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C/2021 A1 Leonard : observez la comète… avant qu’elle quitte notre Système solaire ?

Pour quelques cm/s

C/2021 A1 Leonard : observez la comète… avant qu’elle quitte notre Système solaire ?

Le 10 décembre 2021 à 15h25

Parfois décrite comme la « comète de l’année » ou de Noël, C/2021 A1 Leonard se rapproche de la Terre. Il est théoriquement déjà possible de la voir à l’œil nu. Il faut en profiter puisqu’elle ne repassera pas avant des dizaines de milliers d’années… si elle revient un jour. 

Avant d’entrer dans le vif du sujet, un rappel sur la manière dont sont désignées les comètes, avec C/2021 A1 Leonard comme exemple. Il s’agit des règles fixées par l’Union Astronomique Internationale depuis le 1er janvier 1995.

Comment on nomme une comète

Le préfixe « C/ » indique qu’il s’agit d’une comète avec une période supérieure à 200 ans. Il existe aussi « P/ » pour les comètes à période plus courte, « X/ » (plus rare) pour celles dont l’orbite n’a pas pu être déterminée et « D/ » pour celles qui ont disparu.

Ce n’est pas le cas ici, mais « pour les comètes périodiques dont on a observé plusieurs retours, un nombre séquentiel vient s’ajouter devant le préfixe P/, qui indique l’ordre dans lequel elles ont été découvertes ou identifiées, en abandonnant tout le reste de la nomenclature ».

2021 correspond sans surprise à l’année de sa découverte, puis la lettre désigne le demi-mois (ou la quinzaine). A nous place donc entre le 1 et le 15 janvier. Le dernier chiffre donne l’ordre de la découverte dans ce demi-mois.

Enfin, et de façon optionnelle, « le nom d’un ou (au plus) deux découvreurs peut être ajouté pour respecter la tradition, avec éventuellement un numéro d’ordre si cette ou ces personnes avaient précédemment découvert d’autres comètes », précise l’Observatoire de Paris.

Une période de 83 000 ans

Vous l’aurez compris, on doit donc cette découverte à (Greg) Leonard sur la première quinzaine de janvier, le 3 pour être précis. Pour la petite histoire, il utilisait le télescope de 1,5 m du Mont Lemmon Survey en Arizona. 

La comète se trouvait alors à cinq unités astronomiques (cinq fois la distance Terre-Soleil), soit à 750 millions de kilomètres, ce qui correspond à peu près à la distance Jupiter-Soleil. L’Observatoire de Paris explique qu’il s’agit d’une comète à longue période, et c’est peu de le dire  : environ 83 000 ans. « Elle n’en est probablement pas à son premier passage près du Soleil », ajoute-t-il, mais c’est le premier, et probablement le dernier, que la civilisation moderne peut observer.

« Son déplacement apparent dans le ciel est rapide (jusqu’à 10° par jour) […] De début décembre à mi-décembre, la comète sort de la constellation des Chiens de chasse pour traverser le Bouvier, avant d’entrer dans le Serpent ». Bonne nouvelle pour les astronomes qui souhaitent l’observer : « les conditions sont particulièrement favorables en cette période, car le ciel est exempt de Lune et la luminosité de la comète est en pleine augmentation ». 

Session de rappel sur la magnitude (brillance)

Lors de sa détection, la comète présentait une magnitude avoisinant les 19, alors qu’elle est désormais aux alentours de 6. La magnitude apparente correspond pour rappel à « l'"éclat" apparent d'une étoile, c'est-à-dire la façon dont on la voit de la Terre », explique l’Observatoire de Paris. Ce dernier donne quelques ordres de grandeur de cette échelle. 

Il faut savoir que le 0 correspond par convention à la magnitude apparente de Véga, l'étoile la plus brillante de la constellation de la Lyre. L’objet stellaire le plus visible est bien évidemment le Soleil avec une magnitude à- 26,7. Il est suivi par la Lune à- 12,7, Vénus à- 4,4 et Sirius à- 1,4 (il s’agit donc de l’étoile la plus visible après notre Soleil).

A contrario, la magnitude apparente de l’étoile Polaire est plus faible que celle de Véga, avec 2. La limite de perception à l’œil nu est de 6, alors qu’on passe à 10 aux jumelles. La limite de la perception au sol est de 27 pour les instruments scientifiques et on monte jusqu’à 30 avec Hubble. À titre de comparaison, la sonde Voyager 1 est totalement hors de portée avec une magnitude de 50. 

