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Au-delà de l’aspect financier, comment HPE pousse la réutilisation et le « everything as a service »

Du vert pour attirer les jeunes

Au-delà de l’aspect financier, comment HPE pousse la réutilisation et le « everything as a service »

Notre dossier sur la réutilisation et le recyclage des produits informatique :

Le 26 février 2020 à 07h00

Réutiliser et recycler n’a pas que des avantages financiers, afficher des ambitions écologiques est aussi « un argument permettant de retenir certains talents ». Pour « simplifier la vie » de leurs clients, les principaux fabricants de matériels pour entreprises (Dell, HPE, Lenovo…) proposent désormais des solutions de type « everything as a service ».

Dans les deux premiers volets de notre dossier, nous nous sommes penchés sur l'importance de la gestion des données présentes sur les périphériques de stockage (et surtout leur effacement) lorsqu'il s'agit de réinjecter dans le circuit commercial des millions de machines d’occasion, et la manière de le faire.

La boucle pourrait presque être bouclée, mais il reste un point important à aborder : pour que cette économie circulaire fonctionne correctement, il faut que les sociétés jouent le jeu et retournent les ordinateurs, serveurs – et notamment les disques durs/SSD – et autres produits dont elles n’ont plus besoin plutôt que de les détruire.

Sinon, comment les remettre en état ou les recycler ? Lors de notre visite du centre de « renouvellement technologique » de HPE à Erskine, nous avons évoqué cette problématique avec la société qui nous explique comment elle pousse ses clients à miser au maximum sur la réutilisation, l’aspect économique n’étant pas le seul atout mis en avant.

Réutiliser plutôt que détruire

Lors des discussions avec ses responsables, HPE affichait sa volonté d’être un « ambassadeur » de l’économie circulaire auprès de ses partenaires et concurrents, notamment dans le domaine de la réutilisation des disques durs.

Malgré les précautions prises pour effacer les périphériques de stockage, les confier à une société tierce est inenvisageable pour certaines entreprises qui préfèrent tout détruire pour s’assurer que leurs données ne tomberont pas entre de mauvaises mains. Une politique extrême, à la manière de la terre brûlée, qui n’est pas toujours nécessaire.

Mateo Dugand, responsable développement durable EMEA chez HPE, nous explique que les mentalités évoluent : « à cause du peu d’éducation environnementale et du fait que les coûts et revenus n’étaient forcément pas les mêmes, c’était la facilité de dire : "détruisez tout". Maintenant, vu qu’il y a une création de revenus et une éducation environnementale, qui explique que la réutilisation serait beaucoup plus attractive, on commence à avoir des conversions beaucoup plus intéressantes ».

Il nous cite le cas d’un de ses partenaires (un fonds d’investissement) qui détruisait systématiquement ses disques durs lors d’un renouvellement de ses machines, alors que finalement seule une partie d’entre eux contenait des données avec un haut niveau de sensibilité. HPE a ainsi travaillé à ce qu’il ne détruise plus que cette petite partie, les autres disques durs/SSD étant désormais effacés par ses services et remis en circulation.

Une victoire environnementale (moins de destruction) et financière pour HPE qui touche une commission à la revente.

Un atout pour garder certains employés

Mateo Dugand nous affirme que la question environnementale va bien plus loin dans certaines entreprises et serait même un « enjeu stratégique » quand la moyenne d’âge est faible, les jeunes seraient plus sensibles à cette problématique.

Il reprend l’exemple du fonds d’investissement précédemment évoqué, où les salariés ont majoritairement moins de 30 ans : « recycler plutôt que jeter est un argument permettant de retenir certains talents ». Mais cela permet aussi d’en attirer de nouveaux pour qui la question écologique et les actions menées par une entreprise sont importantes.

