Facebook veut séduire les éditeurs et ouvre ses Instant articles à tous : comment sauter le pas
1ère étape : préparer l'aspirine
Le 13 avril 2016 à 15h50
9 min
Internet
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La F8 de Facebook ne s'adresse pas qu'aux développeurs, mais aussi aux partenaires du réseau social. Parmi ceux-ci, on retrouve la presse, qui attendait l'arrivée de quelques nouveautés, mais surtout la mise en place généralisée des Instant articles. Pour autant, leur activation n'est pas des plus simples.
La conférence F8 de Facebook était l'occasion pour le réseau social de soigner ses relations avec les éditeurs. Ainsi, plusieurs petites annonces ont été faites afin de leur montrer que le réseau social voulait améliorer ses outils aussi pour leur faciliter la vie. Alors que Google monte en puissance avec AMP et son Shield, et qu'Apple News reste en embuscade, c'était le moins que l'on pouvait attendre.
Car sans contenu publié, comment celui-ci pourrait être partagé, sauvegardé puis consulté ? C'est tout l'enjeu du rapprochement entre les GAFA et les services d'info en ligne, bien que de telles relations d'interdépendance soient toujours relativement complexes (voir notre édito).
Publications intégrées : plus légères et mieux pensées
Les premières nouveautés sont assez mineures et relativement classiques. On note par exemple l'arrivée d'un script de contenu intégré revu et corrigé. Il faut dire qu'avec celui de Google+, la solution retenue par Facebook était sans doute l'une des moins pratiques du genre.
Il est désormais possible de modifier la taille des éléments intégrés (notamment les vidéos) et d'utiliser une simple iFrame. La fonctionnalité est toujours accessible à travers la flèche vers le bas afficchée en haut à droite d'une publication. Il est aussi possible d'accéder à un mode avancé via un nouveau générateur mis en place pour l'occasion :
Dans le cas des vidéos en direct, une mention sera présente pour les distinguer d'une vidéo classique, ainsi que le nombre de spectateurs. Il sera aussi possible désormais d'intégrer un commentaire précis affiché sur un statut public. Pour le moment, cela ne semble néanmoins pas encore déployé.
L'équipe en profite pour préciser que les publications intégrées sont deux fois plus rapides au niveau de leur rendu et qu'elles sont 60% plus légères.
Une amélioration de la gestion des commentaires
La seconde amélioration concerne les commentaires qui sont diffusés sur Facebook et peuvent être affichés sur un site via un module fourni par le réseau social. Comme nous l'avions évoqué il y a quelques temps, la volonté de l'équipe est de simplifier la modération pour les gestionnaires de pages.
De nouveaux outils sont ainsi mis en place : la fermeture automatique des commentaires après une certaine date, une détection de morceaux de mots sur liste noire, une liste des contenus « flagged ». On apprend aussi que le « comment mirroring » qui permet de fusionner les commentaires déposés sur un statut de votre page ou sur votre site pour une même URL, va être accessible à tous après une phase de bêta fermée.
Les Instant articles sont accessibles à tous, mais c'est une solution fermée
Mais l'annonce la plus attendue était sans doute l'arrivée d'Instant articles pour tous. Pour rappel, cette fonctionnalité est active depuis des mois, mais n'était réservée qu'à quelques médias partenaires, à l'étranger et en France. Elle reste néanmoins soumise à une validation technique par Facebook, dont le processus est détaillé par ici.
Vous devrez ainsi avoir généré 50 articles dans des conditions réelles (publicités, suivi de l'audience, etc.), qui devront être validés et jugés conformes. Vos articles ne doivent pas contenir moins de contenu que leurs équivalents sur votre site, et doivent reprendre des éléments qui sont utilisés de manière habituelle par votre rédaction (images, vidéos, audio, diaporamas, etc.).
Comme son nom l'indique, il s'agit de permettre aux utilisateurs d'accéder de manière instantanée à du contenu qui est hébergé au sein de l'application Facebook. Une manière d'éviter d'avoir à passer par le navigateur intégré et les sites mobiles des éditeurs, parfois assez lourds.
