Néobanques, banques en ligne : quelle place à l’heure des tensions économiques ?
I need a dollar, dollar, dollar is what I need
Le 29 mai 2023 à 12h14
7 min
Économie
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Dans un contexte d’inflation et d'augmentation des taux d’intérêts, post-crise sanitaire, la situation n'est pas simple pour les acteurs numériques du secteur bancaire. Une étude de Colombus Consulting se penche sur la question, soulignant l'attrait de la clientèle pour le contact humain, le conseil et, tout de même, la possibilité de profiter de fonctionnalités en ligne.
Entre la crise sanitaire, l’inflation et l’augmentation des taux d’intérêts, le contexte n’est pas avare de défis pour le secteur bancaire dans son ensemble, ni pour sa partie numérique. Assortie d’un sondage Opinion Way mené auprès de 1 133 personnes majeures, une étude de la société Colombus Consulting détaille les effets de ces aléas sur les activités d’une série d’acteurs de la banque de détail, pointant les enjeux spécifiques auxquels sont confrontés les acteurs technologiques.
Si la notoriété des acteurs les plus connus de la banque en ligne et des néobanques continue de progresser, elle cache en effet la disparition d’acteurs plus petits et la recherche continue de modèles économiques stables. Proposant une carte bancaire pour mineurs, Vybe a par exemple été placée en liquidation judiciaire à l’été 2022, après 3 ans d’existence et un relatif succès. La fintech allemande Fidor, rachetée par BPCE en 2016, doit aussi officiellement fermer ses portes courant 2023. Même musique du côté des applications de paiements, avec la fermeture de Pumpkin, concurrente de Lydia, en novembre 2022.
Chez celles qui restent, l’enjeu principal est de construire des modèles d’affaires durables. Une problématique qui se traduit par la disparition progressive de plusieurs offres gratuites, chez Curve, Kard ou Vivid notamment, ou encore par la diversification – vers l’assurance auto en Irlande, pour Revolut – et les logiques freemium.
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Remontée des taux d’intérêts et faillites ne sont pas pour aider
Créée en 2017 à partir de Groupama Banque, Orange Bank a par ailleurs beau se classer tout en haut des acteurs bien identifiés par les Français, son propriétaire et géant des télécoms Orange cherche à la vendre depuis plusieurs mois, d’autant que l’entreprise se recentre désormais sur son cœur de métier. En effet, l’entité a atteint un peu plus d’un milliard de pertes d’exploitation, selon Le Monde, obligeant son principal actionnaire à y reverser chaque année des capitaux.
Et si la banque a réussi à s’approcher de 1,5 million de clients en France (sans préciser combien disposent d’un compte bancaire), ce qui la place juste derrière les leaders Boursorama et Nickel, ses encours sont en revanche très bas (1,7 milliard d’euros de dépôts contre 50 milliards chez Boursorama).
Dans un contexte de remontées des taux d’intérêts et de secteur bousculé par des faillites, comme celle de la Silicon Valley Bank, suivi en urgence par la reprise de Credit Suisse par UBS, l’entreprise ne se fait pas sans difficultés. La vente d’HSBC France au fonds américain Cerberus, qui est aussi en discussion pour la reprise d’Orange Bank, a notamment été gelée en avril.
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Malgré l’inflation, Colombus Consulting note une relative stabilité des changements de banques en 2022, quand bien même les modalités de mobilité bancaire sont simplifiés depuis 2017. Son étude souligne néanmoins des départs légèrement plus marqués parmi les clients de banques numériques et parmi les moins de 35 ans. Chez les jeunes, la question du prix reste la cause la plus importante de changement de banque, à égalité, dans la population globale, avec la qualité des services. Les acteurs plus classiques, eux, semblent gagner en attrait depuis la fin de la crise sanitaire.
Hausse de l’attrait pour les interactions directes, le conseil et le numérique
Et si les banques en ligne et les néobanques savent se démarquer sur cette question du prix, il leur est plus complexe, en revanche, d’agir sur les possibilités d’interaction directe. Or, courant 2022, Colombus Consulting constate une hausse de 4 points du nombre de personnes qui se sont rendues en agence (pour atteindre 72 % des personnes interrogées). Son rapport indique aussi une baisse franche du recours à la visioconférence avec le ou la conseillère, 8 % des interrogés y ayant eu recours, contre 16 % l’année précédente.