À défaut d’une réelle prise de conscience sur l’écologie et l’intérêt environnemental de réutiliser du matériel en état de marche plutôt que de le détruire, cette approche permet au moins de faire passer le message. Avec cet important partenaire, HPE va même plus loin en mettant en place un « programme personnalisé » permettant de récupérer des ordinateurs et produits électroniques des employés.

S'il n’est pas question de proposer ce genre de service à des particuliers ou des petites structures pour le moment, c'est une opération intéressante, qui a débuté mi-janvier dans les locaux du fonds d’investissement. 

L'intérêt d'un rapport certifié pour les clients (et HPE)

Autre avantage : HPE remet à ses clients un rapport complet – plusieurs dizaines de pages et des milliers de lignes – sur les suites données au matériel confié au centre de « renouvellement technologique ».

« Non seulement le client va avoir la valeur, mais on lui donne aussi un rapport d’audit à la fin. On lui dit : sur ton matériel, tu as x % qui a été remis sur le marché et y % qui a été recyclé. Ces rapports sont extrêmement précis au niveau du part number/SKU de chaque produit ». Un exemple est disponible par ici.

  • HPE rapport recyclage
  • HPE rapport recyclage
  • HPE rapport recyclage

« On a des chiffres sur chaque composante, qui peuvent vraiment dire quel est l’impact environnemental à partir du moment où on extrait le matériel, jusqu’au moment où "il meurt" […] Ça permet d’avoir un KPI [indicateur clé de performance, ndlr] environnemental » nous précise Guy Collet.

Cette traçabilité, notre interlocuteur la compare à celle que l’on retrouve sur le marché alimentaire suite à la maladie de la vache folle : « On est exactement dans le même processus de traçabilité parfaite », bien que les enjeux soient tout de même assez différents. Car pour le client, l'intérêt est ensuite de se servir des rapports détaillés remis par HPE comme « faire-valoir » lui permettant de mettre en avant son action en faveur de l’écologie et de l’économie circulaire.

D'où la nécessité de fiabilité et de précision de ces derniers, pour éviter toute dérive. Il est ainsi possible de prouver qu’une entreprise réalise bien certains objectifs environnementaux. HPE engageant sa responsabilité sur les rapports qu’il remet à ses clients. Ils doivent également permettre aux fabricants de corriger (s’ils le souhaitent) certains points afin d’améliorer leur pourcentage de produits réutilisables. Ce qui est dans l'intérêt d'HPE.

Dans le cas de la conception de ses propres serveurs, la société nous affirme avoir un dialogue entre les deux bouts de la chaîne : les employés d’Erskine en charge de démonter et vérifier les machines d’un côté, les ingénieurs qui développent les nouvelles gammes de produits de l’autre. But de l’opération, corriger dans la mesure du possible certains éléments du design ou de la conception qui pourraient limiter ou ralentir la réutilisation des machines.

HPE présente ainsi ses produits comme étant conçus « pour le réemploi ». Elle s’intéresse aussi aux innovations relatives aux matériaux afin d’utiliser, dans la mesure du possible, ceux permettant une meilleure réutilisation ou un recyclage en fin de vie, toujours dans l’idée de faire tendre vers 0 les 0,4 % du matériel à mettre au rebut.

D’autres constructeurs travaillent également sur ce sujet, notamment Dell qui vise un objectif « zéro déchet », sans donner de calendrier pour y arriver pour le moment. Ses engagements sont les suivants :

« Notre approche de conception circulaire vise à faire disparaître le concept de mise au rebut, afin que les ressources circulent en continu au sein de l’économie. Pour y parvenir, nous optimisons les capacités de réparation, de réusinage ou de recyclage des matériaux.

Les matériaux provenant de produits en fin de vie sont réinvestis dans les premières phases de nos processus de production. Nous léguons également des matériaux récupérés à d’autres entreprises afin qu’elles puissent les intégrer à leurs produits. »

« Everything as a service »

Lors de sa présentation, HPE expliquait que les éliminations des déchets informatiques et du gaspillage énergétique étaient parmi ses priorités, mais l'entreprise nous dévoilait également la suite de ses projets : récupérer les serveurs des sociétés, les recycler et proposer des services dans le cloud à la place.

