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Bilans financiers et déploiements : tout roule pour les opérateurs de télécom

Malgré les sac de nœuds de fibre

Bilans financiers et déploiements : tout roule pour les opérateurs de télécom

Le 31 août 2021 à 07h00

Comme chaque année, l'ensemble des entreprises cotées en bourse a publié des bilans financiers pendant l'été. C'est notamment le cas des opérateurs français, bien que deux d'entre eux se soient retirés du marché, ne se finançant plus que par des fonds privés. L'occasion d'un bilan d'étape.

Les géants français des télécoms se portent très bien dans l’ensemble. 2021 est incontestablement une année de changements. Pour Altice/SFR tout d’abord qui est sorti de la bourse, et pour Free qui prend le même chemin

Recrutements, retraits de bourse et fibre chez les FAI

Une manière de gagner en agilité, d'éviter de « subir » les humeurs du marché, mais aussi certaines obligations légales liées à la publication des bilans financiers. Des chiffres pourtant précieux pour nos analyses, qui seront sans doute sauvées par les publications régulières du régulateur des télécoms : l'Arcep.

En 2021, et malgré la préservation des quatre grands acteurs, la consolidation a continué avec le rachat d’Afone par SFR suivant celle d'Euro Information Telecom par Bouygues Telecom. De son côté, Iliad avance ses pions en Europe et intègre désormais l’opérateur polonais Play. Il s'était auparavant implanté en Italie.

Dans tous les cas, le train de la fibre avance encore à vive allure ces derniers mois, que ce soit au niveau des abonnements ou des déploiements avec un chiffre global entre 20 et 26 millions de prises raccordables. Sur le mobile, il est souvent plus compliqué de comparer les chiffres, car le périmètre n’est pas toujours le même.

L’Espagne fait passer Orange dans le rouge, le FFTH en pleine forme

On commence avec Orange, qui annonce un chiffre d’affaires de 10,551 milliards d’euros au second trimestre, en hausse de 2,6 % sur un an à base comparable. Mais attention, suivant les pays, la situation est très différente : « Europe hors Espagne + 6,1 %, recul de l'Espagne limité à- 2,7 % contre - 7,4 % au 1er trimestre ».

En France, Orange affiche un « léger recul à- 0,7 % » pour atteindre 4,546 milliards d’euros. Le fournisseur d‘accès ajoute que, « hors effet de base des cofinancements reçus [qui sont en baisse, ndlr], le chiffre d'affaires serait en augmentation ». Comme le rappelle le proverbe, « avec des si, on mettrait Paris en bouteille ».

L’opérateur ne donne pas son résultat net trimestriel, mais il est dans le négatif à- 2,605 milliards sur le premier semestre 2020 (sur six mois donc). Il est « fortement impacté par la comptabilisation d'une dépréciation d'actifs en Espagne » de 3,7 milliards d’euros (tout de même), explique-t-il. 

Orange explique que son endettement s’élève à 25,3 milliards d’euros, en augmentation de 1,855 milliard d’euros par rapport au 31 décembre. Cette évolution « s’explique notamment par la saisonnalité de l’activité, le paiement du solde du dividende 2020 et l’augmentation de la participation du Groupe dans le capital d’Orange Belgium ».

L’opérateur ajoute que son « ratio "endettement financier net sur EBITDAaL des activités télécoms" s’établit à 1,99x au 30 juin 2021 », en ligne avec son objectif d’atteindre un niveau autour de 2x à moyen terme.

Du côté des clients, Orange revendique 11,2 millions d’abonnés convergents (fixe et mobile) « sur l'ensemble du Groupe au 30 juin 2021, en hausse de 3,4 % sur un an ». Sur le mobile seulement, ils sont 218,4 millions, dont 78,8 millions de forfaits. 44,8 millions de clients profitent du fixe, dont 10,8 millions d’accès très haut débit.

26,1 millions de foyers sont raccordables au FTTH, avec 353 000 nouveaux abonnés à la fibre sur le second trimestre (5,287 millions) tandis que l’ADSL s’est délesté de 285 000 abonnés (6,996 millions). 520 villes sont désormais couvertes en 5G, majoritairement sur les 3,5 GHz comme en attestent les observatoires de l’Arcep. Sur le mobile, 142 000 ventes nettes ont été enregistrées en trois mois, « une excellente performance » affirme le groupe.

