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[Interview] On fait le point sur les nouvelles règles applicables aux drones avec Maître Brochot

Vol au dessus d'un nid de kikoolol

[Interview] On fait le point sur les nouvelles règles applicables aux drones avec Maître Brochot

Le 12 janvier 2016 à 08h30

Depuis le 1er janvier, deux nouveaux arrêtés encadrent l’usage des drones civils en France (voir notre article). Pour mieux décrypter ces textes, nous nous sommes entretenus avec l’avocat spécialisé Julien Brochot.

Quels sont les principaux changements par rapport à la réglementation précédente ?

Le plus grand changement concerne les images réalisées à l’aide d’un drone. Sous l'empire des précédents arrêtés, on avait un doute sur la question de savoir si, en tant que modéliste amateur, il était possible de réaliser des prises de vue avec son drone. La grosse nouveauté, c'est qu'aujourd'hui l’ambiguïté est complètement levée : n'importe quel aéromodéliste amateur peut faire des vidéos ou des photos avec son drone ! Par contre, il ne faut pas que ces images fassent l'objet d'une exploitation commerciale.

Ensuite, ces arrêtés prennent en considération un certain nombre de nouvelles pratiques. Je pense d'abord aux vols dits « hors vue », c'est-à-dire en pilotage en immersion. Ceux-ci sont autorisés, mais il ne faut pas que le drone s'éloigne à plus de 200 mètres horizontalement du télépilote, il ne faut pas qu'il soit à une hauteur au sol supérieure à 50 mètres, il faut que le drone fasse moins de 2 kg et qu'il y ait une deuxième personne pour assurer la sécurité autour. Mais les doubles commandes ne sont plus obligatoires par exemple. Parmi les autres pratiques autorisées, on a aussi le « follow me » : le drone circule de façon autonome selon un schéma prédéfini.

Les nouveaux arrêtés n’interdisent plus de survoler de « zone peuplée », mais l’« espace public ». Doit-on comprendre qu’il est désormais possible de voler en ville sans autorisation ?

Tout ça n'est pas clair du tout... Certains commentateurs disent que les aéromodélistes peuvent voler autour d'un rassemblement de personnes sous réserve de garantir les notions de sécurité de base. Je serai pour ma part plus prudent. Je crois qu'on peut commencer à envisager un certain nombre de choses, comme voler dans son jardin en ville. Tout le problème est qu’on ne sait pas du tout comment les arrêtés vont être interprétés...

En admettant qu'on puisse voler en zone peuplée avec un drone, il faut quand même savoir que le moindre coup de vent peut faire chuter un appareil léger chez le voisin, de telle sorte que celui-ci sera fondé à se plaindre. Sans que ce soit totalement interdit, ça pourrait générer des litiges. Donc à mon avis, il faut quand même faire très attention à tout ça.

Assiste-t-on à la fin de la distinction qui existait auparavant entre drones avec et sans caméra embarquée ?

Oui, on a une forme de distinction qui ne disparaît pas totalement, mais qui s'estompe très largement. Mais ce n'est pas parce qu'il y a des dispositions nouvelles que les autres normes cessent de s'appliquer. Pour les questions de vie privée, que ce soit en matière civile ou pénale, la loi s'applique à la caméra d'un drone comme à n'importe quel appareil photo.

Est-ce qu’il y a du changement au niveau des sanctions encourues par les pilotes de drones ?

Les sanctions sont toujours les mêmes : un an de prison et des amendes qui peuvent aller de 15 000 à 75 000 euros. Il n'y a pas de changement du Code des transports de ce point de vue-là.

Un point a fait un peu polémique, à propos des déficients auditifs. Les sourds ont-il désormais interdiction d'utiliser des drones ?

Rien n'empêche qu'une personne malvoyante ou malentendante puisse se servir d'un drone sous réserve de disposer des appareils correcteurs nécessaires. Je pense qu'une tierce personne peut également aider à corriger cette difficulté. Mais une personne seule qui n'entend rien et qui ne dispose d'aucun appareil auditif ou détecteur de son ne me paraît pas pouvoir respecter les nouveaux arrêtés.

Pour résumer, où et dans quelles conditions peut-on voler en toute légalité avec son drone de loisir « grand public » ?

