Ancien directeur de l’aménagement du territoire chez Orange, Paul Le Dantec est désormais directeur général de Kosc. Nous avons pu échanger avec lui à cette occasion. Il nous dit vouloir agir dans la continuité, revient sur les relations avec SFR et le déploiement du FTTO.

Kosc est une société proposant « aux opérateurs d’entreprise de la connectivité fibre et DSL à la demande » et donc des offres « wholesale only ». Son but était pour rappel de mettre de la concurrence dans le duopole formé par Orange et SFR sur le marché professionnel. Nous lui avions déjà consacré un article complet.

• Le long chemin de Kosc pour concurrencer Orange et SFR sur la fibre professionnelle

Du redressement judiciaire à Altitude Infra

Fin 2019, la société était en grande difficulté financière et attisait les convoitises. Début décembre, elle était placée en redressement judiciaire, dans l’attente d’une éventuelle reprise. Son directeur général de l’époque (Antoine Fournier) nous expliquait alors que le principal problème de la société était son importante dette :

« la première moitié [de la dette] est liée à nos retards, la deuxième moitié à nos contentieux avec SFR […] Il faut avoir en tête que SFR a ouvert je ne sais plus combien (3, 4, 5...) de procédures contre nous. On a droit à un traitement de faveur. La première d'entre elles qui était de nous attaquer au tribunal de commerce en décembre 2017 […] Rien qu'encore cet automne [en 2019, ndlr], SFR a ouvert trois nouvelles procédures contre nous. »

Trois nouvelles têtes en quelques semaines

Cet été, Kosc passait officiellement sous le giron d’Altitude Infra, au terme d’une opération à 14 millions d’euros, « une nouvelle extrêmement rassurante » pour la fédération InfraNum. Au dernier décompte, la société revendique « une couverture de plus de 12 millions de lignes fibre professionnelle et de 10 millions de lignes fibre entreprise avec garanties », auxquelles viennent s’ajouter « plus de 3,5 millions de lignes FTTH contractualisés par Altitude Infra ».

De premiers changements dans le comité de direction ont été annoncés mi-octobre avec l’arrivée de Philippe Pautonnier (secrétaire général) et de Xavier Grossetête (directeur commercial). Aujourd’hui, un nouveau directeur général entre en piste pour remplacer Antoine Fournier : Paul Le Dantec.

Il était auparavant chez Orange pendant plus de 20 ans, où il était notamment « directeur aménagement du territoire » depuis 2017. Suite à sa nomination, le nouveau directeur général de Kosc a accepté de répondre à nos questions sur ses ambitions et la vision qu’il souhaite insuffler à l’opérateur.

Les 12 derniers mois ont été plus que chargés pour Kosc : redressement judiciaire en décembre, crise sanitaire et confinement, finalisation de l’offre de reprise cet été, second confinement… Malgré tout, la société a-t-elle pu avancer correctement dans ces projets ?

Les équipes de Kosc ont traversé ces périodes difficiles avec brio, et je leur tire mon chapeau. Il faut dire que l’aventure est particulièrement motivante. Grâce à la reprise de Kosc par Altitude, les problèmes juridiques et financiers sont derrière nous et nous pouvons nous concentrer désormais sur notre cœur de métier.

Pour rappel, les investissements d’Altitude vont largement dépasser les 100 millions d’euros [sur cinq ans, ndlr], ce qui insuffle une puissante et nouvelle dynamique. Pendant cette période, les clients ont continué à nous faire confiance. Pour preuve, notre parc fibre a doublé en un an. Aujourd’hui nous nous approchons des 80 000 sites raccordés, avec des mois records en octobre et novembre. Nous dénombrons 50 clients opérateurs.