Un dispositif annoncé comme bien plus efficace selon les chiffres de Facebook. Il est pour le moment limité à des contenus librement accessibles, et ne peut être utilisé pour ceux proposés derrière un paywall par exemple.
Une solution qui n'est pas sans faire penser au projet Accelerated Mobile Pages (AMP), notamment soutenu par Google et Twitter. Pourtant, les divergences sont nombreuses. En effet, AMP utilise une page web classique mais qui exploite un framework JavaScript maison, le tout hébergé par l'éditeur. Google met son CDN à disposition et rien n'interdit à n'importe quel développeur d'application ou de service d'afficher une page exploitant ce format, dont le code est open source et diffusé sur GitHub.
De son côté, Facebook opte plutôt pour une approche fermée comme Apple News, et exploite un format de contenu maison basé sur HTML (voir le détail) qui est propre à son service, et ne s'affiche qu'au sein de son application. Il répond à des règles assez strictes disponibles par ici, mais peut être personnalisé aux couleurs d'une marque ou d'un site. Vous devrez aussi respecter les règles déontologiques de Facebook sur le contenu, l'expérience utilisateur et la publicité.
Une pratique publicitaire ouverte, mais stricte
Comme nous avons déjà pu l'évoquer, les éditeurs peuvent diffuser directement leur publicité, et garder 100 % des revenus générés. Il faudra par contre là aussi respecter quelques engagements (détaillés par ici). Vous avez aussi la possibilité de passer par les services et outils de Facebook, qui gardera alors 30 % des revenus générés.
Les formats autorisés sont 300x250 ou 320x50 pixels et les publicités ne doivent pas se répéter. Idéalement, la définition de la publicité sera trois fois supérieure à sa taille visible (afin de prévoir les écrans avec une très bonne définition). L'autoplay vidéo avec son est interdit, tout comme les interstitiels.
Vous ne pouvez pas non plus placer de publicité de manière native dans les images ou les vidéos intégrées à vos articles, excepté s'il s'agit de contenu intégré et qu'il n'est pas l'unique élément de l'article, et qu'un clic est nécessaire pour lancer la lecture.
Les éléments publicitaires doivent être clairement indiqués comme tels et ne pas créer de confusion par rapport au contenu. Ils doivent être affichés de manière centrée, chaque élément doit être séparé du suivant par au moins 350 mots, et si votre article est principalement composé d'images ou de vidéos, la publicité ne doit pas excéder 15 % du contenu.
Conformément aux nouvelles règles de Facebook, le contenu de marque (Branded content) est désormais autorisé. Mais cela passe par l'utilisation d'un tag spécifique permettant de l'identifier comme tel à travers une mention assez discrète, mais néanmoins présente : « avec [nom de la marque] ». Le dispositif est détaillé sur cette page.
Des partenaires et des outils
Bien entendu, l'ensemble est déjà prévu pour fonctionner avec de nombreux partenaires, comme Drupal ou Wordpress pour la publication par exemple, mais aussi avec des solutions de statistiques telles qu'Adobe Analytics, Chartbeat, comScore, Nielsen, Parse.ly ou SimpleReach. Vous trouverez tous les détails sur cette page.
De son côté, Facebook fournit un outil qui indique le nombre de clics, le temps passé, le niveau de défilement sur les contenus, et ce par page et par domaine. Une API vous permet aussi d'intégrer ces chiffres directement à vos outils internes si vous le jugez nécessaire.
Mais comment publier des articles sur Instant articles si vous êtes un éditeur ou si vous disposez d'un blog, par exemple ? Tout d'abord, il faut s'inscrire. Cela passe par cette page qui vous demandera quelle page Facebook va publier des Instant articles et d'accepter les conditions du service. Une fois ceci effectué, vous arriverez sur une section dédiée des paramètres de votre page qui vous donnera une liste des étapes à suivre.