Je suis pour la prudence extrême, dans la mesure où on n'a pas du tout de recul par rapport à ce qui est prévu par ces nouveaux arrêtés. Quand on utilise un drone de loisir, il faut d'abord s'intéresser au drone lui-même : préférer un appareil très léger, peu puissant, plutôt avec des pales en plastique... Quant au lieu où l'on doit voler, il faut selon moi aller dans la mesure du possible dans des endroits complètement dégagés, de préférence en rase campagne, sachant qu'en tout état de cause, il faut faire très attention à l'environnement autour (aéroport ou centrale nucléaire à proximité, etc.).

Il faut être extrêmement prudent car l'arrêté laisse une part importante de discernement aux pilotes, en expliquant qu'il faut quand même respecter des règles de sécurité qui s'apparentent à des règles de bon sens.

dgac notice drones 2015
Crédits : DGAC

D’une manière générale, peut-on dire que la nouvelle réglementation est plus souple que celle issue des arrêtés de 2012 ?

C'est vraisemblable, oui, pour les particuliers. Pour les professionnels, cette législation n'est toujours pas satisfaisante car elle laisse la part belle à un régime administratif qui reste relativement lourd, notamment s’agissant des autorisations.

Pensez-vous qu'il soit concevable de mettre en place en France un registre d'immatriculation des drones, à l'image de ce qui vient d'être instauré aux USA ?

Je n'y crois pas trop, parce que je ne pense pas que ça ait un intérêt. Ce serait très lourd sur un plan administratif, en particulier pour les petits modèles grand public. Et en plus, ça n'aurait aucune incidence dans l'hypothèse d'un acte malveillant unique puisque les terroristes auraient de toute façon les moyens de contourner l'immatriculation.

Merci Maître Brochot.

Commentaires (12)

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il faut aussi relativiser sur les problèmes de vie privé.



99% des appareils de prise de vue utilisés sur les engins volant sont des grand voir très grand angle, mme michu qui étant son linge sera minuscule à l’image.

la mobius que j’utilise si je veux filmer quelqu’un avec il faut que je soit a moins de 4 mètres… et dans tout les cas à cette distance on tombe sous la règle du “on ne survole pas les gens.”

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Northernlights a écrit :



  



 Par contre le fait de filmer les gens a leur insu est toujours pas  clairement retraité. alors que filmer qq chez soi depuis son jardin est reprehensible, meme sans diffusion du film/cliché.







Filmer quelqu’un n’est pas répréhensible (sauf si un juriste me dit dans quelles conditions), ce qui l’est c’est de diffuser. Ça me paraît logique dans la mesure où tant que le cliché ne circule pas, il ne peut pas faire de mal.


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Filmer qqun sans diffusion n’est pas réprehensible sur la voie publique.

Ce n’est pas le cas, dans le domaine privé.



 

Article 226-1  

 

   Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait, au moyen d’un procédé quelconque, volontairement de porter atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui :

   […]

   2° En fixant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de celle-ci, l’image d’une personne se trouvant dans un lieu privé. 



Le fameux droit a la vie privée qui est si fréquement débattu et mis en  péril par l’état ces derniers temps.

  

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alex.d. a écrit :



Il existe plein de terrains. Il suffit de contacter la FFAM et d’adhérer à un club.

L’aéromodélisme n’a pas attendu les drones pour exister.

 

 





Si mes souvenirs sont exacts, ça fait 50 ans   =  http://www.ffam.asso.fr/


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Merci pour cet article

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Les nouveaux arrêtés n’interdisent plus de survoler de « zone peuplée », mais l’« espace public ». Doit-on comprendre qu’il est désormais possible de voler en ville sans autorisation ?



Tout ça n’est pas clair du tout… Certains commentateurs disent que les aéromodélistes peuvent voler autour d’un rassemblement de personnes sous réserve de garantir les notions de sécurité de base. Je serai pour ma part plus prudent. Je crois qu’on peut commencer à envisager un certain nombre de choses, comme voler dans son jardin en ville. Tout le problème est qu’on ne sait pas du tout comment les arrêtés vont être interprétés…





Magique. Des textes tout neuf et déjà ca ne va pas.

