À Mayotte, les conséquences dramatiques du passage du cyclone Chido sont, pour de nombreux Mahorais, teintées d’incertitude : les réseaux de télécommunication de l’archipel sont encore largement inopérants mercredi.

De nombreuses antennes mobiles hors service

« Le réseau est fortement endommagé. Les efforts des techniciens ont permis de rétablir plusieurs infrastructures de l’opérateur Orange. C’est le réseau qui fonctionne le mieux à ce stade. Le réseau SFR est très endommagé, notamment le câble sous-marin entre Petite-Terre et Grande-Terre, 95 % du réseau mobile est impacté et 5 % des clients seulement sont couverts », indique la préfecture de Mayotte dans son dernier bulletin d’information, publié mercredi en début d’après-midi.

Les trois opérateurs présents commercialement à Mayotte – Orange, SFR et Free, via sa marque Only, en coentreprise avec Axian – ont en effet rapidement confirmé avoir subi de lourds dégâts. « CHIDO : 51 antennes Mobile sur 54 hors service et près de 99 % de Livebox déconnectées. Nos équipes techniques sont pleinement mobilisées pour le rétablissement », a annoncé Orange Mayotte dès lundi.

« Suite au passage du cyclone Chido, notre réseau mobile a été fortement touché. À date, 55 sites d’antennes du réseau Mobile, sur 67, sont hors service, principalement en raison de pannes électriques », résumait de son côté SFR mercredi matin. Sur son site, l’opérateur actualise une carte des antennes en service sur Mayotte. Les douze équipements fonctionnels se concentrent pour l’instant autour de Mamoudzou, la capitale du département, et de Petite-Terre.

Depuis son siège de la Réunion, Only a pour sa part signalé mardi avoir constaté « plus de 90 % » d’indisponibilité sur ses infrastructures mahoraises. En réponse, l’opérateur a, comme SFR, annoncé la gratuité et l’utilisation illimitée de ses services de téléphonie, accès à Internet compris, dans les zones où la couverture a été rétablie. « À ce jour, une partie du réseau sur Mamoudzou et Kaweni est opérationnelle », précisait-il mardi.

Une remise en état difficile

La reprise d'activité des réseaux mobiles est logiquement conditionnée par celle de l'approvisionnement en électricité. Il est assuré par un opérateur local, Électricité de Mayotte (société d'économie mixte, filiale d'EDF), qui a confirmé mardi que la reprise d'activité des équipements de télécommunications faisait partie de ses priorités stratégiques, au même titre que l'hôpital, l'aéroport, le port ou les sièges des secours publics. « Pour soutenir EDM, 15 salariés de EDF SEI [la direction Systèmes énergétiques insulaires d'EDF, ndlr] sont arrivés dimanche 15 décembre avec du matériel notamment des câbles de secours et de l’outillage », indique l'opérateur local.

Le caractère très aérien des réseaux mahorais – électriques comme de télécommunications – n'arrange rien à l'affaire, puisque de nombreux pylônes ont été endommagés. « Les dégâts sont immenses. Les renforts reçus comportent en priorité du matériel destiné à la réparation électrique et les experts capables de la mener », commentent les services de la préfecture.

La carte des pylônes dédiés aux télécommunications installés à Mayotte illustre leur caractère critique dans le fonctionnement des réseaux, sur une île où les faisceaux hertziens se sont imposés comme une alternative à la fibre.

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D'après des échanges sur une liste de diffusion spécialisée, l'un des pylônes portant plusieurs de ces faisceaux hertziens en direction du sud de l'île serait « tombé », coupé en deux, compromettant la remise en service sur une partie du territoire.

EDM illustre ainsi l'un des enjeux des interventions d'urgence sur un territoire insulaire : la disponibilité de la main d’œuvre et des équipements. « Une force d’intervention avec une quarantaine de personnes aguerries aux situations d’urgence va être déployée dans les prochains jours. Orange travaille actuellement sur les moyens logistiques à mettre en œuvre et l’acheminement des personnes et des matériels », indique à ce sujet Orange, mercredi. L'opérateur précise par ailleurs avoir mobilisé six dispositifs d'accès satellite permettant d'offrir une couverture locale, via Wi-Fi, pour rétablir la connectivité de certains sites prioritaires.