En parallèle, toutefois, 82 % des interrogées se déclarent intéressées par un ou plusieurs services susceptibles d’être proposés via les interfaces bancaires numériques, au nombre desquels le cash back (64 % se déclarent intéressés), le paiement fractionné (à 49 %), la possibilité pour la banque de se porter garante d’une location (47 %) ou encore le suivi des abonnements en cours (à 46 %, pour arrêter les offres gratuites, par exemple, ou mettre fin aux abonnements non utilisés).
La plupart de ces offres contribuerait aussi, dans des mesures légèrement variables, à la légitimité des banques qui les offrent, estiment les répondants au sondage. S’il a longtemps été priorisé par les banques en ligne, l’attrait des Français pour le cash back est désormais suffisamment important pour que les acteurs traditionnels se mettent aussi à en proposer, soulignent d’ailleurs Les Échos.
Et l’IA, dans tout ça ?
Sujet hype par excellence, Colombus Consulting s’est aussi penché sur l’usage des technologies d’intelligence artificielle par le secteur bancaire. Son étude constate que les banques, notamment traditionnelles, y voient une manière de réduire leurs coûts – en développant l’autonomie des clients dans leurs opérations courantes, en automatisant des tâches à faible valeur ajoutée ou encore en facilitant la personnalisation des relations clients – ainsi que d’augmenter la disponibilité des conseillers pour leurs clients.
Citant un travail mené par nos confrères de Mind Fintech, le rapport évoque les chiffres de 20 à 30 % des flux entrants des services clients gérés par des chatbots au bout de trois ans d’usage (avec 80 à 95 % de bonnes réponses fournies aux clients et aux conseillers) et une augmentation de 20 % de la productivité des conseillers et des services après-vente. Lancé en 2018 par Bank of America, le chatbot « Erica » compte ainsi 32 millions d’utilisateurs et gère 1,5 million de sollicitations chaque jour. L’outil permet de gérer ses dépenses, d’effectuer des transactions simples ou de rentrer en contact avec des conseillers ou des chargés de compte.
Avec des exemples comme celui de Klarna, qui a conclu un partenariat avec OpenAI pour intégrer le plugin ChatGPT à son application de shopping ou celui de Stripe, qui utilise GPT-4 pour analyser l’usage de son site web, l’étude souligne que l’industrie bancaire se penche déjà sur l’adoption d’application des modèles génératifs. Elle cite néanmoins une série de risques accompagnant l’usage de ce type de technologies, parmi lesquels les fuites de données ou la fourniture d’informations incomplètes, fausses ou orientées.
Néobanques, banques en ligne : quelle place à l’heure des tensions économiques ?
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Remontée des taux d’intérêts et faillites ne sont pas pour aider
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Hausse de l’attrait pour les interactions directes, le conseil et le numérique
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Et l’IA, dans tout ça ?
Commentaires (17)
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Abonnez-vousLe 29/05/2023 à 12h56
I Need A Dollar (Aloe Blacc) par Chris Webby Feat. Mac Miller
Le 29/05/2023 à 13h44
J’avais entendu que N26 était mise sous tutelle, mais les nouveaux services apparaissent dans mon appli mobile, comme le paiement d’une dépense en plusieurs fois.
À part ça, bravo à Boursorama et à Nickel pour leur succès.
Le 29/05/2023 à 17h18
si on pose la même question en indiquant qu’en échange du cash back l’utilisateur accepte de perdre le droit au secret bancaire, pas sur que la réponse soit la même (article sur la BNP dans le canard enchainé de la semaine dernière)
Le 29/05/2023 à 20h57
secret bancaire ?
Le 30/05/2023 à 07h55
J’imagine qu’il parle du fait que si tu veux du cashback, alors la banque va transmettre une partie de tes transactions à des tiers. Ce qu’en principe elle ne fait pas (en théorie …)
Le 30/05/2023 à 08h24
c’est exactement ça.
dans l’article, ils indiquent que tu acceptes de donner tes données d’identification, tes données bancaires et les données de transaction des 6 derniers mois pour avoir accès au programme de cash back
Le 30/05/2023 à 09h20
C’est même écrit noir sur blanc quand tu souscris à ce programme : https://mabanque.bnpparibas/content/dam/mabanquemobile/cashback/cashback_rgpd.pdf
Le 30/05/2023 à 08h25
Au Royaume-Uni (où je vis) les comptes courants sont gratuits (et déjà gratuit il y a 15 ans). Mais les banques vendent les données agrégés de leurs clients (et je vois pas pourquoi en France elles ne le feraient pas non plus, avec assez de clients c’est anonimisant) - ce sont des données de consommation très intéressantes. C’est d’ailleurs pour éviter les frais à répétition que je suis allé chez une banque en ligne pour mon compte en euro (même si avec Boursorama la carte n’est gratuite que les mois où elle est utilisée).
