Numérique soutenable : les terminaux pourvoyeurs de GES, les datacenters toujours plus nombreux
Comme des champignons
Dans le long rapport de l’Arcep sur le numérique soutenable, il n’y a pas que les box, répéteurs et décodeurs TV. Le régulateur des télécoms fait aussi le point sur l’empreinte environnementale des opérateurs de centres de données, des fabricants de téléphones mobiles, de téléviseurs, d’écrans, de tablettes et d’ordinateurs portables.
Le 28 mars à 17h02
7 min
Hardware
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Sans surprise, beaucoup de GES chez les fabricants de terminaux
Pour passer sous le radar, il faut réaliser, en France, un chiffre d’affaires annuel inférieur à 10 millions d’euros hors taxes. Pour l’ensemble des acteurs étudiés, la production de gaz à effet de serre s’est élevée à 1 063 000 tonnes équivalent CO₂ en 2022, soit une baisse de 5,4 % par rapport à 2021. Plus de la moitié – 585 000 tonnes – a été générée par les fabricants de terminaux.
Qu’il s’agisse d’opérateurs de centres de données, d’opérateurs télécoms ou de fabricants de terminaux, la part d’émissions directes est minoritaire. Elles ne représentent plus que 271 000 tonnes sur l’ensemble. La majorité provient des émissions indirectes, dont de la consommation électrique.
Téléphones mobiles : un marché mature
Les ventes de smartphones ont reculé de 4,7 % en 2022, pour s’établir à 20,6 millions d’unités, après une année 2021 stable. Il s’agit d’une moyenne, car la baisse a été de 3,7 % dans le grand public et de 7,9 % dans les entreprises.
C’est le signe d’un marché mature, quand le renouvellement devient moins important. Et pour cause, puisque les évolutions annuelles des modèles phares n’apportent plus que des améliorations de l’existant. Les écrans pliables relanceront peut-être un engouement, mais ils sont réservés au haut de gamme et donc chers. Ils sont présents déjà depuis des années, sans pour autant chambouler l’équilibre en place.
Sur les 20,6 millions d’unités vendues en 2022, 37 % l’ont été par les opérateurs (7,7 millions). Tout le reste l’a été par d’autres distributeurs. L’Arcep pointe en outre le « mauvais travail » des opérateurs sur les ventes d’appareils reconditionnés. Elles ne représentent ainsi que 4 % de leurs ventes, là où elles grimpent à 25 % chez les autres distributeurs. L’Autorité pointe un problème d’offre. Le volume de téléphones reconditionnés vendus continue cependant à augmenter.
Toujours sur l’ensemble, on note une nouvelle baisse des mobiles subventionnés, dont le volume s’établit à 4,8 millions d’unités, soit - 5,8 % par rapport à 2021. Le subventionnement reste cependant majoritaire dans les achats pour 58 % du grand public (- 3 points en un an) et même 76 % des entreprises (+ 1 point). Il représente également 60 % des achats de téléphones reconditionnés (- 1 point). L’Arcep met d’autant plus en avant ce recul qu’il s’est fait en parallèle d’une généralisation de la 5G et d’une clientèle toujours plus nombreuse.
L’Arcep souligne également une baisse généralisée des équipements électroniques neufs mis sur le marché en 2022 : téléviseurs, écrans d’ordinateurs, ordinateurs portables, tablettes et téléphones mobiles. L’Autorité rappelle que cette baisse est en partie conjoncturelle, après l’envolée de 2020 et 2021 pendant la crise sanitaire. Elle note aussi la forte inflation, qui n’a pu que ralentir les ventes.
Dans tous les cas, cette chute entraine un allongement de la durée d’utilisation des appareils et donc une baisse de l’impact environnemental, même si l’Arcep précise ne pas avoir d’indicateurs fiables sur la durée d’utilisation. C’est pourtant un point important. Pour rappel, la fabrication d’un équipement (tous les types confondus), représente 78 % de l’ensemble de son empreinte carbone, contre 21 % pour la phase d’utilisation. Plus on utilise longtemps un smartphone par exemple, plus son empreinte est lissée.
Un point ressort nettement toutefois : plus la taille d’écran est importante, plus l’impact est élevé, tous produits confondus. La consommation et le cout environnemental qu’ils entrainent contrebalancent les bénéfices des ventes en baisse.
Centres de données : tout augmente
Si les ventes de terminaux en tous genres a baissé en 2022, ce n’est pas le cas de la consommation des centres de données. En un an, tous les indicateurs ont augmenté :+ 15 % de consommation électrique (2,1 TWh),+ 20 % de volume d’eau prélevée (482 000 m³) et + 14 % d’émissions de gaz à effet de serre (95 000 tonnes équivalent CO₂).
Une très grande partie (80 %) de ces hausses est imputable aux seuls datacenters mis en service en 2021 et 2022. En plus de l’augmentation du nombre proprement dit, l’Arcep souligne que les températures de 2022 ont très bien pu entrainer une hausse de la consommation, par la nécessité de refroidir les équipements par des techniques plus gourmandes en énergie.
Ce qui nous entraine tout naturellement sur l’efficacité énergétique des centres de données. Sans aucune surprise, « plus un centre de données est récent et possède de capacité informatique, plus il est efficace ».
