Marvell, l'autre géant des semi-conducteurs basé à Santa Clara, vient d'annoncer le départ de son PDG Sehat Sutardja et de sa présidente Weili Dai. Une nouvelle qui survient alors que le groupe a dû lever des soupçons de fraude comptable le mois dernier et fait l'objet de rumeurs de rachat.

En 1995, Sehat Sutardja et son épouse Weili Dai ont fondé Marvell, un fabricant de semi-conducteurs, spécialisé dans les SoC et les puces liées aux réseaux filaires et sans-fil. 21 ans plus tard, tous deux ont démissionné de leurs postes à la tête de l'entreprise (mais gardent leurs sièges au conseil d'administration), alors que celle-ci est à un tournant de son histoire.

Des soucis avec la compta

En septembre 2015, l'entreprise annonçait le lancement d'une enquête indépendante concernant ses propres pratiques comptables, « en raison de soucis avec les méthodes de la direction » autour de chiffres ayant été dévoilés lors du deuxième trimestre de son exercice fiscal 2016.

La société expliquait alors que l'enquête porterait tout particulièrement sur des revenus annoncés lors de ce trimestre qui en fait auraient du n'apparaître que sur les comptes du troisième trimestre suite à une erreur. Une bévue qui comptait tout de même pour 7 à 8 % du chiffre d'affaires sur le trimestre en cours, soit environ 50 millions de dollars.

Un autre point concernait la manière dont l'entreprise consignait les fonds destinés aux réglements de litiges judiciaires, ce après qu'elle a dû signaler des pertes nettes de 382,4 millions de dollars sur ce même trimestre, à cause du règlement d'une indemnité de 394 millions de dollars à une université américaine pour des questions de brevets. 

L'audit interne bouclé en mars n'aura toutefois pas trouvé la moindre trace d'activité frauduleuse, mais confirme que certains revenus ont été comptabilisés prématurément. Cela étant, sur l'ensemble des trimestres concernés par l'erreur, le total des revenus annoncé serait correct. L'audit a également estimé que l'entreprise ne disposait pas d'une structure établie pour la gestion des questions autour des brevets et des royalties, ce qu'elle devrait chercher à résoudre rapidement.

Un fonds activiste s'invite au capital, la possibilité d'un rachat apparaît

Entretemps, un fonds activiste, Starboard, celui-là même qui milite pour le démantèlement de Yahoo, est entré au capital de la société en croquant 6,7 % de ses parts, profitant d'une chute brutale de la valeur de l'entreprise suite à cette affaire. Celui-ci plaide pour que Marvell se fasse racheter par un acteur de plus grande taille, afin que ses activités reprennent du poil de la bête.

En ligne de mire, le fonds cible le jeune couple Avago-Broadcom. Seulement, les fondateurs de Marvell ne sont pas vraiment de cet avis. De nombreuses rumeurs ont d'ailleurs éclos ces dernières semaines autour d'un rapprochement entre les deux groupes. Des bruits que Marvell avait rapidement étouffé en niant farouchement l'éventualité de discussions en cours.

Avec le départ des fondateurs, une perspective un peu plus favorable à un rachat vient de s'ouvrir. Il reste encore à savoir si la nouvelle direction qui sera nommée dans les mois à venir suivra cette piste et si les marques d'intérêt d'Avago-Broadcom seront toujours d'actualité. Suite à cette annonce, le cours de l'entreprise a bondi de 13 % lors de la dernière séance à Wall Street, ce qui la valorise à 5,4 milliards de dollars.