Nous sommes clairement dans une dynamique de commandes en accélération depuis cet été, ce qui nous fait dire qu’après une demande due au soutien de la part de nos clients, c’est vraiment l’expression d'un besoin fort qui a repris. Et notre meilleure manière de les remercier est d'assurer une éligibilité totale des réseaux disponibles et une flexibilité pour leur permettre d'offrir à leurs clients les services les plus adaptés.

En peu de temps, une bonne partie de l’équipe de Kosc a été changée, il y a eu l’arrivée de Philippe Pautonnier et Xavier Grossetête, puis la vôtre. La politique de Kosc va-t-elle rester la même ou bien avez-vous l’intention d’insuffler d’importants changements dans les semaines/mois/années à venir ?

Je souhaite incarner un Kosc qui s’inscrit dans la continuité des valeurs d’origine, c’est-à-dire faire bouger les lignes sur le marché de la fibre aux entreprises et développer un vrai modèle complémentaire à celui des grands opérateurs intégrés.

Altitude a repris non seulement les actifs de Kosc, mais aussi ses salariés, avec leur propre culture. Celle-ci va évoluer positivement avec la synergie des deux savoir-faire et l’apport des capacités du Groupe. Le Kosc de demain ne trahira pas les valeurs d’origine tout en profitant d’un nouvel élan.

Qu’en est-il des différentes procédures initiées par SFR contre Kosc ? Sont-elles toujours en cours pour certaines ou la totalité d’entre elles ? Les relations sont-elles toujours aussi « tendues » avec Altice ou bien se sont-elles apaisées depuis le passage chez Altitude Infra ? La nouvelle équipe dirigeante est-elle l’occasion de repartir sur de nouvelles bases ?

Tous les contentieux passés ont été soldés avec le rachat par d’Altitude. Les relations partent sur de nouvelles bases saines et pleines d’espoir.

Sébastien Soriano expliquait récemment au TRIP Avicca qu’il souhaitait que les opérateurs d’infrastructure fassent « la police des bonnes pratiques », avec la capacité par exemple de déréférencer les sous-traitants peu soigneux et récidivistes, êtes-vous d’accord avec cette vision et pensez-vous que cela pourrait « apaiser » le secteur ?

Il est essentiel pour nous et nos clients, de par nos ambitions de qualité de service, que nos raccordements soient effectués dans les règles de l’art.

Nous adhérons donc aux démarches en cours sur l’amélioration de la qualité, et notamment à tout ce qui peut améliorer les échanges entre opérateurs commerciaux et l’opérateur d’infrastructure.

L’Arcep prévoit aussi « d’imposer à tous les opérateurs d’infrastructure de fibre des obligations de qualité de service », avec la mise en place d’indicateurs. Qu’en pensez-vous, et cela permettrait-il à Kosc de marquer sa différence face à ses concurrents ?

Nous allons « sortir notre épingle du jeu » avec un niveau de qualité de service premium. Les indicateurs sont une bonne chose pour inciter l’ensemble des opérateurs d’infrastructure, y compris ceux dits intégrés, à fournir la meilleure qualité à leurs clients.

L'éligibilité étendue, la performance de notre plateforme qui permet non seulement le passage de commandes simple et automatisé mais aussi l’accès à tous les indicateurs de visualisation de la qualité, et la proximité client sont les éléments qui nous différencient.

Le déploiement du réseau FTTO de Kosc a-t-il déjà commencé ? Si oui, quel est l’étendu du réseau, dans le cas contraire quels sont les objectifs ? S’agit-il toujours d’offres wholesale only, ou bien du changement est-il à prévoir ?

Kosc propose exclusivement une offre wholesale only, sur de l'ADSL, du SDSL, FTTH (fiber to the home), FTTE (fiber to the enterprise), FTTO (fiber to the office). Concernant ce dernier, nous avons déjà une offre sur Paris et Lyon, qui est actuellement en pleine structuration et va se développer au-delà.

Dès 2021, nous allons commencer à ouvrir des nouvelles villes, avec des réseaux déployés en propre par Kosc.