Depuis le 1er décembre, certains fournisseurs d'accès Internet en Russie ont commencé à bloquer l'accès à Tor, déplore la fondation qui développe le logiciel d'anonymisation. Son propre site web a d'ailleurs officiellement été bloqué juste après la publication de leur billet à ce sujet.
Le mois dernier, elle lançait une campagne « Help Censored Users, Run a Tor Bridge » pour motiver plus de bénévoles à créer plus de ponts d'anonymisation, permettant de contourner la censure. TOR évoque « un grand succès », ayant atteint leur objectif de 200 nouveaux ponts obfs4 : « aujourd'hui, nous avons plus de 400 nouveaux ponts ».
Mais la nouvelle censure russe l'incite à en créer toujours plus, « pour garder les Russes en ligne ». La Russie serait en effet le pays dénombrant le deuxième plus grand nombre d'utilisateurs de Tor, avec plus de 300 000 utilisateurs quotidiens, soit 15% de tous les utilisateurs du logiciel.
The Moscow Times relève de son côté que Tor était devenu l'un des principaux outils de contournement de la censure, depuis que les autorités russes ont commencé à filtrer le web en 2014. Pour autant, et si Tor a donc eu des effets politiques dans le pays, « il est devenu de plus en plus évident que le projet Tor a permis le Dark Web, peuplé de pirates informatiques, de trafiquants de drogue et d'armes, et cette image était très loin de la communauté brillante et brillante d'activistes combattant des dictateurs ».
Si de nombreux gangs et forums du « dark web » sont russes, et que les États-Unis font pression sur la Russie à ce sujet, cette censure de Tor relèverait moins de la lutte contre la cybercriminalité que d'un combat contre la protection de la vie privée : « tout au long de 2021, les censeurs Internet russes ont lancé une attaque systématique contre les technologies qui pourraient être utilisées par les utilisateurs du pays pour contourner la censure ».
Au cours de l'été, Roskomnadzor, le Service fédéral de supervision des communications, des technologies de l'information et des médias de masse a ainsi « bloqué les deux principaux VPN, puis le navigateur populaire Opera a supprimé la prise en charge de son VPN. En septembre, huit autres VPN populaires ont été bloqués. Et puis Apple a désactivé son service Private Relay en Russie, conçu pour chiffrer tout le trafic quittant l'appareil de l'utilisateur afin que personne ne puisse l'intercepter. Apple a déjà été contraint de l'éteindre en Chine, en Biélorussie, en Colombie, en Égypte, au Kazakhstan, en Arabie saoudite, en Afrique du Sud, au Turkménistan, en Ouganda et aux Philippines, citant des "exigences réglementaires" dans ces pays. C'est maintenant au tour de la Russie. »
Commentaires