Un des problèmes du numérique à l’école est que les grandes orientations sont décidés encore une fois par des personnes ayant très peu de lien avec les réalités du terrain, pas forcement de bonnes connaissances du matériel et étant beaucoup plus préoccupé par l’affichage politique des décisions et sous l’influence des lobbying.
Le dernier exemple en date: les tablettes au collège et au lycée.
11 millions d’euros rien que pour l’académie du nord pas de calais (combien au niveau national)
soit environ 700 euros par tablette (tablette de 10 pouce ,HP sous windows + coque clavier + extension de garantie à 3 ans).
Pour espérer avoir une bonne durée de vie des tablettes, celle-ci sont livrées avec une coque clavier très solide (difficile à enlever) mais qui fait ressembler la tablette à un mini pc portable. Du coup, presque impossible à utiliser en mode nomade et obligé de la poser sur une surface plane pour l’utiliser.
De plus l’OS choisi (windows) permet certes d’intégrer plus facilement les tablettes dans le réseau du lycée mais il n’a de mobile que le nom.
Utiliser le tableur sur ce type de machine est quasiment impossible: les icônes ont la même taille que ceux d’un pc sur un écran de 10 pouces. Sauf que là pas de touchpad ni de souris, il faut forcement passer par l’écran tactile ce qui est juste impossible vu la taille des doigts par rapport à celle des icones.
Je passe sur le fait qu’il est impossible de faire installer une application par le service informatique du lycée et qu’il faut passer par la région qui modifie l’image de la tablette et fait redescendre les images sur toutes les tablettes. Du coup, en 2016, il n’y a toujours pas par exemple de lecteurs de flashcode qui fonctionne sur ces tablettes.
En réalité, n’étant pas du tout adaptées, elles sont surtout utilisables et utilisées pour surfer sur le net (recherche…). Les avantages du tactile ne sont quasiment pas utilisés (mais facturés très cher).
Je passe sur le fait que l’éducation nationale n’a rien prévu pour recharger les 90 tablettes du lycée (les commissions de sécurité font la guerre aux multiprises dans les établissements scolaires mais il y en a plein les service informatique pour recharger les tablettes).
Un mini-pc de 10 pouces à moitié prix aurait été tellement plus adapté, utile et aurait permis de faire des économies pour équiper les établissement de davantage de salle informatique.
Cerise sur le gâteau, les tablettes sont douées d’un joli bug: lorsque la tablette a fini de se recharger, la charge se coupe et la tablette se décharge toute seule lentement. C’est comme cela que l’on se retrouve avec une tablette branchée depuis 48 heures sur sa prise de charge avec seulement 50% de batterie.
Alors autant sur tablettes, il existe de supers applications pour l’école primaire, autant c’est le vide intersidéral sur windows mobile pour le lycée.
Par contre vive les Pub à la radio pour prévenir tout le monde que l’éducation nationale équipe ses lycées en tablettes. (Cela dit, le gouvernement précédant nous avait fait le même coup avec a peu prêt le même résultat avec des tableaux blancs interactifs). Parce que le cœur du problème semble être là: politiquement parlant, ça le fait beaucoup plus de dire qu’on équipe nos établissements de tablettes tactiles que de nouveau pc.
Un gâchis considérable dont la majeure partie des inconvénients aurait pu être facilement évités en écoutant un peu plus l’avis des gens du terrain, utilisateur de ce type de technologie dans les établissements.
Des fois je rêve que nos tableaux blancs intéractifs sont remplacés par des vidéoprojecteurs wifi (5 fois moins chers), nos tablettes inutilisables par des tablettes sous android ou de vrai mini pc et nos vieux pc qui peinent à faire tourner une suite bureautique sous windows XP sont échangés contre de vrais machines pour travailler sereinement avec nos élèves. Je rêve……
J’avoue ne pas avoir pris le temps de lire les 14 pages de commentaires (j’ai survolé les premières). Désolé si les informations apportées sont redondantes.
