BitTorrent passe la seconde. Après avoir initié de nombreux projets, on apprend que le géant du P2P va en proposer un nouveau via ses Labs, et s'apprête à renforcer la monétisation de ses fameux « bundles ». Ainsi, en plus de proposer une solution afin de distribuer du contenu culturel, le service permettra aussi de les financer à la manière du crowdfunding. De quoi disposer d'un nouveau modèle économique et faire face aux géants du secteur ?

BitTorrent n'a pas cessé de faire parler de ses services ces derniers mois, notamment avec l'introduction de son outil Sync, dont la mouture 1.4 va d'ailleurs bientôt faire ses premiers pas via une version Alpha privée. Mais cela n'arrête pas les développeurs qui ne cessent de lancer de nouveau projets, avant de se concentrer sur ceux qui donnent des résultats.

Un nouveau projet assez mystérieux pour bientôt

Le prochain en date est encore assez mystérieux puisqu'il se cache sous le slogan « Browse. Torrent. Stream. » Dans son appel aux testeurs, l'équipe indique seulement qu'un nouveau produit relatif au monde des navigateurs sera proposé dans ses labos, sans plus de détails. L'URL du projet semble néanmoins indiquer qu'un navigateur maison pourrait être mis en ligne, mais rien n'a pour le moment été confirmé. Précisant que « c'est une chance d'avoir un accès anticipé à une nouvelle technologie », le Product Manager maison vous invite à vous inscrire par ici.

BitTorrent considère les  « Bundles » comme une réussite... 

Mais ce qui pourrait réellement faire parler dans les mois à venir est issu de cette interview, publiée dans le cadre d'une évolution du modèle économique des « Bundles » proposés par BitTorrent depuis quelques mois. Pour rappel, il s'agissait de permettre à certains créateurs de mettre en ligne leur contenu de manière assez simple, tout en cumulant les formats (musique, vidéo, livret, etc.). BitTorrent et son application font ici office de moyen de diffusion et de distribution, minimisant les frais du fait de l'utilisation du P2P. 

En mai 2013, une première offre de fidélisation et de monétisation était proposée en partenariat avec Ultra, en même temps que des services d'intégration aux pages web. Une partie était délivrée gratuitement, le reste devait être « débloqué ». Pour cela, un mail devait être indiqué et une donation pouvait être effectuée, comme on peut le voir dans cette vidéo :

Depuis, de nombreux « Bundles » ont été proposés, avec la possibilité de débloquer du contenu de la sorte (Morgan Page, Zeds Dead, Arcosanti, etc.). En juin, on apprenait ainsi que 100 millions de ces packages avaient été récupérés. Dans les précédentes 24 heures, 554 000 vues étaient comptabilisées, pour 167 000 téléchargements et plus de 16 000 streams. 75 % des utilisateurs étaient ceux qui revenaient d'une précédente expérience, alors que 25 millions de visiteurs mensuels étaient comptabilisés.

Pour l'équipe, c'était le signe que l'expérience avait fonctionné, et que le modèle proposé permettant de trouver un juste milieu entre une offre gratuite, une partie impliquant un échange et la possibilité de soutenir un artiste était réussie. Pour autant, aucun détail n'était donné sur le montant moyen des dons ou le taux de retour sur les emails collectés. 

... et va donc les renforcer avec une dose de financement participatif

Mais cette phase de test Alpha semble désormais terminée, et le modèle va évoluer, et se mêler au modèle participatif. C'est Rapid Eye Studio qui ouvrira la marche avec Children of the machine, une série créée par Marco Weber qui est justement celui qui est interrogé par BitTorrent dans le cadre de l'interview. Le pilote, qui sera diffusé lors de la prochaine Comic-Con sur la chaîne de l'évènement, CONtv, sera aussi accessible via un bundle BitTorrent. Ceux qui l'auront apprécié pourront choisir de précommander la série. Si le cap des 250 000 adeptes est franchi, la première saison sera produite, et diffusée à ceux qui auront sauté le pas.

Un modèle radicalement différent de ce que l'on peut trouver actuellement et qui mêle de manière assez intéressante la capacité de financement avec celle de la diffusion et de la distribution, ce que ne proposent pas des services comme Kickstarter ou Ulule par exemple. On avait d'ailleurs noté que certaines chaînes exploitaient ces services pour faire co-financer des productions par les futurs téléspectateurs. 

Reste néanmoins de nombreuses inconnues : quel sera le tarif proposé pour acheter la série ? Quel délai devront attendre ceux qui auront participé à la production ? Quelles garantie leur sera donnée si le montant désiré n'est pas atteint ou si quelque chose se passe mal ? Est-ce que des versions localisées (VOSTFR par exemple) seront aussi proposées ou pourra-t-on participer à une éventuelle traduction collaborative ?

Tant de questions auxquelles il faudra vite répondre, même si l'intérêt de cette expérience réside aussi dans son concept même. À l'heure où la France et les géants de la production française en sont à retenir leur souffle en attendant l'arrivée de Netflix, alors que les restrictions sont souvent nombreuses sur les services par abonnement qui sont encore le plus souvent assez incomplets par rapport à ce que voudrait pouvoir en faire l'utilisateur... c'est peut être ici la bataille suivante qui se dessine déjà au loin. Espérons que cette bataille-là, nous saurons ne pas la laisser filer, l'anticiper et l'embrasser, plutôt que de chercher à la freiner... jusqu'à ce qu'elle nous explose au visage.