Enfin, les services financiers comptent près de 1,6 million de clients en Europe et 0,6 million en Afrique. Le détail n'est ainsi pas donné pour Orange Bank en France, un service en perte, qui peine à se démarquer et à montrer son intérêt quatre ans après sa mise sur le marché. Mais qui continue d'avancer.

Iliad : intégration de Play, baisse sur le mobile, hausse sur le fixe

Iliad (Free) est toujours coté, mais Xavier Niel a déjà lancé une offre publique d’achat simplifié dans le but de sortir la société de bourse pour mettre en place des « transformations rapides et des investissements significatifs ».

L’opérateur reste donc soumis à des obligations de publication de ses comptes. Son chiffre d’affaires est de 1,875 milliard d’euros, en hausse de 33,7 % sur un an, dont 1,280 milliard pour la France (+ 3,1 %). Ce trimestre, l’opérateur polonais Play est ajouté, avec ses 404 millions de chiffre d’affaires, ce qui explique la forte progression des revenus. 

Après une période de vache maigre en 2020 en raison du premier confinement, les revenus des équipements repartent à la hausse à 122 millions d’euros (+ 109,2 %). Le résultat net du premier semestre (janvier à juin) est de 239 millions d’euros, en hausse de 14,6 % sur un an.

L’endettement du groupe explose cependant pour atteindre 7,380 milliards d’euros (+ 97,7 %), entrainant dans son sillage le ratio d’endettement à 2,75x (2,16x il y a un an). Iliad se veut rassurante en affirmant disposer d’une « liquidité adéquate pour financer ses activités », notamment grâce à 1,6 milliard d’euros de trésorerie et 2,1 milliards de crédit révolving non tirés.

La société revendique 13,345 millions d’abonnés sur le mobile, soit une perte de 36 000 en trois mois. 8,754 millions (+ 97 000) disposent d’un forfait Free (19,99 euros hors promotion), restent donc 4,592 millions sur le forfait à 2 euros (- 133 000). 6,812 millions de clients profitent d’une Freebox (en hausse de 47 000), dont 3,318 millions en FTTH (+ 247 000). Enfin, 22,7 millions de lignes sont raccordables à la fibre optique.

En Italie, Iliad a recruté 280 000 abonnés sur le mobile. En Pologne aussi tout se passe bien avec une base totale d’abonnés (fixe et mobile) en hausse de 181 000 pour arriver à 12,508 millions.

SFR : hausse des revenus, une dette toujours très importante

Passons maintenant à Altice/SFR qui, pour rappel, est sortie de la bourse au début de l’année. L’opérateur publie certes certains chiffres, mais sans être soumis aux mêmes obligations que les trois autres opérateurs, ils sont donc moins complets… et mélangent toujours des choux avec des carottes.

On y apprend néanmoins que le revenu est de 2,721 milliards d’euros, en hausse de 5,2 %, avec une hausse de 57 % sur la partie média. Sur les six premiers mois de l’année, la société affiche des pertes de 128,9 millions d’euros, alors qu’il était question d’un bénéfice de 131 millions un an auparavant. La dette nette du groupe est de 22,411 milliards d’euros ; elle est du niveau de celle d’Orange, mais les revenus de SFR sont bien inférieurs.

Pour le nombre d’abonnés, il faudra se contenter de quelques chiffres : 6,704 millions de clients sur le fixe, dont 3,685 millions en « fibre* ». Attention, le terme fibre est encore une fois très (trop) large chez l’opérateur puisqu’il comprend le FTTH, le FTTB (terminaison coaxiale) et… les 4G Box. SFR revendique 23,083 millions de lignes éligibles au FTTH ou au câble. Enfin, sur le mobile (hors M2M), il y a 18,159 millions de clients.

Pour rappel, ce second trimestre était le dernier avec Alain Weil comme PDG d’Altice France et de SFR, il est désormais remplacé par Grégory Rabuel. Un autre changement important va arriver prochainement : le rachat de l’opérateur virtuel Afone (qui devrait être finalisé ce trimestre), permettant au passage à SFR de devenir ainsi partenaire de Leclerc, qui a une forte présence physique sur le territoire.