Elle estime qu’il y a dans le monde 30 % de serveurs inactifs ou dont les capacités de calculs ne sont pas utilisées. De plus, seuls 48 % de l’espace de stockage disponible dans les datacenters serait utilisé (il faut de toute façon toujours garder une marge d’évolution et/ou de sécurité en cas de pannes en cascades).

Une aberration écologique et économique pour HPE, qui a en tête une alternative pour ses produits et son usine. 

Visite usine renouvellement technologique Erskine  Visite usine renouvellement technologique Erskine
Crédits : Sébastien Gavois (licence: CC by SA 4.0)

L’idée est de « récupérer » le matériel des sociétés, le traiter dans son usine de Erskine, puis le revendre. Avec l’argent récupéré, la société dépourvue de serveurs passe ensuite sur une plateforme de type « edge-to-cloud dans un modèle as a service ». HPE met en avant un argument pour tenter de les convaincre : sur 2018 et 2019, son centre de revalorisation aurait permis de « réinjecter 631 millions de dollars dans les budgets de ses clients ».

Pour faire simple, le client n’est plus propriétaire de sa partie matérielle, il la loue à HPE. Pour ce dernier, cela n’aurait que des avantages : plus grande flexibilité pour les évolutions futures, meilleure gestion des ressources, etc. Surtout, cela le place au centre des besoins de ses clients avec des revenus réguliers grâce au passage à un modèle de location.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si HPE proposera l’ensemble de son portfolio en « as a service » dès 2022, avec plusieurs promesses : reprise et réutilisation des machines à la fin de d’utilisation, des informations sur l’utilisation CPU et stockage, l’accès aux dernières générations de produits pour une meilleure efficacité énergétique et la possibilité de faire évoluer les capacités en fonction des besoins

D’autres sociétés misent sur ce concept, notamment Lenovo avec son « Device as a Service » (DaaS). Le fabricant s’occupe alors de « l’intégralité du cycle de vie de vos appareils ». Dell y va aussi de son offre PC as a Service (PCaaS) qui « intègre le matériel, les logiciels, les services pour le cycle de vie et le financement dans une solution complète, et ce, à un prix unique et prévisible par mois et siège ». Avec une facilité de passer d'une plateforme à une autre ? On l'espère !


À noter :

Dans le cadre de la réalisation de cet article, nous sommes allés dans l’usine d’Erskine. HPE a pris en charge une partie de notre transport, hébergement et restauration sur place. Conformément à nos engagements déontologiques, cela s'est fait sans aucune obligation éditoriale de notre part, sans ingérence de la part de HPE.

Commentaires (11)

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On parle des SaaS là, pas juste de l’hébergement cloud, mais je peux quand même répondre sur les deux points :

Pour le Saas, ça prend environ 5 minutes de créer un compte slack, Trello, jira, et tous ces outils qui permettent de s’organiser rapidement sans trop de prise de tête. Quand tu démarres ta boîte ou que tu veux te mettre à ces outils sans te payer des heures de formation, c’est quand même pratique et rapide. Il n’existe aujourd’hui pas beaucoup d’outils aussi complets et interconnectés qui s’hébergent chez soi, et même si tu le fais tu dois payer les serveurs, de la maintenance, ou bien un presta comme toi. C’est forcément plus cher pour une petite équipe, rien que le temps d’identifier le presta, de le contacter, de la demande de devis, etc, c’est du temps perdu que tu ne passes pas à développer ta boîte.

Concernant l’hébergement dans le cloud, aujourd’hui concrètement ça revient à avoir un presta, c’est juste que ce presta mutualise son expertise pour des milliers de clients là ou les petites boîtes mutualisent pour des dizaines de clients.