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Pour le vol dans son jardin, il me semble que c’etait déconseillé a la base ( avant les drones, l’aeromodélieme ne pouvais se faire que indoor ou dans les espaces reservé (Espace reservé proche d’un aerodrome peu actif par exemple) 

  

Par contre le fait de filmer les gens a leur insu est toujours pas  clairement retraité. alors que filmer qq chez soi depuis son jardin est reprehensible, meme sans diffusion du film/cliché.

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Northernlights a écrit :



 



Par contre le fait de filmer les gens a leur insu est toujours pas  clairement retraité. alors que filmer qq chez soi depuis son jardin est reprehensible, meme sans diffusion du film/cliché.







Je ne vois pas le problème puisque l’avocat explique bien que  :

Pour les questions de vie privée, que ce soit en matière civile ou pénale, la loi s’applique à la caméra d’un drone comme à n’importe quel appareil photo.


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Disons que le fait de faire voler son appareil dans son jardin, C’est quasi s’assurer de faire des prises d’image chez les voisins, a moins d’avoir un trèeeeees grand jardin.



Ca aurais pu etre mis dans le dépliant, car au final, voler dans son jardin c’est en general se mettre en infraction avec cette règle sur la prise d’image/videos.

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Northernlights a écrit :



Disons que le fait de faire voler son appareil dans son jardin, C’est quasi s’assurer de faire des prises d’image chez les voisins, a moins d’avoir un trèeeeees grand jardin.



Ca aurais pu etre mis dans le dépliant, car au final, voler dans son jardin c’est en general se mettre en infraction avec cette règle sur la prise d’image/videos.





C’est pas parce qu’on voit un bout de jardin du voisin que c’est forcement une violation de la loi. Ce serait le même problème que si je fais une photo depuis ma fenêtre/balcon sinon.



 





CryoGen a écrit :



Magique. Des textes tout neuf et déjà ca ne va pas.





Après ce n’est pas évident de légiférer sur un phénomène nouveau. D’un côté il faut empêcher les appareil d’être dangereux pour autrui, mais de l’autre il faut laisser de la latitude aux utilisateurs.

Il y aura forcement une phase de tatonement.


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Charly32 a écrit :



Après ce n’est pas évident de légiférer sur un phénomène nouveau. D’un côté il faut empêcher les appareil d’être dangereux pour autrui, mais de l’autre il faut laisser de la latitude aux utilisateurs.

Il y aura forcement une phase de tatonement.





Je sais bien que ce n’est pas évident, mais s’il y a de la place pour interpréter “dans son jardin” ou “au dessus du public”, c’est qu’il y a un soucis. Comment même appliquer la loi dans ce cas là ?


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Northernlights a écrit :



Pour le vol dans son jardin, il me semble que c’etait déconseillé a la base ( avant les drones, l’aeromodélieme ne pouvais se faire que indoor ou dans les espaces reservé (Espace reservé proche d’un aerodrome peu actif par exemple) 



Il existe plein de terrains. Il suffit de contacter la FFAM et d’adhérer à un club.

L’aéromodélisme n’a pas attendu les drones pour exister.

 

 


[Interview] On fait le point sur les nouvelles règles applicables aux drones avec Maître Brochot

  • Quels sont les principaux changements par rapport à la réglementation précédente ?

  • Les nouveaux arrêtés n’interdisent plus de survoler de « zone peuplée », mais l’« espace public ». Doit-on comprendre qu’il est désormais possible de voler en ville sans autorisation ?

  • Assiste-t-on à la fin de la distinction qui existait auparavant entre drones avec et sans caméra embarquée ?

  • Est-ce qu’il y a du changement au niveau des sanctions encourues par les pilotes de drones ?

  • Un point a fait un peu polémique, à propos des déficients auditifs. Les sourds ont-il désormais interdiction d'utiliser des drones ?

  • Pour résumer, où et dans quelles conditions peut-on voler en toute légalité avec son drone de loisir « grand public » ?

  • D’une manière générale, peut-on dire que la nouvelle réglementation est plus souple que celle issue des arrêtés de 2012 ?

  • Pensez-vous qu'il soit concevable de mettre en place en France un registre d'immatriculation des drones, à l'image de ce qui vient d'être instauré aux USA ?

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