Inde : le fondateur de la fintech PayTM récupère des parts du chinois Ant
Une cession géopolitique
Le 07 août 2023 à 11h38
3 min
Économie
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Le directeur général de la fintech PayTM récupère l’équivalent de 628 millions de dollars de parts de son entreprise auprès du chinois Ant Financial sans débourser un centime, réduisant du même coup l’emprise du géant chinois sur la pépite indienne.
Fondateur et directeur général du géant indien du paiement PayTM, Vijay Shekhar Sharma récupère le contrôle de 10,3 % des parts de la société chinoise Ant Group. Inhabituelle, l’opération lui permet de devenir le plus gros actionnaire individuel de la fintech sans céder un centime : à la place, une entité appartenant à Sharma fournira à Ant Group des obligations convertibles.
Selon les documents financiers consultés par Bloomberg, l’entrepreneur possèdera alors 19,42 % des parts de One97 Communications Ltd, la maison mère de PayTM. Les parts d’Ant, la fintech fondée par le milliardaire chinois Jack Ma, seront réduites à 13,5 %. L’opération fait suite à la vente de la totalité des parts d’Alibaba, dont Ant Group a d’abord été une filiale, en février dernier.
L’opération ne donnera lieu à aucune évolution à la direction de l’entreprise indienne.
PayTM, une entreprise stratégique
Avec un nom construit sur la phrase « Pay through mobile » (payez via mobile), PayTM a été fondée en 2010 à Noida, près de New Delhi, au nord de l’Inde. S’inspirant clairement des super-applications d’Ant Group (Alipay) et de Tencent (WeChat), elle œuvre depuis plusieurs années à devenir un incontournable de la vie numérique sur le sous-continent.
Parmi ses fonctionnalités : le paiement classique, le transfert d’argent, la possibilité de régler ses factures et son abonnement mobile, la gestion des finances personnelles, le jeu vidéo, ainsi que des services de vente de billets ou de grande distribution, via son PayTM Mall.
Rassurer l’état indien
La cession des parts d’Ant Group est une manière de simplifier la structure actionnariale de l’entreprise, qui avait subi une entrée en bourse décevante en 2021. Il s’agit aussi de rassurer les observateurs sur les possibilités d’influence de la Chine sur une entreprise aussi stratégique pour l’Inde, expliquent des analystes à Reuters.
La géopolitique a un réel effet sur l'industrie numérique indienne : depuis l’aggravation de tensions frontalières en 2020, le gouvernement bloque régulièrement des applications et des sites chinois, parmi lesquelles le réseau social TikTok. En février, 232 nouvelles cibles ont ainsi été interdites d’exercer en Inde, avec, dans le lot, quelques concurrents directs de PayTM.
En novembre 2022, la Banque centrale du pays (la RBI, Reserve Bank of India) avait par ailleurs refusé d’octroyer à PayTM une licence d’agrégateur de paiement. En mars, en revanche, elle lui a fourni une extension qui permettra à la fintech de candidater à nouveau. Ce 7 août, l’annonce de la cession des parts d’Ant Group a fait grimper le cours de bourse de PayTM de plus 11 %.
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