Je suis assez porté sur l’utilisation des TICE (technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement) dans mes cours, et je suis également formateur dans ce domaine auprès de mes collègues. Tout cela pour dire que je suis plutôt moteur dans l’utilisation de l’informatique au niveau enseignement.
Pourtant, à l’heure actuelle l’expérience « tablette » dans les classes me semble être un beau gâchis.
Dans la région Nord Pas de Calais (et dans d’autres), il a été décidé de doter chaque lycée de tablettes tactiles (entre 30 et 120 tablettes me semble-t-il, selon les effectifs des lycées).
Les tablettes sont des modèles de marque HP fonctionnant sous Windows 8 enfermées dans une très solide coque clavier. Cela semble être des modèles hauts de gamme tant au niveau de la finition qu’au niveau de l’autonomie.
Si on ajoute le prix de la tablette, de la coque/clavier et de l’extension de garantie de 3 ans on arrive à un total de 700 euros pièce (oui, vous avez bien lu J ). Nous sommes sur un budget de près de 10 millions d’euros pour la région Nord Pas de calais. C’est un espace de stockage électronique (rapide et plus fiable, mais beaucoup plus retreint qu’un disque dur classique.
Dans notre lycée, nous avons un système de réservation en ligne pour pouvoir accéder aux tablettes qui nous sont apportées dans la salle sur un chariot en début de séance.
Contrairement à ce qui a été dit, ces tablettes ayant besoin de wifi pour se connecter sur internet, les lycées sont maintenant autorisés à avoir des bornes wifi (c’est marrant, quand ça arrange les bonnes personnes, les choses interdites deviennent subitement possibles).
Ayant utilisé ces tablettes plusieurs fois, voici mon retour :
Ces tablettes vendues comme telles, ne sont en fait que des mini-pc-tactiles et rien d’autre :
-en effet il est difficile de retirer la coque rapidement, du coup on se coltine la coque clavier ce qui revient au mini-pc 10 pouces en terme d’encombrement. La seule différence est qu’ils sont tactiles.
- l’OS n’est pas un OS mobile, c’est-à-dire qu’on se retrouve avec un vrai Windows de bureau sur un écran de 10 pouces. Pratique pour celui qui est familier avec cet environnement et ne connais pas android, Windows
mobile ou autre. Mais par contre, du coup, les icônes dans les applications sont très petits et très difficiles à utiliser en tactile (c’est un comble).
De plus, ces tablettes ne sont quasiment juste utilisables que pour aller sur internet et faire un peu de bureautique (traitements de texte, tableur). En effet, il n’existe presque aucun logiciel développé pour
les lycéens dans la grande majorité des disciplines (quelques exceptions en math). Ils n’ont même pas accès aux manuels scolaires numériques.
C’est un espace de stockage électronique (rapide et plus fiable), mais beaucoup plus restreint qu’un disque dur classique.
Histoire de rendre le système encore plus souple à utiliser, nos informaticiens, responsables de la maintenance des tablettes ne peuvent pas installer directement des applications. Ils doivent faire une demande au système centralisé de gestion, qui modifiera les images des tablettes à distance via le wifi. C’est long et compliqué.
Pour couronner le tout, ce matériel nécessite un chargeur prioritaire et le responsable informatique doit recharger les tablettes utilisées dans la journée pour qu’elles puissent être utilisées le lendemain. Si nos 90 tablettes sont utilisées, il doit recharger 90 tablettes avec 90 chargeurs sur 90 prises électriques.
Donc on paye un matos cher, qui fait très beau sur le papier, mais sans les outils adaptés derrière et sans former les utilisateurs. Du vent….
Quand je pense au nombre de salles informatiques qu’on aurait pu créer ou rénover et au nombre de vidéoprojecteurs qu’on aurait pu acheter avec cet argent….parce que là, il y a de vrais besoins.
Et finalement, des mini PC 10 pouces à 250 euros pièces aurait pu avoir exactement la même utilisation… pour 3 fois moins cher.
Malheureusement cela est moins vendeur dans les médias...
