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Altice se porte bien et recrute des clients, mais prépare un plan de départs

En prévision d'un mauvais T2 ?

Altice se porte bien et recrute des clients, mais prépare un plan de départs

Le 25 mai 2020 à 14h07

Sur le premier trimestre de l’année, le chiffre d’affaires et la base de clients sur le fixe et le mobile d’Altice sont en hausse. Cela n’empêche pas la société d’annoncer un plan de départs chez NextRadioTV (BFM, RMC, 01, etc.) et se séparer de Libération… par anticipation pour le second trimestre ?

Après OrangeIliad (Free) et Bouygues (Telecom) c’est au tour d’Altice de présenter son bilan pour le premier trimestre : « Le groupe a réalisé une solide performance au premier trimestre, dans ce contexte difficile. Altice France et Altice International ont enregistré une accélération de la croissance des revenus des services résidentiels, soutenue par de forts gains nets d'abonnés dans toutes les zones géographiques et tous les segments », affirme Patrick Drahi.

Si le groupe recrute de nouveaux clients sur le fixe et le mobile, les chiffres sont largement moins bons que ceux du trimestre précédent. Demi-teinte aussi sur le volet financier : le CA est en hausse, mais le groupe loupe de peu son consensus sur l’EBITDA, la dette est toujours très importante (plus de 30 milliards d’euros) et le cours de la bourse est en chute. 

Dans ce climat de crise sanitaire, Altice a aussi décidé de lancer un important plan de restructuration pour NextRadioTV – avec un plan de départs volontaires, puis des licenciements si besoin – et de se séparer du quotidien Libération. L'entreprise se prépare à la 5G et des enchères pour le moment repoussées à une date inconnue.

Revenus en hausse, mais Teads et Altice TV souffrent de la crise

Les revenus d’Altice atteignent 3,631 milliards d’euros sur les trois premiers mois de l’année, en hausse de 3,6 % (3,1 % à périmètre constant) sur un an. L’EBITDA est de 1,31 milliard d’euros (+ 1 % sur douze mois), légèrement en dessous du consensus de l’entreprise qui tablait sur 1,33 milliard. 

La France représente toujours la majeure partie du chiffre d’affaires avec 2,642 milliards d’euros, là encore l’augmentation est de 3,6 % par rapport à début 2019. Sur la partie grand public, la téléphonie mobile compte pour 899,9 millions d’euros (+ 21,3 millions en un an) contre 640,8 millions d‘euros sur le fixe (+ 13,1 millions).

Altice annonce une petite hausse sur la vente des terminaux : 134,8 millions au lieu de 133,1 millions fin mars 2019), alors que ses principaux concurrents enregistraient des baisses importantes sur ce segment. Teads, la société spécialisée dans la publicité en ligne rachetée en 2017 est touchée par la crise sanitaire : après un bon démarrage, son rythme de croissance « a été fortement perturbé à la fin du premier trimestre 2020, tiré par le ralentissement mondial de la publicité », affirme le groupe. Les revenus restent malgré tout en hausse de 8 millions d’euros pour arriver à 96,1 millions.

Drahi à l’UEFA : « je compte récupérer de l’argent, très rapidement »

Même schéma pour Altice TV : L’entreprise explique que cette branche a connu son « meilleur début d'année » en 2020, mais elle a été frappée comme « un lapin en plein vol » par l'interruption de la Ligue des champions en mars. Patrick Drahi fait d'ailleurs les comptes et envoie un message à l’UEFA, comme le rapporte le Figaro : 

« Nous avons déjà payé 175 millions en juillet l’an dernier pour la première partie de la saison et nous avons payé en janvier 175 millions supplémentaires pour la deuxième partie de la saison. Le problème est le suivant : je n’ai vu personne jouer depuis mi-mars. Nous n’allons pas payer pour quelque chose que je n’obtiens pas, OK ? […] Pour faire simple, je compte récupérer de l’argent, très rapidement ».

La dette nette consolidée d'Altice Europe reste toujours élevée, avec pas moins de 31,2 milliards d'euros (28,6 milliards pro forma). Le groupe a mené des opérations de refinancement pour 470 millions d'euros d’économies annuelles, avec l’objectif d’arriver à 700 millions par an en 2020. Mais dans un climat tendu comme celui que nous vivons actuellement, ces 31,2 milliards constituent d’autant plus une épée de Damoclès.

