Virgin Orbit rate son premier lancement de satellites depuis le Royaume-Uni
I can't get no satisfaction
Le 10 janvier 2023 à 13h22
5 min
Sciences et espace
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Le premier lancement de la mission spatiale « Start me up » de Virgin Orbit a échoué. Il devait permettre au Royaume-Uni de lancer pour la première fois des satellites dans l'espace et ainsi devenir le neuvième pays à en être capable et le premier à le faire depuis la zone géographique européenne.
Le lancement de la fusée LauncherOne lundi 9 janvier à partir du Cornwall Spaceport de l'aéroport de Newquay Cornouailles devait marquer l'entrée du Royaume-Uni dans le club restreint des pays capables d'envoyer des satellites à partir de son territoire.
Mais ce premier lancement de Virgin Orbit depuis le Royaume-Uni a échoué à atteindre l'orbite basse et n'a donc pas pu lâcher les neuf satellites qu'elle était chargée de déployer. La société spatiale de Richard Branson a annoncé sur Twitter : « Il semble que nous ayons une anomalie qui nous a empêché d'atteindre l'orbite »… après avoir pourtant annoncé l'inverse dans un tweet maintenant supprimé, dont on se demande comment il a pu être publié.
Dans son communiqué de presse publié aujourd'hui, l'entreprise n'en dit pas plus sur cette « anomalie ».
Succès en Californie...
Si en 2020 Virgin Orbit avait déjà échoué à lancer une fusée, cela concernait encore un test pour démontrer la faisabilité du projet. Car l'approche du lancement en orbite de l'entreprise britannique est totalement différente de celle de ces homologues.
La « fusée » de Virgin Orbit ne part pas à la verticale, mais utilise un Boeing 747 - 400 modifié – baptisé « Cosmic Girl ». Il emporte la « fusée » sous son aile, qui fait office de rampe de lancement. En janvier 2021, l'entreprise montrait, avec un essai couronné de succès, que le projet était véritablement capable d'envoyer des satellites en orbite.
Puis la société a rapidement confirmé avec une première mission commerciale en juillet 2021, suivie de trois autres, toutes lancées depuis l'aéroport et port spatial de Mojave en Californie.
... Échec au Royaume-Uni
Mais le premier lancement en dehors de la base californienne de la fusée LauncherOne et effectué depuis le sol britannique est un échec. Pourtant, tout avait bien commencé : « Cosmic Girl » a décollé lundi soir du Cornwall Spaceport avec LauncherOne sous son aile gauche. Après avoir atteint l'altitude de 10,5 km au large des côtes sud-ouest de l'Irlande, le Boeing 747 a largué la fusée et celle-ci a bien allumé le moteur de son premier étage pour partir en orbite.
Capture d'écran de la vidéo de présentation du vol de Virgin Orbit
Mais selon Matt Archer, le directeur du programme de lancement de l'Agence spatiale britannique, interrogé par BBC News, « le moteur du deuxième étage a connu une anomalie technique et n'a pas atteint l'orbite requise ».
Si le Boeing lanceur est bien revenu sur la piste du Spaceport Cornwall, Matt Archer n'a pas pu confirmer à la BBC que la fusée était retombée sur Terre, mais a affirmé que « si c'était le cas, elle serait tombée au-dessus de zones non peuplées ».
Une relance spatiale britannique difficile
Le lancement de lundi devait permettre à l'industrie spatiale britannique de passer un nouveau cap. « Start Me Up » devait démarrer – voire « allumer », le nom étant un clin d'œil à la chanson des Rolling Stones qu'on peut traduire par « allume-moi » – la coopération entre l'Agence spatiale britannique (UK Space Agency, UKSA), la Royal Air Force, Virgin Britannique et le Conseil de Cornouailles.