Le 30/05/2023 à 09h25
Ca dépend qui est derrière, le secret bancaire ne peut pas être levé ou a titre exceptionnel et dans un cadre bien identifié, clairement le cash back n’en fait pas partie.
Encore une fois, ça dépend qui gère le cashback.
Dans l’article il est question du cashback proposé par les banques, donc aucune levée du secret bancaire puisque c’est la banque qui indique à son partenaire que telle opération a été réalisée dans le cadre d’une gestion avec cash back.
Heu, relis l’article
Ta banque a déjà les données, elle va juste confirmer au marchand (qui te connais aussi) que t’es bien passé par l’opération de cash back qu’elle a mis en place.
Dans ce cas là, tu m’explique où est la perte d’info ?
Le cas dont tu parles ce sont les agrégateurs & co, et là oui, tu partages tes données bancaires, mais tu le fais déjà de base dans le sens où tu y agrèges tes comptes et qu’ils ont donc déjà une vision de la chose.
Le 30/05/2023 à 10h54
Regarde mon commentaire juste avant le tiens pour le programme de la BNP c’est délégué à une société externe, Paylead, et c’est cette dernière qui exploite les données.
Le 30/05/2023 à 12h56
Ils peuvent pas donner certains informations puisque c’est leur propre presta et donc secret bancaire conservé
Vi le gang de juristes de la BNP, j’ose imaginé qu’il ont pas fait n’importe quoi.
Le 30/05/2023 à 14h08
Ils n’ont pas fait n’importe quoi vu qu’ils te font signer un contrat qui autorise la transmission des données concernant le client. Je ne dis pas que c’est pas légal je dis juste que le secret bancaire est levé avec l’autorisation du client.
Le 30/05/2023 à 15h17
Transmettre des données et levé le secret bancaire c’est pas la même chose
T’as pas le droit d’indiqué l’état des comptes du clients à ton prestataire, etc … qui sont bien du secret bancaire.
Comme déjà dit, la levée du secret bancaire est ultra encadré, c’est un peut comme le fight club, on en parle qu’entre initiés.
Le 30/05/2023 à 18h30
Non tu ne lui donnes pas l’état des comptes…. juste l’entièreté des opérations pendant 6 mois, une paille ^^
Et le secret bancaire…. c’est quand même une vaste blague.
Le 31/05/2023 à 13h24
J’aimerai bien que ce soit un blague, ça me ferait des formations obligatoires en moins
Lecture rapide :
PAYLEAD n’a pas d’information nominative sur le client de la BNP (4)
les détails sur les 6 mois antérieurs sont pseudonimisés et tout n’est pas transmis en détail non plus. A vus de nez, le commerçant (nom + code postale) et la date de passage.
Ensuite y’aura les montants des opérations et du cashback ce qui est logique.
C’est pas une levée du secret bancaire puisue PAYLEAD ne sait pas que c’est toi
Le 31/05/2023 à 15h00
Dans l’article du Canard enchainé il y a une capture d’écran avec une case à cocher spécifiant que tu renonces au secret bancaire vis a vis de cette société.
Comment la société peut vérifier que tu as bien acheté un produit chez tel commerçant si elle n’a pas accès à tes opérations bancaire ?
Le 01/06/2023 à 11h57
j’ai pas été voir l’article du canard, seulement le CGU partagées par wanou2 :)
C’est peut être le même organisme, peut être un autre, y’a 15 méthodes pour gérer ce genre de programme.
Si tu coche la case de levée du secret bancaire toi même c’est normal qu’il ne s’applique pas dans le cadre prévus par la case.
La case est pas pré-cochée que je sache, sinon l’organisme va avoir un soucis sur la gestion du consentement avec la CNIL.
Traverser un pont alors que c’est écrit “le pont s’effondre” c’est le même principe.