Les preuves numériques seraient devenues « plus importantes » que l’ADN et les preuves physiques
Experts 2.0
Le 22 novembre 2022 à 15h35
5 min
Droit
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Les preuves numériques sont désormais « plus importantes » que les preuves matérielles et génétiques pour mener à bien les enquêtes judiciaires, estiment les officiers de police interrogés par le leader israélien de l'inforensique Cellebrite.
L'entreprise, spécialiste de l'extraction et de l’exploitation des données issues de téléphones portables, a interrogé plus de 2 000 responsables de la police, enquêteurs, procureurs et responsables d'agence, dans 119 pays, dont 51 % en Amérique du Nord.
Ce baromètre (.pdf), émanant d'un leader du marché, est bien sûr orienté afin de promouvoir le secteur d'activité de Cellebrite. Mais au-delà des questions de solutionnisme technologique, il nous paraît intéressant de documenter l'évolution du rapport des forces de l'ordre aux outils et technologiques numériques, comme nous l'avons déjà fait plusieurs fois.
- Inforensique : des enquêteurs débordés par les données
- 66 % des policiers européens satisfaits de la coopération des plateformes
88 % des directeurs d'agence interrogés sont d'accord ou tout à fait d'accord avec le fait que la preuve numérique « augmente considérablement la possibilité de résoudre les affaires », 81 % que la probabilité de clore une affaire augmente « lorsque la preuve numérique est disponible », 74 % que les procureurs se sentent plus en confiance dans les affaires où des preuves numériques sont disponibles, 72 % que la preuve numérique « raccourcit le cycle d'enquête ».
Plus étonnant : 66 % des personnes interrogées estiment que les preuves numériques ont dépassé les preuves physiques – y compris les ordinateurs portables, les téléphones mobiles, les clés USB, les caméras de surveillance – en termes d'importance pour la résolution des affaires, et 61 % qu'elles dépassent la preuve génétique.
« Le public croit à tort que la collecte de preuves pour poursuivre les crimes se résume à des sacs en plastique, des empreintes digitales et des prélèvements d'ADN », résume Leeor Ben-Peretz, directeur de la stratégie chez Cellebrite : « Il s'agit d'une vision obscure du monde de la police – alimentée par des films et des émissions de télévision – qui ignore fondamentalement le rôle massif et croissant que jouent les preuves numériques ».
37 % utilisent des solutions commerciales d'OSINT
On y apprend également que 63 % des affaires « incluent désormais des preuves numériques », mais aussi que « les sources de preuves numériques explosent », que les dispositifs « deviennent plus sophistiqués », que le nombre de sources à examiner pour trouver des preuves numériques exploitables continue d'augmenter et qu'il n'est pas rare que les affaires impliquent désormais plusieurs téléphones portables et autres appareils électroniques :
« L'enquête 2022 montre que même pour les affaires hautement prioritaires, les enquêteurs peuvent mettre jusqu'à neuf jours pour recevoir un rapport d'extraction de dispositif numérique de la part des examinateurs, contre une moyenne de seulement six jours en 2021. »
Alors qu'en 2021 le taux de portable verrouillé s'élevait à 57 %, il est de 66 % en 2022. 14 % des enquêteurs expliquent exclure les terminaux verrouillés auxquels ils sont confrontés. Le taux d'extraction physique de la totalité de la mémoire des terminaux saisis, pour espérer pouvoir y retrouver des données effacées, est quant à lui passé de 45 % en 2021 à 55 % en 2022.
37 % des enquêteurs utilisent fréquemment ou très fréquemment des solutions commerciales d'OSINT, mais 23 % des agences et des enquêteurs interrogés n'en disposent pas.
Du solutionnisme technologique...
85 % des directeurs d'agence sont d'accord ou tout à fait d'accord pour dire que le maintien de l'ordre sera plus difficile au cours de la prochaine décennie, 77 % avec le fait que protéger et servir les citoyens est plus difficile qu'auparavant, 74 % que cela prend plus de temps qu'avant, 72 % qu'ils sont en sous-effectif, 70 % que leurs personnels sont en risque de burnout, 60 % que la charge de travail a augmenté depuis l'an passé, et 52 % qu'ils manquent d'outils appropriés.
47 % qualifient la stratégie de transformation numérique de leur agence de « pauvre ou médiocre », et 10 % estiment qu'elle n'en a aucune, ce qui était déjà le cas en 2021.
Les responsables policiers se plaignent également de l'impact du Covid-19, de la méfiance croissante envers les forces de l'ordre, du nombre croissant d'officiers qui partent dans le privé, où ils sont mieux payés.
... au déficit de formations au numérique
Pour autant, ils sont majoritairement persuadés que les nouvelles technologies représentent « un moyen de changer la donne en termes d'allègement de la charge de travail, de multiplicateur de force et de réduction des coûts », notamment grâce à l'intelligence artificielle (IA) et à l'apprentissage automatique (ML) :
« Les responsables reconnaissent qu'avec les bonnes solutions, les investigations numériques, qui auraient pu prendre des semaines ou des mois à résoudre manuellement, peuvent désormais être réalisées en quelques minutes, libérant ainsi du personnel clé pour qu'il se concentre sur des cas plus complexes. »
67 % des responsables d'agences interrogés sont d'accord ou tout à fait d'accord pour dire que la technologie peut aider à surmonter le manque de personnel, et 68 % que la technologie peut aider à réduire les coûts globaux des agences.
52 % ne croient pas, cela dit, que les agents de leur organisme possèdent les compétences nécessaires pour enquêter sur les crimes numériques. Et 74 % des directeurs d'agence s'accordent à dire qu'il existe un déficit croissant de compétences technologiques dans le secteur de la police, ce qui rend encore plus difficile pour les forces de police de collecter, gérer, analyser, stocker et utiliser les preuves numériques nécessaires pour obtenir des jugements.
Les preuves numériques seraient devenues « plus importantes » que l’ADN et les preuves physiques
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37 % utilisent des solutions commerciales d'OSINT
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Du solutionnisme technologique...
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... au déficit de formations au numérique
Commentaires (2)
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Abonnez-vousLe 24/11/2022 à 10h26
Avoir accès à plus de preuves est bon pour l’enquête. Quelle surprise.
Le 24/11/2022 à 11h50
Il y en a qui remettent ça en doute quand ça concerne les caméras donc bon.