PUE en fonction de l’âge et de la puissance maximal du datacenter
L’indicateur PUE (Power Usage Effectiveness) est ainsi plus faible sur les dernières générations de datacenters. Il est établi par le rapport entre la consommation électrique totale d’un centre de données et la consommation de ses équipements informatiques. Sur un score de 1,35 par exemple, cela signifie que 1 kWh sert à sa fonction principale, le reste étant consommé par les autres postes. Plus le score est proche de 1, meilleure est jugée l’efficacité. Cela ne préjuge en rien de l’efficacité des équipements informatiques eux-mêmes. Le PUE est en tout cas plus faible sur les centres de données mis en service ces dix dernières années que ceux plus anciens.
On peut remarquer sur le graphique que les derniers centres affichent un PUE légèrement important. L’Arcep explique ce décalage contre-intuitif par un taux d’occupation moindre.
L’autorité souligne également une efficacité plus élevée dans les centres disposant d’une puissance maximale admissible plus importante pour leurs équipements informatiques. Elle note ainsi un PUE de 1,34 en moyenne pour les centres disposant de 5 000 kW, contre 1,55 pour ceux entre 2 500 et 5 000 kW et 1,68 entre 500 et 2 500 kW. Il s’agit d’une moyenne, certains sont capables d’aller bien plus bas, et d’autres bien plus haut.
20 nouveaux datacenters en 2021
Le nombre de centres de données mis en service augmente également à nouveau depuis deux ans. En 2000 et 2001, on comptait en moyenne 12 ouvertures par an. Entre 2002 et 2020, c’est assez calme : 3 ouvertures par an en moyenne. Depuis 2021, c’est de nouveau une flambée, avec 20 centres ouverts cette seule année. Aujourd’hui, la France compte une centaine de centres, dont 58 % se trouve en Ile-de-France et représentent 70 % de la consommation.
Enfin, l’Arcep reste pour l’instant sur une part de 10 % pour le numérique dans la consommation énergétique générale de la France. Le chiffre date de 2020 et n’a pas encore été mis à jour. Sur cette part, un quart provient des centres de données.
L’Autorité cite toutefois le rapport prévisionnel 2023 de RTE (le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France), selon lequel la consommation du pays pourrait doubler en 2030 et être multipliée par 2,8 en 2035. Dans ce scénario, les centres de données auraient un impact non négligeable.
Numérique soutenable : les terminaux pourvoyeurs de GES, les datacenters toujours plus nombreux
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Sans surprise, beaucoup de GES chez les fabricants de terminaux
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Téléphones mobiles : un marché mature
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Centres de données : tout augmente
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20 nouveaux datacenters en 2021
Commentaires (4)
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Abonnez-vousLe 28/03/2024 à 17h57
Au-delà de toute idéologie (on parle ici de centraliser tout), un modèle basé sur des terminaux léger et des gros datacenter/centre de calculs mutualisé, ne serait-il pas plus écologique ?
En effet, les terminaux légers n'ont pas besoin d'évoluer en termes de matériel, ils n'ont besoin que de se connecter au réseau et d'afficher un flux vidéo. Ils sont donc potentiellement très économiques en ressources, peuvent être utilisé surement sur une plus longue période... Or, le numérique, l'empreinte écologique est avant tout matérielle.
De l'autre côté, les datacenter permettent de mutualiser le matériel et puissance nécessaire (nos appareils sont éteints la majorité du temps, et même lorsqu'ils sont allumés, ils sont utilisés généralement bien en dessous de leur capacité maximale). De plus, à une telle échelle, ils peuvent mettre en place des systèmes plus écologique/économique (par exemple, Monsieur Bidouille est allé voir un datacenter qui se branche sur le réseau d'eau chaude de la ville.)
Il a y seulement le surcoût au niveau de l'infrastructure réseau qui est négatif d'un point de vue écologique.
Peut-être que finalement il ne faudrait pas forcément blâmer les datacenter.
Le 28/03/2024 à 18h21
Déjà, dans le contexte d'un téléphone, ce n'est pas très réaliste, il faudrait que le réseau soit toujours parfaitement opérationnel pour pouvoir utiliser l'interface du téléphone sans artefacts ni lenteurs.
Ensuite, il y a pas mal de perfectionnements qui ne reposent pas sur l'interface de l'OS, mais sur les capteurs (optiques, santé, réseau...) et qui eux progressent constamment aussi, ainsi que la qualité des écrans.
Enfin, la virtualisation vidéo est très complexe à scaler, ça fonctionne bien sur des stations de travail avec des usages qui justifient le surcoût important, mais faire du massif et low cost c'est beaucoup plus difficile (voire impossible aujourd'hui). cf. Shadow, qui n'arrive vraiment pas à tenir dans l'enveloppe de 30 balles par mois sur du matos d'il y a 5 ans.
Si c'était 10 fois moins puissant, ça ne serait pas nécessairement 10 fois moins cher au demeurant, et même à 3 euros par mois, il faut convaincre les gens de passer à l'abonnement sur un usage local.
Par contre, le surcoût au niveau du réseau serait probablement marginal.
Le 29/03/2024 à 09h27
Mais quel gâchis de ressources pour quelque chose qui va servir, quelques minutes, une heure dans la journée ?
Le 28/03/2024 à 18h40