Exposition aux ondes : elle reste faible mais le nombre de points atypiques augmente
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Le 03 août 2021 à 08h00
9 min
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En 2020, l’ANFR a effectué plus de 4 500 mesures d’expositions du public aux ondes. Les niveaux moyens sont en légère hausse, mais « restent globalement faibles » et très largement sous les limites réglementaires. Le nombre de points atypiques (surveillés de près par l’Agence) étaient par contre en forte hausse en 2020.
Comme chaque année, l’Agence nationale des fréquences publie un observatoire sur l’exposition du public aux ondes électromagnétiques. Pour rappel, l’État – à travers l’ANFR – permet aux « particuliers et aux collectivités la possibilité de faire mesurer gratuitement l’exposition aux ondes électromagnétiques, aussi bien dans leur lieu d’habitation que dans des lieux accessibles au public ». Tous les détails de cette procédure sont disponibles par ici.
L’année dernière, ce sont ainsi 2 735 lieux qui ont fait l’objet de mesures afin de vérifier que les niveaux sont en dessous des seuils réglementaires. Malgré la crise sanitaire, le niveau des demandes était donc élevé, bien qu’il soit un peu inférieur à celui des années précédentes : 3 020 en 2019 et 3 068 en 2018.
76 % des mesures sont inférieures à 1 V/m
Avant d’entrer dans le vif du sujet, un rappel : les limites légales varient pour rappel entre 28 V/m et 87 V/m selon la fréquence des ondes. Le graphique ci-dessous résume la situation avec des images permettant de placer certaines sources d’émissions comme un compteur Linky, la radio FM, la TV ou la téléphonie mobile :
Sur les 2 735 mesures, 2 071 ont été effectuées en milieu urbain, avec une moyenne de 0,99 V/m (la médiane est à 0,49 V/m, le maximum à 40,9 V/m). Cette moyenne est en légère hausse au fil des années puisqu’elle était en dessous de 0,8 V/m jusqu’en 2017.
A contrario, 664 mesures ont été réalisées dans des zones rurales avec une moyenne de 0,4 V/m (médiane à 0,21 V/m et maximum à 8,4 V/m). Cette moyenne est par contre stable depuis plusieurs années (0,42 V/m en 2014), exception faite de 2015 où elle était montée à 0,67 V/m.
La moyenne toutes zones confondues est de 0,85 V/m (médiane à 0,37 V/m), soit 0,07 V/m de plus qu’en 2019, mais un niveau quasiment identique à celui de 2018. La tendance est néanmoins à la hausse puisque la moyenne globale était de 0,68 V/m en 2014.
La contribution du Wi-Fi en hausse
L’ANFR propose comme toujours une analyse détaillée des sources et, cette année encore, « dans la majorité des cas (58 %), la téléphonie mobile est le contributeur principal de l’exposition mesurée ». L’Agence note qu’en intérieur « le Wi-Fi est le contributeur principal dans 17 % des cas, ce chiffre est en hausse par rapport aux années précédentes où le Wi-Fi était contributeur dans seulement 8 à 12 % des cas ».
Il n’est par contre « jamais contributeur principal » en extérieur. Comme nous l’avons récemment rappelé, la puissance d’émission des appareils Wi-Fi ne sont pas forcément les mêmes en extérieur et en intérieur suivant les bandes de fréquences. Ce qui explique que l'on constate de tels résultats.
La moyenne sur les places de mairies passe à 0,54 V/m
Tous les trois ans, l’ANFR mesure l’exposition d’un millier de places de mairies afin de suivre leur évolution sur une longue période : « Le niveau moyen d’exposition […] est de 0,54 V/m. Les mesures sont inférieures à 0,28 V/m pour la moitié des places de mairies. Il a été relevé pour le point le plus exposé une valeur de 5,5 V/m ».
L’Agence rappelle que « l’augmentation de l’exposition moyenne entre 2014 et 2017 était modérée, passant de 0,38 V/m à 0,46 V/m (+ 21 %) ». La situation était comparable entre 2017 et 2020 puisque l’exposition passait de 0,46 à 0,54 V/m (+ 17 %). En six ans, nous sommes donc passés de 0,38 à 0,54 V/m.
La progression en pourcentage est importante, mais le niveau global reste très faible. Parfois, de manière locale, le niveau est même en baisse. C’est notamment le cas du point le plus exposé de 2014, qui était au-dessus de 6 V/m : il a ensuite été mesuré à 5,3 V/m en 2017, puis à 3,6 V/m en 2020.
Mais ce n’est « pas représentatif de la tendance générale entre 2014 et 2020 », précise l’ANFR.
51 points atypiques à plus de 6 V/m en 2020
Un autre indicateur important concerne la mesure et le suivi des points dits « atypiques », dépassant les 6 V/m. Ils ne sont donc pas forcément (et même rarement) au-dessus de la limite réglementaire, mais l’Agence y porte une attention particulière et tente au maximum de les résorber en travaillant avec les services qui en sont à l’origine.
En 2020, 51 points atypiques ont été identifiés « parmi les 4 696 mesures ». Ce nombre est en forte hausse puisqu’il y en avait 29 en 2019, 33 en 2018 et 15 en 2017. Ils font généralement l’objet d’une analyse dédiée par l’Agence.
- Exposition aux ondes en 2019 : 29 « points atypiques » et une injonction
- Exposition aux ondes : 33 « points atypiques » dépassaient les 6 V/m en 2018
42 d’entre eux concernent de nouveaux lieux, mais 9 étaient des points atypiques déjà recensés lors des précédentes campagnes de mesures. Les niveaux étaient compris entre 6 et 40,9 V/m, avec une moyenne à 8,7 V/m, qui reste « identique à celle des points atypiques recensés en 2019 » et quasiment la même qu’en 2018.
