19 personnes soupçonnées d'escroquerie à la fausse convocation judiciaire ont été interpellées en Ile-de-France, à Nantes, au Mans, Toulouse, Sens, Orléans, Nice et en Belgique, relève l'AFP :
« L'escroquerie à la fausse convocation judiciaire consiste à envoyer, au nom de responsables de la gendarmerie ou de la police, de magistrats ou d'institutions comme Europol, des courriels à des personnes indéterminées en les accusant notamment de pédopornographie via la consultation de sites internet illégaux. Les victimes sont menacées de poursuites judiciaires sauf si elles paient une "amende". »
Une campagne de prévention avait d'ailleurs été initiée en décembre 2020 aux côtés du GIP ACYMA (Cybermalveillance) afin de rappeler que ce type de campagnes de phishing (hameçonnage) accusant leurs récipiendaires de s'être rendus coupables de différentes infractions sur des mineurs (pédopornographie, pédophilie, exhibitionnisme, cyber pornographie ou trafic sexuel) visait en fait à effrayer les gens pour leur dérober de l’argent, et qu'il ne fallait pas paniquer, ni donc payer.
Un communiqué de la gendarmerie précise qu'au mois de juin 2022, ses différents services avaient enregistré « 150 000 signalements (notamment via la plateforme PHAROS) et plus de 300 dépôts de plainte » :
« De nombreux destinataires, majoritairement des seniors, ont payé entre 1 400 euros et 90 000 euros à la suite de la réception des courriels. Le préjudice de cette vaste campagne de phishing s’élèverait ainsi à au moins 3,3 millions d’euros. »
D'autres enquêtes ont par ailleurs été ouvertes en raison de six suicides « potentiellement en lien avec la réception de ces fausses convocations judiciaires » :
« L’une des victimes a notamment subi une double extorsion : après un premier paiement de 5 978 euros, les malfaiteurs lui ont demandé de payer à nouveau 7 480 euros. Se sentant impuissante et prise au piège, elle s’est donné la mort. »
Les investigations, initiées en juin 2021 par la section J3 du Parquet de Paris, l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC), la Section de recherches (S.R.) de Versailles, le ComCyberGend (Commandement de la Gendarmerie dans le Cyberespace), et la Brigade de recherches (B.R.) de Nice, « ont permis de remonter à l’origine des envois, principalement en République de Côte d’Ivoire » :
« Une coopération avec les autorités judiciaires ivoiriennes a donc été initiée et des enquêteurs de la S.R. de Versailles se sont déplacés en Côte d’Ivoire, en mai 2022, avec le soutien d’Interpol. En réalité, il n’existerait pas d’organisation structurée, mais plutôt un mode opératoire généralisé mis en œuvre par divers individus, ayant chacun recours à des réseaux de blanchiment préétablis. »
« Nous pensions que l'escroquerie était pilotée par une structure centrale. En fait, il s'est avéré qu'il s'agissait de plusieurs petites équipes, une dizaine, n'ayant pas de lien entre elles », a expliqué à l'AFP le colonel Thomas Andreu de la SR de Versailles.
Les suspects ont entre 20 et 50 ans quand la moyenne d'âge de leurs victimes est autour de 60 ans, souligne l’AFP.
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