L’European Processor Initiative (EPI) avance, SiPearl s’associe à Graphcore
La souveraineté au-delà du Brexit
Le 16 juin 2021 à 08h42
4 min
Hardware
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Alors que le marché des micro-processeurs est en pleine transformation, promettant de bouleverser certains équilibres, de nombreux acteurs européens cherchent à tirer leur épingle du jeu. Notamment dans le domaine des supercalculateurs, avec l'European Processor Initiative (EPI), IA comprise.
Depuis quelques années maintenant, l'European Processor Initiative (EPI) vise à imaginer et produire d'ici 2023 un processeur haute performance (Exascale), avec un bon niveau d'efficacité énergétique, conçu par des sociétés européennes. Elle embarque 28 partenaires issus de 10 pays européens, dont Atos, le CEA, STMicro ou encore Kalray.
Un processeur Exascale européen, impliquant de nombreux français
Ils développent pour cela différentes technologies autour d'une plateforme commune (Common Platform, CP), un réseau maillé 2D (Network-on-Chip, NoC) assurant le lien entre différents éléments de calcul (tuiles, tiles), dont un CPU avec des unités de calculs flottants, mais aussi divers accélérateurs. Dans les briques techniques utilisées, on retrouve des architectures ouvertes comme RISC-V, de l'ARM, le MPPA de Kalray ou encore du eFPGA de Menta.
Récemment, l'équipe faisait le point sur l'avancement du projet après deux ans de travaux, évoquant notamment la mise en place des éléments nécessaires pour la couche logicielle comme un compilateur adapté aux besoins de l'EPI, le système d'exploitation, mais aussi de premiers éléments fonctionnels. Certaines briques commencent à être détaillées, comme celle en charge de la cryptographie ou l'IA (via les posits).
Au début du mois, on apprenait que la puce de test EPAC 1.0 (European Processor Accelerators), avait été fabriquée (tape-out). Elle mesure 25 mm² et est construite autour de l'architecture RISC-V qui permet une conception ouverte et l'intégration d'éléments hétérogènes. Pour cet essai, il y avait quatre « micro-tiles » pour du traitement vectoriel (VPU) composé d'un cœur Avispado RISC-V de SemiDynamics et d'une unité vectorielle conçue par le Barcelona Supercomputing Center et l'université de Zagreb. Mais aussi deux accélérateurs Stencil et Tensor (STX) de Fraunhofer IIS, ITM et ETH Zürich et un Variable Precision Processor (VRP) du CEA LIST.
Le tout est relié par un réseau interne à la puce (SerDes) d'EXTOLL à plus de 200 Gb/s. La fabrication a été confiée à GlobalFoundries, avec leur process 22 nm FD-SOI (22FDX), l'efficacité énergétique de l'ensemble n'étant pas le but premier de ce test. La puce devant être analysée afin de vérifier son bon fonctionnement via une carte dotée d'un module FPGA conçue par Forth, E4 et l'université de Zagreb.
L'étape suivante est déjà connue : passer à une conception en chiplets avec des modules gravés en 12 nm.
Un partenariat entre Graphcore et SiPearl
Mais entre temps, une autre annonce est tombée. La société franco-allemande SiPearl, qui a été créée afin de prendre en charge de l'implémentation concrète de l'EPI, vient d'annoncer un partenariat avec l'anglais Graphcore.
Cette société produit un processeur spécialisé dans les calculs liés à l'intelligence artificielle, nommé Intelligence Processing Unit (IPU). « Ce partenariat a pour objectif de répondre aux futurs besoins d’innovation de leurs clients finaux pour la simulation et la prédiction indispensables dans des domaines aussi critiques que la météorologie, la climatologie, l’épidémiologie ou la gestion de l’énergie », précise le communiqué.
« Aux termes de cet accord, les deux sociétés européennes vont développer des solutions matérielles et logicielles pré-intégrées inédites qui combineront la puissance, la rapidité et l’efficacité énergétique de leurs technologies respectives. [Elles] ouvriront la possibilité aux développeurs et utilisateurs de concevoir de nouvelles générations de flux de données et de tâches applicatives plus performantes et simples à programmer et utiliser ».
