Reclaim Your Face : lancement de la pétition européenne contre la surveillance de masse biométrique
Le 18 février 2021 à 09h16
2 min
Droit
L'ONG EDRi de défense des droits numériques lance sa campagne dans le cadre son initiative citoyenne européenne (ICE) Reclaim Your Face.
Une ICE est un instrument officiel qui permet d’espérer initier une réforme à l’échelle de l’UE. Seule contrainte : obtenir un million de signatures depuis au moins 7 états membres différents.
Dans les documents publiés, l’organisation demande « à la Commission d’interdire, en droit et en pratique, les utilisations indifférenciées ou arbitrairement ciblées de la biométrie pouvant conduire à une surveillance de masse illégale ».
Elle rappelle que « le cadre juridique actuel de l’UE, tel qu’il découle notamment du RGPD et de la directive en matière de protection des données dans le domaine répressif, précise que l’utilisation de données biométriques doit se limiter à ce qui est strictement nécessaire au regard de l’objectif légitime poursuivi, dans le respect du principe de proportionnalité ».
En France, se sont joints à cette campagne, Attac, la Ligue des Droits de l’Homme, la Quadrature du Net, le Syndicat des Avocats de France ou encore le Syndicat de la Magistrature.
Pour l’heure, l’ICE a récolté en tout 10 520 signatures.
Le 18 février 2021 à 09h16
Commentaires (5)
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Abonnez-vousLe 18/02/2021 à 09h52
#1
On veut interdire Facebook ?
Le 18/02/2021 à 14h41
#1.1
Ca n’a rien à voir, les utilisateurs de facebook offrent volontairement leurs données, il est ici question d’empêcher la surveillance de masse sans que le citoyen ait le moindre contrôle sur ce qu’il décide de communiquer.
Je réponds sérieusement alors que j’imagine qu’il s’agit d’un troll. M’enfin, tout le monde doit manger…
Le 18/02/2021 à 15h15
#1.1.1
C’est plus ou moins un troll. Je ne parle pas spécialement de Facebook mais c’est plutôt que je m’interroge sur le fait que tout le monde bondit sur sa chaise quand on parle de surveillance étatique (l’enjeu étant légitime puisqu’il faut trouver la limite pour rester dans un état de droit) alors que des sociétés privées disposent d’une somme de données infiniment supérieures à ce que possèdent les états, désormais .
L’argument du consentement est, selon moi, insuffisant car le rapport de force n’est pas le même : il est aujourd’hui plus facile d’attaquer juridiquement un état que Facebook (ou similaire). De plus, de facto, le consentement avec les GAFAM (pour parler d’eux) est noyé dans leur monopole. En gros, soit tu acceptes leurs conditions, soit tu n’utilises pas le service. Le consentement est donc illusoire ou en tout cas il n’a pas la même signification que quand tu as le choix entre plusieurs fournisseurs.
Par ailleurs, la pétition rappelle que l’utilisation des données biométriques doit répondre à un objectif légitime. Or une enquête judiciaire est un motif légitime, et la biométrie est utilisée par la police et la justice depuis longtemps, bien avant l’avènement de l’informatique grand public. Peut-on parler d’objectif légitime quand, même avec le consentement d’un utilisateur, des données biométriques ou comportementales sont utilisées pour un ciblage publicitaire ultra-précis ?
Donc la biométrie utilisée dans un cadre contrôlé (législatif) pour des objectifs légitimes et offrant la possibilité de recours judiciaires est-elle plus dangereuse que lorsqu’elle est utilisée, même avec l’accord des utilisateurs, par des sociétés privées sur lesquelles on n’a quasiment aucun contrôle et qui peuvent quasiment prédire à quel moment tu vas aller aux toilettes ?
Je ne prétends pas qu’il faut accepter la biométrie de masse, je dis juste que si on cherche à préserver sa vie privée il faut viser un peu plus large.
Le 18/02/2021 à 20h45
#1.1.2
Ca reste HS.
Evidemment qu’il est plus dérangeant que des données servent à engraisser les GAFAM plutôt que si elles sont au service de la collectivité.
Seulement, on peut tout à fait survivre sans compte Facebook, Microsoft, Google, Apple, etc. Ca implique de faire l’impasse sur pas mal de trucs (notamment sur des smartphones, du moins à prix décent, sur tous les gadgets IoT, sur une écrasante partie de la domotique…), mais c’est jouable et c’est, in fine, le choix de l’utilisateur de vendre ou non son âme au diable et de choisir exactement quelles données il est prêt à lâcher et pour quel service plus vertueux il est prêt à payer un abonnement plutôt que payer en données.
La surveillance de masse biométrique, car c’est bien de ça qu’il est question, ne s’encombre d’aucun état d’âme.
Le citoyen (et non “l’utilisateur”, ça aussi ça fait une énorme différence, on ne choisit pas d’être citoyen) n’est pas informé de quelle donnée est collectée (donc aucun recours judiciaire possible), ni quand, ni pour combien de temps, ne peut pas demander la suppression des données collectées et se retrouve à vivre comme s’il était espionné en permanence, ce qui induit de l’auto-censure (trop peur d’étaler ses convictions politiques, syndicales ou religieuses), un sentiment d’oppression permanent (si tous tes déplacements sont tracés, on hésite à se rendre dans une pharmacie, un hôpital psy, un sexshop…), un choix des gens que l’on fréquente non-plus en raison d’atomes crochus mais parce qu’on ne veut pas qu’un pote qui ferait moins gaffe attire l’attention sur soi-même, sans compter que, pour des raisons évidentes, les états ont déjà accès aux données postées sur internet.
Et le tout, sans contrôle judiciaire a priori, donc sans contrôle judiciaire du tout.
Les deux situations “je choisis de lâcher des données” et “je suis surveillé en permanence quoi que je fasse” n’ont absolument rien à voir et c’est bien la notion de consentement qui fait la différence.
Le 19/02/2021 à 08h52
#1.1.3
Désolé, je ne suis toujours pas convaincu, ni sur le consentement ni sur le recours ni sur l’auto-censure (qui existe de fait sur les réseaux sociaux et qui est en train de tuer tout débat démocratique). Et je pense qu’il faut différencier le côté théorique (“je peux me passer de Google”) et pratique (car en pratique ça demande beaucoup d’efforts que peu de gens sont prêts à faire, ce qui constitue de fait une contrainte). Mais ça sera trop à développer en commentaire… Ce que je voulais surtout dire c’est que la demande est légitime mais que ça n’est qu’une partie (hélas) du problème. Que cela ne t’empêche pas de signer la pétition, également soutenue par la quadrature du net.