8 000 clients de plus sur le fixe, 22 000 sur le mobile

Sur le fixe en France, Altice revendique 6,364 millions d’abonnés grand public, 8 000 de plus que fin 2019. 2,901 millions disposent d’une ligne « Fibre » (FTTH ou FTTLA avec terminaison coaxiale), contre 2,838 millions trois mois plus tôt. Un million de prises « Fibre » supplémentaires éligibles ont été ajoutées, pour un total de 16,416 millions.

Sur le mobile, Altice annonce 15,874 millions de clients dont 14,479 millions avec un forfait, soit des hausses de respectivement 22 000 et 79 000 par rapport au trimestre précédent. Aux approximations de calculs près, la base de clients prépayée est donc en baisse de 57 000.

Bien que positifs, les recrutements sont largement moins importants que ceux enregistrés au trimestre précédent. Fin décembre, il était question de 44 000 clients (contre 8 000 ce trimestre) de plus sur le fixe dont 78 000 en « Fibre », contre 184 000 sur le mobile (contre 22 000 ce trimestre) et 196 000 sur les seuls forfaits. 

Sur les autres pays – Portugal, Israël et République Dominicaine – Altice a aussi recruté sur le fixe et le mobile, à une exception près. Alors qu’il y avait 6,411 millions de clients fin décembre sur le mobile au Portugal, le groupe ne revendique désormais plus que 6,219 millions de clients, traîné par le bas à cause d’une perte de 227 millions d'euros sur le prépayé (pour seulement 35 millions de plus sur les forfaits).

Le déploiement de la 4G et les tests 5G continuent

En 4G, Altice revendique 99 % de couverture (31 801 villes) et les 32 plus grosses villes en 4G+. Les expérimentations 5G sont en cours « avec un déploiement dans des villes comme Nantes, Vélizy et Toulouse. Au cours de ces tests, le Groupe a atteint une vitesse en aval record de près de 1,3 Gb/s, en conditions réelles ».

Aucune mention n’est faite autour des enchères des licences 5G. Martin Bouygues s’est récemment exprimé sur le sujet, et il demande qu’elles soient repoussées « à la fin de cette année, ou au début de 2021 ». Il justifie sa demande en expliquant que les « usages potentiels véritablement innovants » n’arriveront pas avant 2023/2024 et le besoin de rassurer les usagers (risques sanitaires, la consommation électrique). Selon Le Figaro, Altice serait sur la même longueur d’onde, jouant la montre pour l’arrivée des enchères, plutôt qu’en prônant un lancement rapide comme le souhaitent Orange et Free.

En filigrane dans le discours de Martin Bouygues apparaît la question du prix des enchères : « Le monde économique d’aujourd’hui n’est plus du tout le même que celui qui prévalait début mars, lorsque les conditions de l’enchère ont été fixées ». Pour rappel, les quatre opérateurs se sont déjà engagés à payer 350 millions d’euros (prix fixe) pour un bloc de 50 MHz sur les 3,5 GHz, en échange d’engagements supplémentaires. Le prix de réserve est ensuite fixé à 70 millions par tranche de 10 MHz sur les 110 MHz restant à allouer aux enchères.

Réorganisation et plan de départs chez NextRadioTV

La veille de la mise en ligne de ses résultats, Altice publiait un communiqué évoquant le « plan de reconquête » de NextRadioTV. Après avoir annoncé une « audience moyenne record » en avril, le groupe explique désormais que « la réalité économique est bouleversée, depuis plusieurs années, par les évolutions du secteur, et désormais par l’écroulement des recettes publicitaires dû à la crise du Covid - 19 ».

Première annonce : la « chaîne payante de débat sur le sport, RMC Sport News » sera prochainement arrêtée, et il en sera progressivement de même pour la diffusion de certaines compétitions sportives comme l’athlétisme, l’équitation et le tennis. « Le marché des droits et de la Pay TV, imprévisible et inflationniste, impose de revoir rapidement et largement l’organisation de nos structures de Pay TV », explique Altice pour justifier son choix.

Bien évidemment, ce plan global de NextRadioTV « aura aussi un impact sur les effectifs (CDI, CDD, CDDU, pigistes, intermittents et également consultants) qui ont augmenté de plus de 50% ces six dernières années : le recours aux intermittents, aux pigistes et aux consultants sera divisé par deux ».