Il n'est pas précisé s'il sera possible d'intégrer l'IPU sous la forme de tuiles, d'un accélérateur comme il en existera d'autres au sein de l'EPI, ou s'il est surtout question de faire travailler les deux solutions ensemble. Pour rappel, SiPearl était également mentionné comme l'un des partenaires d'ARM concernant l'utilisation de l'architecture Neoverse N1. L'entreprise recrute d'ailleurs, cherchant une dizaine d'ingénieurs en France et en Allemagne.
Le schéma technique du Colossus MK2 GC200 de Graphcore
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Un partenariat entre Graphcore et SiPearl
Commentaires (13)
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Abonnez-vousLe 16/06/2021 à 09h06
Si je comprends bien, la conception est européenne, mais la production de la puce “définitive” va se faire où ? car GlobalFoundries aux dernières nouvelles n’était pas trop à jour niveau finesse de gravure
Le 16/06/2021 à 10h35
Visiblement c’est un projet issu d’un consortium financé par le programme de recherche H2020 de la Commission Européenne. Je suis curieux de savoir si c’est quelque chose qui pourrait déboucher sur une réelle filière industrielle compétitive à l’international, ou si ça dépendra toujours de la volonté politique de subventionner une forme d’indépendance technologique.
Le 16/06/2021 à 10h41
À quelques dizaines de milliards d’euros chaque années un fondeur peut progresser. Et puis avec un TI99/4A on peut faire beaucoup de choses. si si !
Le 16/06/2021 à 10h48
Faudrait se poser la question de pourquoi ils tentent de fabriquer ces systèmes. Ce n’est pas rien de regrouper des entités pas si proche géographiquement ni sur le reste. Je cite: Barcelona Supercomputing Center et l’université de Zagreb .. Fraunhofer IIS, ITM et ETH Zürich
Une des missions de l’EPI : European independence in High Performance Computing Processor Technologies
Bon… pourquoi tenter de “concurrencer” sachant que les savoirs sont déjà parti loin, que ça démarre avec des années de retard et qu’il faudra soutenir le tout alors que les règles de l’UE l’empêche par souci de libre concurrence ? Donc sans protectionnisme plus ou moins arrangé, on peut se demander si c’est viable.
Comme il n’y a pas de fumé sans feu. Quels sont les moteurs d’un tels projet.
Je cite: The FPA was first called for by European Union’s Horizon 2020 programme in the 2017 calls (H2020-ICT-2017-2), under the topic ICT-42-2017 Framework Partnership Agreement in European low-power microprocessor technologies.
2017.. ne serait-ce pas l’année ou l’on entendait certains (un blondinet notament) se plaindre des fabricants chinois d’équipements ?
Le 16/06/2021 à 11h02
Hasard du calendrier par la force des choses le blondinet avait raison, maintenant on se rend compte qu’avoir de la fabrication de puce chez nous chez quand même mieux. Bon après j’ai des difficultés a voir l’UE produire quelque chose de haute technologie, fonctionnel et compétitif.
Le 16/06/2021 à 11h21
+1
fonctionnel ils devraient y arriver. compétitif je pense que ce n’est pas le but visé, plutôt supplétif si un pays décide de fermer l’accès à un supercalculateur en représailles…
Le 16/06/2021 à 11h26
Ce n’est pas forcément d’une nécessité absolue d’avoir la plus petite finesse de gravure disponible. On peut trouver des compromis selon le domaine visé.
Déjà démontrer que l’industrie européenne peut s’unir pour développer une architecture moderne et performante sera une étape importante.
Reste à voir la voie qui sera ensuite empruntée :
Sachant que de toute manière, il sera compliqué d’égaler les ténors de la gravure.
PS : d’ailleurs les premier prototypes sont gravés en 22nm, ce qui n’est pas le procédé le plus fin dispo chez GloFo.
Le 16/06/2021 à 13h53
EPI regroupe surtout des initiatives existances dans le domaine pour les faire bosser ensemble. Et les marchés dont ils est questions existent oui, mais les produits pour les adresser non. Et désormais, s’y positionner est jouabie pour de nombreux acteurs, EPI/SiPearl en fait partie et ils ont plutôt un plan assez solide (mais j’en reparlerai plus en détails au fil du temps). Après on peut toujours dire “bof ça sert à rien laissons l’histoire se faire autour de nous”. Mais les défaitistes remportent rarement des batailles;
Comme dit le choix de GloFo 22 était surtout pour avoir une puce fonctionnelle et la tester. Ensuite il faudra réduire la finesse de gravure et s’approcher du produit final. C’est un process assez classique.