Une longue procédure à suivre
Vous serez alors invité à suivre trois étapes : la configuration initiale, l'envoi pour vérification et la publication. Dans la pratique, de nombreuses petites tâches seront à effectuer comme ajouter des membres à votre équipe si nécessaire (via Business Manager), utiliser l'application Gestionnaires de pages qui permet de prévisualiser les contenus Instant articles, déclarer votre (sous-)domaine (via la mise en place d'une META spécifique), créer vos thèmes et vos premiers articles, etc.
La mise en ligne des Instant articles se fera en général de deux manières, détaillées dans la documentation. La première passera par un flux RSS spécifique qui peut être accessible uniquement suite à une identification HTTP (login/mot de passe). La seconde sera pour ceux qui préfère traiter les choses via l'API.
Vous pourrez ensuite gérer les différents éléments via une bibliothèque. Notez qu'une troisième solution s'offre à vous : dans les outils de publication de la page, il est possible de rentrer directement le contenu d'un Instant article pour le rendre disponible de manière manuelle.
Au sein de son guide, Facebook propose une solution « rapide » qui comporte tout de même pas moins de 11 étapes à suivre afin de mettre en place le service. On sera donc assez loin de la création et l'affichage d'une page AMP qui prend seulement quelques minutes. Ici, ce sera surtout l'intégration aux résultats de recherche de Google peut être aussi assez longue. Mais nous aurons bientôt l'occasion d'y revenir plus en détails.
- Accéder aux outils des articles instantanés
- Revendiquer votre URL
- Télécharger l’application Pages Facebook
- Créer un modèle de style
- Définir la mise en forme de vos articles
- Choisir votre méthode de distribution
- Relier vos articles à votre Page Facebook
- Configurer les publicités et les analyses
- Confirmez que vos articles respectent les règlements des articles instantanés et sont conformes aux règles.
- Soumettre 50 articles à la certification de Facebook
- Commencez à publier !
Facebook veut séduire les éditeurs et ouvre ses Instant articles à tous : comment sauter le pas
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Publications intégrées : plus légères et mieux pensées
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Une amélioration de la gestion des commentaires
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Les Instant articles sont accessibles à tous, mais c'est une solution fermée
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Une pratique publicitaire ouverte, mais stricte
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Des partenaires et des outils
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Une longue procédure à suivre
Commentaires (9)
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Abonnez-vousLe 13/04/2016 à 16h06
Ce truc est une saleté, j’espère que les éditeurs résisteront. Mais je comprends qu’ils succombent, rien que parce qu’il est impossible de filtrer les pubs sur l’appli Facebook (qu’utilisent majoritairement les utilisateurs sur leur smartphone)…
Le 14/04/2016 à 00h10
Toute une génération va enfin découvrir l’actualité (car ne nous y trompons pas, ils ne vont pas sur les sites d’infos, ils ne savent même pas qui est premier ministre tant qu’un tweet ou partage fb d’un ami n’en parle pas).
Le 14/04/2016 à 06h16
Le 14/04/2016 à 07h12
Tu veux dire que les étudiants qui manifestent ne connaissent pas Myriam El Khomri?
Le 14/04/2016 à 07h25
Le 14/04/2016 à 07h53
belle généralité qui vaut l’expression “digital native” abusivement utilisée par les marketeux.
En tout cas, il y a des comportements qui ne changeront sûrement jamais :
Quand On Est Con (Georges Brassens)
Le 14/04/2016 à 08h04
Le 14/04/2016 à 13h15
Le 14/04/2016 à 17h23
En quoi quelqu’un de correctement informé voterait FN ? Qui voterait pour une famille qui ne pense qu’à s’enrichir au panama ?
En quoi la double nationalité peut poser problème pour diriger un ministère ? C’est bien courant dans le privé, on a un gouvernement à l’image de la société, on ne va pas s’en plaindre non ?
Je vois de plus en plus de posts “orientés” ces derniers temps, dois-je m’inquiéter ? On est toujours sur un site d’info numérique non ??