligne (ça ne s’invente pas !) s’est achevée mardi 17 janvier. L’occasion de revenir sur les nombreux avis et propositions émis par les plus de 600 participants à cette opération.
Faut-il généraliser les consultations en ligne de citoyens, à l’image de celle qui fut organisée fin 2015 sur l’avant-projet de loi Numérique porté par Axelle Lemaire ? Pour une écrasante majorité de personnes s’étant prononcés sur cette question, la réponse est « oui ».
300 internautes se sont ainsi dits « d’accord » avec le projet porté depuis plusieurs mois par Patrice Martin-Lalande (LR) et Luc Belot (PS), contre 23 « mitigés » et 7 « pas d’accord ». Si beaucoup y voient l’opportunité d’améliorer le débat parlementaire, quelques-uns craignent que l’impact réel sur la décision publique soit très mince en bout de course.
Un principe qui séduit, mais certaines modalités dérangent
Là où les participants à cette consultation en ligne se sont assez fortement opposés à la proposition de loi organique des deux parlementaires, c’est sur ses modalités concrètes de mise en œuvre. Alors que leur texte prévoit une dérogation pour les déclarations de guerre et les lois relatives à l’état d’urgence, une majorité de participants a demandé une suppression pure et simple de ces exceptions.
« Une consultation n'est pas un référendum, le gouvernement et le Parlement restent souverains », ont ainsi fait valoir les responsables de la plateforme Parlement & Citoyens (qui hébergent cette consultation, tout en y participant exceptionnellement vu son objet). « Par ailleurs, la généralisation ne veut pas dire standardisation : des modalités adaptées sont envisageables selon la nature et l'ampleur des lois. » En clair, une consultation rapide est toujours susceptible d'être organisée.
Au fil des échanges, a toutefois émergé l’idée selon laquelle une liste des exceptions autorisées pourrait être élaborée sur une base annuelle.
Autre point à avoir fait tiquer les internautes : le fait qu’une consultation soit organisée avant l’examen de chaque texte, en commission comme en séance publique, et ce pour chaque assemblée. Concrètement, cela signifie qu’au moins quatre consultations seraient nécessaires avant l’adoption définitive d’un projet de loi engagé sous procédure accélérée ! « Les arguments des uns et des autres restent valables que la loi soit en discussion à l'Assemblée ou au Sénat », a ainsi objecté « JeanGHD ». Comme lui, ils sont une cinquantaine à s’être opposés à ce que les consultations soient organisées par chaque assemblée saisie (contre 10 « pour » et 11 « mitigé »).
Une forte mobilisation en faveur de plateformes en logiciel libre
D’un point de vue plus pratique, de nombreux participants ont demandé à ce qu’un site unique de consultation soit proposé au public, quelle que soit l’origine du texte (gouvernementale ou parlementaire) ou le moment de la consultation. L’amendement soumis la semaine dernière par l’April pour que toute plateforme de consultation « repose sur des logiciels libres, dont la licence permet l'audit, la diffusion et la réutilisation des codes sources », a d’autre part fait l’objet d’une large approbation : 138 personnes « d’accord », et uniquement 3 « mitigées ».
Toujours dans cette section, on pourra remarquer quelques idées s’étant distinguées :
- Un amendement en faveur d’une vérification d'identité des contributeurs (afin d’éviter qu’une personne vote via plusieurs comptes, ou pour obliger les entreprises et associations à bien s’identifier comme tels, etc.).
- Parlement & citoyens estime que les parlementaires devraient déposer leurs amendements sur la plateforme de consultation.
- « Aurélien B » souhaiterait que les participants puissent eux aussi initier des consultations, destinées à déboucher ensuite sur des textes de loi.
Les participants réclament un meilleur suivi des contributions
Quant aux suites à accorder à ces opérations, les internautes ont largement confirmé les solutions proposées par Luc Belot et Patrice Martin-Lalande : obligation pour le rapporteur du texte soumis à consultation d’apporter une réponse aux « principales contributions » (à l’image de ce qu’avait tenté Bercy pour l’avant-projet de loi Numérique), publication des « données brutes » de la consultation ainsi que d’une synthèse, etc.
