Débris orbitaux : l’ESA augmente ses exigences
On peut même pas laisser trainer une Tesla ?
Dans un ciel de plus en plus occupé par les débris satellitaires, l'agence européenne veut donner l'exemple en resserrant ses exigences concernant la réduction des débris spatiaux.
Le 15 décembre 2023 à 16h54
5 min
Sciences et espace
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L'ESA vient de mettre à jour deux documents importants sur le sujet : sa nouvelle politique de réduction des débris spatiaux [PDF] ainsi que ses exigences en la matière [PDF]. Celles-ci dépassent maintenant celles effectives depuis 2014 (et mises à jour en 2019) au sein de l'Europe.
Comme nous l'avons déjà expliqué, les débris orbitaux sont de gros problèmes potentiels pour tous les acteurs spatiaux. Dénombrés en centaines de milliers et se déplaçant à plusieurs dizaines de milliers de km/h, les dégâts peuvent être très importants. Et les orbites utilisées sont de plus en plus encombrées par des engins inutilisables, pièces de satellites et morceaux de fusées, par exemple.
De plus, selon l'ESA, « les taux de lancement sont aujourd'hui dix fois plus élevés qu'il y a dix ans, mais le respect des lignes directrices relatives à la réduction des débris spatiaux n'a pas suivi ».
Pour l'agence, il est donc temps de rehausser les exigences de la gestion des débris pour éviter les catastrophes.
Objectif « zéro débris » d'ici à 2030
Dans le document décrivant sa nouvelle politique de réduction des débris spatiaux, l'agence spatiale européenne se donne comme objectif de tendre vers le « zéro débris » laissé dans l'espace d'ici 2030.
Pour cela, elle s'engage à mettre en place plusieurs choses. Déjà, l'ESA annonce qu'elle va agir pour :
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- limiter la quantité de débris spatiaux créés par les opérations normales ;
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- réduire au minimum le risque de désintégration en orbite ;
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- prévenir les collisions en orbite ;
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- mettre en œuvre l'élimination après la mission.
Dans ce document sur cette nouvelle politique, l'agence s'engage à « implémenter les lignes directrices relatives à la réduction des débris spatiaux du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique » entérinées par l'Assemblée générale des Nations unies en… 2007. Mieux vaut tard, dira-t-on. Et l'ESA rajoute « ainsi que, dans la mesure où elles sont applicables, les lignes directrices pour la viabilité à long terme des activités spatiales ».
Elle s'engage aussi à pousser ce sujet lors des coopérations avec des partenaires internationaux et à « promouvoir des technologies, des services et des procédures compatibles avec l'état de l'art et visant à le dépasser, tout en préservant la compétitivité de l'industrie des États membres, et contribuer à la mise à jour des normes et lignes directrices associées en conséquence ».
Des exigences à la hausse
Pour coller à cette nouvelle politique, l'ESA revoit donc ses exigences à la hausse par rapport au cadre européen existant et en vigueur depuis 2014.
En orbite terrestre basse, l'ESA fixe la durée de la phase d'élimination de ses engins à un maximum de cinq ans alors qu'elle était jusque-là de 25 ans, « avec une prise en compte supplémentaire du risque total de collision de la mission avec des débris spatiaux pendant cette phase d'élimination, et des exigences plus strictes pour les constellations de satellites ».
Dans ses projets, l'ESA se donne une barre de probabilité d'une élimination réussie supérieure à 90 %, et des exigences plus strictes pour les grandes constellations.
Pour les objets spatiaux situés dans des régions orbitales « protégées » et qui ne sont pas considérés comme à « risques faibles », elle prévoit qu'ils soient tous équipés d'interfaces permettant de mettre en œuvre une mission de désintégration des débris s'ils ont un problème en étant encore en orbite.
L'ESA ajoute une série d'exigences concernant la prévention des collisions et la coordination du trafic spatial « sur la base des meilleures pratiques actuelles, telles que le temps de réponse en cas d'alerte de collision ».
L'orbite lunaire et les interférences
L'Agence européenne se préoccupe aussi de deux questions « émergentes » : celle des débris spatiaux en orbite lunaire et celle des interférences entre radioastronomie et astronomie optique.
Elle y définit certaines règles sur les orbites lunaires, comme le fait que « l'engin spatial ou l'étage orbital du lanceur doit être conçu de manière à ne pas libérer de débris spatiaux sur les orbites lunaires pendant les opérations normales », ou que « la probabilité de rupture accidentelle d'un étage orbital d'un véhicule spatial ou d'un lanceur en orbite lunaire doit être inférieure à 10- 3 jusqu'à sa fin de vie ».
Et elle demande de « limiter les interférences optiques et radiofréquences des objets spatiaux avec l'astronomie au sol et en orbite terrestre basse (LEO) ».
Débris orbitaux : l’ESA augmente ses exigences
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Objectif « zéro débris » d'ici à 2030
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Des exigences à la hausse
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L’orbite lunaire et les interférences
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