Le FBI a créé son propre cryptoactif, NexFundAI, pour un coup de filet

Le FBI a créé son propre cryptoactif, NexFundAI, pour un coup de filet

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Le FBI a créé son propre cryptoactif, NexFundAI, pour un coup de filet

Le FBI a annoncé mercredi avoir interpellé 15 personnes, liées à trois sociétés spécialisées dans les cryptomonnaies et accusées d’avoir sciemment manipulé les cours de certains actifs selon la technique dite du « wash trading ». Pour y parvenir, les agents du FBI ont employé une méthode officiellement inédite : la création de leur propre cryptomonnaie, le NexFundAI.

Créer une cryptomonnaie pour faire tomber des sociétés spécialisées dans la manipulation de cours : telle est la démarche a priori inédite à laquelle s’est livrée le FBI, au moins jusqu’au 18 septembre dernier, date des derniers échanges recensés autour du NexFundAI.

Des techniques anciennes de manipulation de cours…

Mercredi, le FBI et le bureau du procureur du Massachusetts ont annoncé conjointement l’arrestation et l’ouverture de poursuites à l’encontre de quinze personnes et de trois sociétés spécialisées dans les cryptomonnaies : Gotbit, ZM Quant et CLS Global, ainsi que la mise en cause d’autres sociétés spécialisées comme Saitama, VZZN, ou Lilian Finance.

Les autorités indiquent par ailleurs avoir saisi quelque 25 millions de dollars en cryptoactifs, et fait fermer « de nombreux » robots logiciels qui auraient permis aux prévenus de manipuler les cours d’environ 60 cryptomonnaies différentes. Quatre des prévenus ont déjà choisi de plaider coupable.

Que leur est-il reproché ? L’enquête du FBI porte sur un phénomène qui n’a rien d’exclusif aux cryptomonnaies : le « wash trading », une technique qui consiste à acheter et vendre simultanément un actif pour générer artificiellement de l’activité et orienter son cours à la hausse, comme si la demande était forte. Le stratagème est une variante d’une autre technique bien connue de manipulation boursière, le « pump and dump » (« gonfler et larguer »).

« Le wash trading est depuis longtemps interdit sur les marchés financiers, et les cryptomonnaies ne font pas exception. Il y a des cas où une technologie innovante – la cryptomonnaie – rencontre une arnaque vieille d’un siècle – le pump and dump », résume Joshua Levy, le procureur par intérim en charge de l’affaire.

… appliquées à grande échelle dans les cryptomonnaies

D’après l’accusation, les sociétés incriminées se présentaient soit comme des porteurs de projets liés à un nouveau cryptoactif, soit comme des acteurs du conseil, spécialisés dans le soutien et le « décollage » de nouveaux tokens (les « jetons » qui représentent un actif), au moyen notamment de capacités d’investissement. C’est le cas par exemple de Gotbit, dont le site Web est encore en ligne. Toutes sont soupçonnées d’avoir, à des niveaux divers, manipulé les cours des actifs sur lesquels elles travaillaient. En 2019, l’un des fondateurs de Gotbit admettait d’ailleurs, dans une interview, que son activité n’était « pas tout à fait éthique ».

« Ces tactiques trompeuses ont attiré de nouveaux investisseurs et acheteurs, ce qui a entraîné une augmentation des prix de négociation des jetons. Les accusés auraient ensuite vendu leurs jetons à des prix artificiellement gonflés, une fraude communément appelée "pump and dump". La plus importante de ces sociétés de cryptomonnaie, Saitama, avait à un moment donné une valeur marchande de plusieurs milliards de dollars. », écrit ainsi le bureau du procureur de Boston.

NexFundAI : une monnaie en forme de piège

L’escroquerie en tant que telle n’a rien d’inédit, comme le rappelle le procureur. La méthode mise en œuvre pour conduire à ces arrestations est en revanche plus étonnante. Dans leur communication, les autorités précisent en effet que les trois premières sociétés citées sont accusées d’avoir manipulé des transactions pour le compte de NexFundAI, « une société de cryptomonnaie et un jeton créés sous la responsabilité des forces de l’ordre, dans le cadre de l’enquête du gouvernement ».

Les autorités indiquent donc avoir créé leur propre jeton, déployé sur Ethereum et ce sont, en partie, les manipulations observées sur NexFundAI qui sous-tendent les actes d’accusation. Dans ces derniers, on ne trouve en revanche aucune précision quant à la façon dont les autorités ont procédé pour que les sociétés incriminées s’intéressent à NexFundAI et décident de travailler sur son cours. Les actes mentionnent des conversations entre employés des sociétés concernées qui évoquent des projets d’achat et de revente, ou l’activation de robots, mais ils n’évoquent par exemple aucun commanditaire.

Les autorités auraient cependant pris soin de « surveiller » le cours de leur devise, pour « minimiser le risque que des investisseurs individuels en achètent », indique l’agence Reuters. Le FBI a de son côté ouvert un formulaire qui invite les acheteurs des cryptoactifs liés à Saitama, SaitaRealty, ou SaitaChain, mais aussi Robo Inu, VZZN, Lillian Finance et NexFundAI à se faire connaître.

Blockchain oblige, les opérations liées à NexfundAI sont listées et accessibles sur Ethereum, et certains ont mis à profit cette mémoire immanente pour tracer et suivre les portefeuilles à partir desquels les autorités ont lancé leurs opérations. Ce faisant, ils ont déjà découvert que ces mêmes autorités détenaient des positions sur des actifs comme le « Pornrocket » qui, pour l’instant, n’ont pas encore fait l’objet d’enquêtes publiques…

Commentaires (1)


Quid de NextFundAi ? 🤔
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