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domizor

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Le 28/10/2024 à 10h 32

Le fait que le peuple puisse gouverner, c'est le principe même de la Démocratie ("Un gouvernement par le peuple, pour le peuple"), et ce depuis la Révolution Française.

Mais pour que le peuple puisse exercer son droit à gouverner, il faut qu'il agisse, qu'il vote, qu'il pétitionne, qu'il intervienne, qu'il s'intéresse à "La vie de la Cité" !

Or, ce n'est plus le cas : selon des statistiques récentes (détaillées dans l'émission de radio dont je donne le lien) les jeunes ne votent plus... et les autres catégories plus tellement (les vieilles personnes telles que moi sont peut-être les dernières à réellement voter assidûment, et avec conviction, parce qu'elles sont encore (pour combien de temps ?) très conscientes du fait que des gens ont été assassinés et/ou emprisonnés / torturés parce qu'ils défendaient la Liberté.

Si plus personne n'agit plus pour tenter de changer les choses, si plus personne n'écrit à son ou sa Député.e pour protester contre des mesures ou des lois iniques, injustes, si plus personne (à part quelques écolos ou quelques féministes dont j'admire le combat) "ne manifeste ni ne proteste" (Comme dirait Jacques Dutronc, clic sur "afficher plus" pour lire les paroles, qui n'ont pas pris une ride)...

Si plus personne ne bouge, alors il n'y a plus de gouvernement par le peuple pour le peuple, mais bien une toute petite élite qui décide et pense pour toi, à ta place et en ton nom, au profit de ladite élite.

Le débat s'écarte quelque peu du sujet de l'article mais il est, en fait, assez fondamental pour concerner plus ou moins directement un grand nombre des articles publiés sur Next, alors j'espère pouvoir y contribuer sans être jugé hors-sujet.

Notons d'abord que le concept de démocratie est sensiblement antérieur à celui de la Révolution Française. C'est important pour comprendre que les systèmes occidentaux actuels qui s'en revendiquent peuvent en avoir galvaudé, et graduellement usurpé, le sens étymologique.

Pour m'intéresser de longue date à l'évolution de l'orientation politique des diverses masses votantes et abstentionnistes françaises, je crois pouvoir affirmer avec certitude que personne ne souhaite voir sa liberté régresser. S'estimer des seuls à se battre pour la liberté de par ses dispositions politiques, quelles qu'elles soient, c'est assurément méconnaître ou ignorer délibérément, par mépris parfois, les motivations des autres, au risque de se fourvoyer soi-même en s'enferrant dans un idéalisme bien intentionné mais impraticable.

Puisqu'il n'existe pas de situation politique sans passé, l'aspect générationnel que vous abordez me paraît très à propos.
Vous me semblez estimer qu'une génération plus ancienne, de "vielles personnes" dont vous dites faire partie, emporte avec elle un combat fondamental qui échappe aux plus jeunes, qui se sont, eux, désintéressés de la vie politique.
Pourtant, en s'intéressant réellement à l'opinion de ces derniers et, dans une moindre mesure, à celle de la génération qui vous sépare probablement d'eux, on s'aperçoit aisément qu'ils se sentent particulièrement concernés par la situation politique et sociale dans laquelle ils vivent, probablement plus oppressante que celle dans laquelle votre génération a pu grandir (écologie, acculturation nationale, coût de la vie, violence, médias omniprésents, dette publique, perte de souveraineté, etc.)
La lutte louable pour la liberté que vous souhaitez mener (quels que soient les moyens que vous employez) est, pour eux, une réalité urgente. C'est le système qui ne les inspire plus.

Dans une société ou le peuple déciderait souverainement de tout, faut-il alors leur en vouloir de ne plus croire à un système ou l'alternance illusoire de gouvernements de "gauche" et de "droite", à laquelle ont participé leurs aînés avec conviction depuis plusieurs décennies maintenant, a mené inexorablement à la situation dont ils souffrent aujourd'hui ?
Face à une réalité que les plus jeunes rejettent manifestement, ne faut-il pas plutôt se demander si, en guise de système idéal, comme tout un chacun se l'entend répéter depuis ses premières années d'éducation civique, la farce démocratique à l'occidentale dont ils se détournent ne serait pas déjà gouvernée par une "toute petite élite" (nationale ou supra-nationale), que vous redoutez à juste titre, et qui est parfaitement indifférente à votre éventuel vote, au mien, ou à celui d'une jeune génération désabusée, tant que le système qui lui a permis de prospérer perdure ?

Dans le même sens que l'abstentionnisme, je crois comprendre que la monté du nationalisme (parfois plus autoritaire) à laquelle on assiste en Occident n'est pas là cause du recul de la démocratie, elle en est davantage la conséquence inéluctable. Ce cycle s'est déjà répété maintes fois par le passé et dans le monde, mais notre société, par ses choix passés et ceux qu'elle s'est laissé imposer lors des dernières décennies, ne semble pas encore prête à le transcender.

En fin de compte, nous sommes d'accord sur ce point : la démocratie, en son sens idéal, est probablement l'un des systèmes politiques les plus justes pour une société en tant que groupe (intrinsèquement fait de compromis, car la démocratie reste, après tout, la dictature du plus grand nombre)
En revanche, elle ne peut fonctionner que si ladite société est parfaitement éduquée aux conséquences objectives de ses choix et à la réalité de la nature humaine. Deux nécessités qui, vous en conviendrez peut-être, profiteraient peu à toute forme d'élite dirigeante dont le but est rarement de parler au nom du peuple d'une seule voix comme on l'attend d'elle mais, bien souvent, de le dominer par intérêt personnel.