Avec une magnitude qui est descendue un peu en dessous de 6 ces derniers jours, il est théoriquement possible de distinguer la comète à l’œil nu… du moins à condition d’être dans des conditions idéales, d’avoir une excellente vision et de savoir exactement où regarder… bref, ce n’est pas encore pour tout de suite pour monsieur ou madame tout le monde.

Rendez-vous les 12 et 13 décembre

Selon le Comet Observation database (COBS), la magnitude minimum de la comète devrait être aux alentours de 4,5 lors de son passage au plus près de la Terre, qui est prévu pour ce dimanche 12 décembre. Elle se trouvera alors à « seulement » 0,23 unité astronomique de nous, soit un peu plus de 34 millions de kilomètres. 

Par comparaison, la Lune est 100 fois plus proche de la Terre (384 000 km). 

Comète Leonard
Crédits : COBS

La comète se déplace actuellement à 170 000 km/h environ. L’observatoire de Paris détaille la suite des événements : « le 13 décembre 2021, elle sera essentiellement visible dans le crépuscule du matin, avant sa conjonction avec le Soleil. Entre les 13 et 16 décembre, autour de la conjonction, à 15 - 20° du Soleil, la comète sera sans doute difficile à voir à l’aube, mais l’angle de phase très élevé (160°) pourrait renforcer sa brillance de plus d’une magnitude par la diffusion en avant sur les poussières ».

Jusqu’à fin décembre, elle « deviendra observable dans l’hémisphère sud, mais comme elle foncera en direction du Soleil, il sera de plus en plus difficile de l’observer : elle sera rapidement noyée dans les lueurs de l’aube ». Le 18 décembre à 2 h du matin, elle « frôlera » Vénus à 0,029 unité astronomique, soit un peu plus de 4,3 millions de km. 

Enfin, « un an jour pour jour après sa découverte, soit le 3 janvier 2022, la comète sera au périhélie, c’est-à-dire, au point le plus proche du Soleil à une distance de 0,615 unité astronomique ». Elle retournera ensuite vers son « berceau », le nuage de Oort.

Un adieu définitif à C/2021 A1 Leonard ?

Ce passage à proximité de la Terre et du Soleil pourrait bien être le dernier : « Il est prévisible qu’elle quitte définitivement le Système solaire, car, à son passage près du périhélie, elle va légèrement gagner en vitesse pour repartir sur une orbite légèrement déviée ».

L’Agence spatiale européenne précise sur Twitter que cela se joue à pas grand-chose : « Quelques cm/s seulement dans la vitesse finale d'une comète peuvent faire la différence entre sa sortie du Système solaire ou son retour dans plusieurs milliers d'années ». Et il est difficile de le prévoir en avance à cause du dégazage des comètes.

Cela ne changera de toute façon rien pour nous puisqu’il aura sinon fallu attendre plus de 80 000 années avant de la voir revenir… Dans tous les cas, C/2021 A1 Leonard n’est pas « unique » en son genre : « C’est une comète brillante comme nous en voyons dans le ciel en moyenne une fois par an ».

L’Agence spatiale européenne pointe du doigt une « coïncidence cosmique ». Le passage au plus près correspond à peu de chose près à la « pluie d'étoiles filantes » qui est prévue dans la nuit du 13 au 14 décembre.

Commentaires (2)

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Adieu ou au revoir à Léonard, dans tous les cas le présage d’un moment magique. Apparemment, elle sera le plus visible demain, 12 décembre avant le lever du soleil. Mieux équipée, j’aurais proposé un concours des meilleures prises photographiques, cela étant pour ceux qui le peuvent, partager nos photos sous le fil de commentaire, serait un joli clin d’œil au potentiel dernier passage de Léonard.
Merci à Sébastien Gauvois pour ses articles toujours aussi passionnants.

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Elle était donc à l’Euler. :D

C/2021 A1 Leonard : observez la comète… avant qu’elle quitte notre Système solaire ?

  • Comment on nomme une comète

  • Une période de 83 000 ans

  • Session de rappel sur la magnitude (brillance)

  • Rendez-vous les 12 et 13 décembre

  • Un adieu définitif à C/2021 A1 Leonard ?

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