Black Friday, Cyber Monday : des travailleurs d’Amazon en grève partout sur la planète
Droits en solde
À l’occasion du Black Friday, des organisations d’une vingtaine de pays se sont jointes à une campagne désormais annuelle de dénonciation des pratiques d’Amazon en termes de droits du travail, de droits humains, de fiscalité et d’impact environnemental.
Le 02 décembre à 15h33
5 min
Société numérique
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Des travailleurs Amazon et des syndicats d’une vingtaine de pays se sont mis en grève contre Amazon pendant le Black Friday et le Cyber Monday, campagne marketing qui s’étend de vendredi 19 novembre à ce lundi 2 décembre.
Coordonnée par le groupe Make Amazon Pay, l’action vise principalement à obtenir de l’entreprise qu'elle améliore les conditions de travail de ses employés et contractuels, leur fournisse des emplois mieux sécurisés (aussi bien en termes de salaires que de sécurité dans l’exercice de leurs activités), et respecte leurs droits universels.
Parmi ses requêtes, l’initiative demande aussi à Amazon d’opérer de manière soutenable envers l’environnement et de « rendre » à la société ce qu’elle lui a donné, aussi bien en payant ses impôts qu’en réduisant ses pratiques et technologies attentatoires aux droits humains.
Make Amazon Pay réunit plus de 80 organisations à travers le monde, dont Attac, Corporate Europe Observatory ou Oxfam.
Cinquième année de mobilisation
En France, en Allemagne, en Pologne, aux États-Unis, en Turquie, en Inde, au Japon ou encore au Brésil, des grèves, des manifestations et d’autres actions ont été organisées pour protester contre les pratiques d’Amazon, qui fait partie des grands promoteurs de l’opération du Black Friday.
Le mouvement est loin d’être récent : Make Amazon Pay travaille depuis cinq ans à coordonner des acteurs à l’international pour tenir Amazon responsable de ses actes lors de l’un des week-ends de shopping les plus intenses de l’année : celui qui s’étend du Black Friday au Cyber Monday.
En 2023, cela avait notamment eu pour effet de voir des membres de syndicats allemands, italiens et californiens se joindre aux grévistes britanniques devant l’entrepôt de Coventry, déjà au moment du Black Friday. En 2020, plus de 400 législateurs de 34 pays avaient par ailleurs signé une lettre ouverte envoyée au dirigeant d’Amazon Jeff Bezos. Ils y demandaient, déjà, un plus grand respect des droits des travailleurs et de ses obligations fiscales.
« Ces groupes représentent des intérêts variés et, bien que nous soyons toujours à l'écoute et que nous cherchions des moyens de nous améliorer, nous restons fiers des salaires compétitifs, des avantages sociaux complets et de l'expérience de travail stimulante et sûre que nous offrons à nos équipes », a déclaré Amazon auprès du Guardian.
Droit du travail, fiscalité, protection de l’environnement
En Inde, quelque 200 employés d’entrepôts et livreurs Amazon n'en ont pas moins rejoint New Delhi pour manifester, rapporte AP. Parmi leurs principales revendications : la hausse des salaires et le respect de leurs droits, alors que certains ont été privés de pause pour boire ou se rendre aux toilettes, y compris en périodes caniculaires.
Sur sa plateforme, Make Amazon Pay liste des « exigences communes », réunies en cinq chapitres :
- l’amélioration du lieu de travail, entendue comme la sécurisation des activités, l'amélioration du salaire, la négociation de temps de pause, entre autres éléments ;
- la sécurité du travail, au sens de la fin des statuts précaires de contractuels ou de free-lances ;
- le respect des droits universels des travailleurs, catégorie où elle regroupe notamment la fin des actions anti-syndicalisation et l'ouverture du dialogue avec les représentants des travailleurs ;
- la soutenabilité environnementale, dans laquelle l'entité demande d'atteindre les objectifs de zéro émission de carbone d’ici 2030, de renoncer aux contrats d’Amazon Web Services avec des sociétés pétrolières ou gazières, ou encore à la publicité entretenant le déni du changement climatique ;
- et le fait de « rendre » à la société, c’est-à-dire notamment de payer les impôts nécessaires, de cesser ses pratiques anti-compétitives, ou encore de mettre fin aux contrats de l’entreprise avec la police ou les autorités en charge de l’immigration.
En 2019, Amazon a payé 1,2 % d’impôts aux États-Unis, selon Make Amazon Pay. En France et en Europe, Bloomberg démontrait que la société n’avait payé aucun impôt en 2021, quand bien même elle avait engrangé plus de 50 milliards de dollars de chiffre d’affaires.
En France, des contestations régulières
En France, Attac a organisé des actions dans tout le pays pour protester contre l’évasion fiscale de l’entreprise. L’ONG se positionne aussi en faveur de la taxation unitaire des multinationales, estimant que la mesure permettrait d’éviter les « opérations complexes » auxquelles des entreprises comme Amazon ont recours « pour payer toujours moins d’impôt ».
Le Black Friday est loin d’être le seul moment lors duquel le géant du e-commerce essuie des contestations : à Marseille, les 47 salariés d’un sous-traitant d’Amazon ID Logistics se sont ainsi mis en grève fin octobre pour réclamer des indemnités de départ, après ce qu’ils qualifient de « licenciements déguisés ».
Le 19 novembre, au Blanc-Mesnil, une quarantaine d’agents de tri débrayaient à leur tour. En cause : un élargissement de leurs horaires de nuit de minuit à 9h30 du matin contre 23 heures - 6 h 30 aujourd’hui.
Black Friday, Cyber Monday : des travailleurs d’Amazon en grève partout sur la planète
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Cinquième année de mobilisation
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Droit du travail, fiscalité, protection de l’environnement
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En France, des contestations régulières
Commentaires (1)
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Abonnez-vousLe 02/12/2024 à 16h18
A punaise....
(bien que chiffre d'affaires différent de résultat) Optimisation fiscal quand tu nous tiens....