De nombreux participants ont toutefois réclamé plus de précision de la part des députés. « Qui fera la synthèse ? Le gouvernement ? Le Parlement ? Et la majorité de ce gouvernement ou du Parlement qui fera la synthèse, ne risque-t-il pas de garder que ce qui est bon pour lui et éviter de parler de ce qui avantagerait l'autre camp ? » a par exemple interrogé « Durandil ». Toujours à titre d’illustration, d’autres ont demandé qu’un seuil soit défini pour les « principales contributions » auxquelles devra répondre le rapporteur.
Plusieurs propositions ont enfin émergé :
- Qu’en complément des réponses du rapporteur, « le ou la ministre en charge du suivi du texte pour le gouvernement publie également ses réponses aux principales contributions ».
- Qu’une « journée délibérative » réunisse par exemple un panel de participants à la consultation et les porteurs du texte, afin de poursuivre le débat « physiquement ».
- Qu’une présentation « officielle » des résultats de la consultation soit systématiquement faite devant les parlementaires.
Toujours pas d'inscription à l'ordre du jour
Restera maintenant à voir quelles conclusions les députés Belot et Martin-Lalande tireront de cette consultation, sachant que d'autres voix s'étaient déjà fait entendre à ce sujet (voir à ce sujet les propositions du député Dominique Raimbourg ou celles de l'association Regards Citoyens). Les deux compères pourraient en dire plus le 31 janvier prochain, puisqu’ils organisent une table ronde à ce sujet à l’Assemblée nationale. Pour ceux qui ne pourraient y participer, des réponses seront apportées aux principaux contributeurs via la plateforme Parlement & Citoyens, d’ici au 18 février.
Rappelons toutefois que l'inscription de leur proposition de loi à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale semble désormais des plus compromises, la fin de la législature étant prévue pour fin février.
Consultations en ligne : les (nombreuses) idées des internautes
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Un principe qui séduit, mais certaines modalités dérangent
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Une forte mobilisation en faveur de plateformes en logiciel libre
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Les participants réclament un meilleur suivi des contributions
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Toujours pas d'inscription à l'ordre du jour
Commentaires (21)
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Abonnez-vousLe 19/01/2017 à 20h23
Mode avocat du diable :
Mailing aux 5000 employés de la boite/regroupement/syndicat :
Hey les gars, y a un sinistre qui veut faire passer une loi qui va grave nous emmerder. Il y aura peut-être même du monde à mettre au chomdu si ça passe, ou au minimum des brouzoufs en moins pour les chefs, et des tickets restos supprimés pour les autres.
On peut peut-être s’en sortir en mettant le boxon sur la plate forme de consultation. Alors go go go !! Mais attendez d’être chez vous, qu’on ait pas tous la même IP
Le 20/01/2017 à 04h48
Sauf que le “peuple” n’a guère le choix pour élire son “chef” dans cette version de la démocratie qui amène dans la majorité des cas, un vote par défaut, pour éviter le pire et non pour avoir le meilleur. Les candidats sont tous issus du même moule idéologique et politique, le vote blanc n’est pas réellement valorisé et quoi qu’il arrive c’est le “chef” qui nommera 1er ministre et ministres, ni toi ni moi. Pourtant ce sont bien eux qui devront travailler et défendre les projets de lois. Mais si vous va comme ça, je comprends mieux pourquoi rien ne change !
Le 20/01/2017 à 06h38
Le 20/01/2017 à 08h05
donc…la “Démocratie” (au sens étymologique du mot) n’existe pas
(c’est une vue de l’esprit)
puisque ça reviendrait à TOUT* faire selon les désirs du Peuple MÊME : s’il va dans “la mauvaise
direction” selon les Déput. , alors ils rectifient le tir (comme en 2005) !
* “gouvernement PAR le Peuple, et pour le Peuple”
Le 20/01/2017 à 08h46
Non. Tu confonds légitimité aux yeux du peuple et démocratie.