Sur les 51 points, 21 vont de 6 à 7 V/m, 11 de 7 à 8 V/m, ce qui en laisse donc 19 à 8 V/m ou plus :
… avec 40,9 V/m à Caluire-et-Cuire
Le « record » de l’année 2020 a été mesuré à Caluire-et-Cuire (Rhône). « L’analyse détaillée en fréquence a révélé que l’exposition cumulée sur les différentes bandes de fréquence est restée en dessous des valeurs limites de l’exposition pour les bandes de fréquences considérées », explique l’ANFR.
Néanmoins, « en prenant en compte les facteurs d’extrapolation à puissance maximale des émetteurs […] ce niveau serait devenu supérieur aux limites d’exposition du public aux champs électromagnétiques. L’exploitant a donc immédiatement procédé à la coupure du secteur. Le riverain a été prévenu et une mesure de contrôle commandée pour vérifier l’efficacité de l’action entreprise par l’exploitant ».
Le second point atypique le plus élevé était à 15,5 V/m. Il avait déjà été identifié en 2019 à Cagnes-sur-Mer… mais alors à 9,3 V/m. Les mesures correctives n’ont pas donné le résultat escompté puisque le niveau a augmenté. La troisième marche du podium revient à Paris (12e) avec 13,8 V/m.
L’ensemble des points atypiques, leur adresse, les valeurs globales, les principaux contributeurs, les éléments de suivi (c’est-à-dire les actions mises en place) et les éventuelles mesures de contrôles sont disponibles dans l’annexe 2 (à partir de la page 16) de ce document.
La liste des nouveaux points atypiques identifiés en 2020 dont le niveau de 10 V/m au minimum
Le travail de longue haleine pour (tenter de) les résorber
L’ANFR en profite pour faire le point sur son traitement des points atypiques au cours des dernières années : « La totalité des dossiers des points atypiques identifiés en 2017 sont aujourd’hui clos, avec un pourcentage de résolution de 80 % (73 % ont été résorbés, 7 % n’ont pas permis de mesure de contrôle) ».
Il en reste donc 20 % « non résorbés ». Selon les cas, il se peut qu’une action corrective soit mise en place, mais sans faire redescendre le niveau d’exposition à moins de 6 V/m ou que la situation soit maintenue. Rappelons une fois encore qu’un point atypique n’est pas forcément un point dépassant les limites réglementaires.
En 2018, « 91 % des dossiers sont clos, dont 61 % après résorption du point atypique », tandis que « 37 % des dossiers de points atypiques ouverts en 2019 ont été clos fin 2020, dont 34 % étaient après résorption ». Seuls « 10 % des dossiers ouverts durant en 2020 sont clos (8 % de points résorbés au 31 décembre 2020) ». La mise en place des mesures correctives peut prendre plusieurs mois, voire des années.
Selon l’Agence, « la proportion des points atypiques (rapportée au nombre de mesures réalisées en 2020) a augmenté et le processus de résorption des points atypiques nécessite beaucoup de persévérance. Il en ressort également que quelques points atypiques persistent malgré la multiplication des actions correctives ».
Fort de cette constatation, l’ANFR propose deux orientations pour les années à venir :
- « Maintenir un état des lieux des points atypiques déjà traités afin de constituer un catalogue des trajectoires ayant abouti à une résorption effective des points atypiques ;
- Actualiser la définition des points atypiques dans le cadre du comité national de dialogue et vérifier régulièrement, aux travers d’études, que le niveau d’attention reste adapté ».
Les ondes dans le métro parisien
Enfin, une étude a été mise en ligne « sur les mesures d’exposition du public aux ondes électromagnétiques réalisées sur plus de 150 arrêts du métro parisien ». Là encore, pas de surprise : « les niveaux mesurés sur les quais des lignes de métro sont relativement faibles, leur moyenne étant de 1,22 V/m (les valeurs limites réglementaires sont fixées entre 28 et 87 V/m) », avec une médiane à 0,95 V/m.
Aucun point atypique n’a été identifié. « Dans la quasi-totalité des cas, la téléphonie mobile constitue la principale source d’exposition, les autres services (radio, télévision, Wi-Fi, balises PMR…) y contribuant de manière très marginale, du fait notamment de l’environnement souterrain pour la plupart des points de mesures ».
Rappelons pour terminer que l’ANFR se penche aussi sur le cas des compteurs communicants Linky. L’année dernière (comme les précédentes), elle a effectué plusieurs centaines de mesures, sans jamais trouver à redire sur les niveaux d’exposition aux ondes. Elle contrôle également le niveau d’émission d’ondes des smartphones (alias le DAS). Des sujets que nous avons déjà couverts dans de précédents articles.
- Linky : des mesures dans 329 lieux et l’ANFR ne trouve toujours rien à redire sur les émissions d’ondes
- Exposition aux ondes : 95 smartphones contrôlés, 9 non conformes et une amende
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Abonnez-vousLe 09/08/2021 à 22h28
Est-ce l’onde qui est dangereuse, ou son caractère pulsatile ?
D’où viennent ces normes sanitaires en V/m ?
Comment et par qui ont-elles été fixées ?
Les expers qui les ont fixées ont-ils des conflits d’intérêt ?
En créant un seul réseau national au lieu de 4, avec des antennes plus coûteuses mais ayant un meilleur rapport signal/bruit, ne serait-il pas possible de réduire les émissions ?
Quelques pistes pour votre future enquête. Attention, la réponse à certaines questions peut vous faire glisser dans le complotisme, veillez à être préalablement “vaccinés”…