2 commentaires
École : 191 millions d’euros pour le plan numérique en 2017
01/10/2016
Le 02/10/2016 à 19h 44
Un des problèmes du numérique à l’école est que les grandes orientations sont décidés encore une fois par des personnes ayant très peu de lien avec les réalités du terrain, pas forcement de bonnes connaissances du matériel et étant beaucoup plus préoccupé par l’affichage politique des décisions et sous l’influence des lobbying.
Le dernier exemple en date: les tablettes au collège et au lycée.
11 millions d’euros rien que pour l’académie du nord pas de calais (combien au niveau national)
soit environ 700 euros par tablette (tablette de 10 pouce ,HP sous windows + coque clavier + extension de garantie à 3 ans).
Pour espérer avoir une bonne durée de vie des tablettes, celle-ci sont livrées avec une coque clavier très solide (difficile à enlever) mais qui fait ressembler la tablette à un mini pc portable. Du coup, presque impossible à utiliser en mode nomade et obligé de la poser sur une surface plane pour l’utiliser.
De plus l’OS choisi (windows) permet certes d’intégrer plus facilement les tablettes dans le réseau du lycée mais il n’a de mobile que le nom.
Utiliser le tableur sur ce type de machine est quasiment impossible: les icônes ont la même taille que ceux d’un pc sur un écran de 10 pouces. Sauf que là pas de touchpad ni de souris, il faut forcement passer par l’écran tactile ce qui est juste impossible vu la taille des doigts par rapport à celle des icones.
Je passe sur le fait qu’il est impossible de faire installer une application par le service informatique du lycée et qu’il faut passer par la région qui modifie l’image de la tablette et fait redescendre les images sur toutes les tablettes. Du coup, en 2016, il n’y a toujours pas par exemple de lecteurs de flashcode qui fonctionne sur ces tablettes.
En réalité, n’étant pas du tout adaptées, elles sont surtout utilisables et utilisées pour surfer sur le net (recherche…). Les avantages du tactile ne sont quasiment pas utilisés (mais facturés très cher).
Je passe sur le fait que l’éducation nationale n’a rien prévu pour recharger les 90 tablettes du lycée (les commissions de sécurité font la guerre aux multiprises dans les établissements scolaires mais il y en a plein les service informatique pour recharger les tablettes).
Un mini-pc de 10 pouces à moitié prix aurait été tellement plus adapté, utile et aurait permis de faire des économies pour équiper les établissement de davantage de salle informatique.
Cerise sur le gâteau, les tablettes sont douées d’un joli bug: lorsque la tablette a fini de se recharger, la charge se coupe et la tablette se décharge toute seule lentement. C’est comme cela que l’on se retrouve avec une tablette branchée depuis 48 heures sur sa prise de charge avec seulement 50% de batterie.
Alors autant sur tablettes, il existe de supers applications pour l’école primaire, autant c’est le vide intersidéral sur windows mobile pour le lycée.
Par contre vive les Pub à la radio pour prévenir tout le monde que l’éducation nationale équipe ses lycées en tablettes. (Cela dit, le gouvernement précédant nous avait fait le même coup avec a peu prêt le même résultat avec des tableaux blancs interactifs). Parce que le cœur du problème semble être là: politiquement parlant, ça le fait beaucoup plus de dire qu’on équipe nos établissements de tablettes tactiles que de nouveau pc.
Un gâchis considérable dont la majeure partie des inconvénients aurait pu être facilement évités en écoutant un peu plus l’avis des gens du terrain, utilisateur de ce type de technologie dans les établissements.
Des fois je rêve que nos tableaux blancs intéractifs sont remplacés par des vidéoprojecteurs wifi (5 fois moins chers), nos tablettes inutilisables par des tablettes sous android ou de vrai mini pc et nos vieux pc qui peinent à faire tourner une suite bureautique sous windows XP sont échangés contre de vrais machines pour travailler sereinement avec nos élèves. Je rêve……
Éducation : des élus s’inquiètent du coût des tablettes promises par Hollande
25/11/2014
Le 25/11/2014 à 13h 32
Bonjour à tous,
Et finalement, des mini PC 10 pouces à 250 euros pièces aurait pu avoir exactement la même utilisation… pour 3 fois moins cher.