Un bon semestre pour Bouygues Telecom

Bouygues Telecom était le dernier opérateur à publier ses résultats. Sur le mobile (hors MtoM), il compte 14,764 millions de clients, dont 14,462 millions sur un forfait. Attention, ces chiffres tiennent compte de « l’intégration des 2,1 millions de clients de BTBD » (Bouygues Telecom Business Distribution, nouveau nom d’EI Telecom). Le groupe revendique ainsi « la conquête de 258 000 nouveaux clients sur le semestre ». 

Sur le fixe, 4,294 millions d’abonnés (+ 131 000 sur le semestre) sont présents, dont 1,9 million en FTTH (+ 346 000). Bouygues Telecom revendique 20,9 millions de prises éligibles, « notamment grâce à une accélération du déploiement en région ». Un chiffre assez faible au regard de la concurrence.

Bouygues se félicite néanmoins de « cette bonne dynamique commerciale ». Ainsi, « au premier semestre 2021, le chiffre d’affaires ressort à 3,5 milliards d’euros, en hausse de 14 % par rapport à fin juin 2020 (+ 5 % à périmètre constant) ». Le résultat net sur six mois est de 199 millions d’euros, en hausse de 57 millions sur un an.

Le groupe précise que « les cessions atteignent 172 millions d’euros, essentiellement liées aux data centers », sans doute liées au lancement d'OnCloud. Ce résultat net représente près de la moitié de celui du groupe Bouygues (408 millions d’euros). Enfin, l’endettement augmente de 489 millions d’euros pour atteindre 2,229 milliards.

Commentaires (2)

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En ce qui concerne les chiffres d’abonnés Fibre* de SFR, je rappelle qu’au premier semestre, il revendiquait 3.555 millions d’abonnés, alors qu’en prenant le total ARCEP et en soustrayant les nombres d’abonnés Orange, Free et Bouygues Telecom pour le FTTH, on aboutissait à 1.6 millions d’abonnés FTTH pour SFR + autres (petits opérateurs comme K-Net, videofutur etc…), et l’ARCEP donnait aussi le total FTTLA (coaxial) à 0.961 millions, soit au total FTTH + FTTLA environ 2.6 millions.
Les abonnés 4G sont peu nombreux, quelques dizaines de millier. Cela n’explique pas l’écart avec le chiffre de 3.555 millions.



Mais la formulation de la note des résultats d’Altice France donne une autre possibilité. Je la rappelle :
‘(1) Fibre unique customers represents the number of end users who have subscribed for one or more of our fibre / cable-based services (including pay television, broadband or telephony), without regard to how many services to which the end user subscribed. Fibre customer base for France includes FTTH, FTTB and 4G Box customers and excludes white-label wholesale customers.”



On note le terme “qui ont souscrit à un ou plusieurs à un ou plus de nos services câble/fibre (incluant la télévision payante). Or le FTTLA, donc le câble qui peut être utilisé pour un abonnement Internet, permet aussi de recevoir dans les immeubles qui y ont souscrit à la télévision (chaines TNT ou plus). Il y en a des centaines de milliers en France, et c’est souvent assez méconnu, car compris dans les charges.
Il y a la possibilité que la différence vienne de là…

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alain_p a dit:



Or le FTTLA, donc le câble qui peut être utilisé pour un abonnement Internet, permet aussi de recevoir dans les immeubles qui y ont souscrit à la télévision (chaines TNT ou plus).


Il me semble que ce n’est plus le cas.
J’ai été un temps abonné Numéricable et j’avais effectivement le signal des chaînes de la TNT directement utilisable par le tuner de mon téléviseur. Mais SFR a récupéré cette partie du spectre pour augmenter la BP des services Internet.
Je me souviens que ça avait déclenché une certaine grogne notamment chez les bailleurs sociaux qui ont du réinstaller des antennes hertziennes.



Ma résidence, qui a 6 ans, est entièrement câblée par SFR (ça n’aide pas à se faire fibrer :craint:) mais pour la télé, il y a une antenne collective sur le toit.

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