Le nom de Florence Parly, ministre des armées sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron entre 2017 et 2022, apparaît dans un « avis à victimes » daté du 11 mai et rédigé par le juge d’instruction chargé du dossier Pegasus au sein du tribunal judiciaire de Paris que Mediapart a pu consulter :
« Cela porte désormais à sept le nombre des ministres français qui ont été espionnés par le matériel vendu par la société israélienne NSO, selon les constatations de deux services français, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) et la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure). »
Auraient donc également été espionnés par Pegasus Jean-Michel Blanquer (éducation nationale), François de Rugy (transition écologique), Jacqueline Gourault (cohésion des territoires), Julien Denormandie (agriculture), Emmanuelle Wargon (logement) et Sébastien Lecornu (outre-mer), qui a depuis succédé à Florence Parly à l’Hôtel de Brienne.
Or, suite aux révélations du Pegasus Project sur les « 50 000 cibles potentielles » de Pegasus (dont « un millier en France »), seul François de Rugy, qui avait entre temps démissionné, avait accepté de voir son téléphone expertisé par Amnesty, les autres ministres étant encore en exercice.
L'ONG y avait bien trouvé un iMessage reçu du compte GMail « bergers.o79 », associé aux services de renseignement marocain, qui aurait tenté, par deux fois, d'infecter son téléphone, mais sans y parvenir.
« Au total, 23 personnes ont été répertoriées par la justice française comme victimes de Pegasus », écrit Mediapart, dont l’ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg (dont le téléphone, expertisé par la police, avait révélé des traces d'infection) et l’ex-député Cédric Villani, plusieurs journalistes marocains, ainsi qu'Edwy Plenel et Lénaïg Bredoux, de Mediapart.
La question reste donc de savoir si l'ANSSI et/ou la DGSI auraient, contrairement à Amnesty, trouvé des preuves que le téléphone de François de Rugy aurait bel et bien été infecté, ou bien si la Justice aurait décidé de comptabiliser comme « victime » des personnes ayant fait l'objet de tentatives d'infection, sans qu'elles aient forcément été couronnées de succès, ou encore parce qu'elles auraient porté plainte, comme l'avaient fait François de Rugy et Cédric Villani.
Reste que le nom de Florence Parly ne figurait pas dans la liste initiale des 15 ministres dont les numéros étaient dans la liste des « 50 000 cibles potentielles » du projet Pegasus, et que plusieurs autres ministres, dont Edouard Philippe (alors Premier ministre), Gérald Darmanin (budget), Bruno Lemaire (économie), Nicole Belloubet (justice) ou Christophe Castaner (intérieur), ne figurent pas dans la liste des « victimes » consultées par Mediapart, alors que leurs portefeuilles constituaient pourtant des cibles a priori autrement intéressantes que ceux des ministères de l’Éducation nationale, de la transition écologique, de la cohésion des territoires, de l’agriculture, du logement ou des Outre-mer.
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