Comme souvent en pareille situation, le plan débutera par une phase de volontariat : « les licenciements contraints n’interviendraient que si le nombre de volontaires était insuffisant. Il sera détaillé dans les prochaines semaines aux représentants du personnel ».

Altice se sépare de Libération 

Quelques jours plus tôt, Altice annonçait se séparer de Libération, placé dans un fonds de dotation. L’entreprise affirme qu’elle « donnera à cette fondation les moyens financiers de rembourser les dettes de Libération et de financer ses opérations futures, garantissant ainsi à terme son indépendance éditoriale, économique et financière ».

De leur côté, les journalistes du quotidien saluent cette initiative, mais regrettent que cette annonce arrive « de manière inattendue et non concertée » en pleine crise sanitaire. Dans le bilan financier, pas un mot sur l’avenir de SFR Presse, qui était pourtant un service important pour Altice… notamment pour des questions de TVA.

Cette annonce, combiné à l’importante restructuration de NextRadioTV, laisse penser que le second trimestre d’Altice pourrait être compliqué. Pour rappel, les mesures de confinement liées à la crise du SARS-CoV-2 ont été mises en place à partir de mi-mars, soit quasiment à la fin du premier trimestre qui n’est finalement que peu impacté.

Dans l’ensemble, les sociétés ont plutôt bien résisté durant les trois premiers mois, mais la période d’avril à juin sera certainement plus compliquée, avec des impacts beaucoup plus lourds.

Altice rassure sur l’avenir, le titre plonge de 15 % en bourse

Pour autant, Altice ne change pas ses prévisions : « Nous continuons d'évaluer attentivement les impacts potentiels de la pandémie, mais nous ne voyons actuellement aucun besoin de modifier nos prévisions pour 2020 », affirme Patrick Drahi.

Le groupe prévoit de récupérer son retard sur le déploiement de la fibre optique, tandis qu’elle estime que la vente d’équipements devrait reprendre d’ici la fin du second trimestre. La publicité et le roaming seront par contre plus sévèrement affectés. Dans tous les cas, Altice anticipe « une reprise économique progressive » cette année.

Pas de quoi rassurer suffisamment les marchés puisque le cours de l’action d’Altice a perdu près de 15 % suite à la publication des résultats. Il est désormais à 3,56 euros, contre plus de 6,5 euros au début de l’année.

Commentaires (4)

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Ce que je retiens de l’article, c’est que Drahi voit des lapins volants.

 

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+1 Il leur donne quoi à manger.<img data-src=" />

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“2,901 millions&nbsp;disposent d’une ligne « Fibre » (FTTH ou FTTLA avec terminaison coaxiale),”



Ou simplement la TV !



Note 2 du CP p9 : “Fibre unique customers represents the number of individual end users who have subscribed for one or more of our fibre/ cable based services (including pay television, broadband or telephony), without regard to how many services to which the end user subscribed.”



&nbsp;En effet, en prenant en compte les chiffres sur le fixe de l’ARCEP, pour le T4 2019, SFR ne pouvait pas avoir plus de 1.2 millions de clients câble (sans compter Bouygues Teecom, LaPoste.net, CIC, les petits opérateurs), et plus de 800.000 clients FTTH (sans compter les petits opérateurs), donc en tout 2 millions de clients “fibre”, max, alors qu’il en déclarait 2.8 millions. Donc 800.000 clients TV seulement ? (ou VDSL, 4G fixe ??)

Il y a pas mal de résidence où la télévision par le câble est dans les charges…

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” laisse penser que le second trimestre d’Altice pourrait être compliqué.”



Vraiment ? SFR est le seul des 4 opérateurs à avoir 5000 salariés sur 9000 en chômage partiel, donc pris en charge par l’Etat. Alors que le secteur est très peu touché par la crise, les Telecom ayant été indispensables au télétravail. Je n’ai pas entendu dire que l’Etat n’allait pas payer ce chômage (à 84%…). Donc une sacré économie pour Altice…



Le plan sur les médias vient surtout du fait qu’Altice TV a fait 600 millions de perte opérationnelle en 2019, et là le Covid et la perte des recettes publicitaires, cela a été le coup de grâce.

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