Le Français Viadeo, concurrent principal de l'américain LinkedIn et de l'allemand Xing, vient d'officialiser sa volonté d'entrer en bourse. Contrairement à Criteo et bientôt Ebuzzing et Cdiscount, Viadeo ne compte pas lever de l'argent aux États-Unis mais à Paris. Hier, les premiers documents pour lancer le processus ont été envoyés à l'Autorité des Marchés Financiers (AMF).

Loin de LinkedIn mais pas sans ambition

En matière de réseau social dit professionnel, l'Américain LinkedIn est celui qui fait couler le plus d'encre. Il faut dire qu'il compte plus de 300 millions de membres à travers le monde, qu'il est en bourse depuis un moment (valorisé à 20 milliards de dollars) et qu'il pourrait atteindre 2 milliards de dollars de chiffre d'affaires dès cette année. Numéro un aux États-Unis mais aussi dans bien des territoires dans le monde, LinkedIn n'est toutefois pas le seul sur ce créneau. L'Allemand Xing compte ainsi plusieurs millions de membres, principalement dans son pays, en Autriche et en Suisse. Mais au niveau mondial, c'est bien Viadeo qui est son principal concurrent.

Le Français compte en effet 60 millions de membres sur le globe, dont un tiers uniquement en Chine. Il faut dire que la start-up a eu le nez très fin en rachetant dès 2007/2008 le Chinois Tianji, alors leader de son petit marché devenu grand. Peu de temps après, il croqua l'Espagnol ICTnet et l'Indien ApnaCircle, afin de se renforcer dans ces territoires. Résultat, Viadeo est aujourd'hui numéro un en France (9 millions de membres), en Chine (20 millions) et dans de nombreux pays d'Afrique francophones (3 millions), tout en ayant une influence importante dans certains pays européens, asiatiques, américains et en Russie (1 million). Il dispose d'ailleurs de bureaux à Paris, mais aussi à Casablanca, à Moscou, à Beijing (Pékin) et à San Francisco.

« Franchir une nouvelle étape »

Mais le Français veut voir plus loin, et pour cela, il a besoin d'argent. Après avoir levé 5 millions d'euros en 2006 et en 2007, puis 24 millions en 2012, la prochaine étape est donc d'entrer en bourse. Il y a deux ans, lors de la précédente levée d'argent, Dan Serfaty, co-fondateur et PDG de Viadeo, avait d'ailleurs déclaré qu'il « était temps de passer à la vitesse supérieure et nous recherchions des investisseurs soucieux de nous soutenir sur le long terme, jusqu’après notre éventuelle entrée en bourse ». Le temps est donc arrivé et se concrétise enfin, même s'il était question un moment d'une entrée en bourse plutôt en Asie, continent le plus important pour le français.

Deux ans plus tard, la vision de Dan Serfaty n'a guère changé. Dans son message annonçant la nouvelle aux éventuels investisseurs, il explique notamment que « Viadeo est entré dans une phase clef de son développement. Nous envisageons aujourd’hui un projet d’introduction en bourse pour franchir une nouvelle étape et accélérer notre développement sur nos marchés. (...) Pleinement confiants dans l’avenir de Viadeo, nous serions heureux de vous associer à notre projet d’introduction en Bourse, afin d’accompagner le développement ambitieux du leader multi-local des Réseaux Sociaux Professionnels. » 

Nous sommes heureux d’annoncer officiellement notre projet d’introduction en bourse à Euronext Paris. http://t.co/HY77EuwtrF

— Viadeo (@Viadeo) 28 Mai 2014

Encore trop dépendante de la France

Aujourd'hui, la société génère un chiffre d'affaires annuel d'un peu plus de 30 millions d'euros. Mais la start-up a un problème de taille : 95 % de son chiffre d'affaires dépend encore de la France. Une anomalie alors que le pays ne représente que 15 % de ses membres dans le monde, et sachant que LinkedIn réalise 60 % de son chiffre d'affaires aux États-Unis, alors que ce pays représente un tiers de ses membres.

Cette donnée prouve surtout que Viadeo est plutôt dans une phase de conquête à l'étranger et qu'il compte capitaliser sur ses membres (notamment en Chine) plus tard. La société est donc plus un potentiel qu'autre chose. Elle indique d'ailleurs qu'avec « en moyenne 500 000 nouveaux membres chaque mois enregistrés sur la plateforme Tianji, la Chine promet une solide dynamique de croissance et des perspectives attrayantes en termes de monétisation de la base via des services de recrutement et de publicité, en particulier sur le segment « milieu-de-marché », cœur de la stratégie du groupe ».

Viadeo n'a pas annoncé quand précisément il comptait entrer en bourse. Cela devrait de toute façon être le cas fin 2014 ou début 2015, le temps que toutes les procédures suivent leurs cours. Il n'a pas non plus été précisé quelle somme il comptait lever. Rappelons enfin que la société basée à Paris est détenue en partie par ses fondateurs, de gros investisseurs (Fond stratégique d'investissement, Allianz, Ventech, etc.) et des actifs en Chine du fait de ses acquisitions.