Le 16/06/2021 à 17h22
Je ne suis pas défaitiste. Simplement je mets en contraste ce vers quoi cela tends tout en n’ayant pas pour eux les règles de l’UE. N’INporte lequel des chinois ou même américain (qui ne sont pas forcément les gentils dans le domaine informatique) peut faire concurrence si ça lui chante.
Quand on voit le dépotoir qu’est devenu la fabrication de panneau solaire MadeInFrance ainsi que le dossier des hydroliennes… On peut se poser la question de “comment c’est arrangé”. Arrangé d’avance dans un élan du petit capitalisme à la parisienne ??? … je ne sais pas. Mais c’est la première question de n’importe qui faisant un business plan. Il faut une base solide sur laquelle s’appuyer dans le secteur “semi conducteur”.
Ça fait 40 ans que les yankees nous soufflent tout alors qu’on est en Europe de bon inventeurs. Je pourrai en faire un roman.
Alors se réveiller maintenant c’est un peu comme si tu avais quelqu’un dans ton lit qui s’attaquent ta/tes muqueuse(s) toute la nuit d’une manière “trash sex” furieuse et à qui tu merci poliment toute la nuit. Au matin en te réveillant tu te dis : “tiens je ferai bien autre chose moi”. Sauf que la porte est fermée et les fenêtres barricadées… Et à ce moment la musique repart.
Le 17/06/2021 à 03h39
C’est à mon avis là où tu te trompes. Se lancer maintenant dans ce secteur est sans doute le meilleur choix possible. Se lancer plutôt était impensable, se lancer plus tard serait s’y prendre à la bourre. Le timing tel qu’il s’est pour le moment mis en place est pour le moment assez bon.
Le 17/06/2021 à 07h31
Il est quand même bien technique cet article, j’ai pas tout compris 😁
Pour ceux qui cherchent de la compétitivité, ça ne me semble pas pertinent. L’indépendance technologique est importante, en particulier dans certains secteurs (armée, sécurité…). On verra ce que ça donnera en 2023 !
Le 17/06/2021 à 10h41
Je mise un jeton de mon coté. “Sans de quoi résister et pour un moment (cad Cash + politique), les chances de réussite sont très minces”.
J’ajoute que le schéma n’est pas nouveau. Dans les années 80-90 Le PC était une énorme bouse, chère, lente et peu efficace par rapport au reste (Amiga, ST etc…). Mais les yankees ont fait ce qu’il fallait pour que ça marche. Inonder le marché. Casser les prix et vendu du support pour les entreprises. Avec aussi cette réputation d’Intel qui avait des marchés avec l’armée américaine (ce qui est un des arguments les plus con du monde) etc… Enfin je veux dire. Qui voulais coder en X86 ??? C’était un cauchemar. D’où l’effervescence des langages compilés avec tout leurs travers de l’époque qui a suivit.
En gros le premier arrivé qui est bien soutenu par son état (ou des Anges du business), gagne.
C’est toujours une question d’inonder le marché à bas coût (voire à perte) et d’y aller jusqu’à démolir toute la concurrence. Ou d’avoir une chasse gardée. Mais comme je l’ai dit plus haut… pas simple avec les règles en place dans l’UE. S’il n’y a pas de renfort pour résister. Ça va être tendu.
On est bien d’accord que le but c’est d’avoir une industrie viable au final. Le premier pas est bien mais une marche c’est plein de pas successifs qui nécessitent de l’énergie. Et il y a les ravins, les orties, les chinois et les yankees qui font des croche-patte.
L’indépendance ne survit pas sans un modèle économique viable. Que ce soit par une aide d’état qui investi et s’investit réellement dans le dossier. Les volte-faces ne sont malheureusement pas rares.
Quand on voit que les industries françaises se font démanteler une par une. Thomson, Alstom, et bientôt EDF et j’en passe pas mal… bref…
Y’a de quoi se poser des questions. Qui apporte l’échelle pour passer l’obstacle ?
Le 18/06/2021 à 00h36
Toi ?
Ah bah non pardon…