C'est-à-dire, passer la première marche de lancements de satellites depuis le sol britannique et ainsi permettre à son industrie aérospatiale de rebondir après le Brexit et la remise en cause de sa participation aux projets européens. Le Royaume-Uni avait annoncé sa volonté d'ouvrir deux autres bases spatiale, l'une dans le nord de l'Écosse, à Sutherland et dans l'archipel des îles Shetland.
Vu les multiples communications avant le lancement outre-Manche, cette nouvelle mission de Virgin Orbit (société anglaise) devait servir de porte-étendard pour la conquête spatiale britannique. LauncherOne n’en est pas à son coup d’essai, la fusée a déjà transporté avec succès des charges utiles au cours de quatre missions depuis janvier 2021. La nouveauté était l’utilisation d’un aéroport anglais pour le décollage de « Cosmic Girl », de quoi jouer sur la corde sensible de la souveraineté.
Le ministre britannique de la Recherche et des sciences, George Freeman, a tweeté sa déception cette nuit, citant la fameuse phrase de John Fitzgerald Kennedy « Nous faisons ces choses non pas parce qu'elles sont faciles, mais parce qu'elles sont difficiles ».
Reste, de toute façon, que Virgin Orbit est, comme elle le décrit elle-même, « spécialisée pour les petits satellites commerciaux et gouvernementaux ». En effet, LauncherOne a une capacité de 500 kg [PDF] pour l'envoi en orbite terrestre basse de satellites et de 300 kg en orbite héliosynchrone, sachant que la fusée italienne Vega-C est capable, par exemple, de lancer à ces orbites respectivement jusqu'à 3,3 et 2,3 tonnes. Rappelons que ce lanceur européen a aussi été victime d’un échec récemment.
Virgin Orbit rate son premier lancement de satellites depuis le Royaume-Uni
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Une relance spatiale britannique difficile
Commentaires (7)
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Abonnez-vousLe 10/01/2023 à 14h06
Niveau écologie, c’est mieux une fusée réutilisable ou cette solution?
Le 10/01/2023 à 15h09
Je me pose la question aussi, je n’ai pas vu grand chose d’intéressant sur le net.
Il semblerait que ce soit un peu mieux, mais que ça ne change pas grand chose.
De ce que j’ai compris :
les +
les -
Wikipedia
Le 10/01/2023 à 15h19
Je suis sur que si les poissons pouvaient parler ils auraient fait une manif de désertion des côtes Angleterriennes, sans soumettre d’autorisation préliminaire a la préfecture de police.
Le 10/01/2023 à 19h44
Le 10/01/2023 à 15h32
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise solution.
Moi, si je devais résumer tout cela aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des besoins nécessaires afin d’avoir une technologie efficace.
Quand à la pollution,
on verra cela plus-tard,
quand il sera trop tard.
OK j’ai craqué je sort !
Le 10/01/2023 à 14h51
L’avion est récupérable, les tonnes de CO2 qu’il balance dans l’air, moins.
Le moteur de la fusée n’est pas à hydrogène, à ma connaissance.
Quant à la fusée, il ne me semble pas non plus qu’elle soit un modèle récupérable, on en aurait entendu parler.
On pourrait dire que le motto de Branson est plus de “démocratiser” l’espace que de le rendre plus écolo.
Je pense d’ailleurs que l’écologie est loin d’être le premier souci de nos amis gouvernants britanniques, qui cherchent tous les moyens, n’importe quels moyens, pour éviter de passer pour des nases maintenant qu’ils ont repris le contrôle de leur pays.
Toute l’opération ressemble à s’y méprendre à un gros coup de com’ qui n’a pas bien fonctionné.
Après, niveau départ “depuis le sol britannique” avec la fusée qui se détache de l’avion une fois presque au dessus des côtes irlandaises, faut avoir une conception “élargie” de la Grande Bretagne.
Ou alors, si je pars dans l’espace à chaque fois que je prends l’avion, y’a plus rien de nouveau sous le soleil.
Le 11/01/2023 à 09h21
Plusieurs réponses à vos questions dispos ici
Le projet ressemble beaucoup au “vieux projet” US Pegasus