La santé est le « principal moteur » des brevets en Europe, le spectre de la pandémie
Remontada de la Chine
Le 25 mars 2021 à 14h28
6 min
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En 2020, la France a demandé plus de brevets qu’en 2019, dans un contexte global en légère baisse. Selon l’Office européen des brevets, la santé était le « principal moteur de l’innovation », avec une très forte progression des produits pharmaceutiques. Le plus dur reste à venir, car les effets de la pandémie « ne sont pas encore visibles ».
Comme chaque début d’année, l'Office européen des brevets (OEB) publie son bilan des demandes de brevets dans l’Union (et provenant de partout dans le monde). L’édition 2020 est particulière, car la crise sanitaire mondiale a certainement eu de premiers effets sur les chiffres et les domaines de prédilection des chercheurs.
Une petite baisse… mais le plus dur reste à venir ?
Alors que 181 532 demandes avaient été déposées à l’OEB en 2019, on est passé à 180 250 en 2020, soit une toute petite baisse de 0,7 %, mais qui arrive après trois années consécutives de croissance à plus de 4 % en moyenne. Sur la dernière décennie, des baisses avaient déjà été enregistrées en 2016, 2013 et 2011.
António Campinos, président de l'OEB, reste prudent sur l’interprétation des chiffres : « Dans l'ensemble, l'activité en matière de brevets reste soutenue, même si elle fluctue selon les secteurs technologiques et les régions. Bien que ces résultats soient concluants pour l'année passée, ils sont loin de présenter une image complète des effets à long terme de la pandémie ».
Pour lui, les effets de la crise sanitaire « ne sont pas encore visibles ». Et pour cause : avant de pouvoir déposer un brevet, les recherches sont souvent longues. « Et même si nous ne pouvons pas prédire avec certitude les tendances en matière de demandes de brevets qui se dessineront dans les mois ou les années à venir, nous savons que ce sont l'innovation, la recherche et la science qui conduiront à un monde plus sain et à des économies plus fortes et plus durables », ajoute António Campinos.
États-Unis largement en tête, la France progresse après des baisses
Les États-Unis étaient les plus gros demandeurs de brevets en 2020, et de loin : 44 293 demandes en 2020 (- 4,1 %), soit 25 % de l’ensemble. Ils sont suivis par l’Allemagne avec 25 956 (- 3 %), talonnée par le Japon à 21 841 (- 1,1 %). La Chine affiche une forte progression de 9,9 % avec 13 432 demandes. Le pays enchaine les hausses alors que le trio de tête est en baisse.
En cinquième position, la France aussi est en croissance (+ 3,1 %) mais reste loin derrière les Allemands avec 10 554 demandes seulement. C’est néanmoins « un signal d’autant plus positif que cette augmentation fait suite à deux ans de baisse », rappelle le CEA. On retrouve ensuite la Corée à 9 106 (+ 9,2 %), la Suisse à 8 112 (- 1,9 %), les Pays-Bas à 6 375 (- 8,2 %) et le Royaume-Uni à 6 129 (- 6,8 %). Les autres pays sont à moins de 5 000 demandes de brevets.
La Chine et la Corée sont clairement à part avec près de 10 % de croissance : « Les secteurs pour lesquels les entreprises chinoises ont déposé le plus de brevets sont les biotechnologies, les machines, appareils et énergies électriques (où l'on retrouve une grande partie des technologies vertes). Les entreprises coréennes se sont montrées particulièrement actives dans les domaines des machines, appareils et énergies électriques, des télécommunications, des semi-conducteurs et de l'informatique », détaille l'Office européen des brevets.
Dans l’ensemble, l’Office européen des brevets explique que les demandes de brevets sont en baisse en Europe, « mais la Finlande, la France et l'Italie font figure d'exceptions ».
Samsung, Huawei et LG sur le podium… le CEA en 37e position
Du côté des sociétés, Samsung est largement en tête avec 3 276 demandes de brevets l’année dernière, suivie par Huawei à 3 113 et LG à 2 909. Pour l’Office, le trio de tête « reflète également la progression constante des demandes de brevets originaires de Chine et de Corée du Sud ». On descend ensuite d’un bon cran avec Qualcomm à 1 711 « seulement ». La première entreprise européenne est en cinquième position avec Ericsson à 1 634 demandes, puis Siemens, Robert Bosch, Sony…
Dans le Top 10 du classement des demandeurs de brevets en Europe, on trouve « cinq entreprises européennes (nombre le plus élevé depuis 2014), deux sud-coréennes, une chinoise, une japonaise et une américaine »… Pas de quoi pavoiser pour autant, car les quatre premières places sont occupées par des entreprises américaines ou asiatiques avec plus de 11 000 demandes combinées, alors que les cinq sociétés européennes s’approchent à peine des 6 300.
N’espérez pas trouver d'entité française dans le début du classement. Il faut en effet descendre à la 37e place pour voir apparaitre le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies (CEA), qui se félicite de « conserve[r] la première place des déposants français » avec 520 demandes, à égalité avec Boeing.
C’est même une source de satisfaction pour Corinne Hueber-Saintot, directrice de la valorisation au Commissariat, qui fait le point de la situation de l’Hexagone : « Le CEA figure ainsi en bonne place devant les deux autres Français dans le top 50 : Safran (424 demandes, 48e mondial ) et Saint-Gobain (413 demandes, 50e) ».
Concernant les brevets effectivement délivrés, les tendances sont les mêmes : 133 715 en 2020 (sur 180 250 pour rappel), soit 3 % de moins qu’en 2019 après quatre années de hausse, dont 40 % en 2016 et 20 % en 2018. La pandémie laisse très certainement des traces.
Les États-Unis restent en tête avec 34 162 brevets obtenus en 2020. Ils sont suivis par le Japon à 20 230, juste devant l’Allemagne (20 056). La France (8 397) reste à la quatrième position, devant la Corée (7 049) et la Chine (6 863) . Alors que le Top 5 est en baisse, la Chine affiche encore une fois une forte progression de 10,2 %, elle pourrait donc rapidement dépasser la Corée et s’approcher de la France.
Produits pharmaceutiques et biotechnologies à l’honneur
Sans grande surprise, dans les secteurs porteurs de l’année dernière on retrouve en tête les produits pharmaceutiques (+ 10,2 %) et les biotechnologies (+ 6,3 %). Les deux domaines « ont enregistré la plus forte progression en termes de demandes de brevets », affirme l’OEB.
C’est un changement important par rapport à 2019, où les croissances les plus importantes provenaient de la communication numérique (+ 19,6 %), de l'informatique (+ 10,2 %) et des transports (+ 6,6 %). En 2020, communication et informatique ne progressent que de 1 à 2 % seulement, tandis que les transports sont en perte de vitesse de 5,5 %. C’est particulièrement notable pour l'aviation et l'aérospatial qui perd pas moins de 24,7 %. L’automobile limite fortement la casse avec - 1,6 %
Les technologies médicales prennent la pole position et devient le secteur regroupant le plus de demandes de brevets en 2020 : 14 295 contre 13 833 l’année dernière. Elles dépassent de peu les communications numériques qui sont à 14 122 demandes et qui étaient en tête en 2019. L’informatique, les machines électroniques et les transports constituent le reste du Top 5.
La santé est le « principal moteur » des brevets en Europe, le spectre de la pandémie
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Commentaires (1)
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Abonnez-vousLe 25/03/2021 à 16h13
avec une très forte progression des produits pharmaceutiques….