On peut prendre le raisonnement par l’absurde suivant : il y a quelques siècles, la France était une monarchie de droit divin, et donc le roi représentait l’autorité dans le pays par la volonté de Dieu. Dans son immense majorité le peuple croyait en Dieu, et le roi était donc légitime aux yeux du peuple pour être seul détenteur du pouvoir absolu. Mais ce n’est pas pour autant que c’était une démocratie.
Que ce soit l’élection au suffrage universel direct ou la volonté divine, le fait de se désigner un ou plusieurs chefs qui exerceront tous les pouvoirs en lieu et place du peuple n’est plus une démocratie.
Le 20/01/2017 à 09h52
" /> " /> !!!
Le 20/01/2017 à 10h24
La Révolution française… quelle arnaque.
On est passé de la loi salique, à la monarchie de droit divin, à la loi des partis…
Sinon pour vous mettre d’accord: La monarchie, c’est l’anarchie plus un ! (Maurras)
Le 20/01/2017 à 11h15
Que ce soit l’élection au suffrage universel direct ou la volonté divine, le fait de se désigner un ou plusieurs chefs qui exerceront tous les pouvoirs en lieu et place du peuple n’est plus une démocratie.
Dans une monarchie, le pouvoir est au monarque.
Dans une démocratie, le pouvoir est au peuple.
Dans aucun des deux cas ca ne présume qui sera détenteur de l’autorité. Il y a des démocratie directes, des monarchie parlementaires, des démocratie représentatives, etc.
Le 20/01/2017 à 14h11
la “Démocratie pure” (à 100%) c’est une utopie
par contre : on peut INVENTER* une Démocratie (à 96%)
qui s’en approche le plus possible !
(ça fait 20 ans qu’Internet est démocratisé……….et, on l’a tjrs. pas fait) ! " />" />
* reste à inventer
Le 21/01/2017 à 09h07
Relis-toi, tu as tous les éléments en main et tu viens toi-même de les exposer. Démocratie représentative est un oxymore.
Le 21/01/2017 à 12h23
Tu souhaites donc demander l’avis des 45 millions d’électeurs français à chaque fois qu’il faut changer l’ampoule d’un réverbère de la voie publique ?
Perso, je préfère que les 45 millions d’électeurs français donnent un mandat à quelqu’un pour s’occuper de changer les ampoules.
Le 21/01/2017 à 16h33
pour le “menu fretin” –> ok !
mais, pour les Lois “importantes”* , faudrait p’t’être nous demander notre avis !
et, pas profiter d’un Week-end Halloween pour les faire passer, hein !
* L.Rens.
Le 21/01/2017 à 17h18
importantes ? c’est à dire “médiatiques” ou alors qui te concernent “personnellement” ? C’est pas très quantifiable
Ou alors tu serais pour une sorte de droit à la “class action” d’initiative populaire ? Certains candidats proposent cela je crois (je ne sais plus trop qui)
Le 22/01/2017 à 09h08
“pour débattre de la taille des mailles des filets de pèches”, ou
“des normes applicables dans la construction (BTP), etc …..”
2) mais, les sujets importants (y-en a 3 - 4 par an), qu’on me
demande MON avis !
et, inutile de couper les cheveux en 4 , tt. le Monde m’aura compris
Le 22/01/2017 à 12h06
Le 23/01/2017 à 17h10
Le 19/01/2017 à 16h19
« Une consultation n’est pas un référendum, le gouvernement et le Parlement restent souverains »
“la Démocratie, oui mais” …………………" />
Le 19/01/2017 à 17h13
Oui mais pas l’anarchie… tout simplement.
Le 19/01/2017 à 18h15
Une démocratie est forcément anarchique. Dès l’instant que tu proclames un chef, par conséquent supérieur aux autres, tu n’est plus en démocratie.
Le 19/01/2017 à 18h41
Je trouve ça triste quand même qu’on ne puisse toujours pas, bientôt 30 ans après l’apparition d’Internet, pouvoir débattre à même niveau que les gouvernants. Les idées, peu importe d’où elles viennent, elles devraient être entendues. Ici on masque l’immobilisme sur ces questions en donnant un os à ronger, et en s’assurant qu’il sera légitime de fermer les yeux sur la voix du peuple.
Le 19/01/2017 à 19h33