Si tout le monde est chez Amazon aujourd’hui c’est bien que leurs outils sont complets, fiables, interconnectés, et fonctionnent tous sur la même logique. Ce n’est pas la solution à 100% des problèmes mais là encore c’est une bonne base de départ.

Effectivement si tu veux garder le contrôle absolu des données tu héberges chez toi, mais quand tu commences un business, la clé c’est d’aller vite, et mettre en place toute l’infra à la maison, ça prend un temps fou…

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Je comprends ton premier point de vue ( le 2eme aussi mais flemme de répondre ) , forcément pour ce type d’outils tu utilises ce qu’il y a d’offert , mais à voir “utilité/sécurité/données”

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À quand une blockchain pour tracer tout ça … et perdre le bénéfice écologique du recyclage <img data-src=" />

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Quelques fautes…. “Nous seulement le client va avoir la valeur”… “On a des chiffres dernières chaque composante”

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le “tout dans le cloud” n’a pas que des avantages. ne plus être propriétaire de son matériel déclenche des SLA et une non maîtrise des temps/coûts en cas de panne. Les opérations de sauvegardes peuvent être à la charge du presta et ça peut parfois se passer difficilement (voir la panne de Gandi, dernièrement)



et on est du coup extrêmement dépendant de sa ligne Internet, et du coup de son FAI, pour absolument tout le fonctionnement de la société.



On perd aussi la maîtrise technique, et on est dépendant des choix techniques du presta.

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y’a un formulaire pour ça plutôt que les coms.

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Elle estime qu’il y a dans le monde 30 % de serveurs inactifs ou dont les capacités de calculs ne sont pas utilisées. De plus, seuls 48 % de l’espace de stockage disponible dans les datacenters serait utilisé (il faut de toute façon toujours garder une marge d’évolution et/ou de sécurité en cas de pannes en cascades).





Un peu hors sujet mais je me pose la question de l’impact écologique des applications en Java qui consomment une quantité phénoménale de RAM et demandent de gros serveurs alors que dans un autre langage ce ne serait pas nécessaire. HPE est un grand spécialiste des bloatwares en Java.



Peut-être qu’un jour on notera de A à F les langages en fonction de leur impact économique.

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C’est vrai pour les grosses boîtes, mais pour les petites, c’est la solution la plus simple. Garder chez soi c’est avoir la maîtrise mais c’est aussi avoir une équipe complète d’admin sys qui oeuvre tous les jours, c’est du matériel en plus à acheter et renouveler, et finalement ça n’enlève pas forcément la dépendance à la connexion internet pour les entreprises qui bossent à distance.

Bref, c’est beaucoup d’inconvénients et il faut une sacrément grosse structure pour que ça vaille le coup (et le coût).

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les besoins sont en général moins grands sur un petite structure mais je suis d’accord sur le principe.

et mon message ne présume en rien des avantages du cloud, dont ceux cités dans l’article.

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petites quelle taille ? je fais que des serveurs locaux pour des PME / TPE ; je suis pas derrière h24 chaque serveur .



plus que le prix ( bien que difficile pour certains ) , j’ai surtout

&nbsp;1 : prestas logiciels que local certains se mettent au cloud mais c’catastrophique

mais

&nbsp; 2:&nbsp; surtout l’envie / désir d’avoir tout chez eux , ils savent où sont les données

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Le java n’est pas si mauvais que celà, c’est devenu un langage rapide et optimisé depuis le temps. Et&nbsp; je ne vois pas quel autre langage pourra le remplacer à moyen terme.



https://jaxenter.com/energy-efficient-programming-languages-137264.html



Sinon, le Rust pourrait devenir une très bonne alternative dans beaucoup d’usage, advienne que pourra.



&nbsp;

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  • Réutiliser plutôt que détruire

  • Un atout pour garder certains employés

  • L'intérêt d'un rapport certifié pour les clients (et HPE)

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