ARM et NVIDIA cherchent à rassurer sur leur deal à 40 milliards
Le 18 juin 2021 à 08h42
3 min
Économie
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Alors que la procédure continue, devant se terminer dans le courant de l'année prochaine, les deux partenaires font face aux questions, attendues, sur les problématiques posées par leur rapprochement. Elles n'y voient pour leur part que des avantages : leurs stratégies sont parfaitement alignées et complémentaires, NVIDIA pouvant donner à ARM la force de frappe pour se développer, aller plus loin dans le traitement graphique et l'IA, des marchés porteurs.
Le géant américain travaille déjà sur ses propres SoC et CPU, et multiplie les partenariats, avec AWS (Graviton) ou Ampere Computing (Altra). Sur ce point, il répète n'avoir aucun intérêt à « tuer » la diversité de l'écosystème ARM, puisqu'il s'agit du modèle économique même de la société qui fournit des licences à des tiers.
Jen Hsun Huang a vanté cette approche qui permet à n'importe qui de construire ses propres solutions, avec de très nombreuses entreprises impliquées, ce qui constitue l'une des forces d'ARM. C'est d'ailleurs ce qui avait décidé l'European Processor Initiative (EPI) à exploiter une telle architecture, pour gagner du temps en développement.
Il faudra néanmoins continuer de rassurer, surtout sur le contrôle à l'exportation de ces technologies, le patron d'ARM expliquant que cela ne concerne finalement que très peu des produits de la société. Un point qui sera probablement analysé dans le détail par certaines autorités.
Sur la présence en Angleterre, à Cambridge en particulier, NVIDIA a déjà donné de nombreux gages, avec de lourds investissements consentis sur place, dont un supercalculateur à 100 millions de dollars, Cambrige-1. Rappelons qu'ARM est détenue par un fonds japonais, SoftBank.
Seul sujet absent de l'entretien : RISC-V. Cette architecture totalement ouverte est l'occasion pour beaucoup de voir une alternative possible à ARM, organisée par une fondation Suisse, sans mécanique de licence, mais avec la possibilité pour chacun de construire ses propres blocs à commercialiser.
Elle aussi est utilisée par l'EPI, des sociétés comme SiFive s'étant spécialisées dans les solutions exploitant RISC-V pour des tiers. Son ancien vice-président est d'ailleurs revenu à la société où il a longtemps travaillé, Intel… qui chercherait à acquérir SiFive.
Le 18 juin 2021 à 08h42
Commentaires (18)
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Abonnez-vousLe 18/06/2021 à 09h16
Et nVidia, au moment de racheter Aegia, avait pas promis que le moteur PhysX resterait matériellement disponible ?
Parce que je sache, c’est désormais une exclu des cartes nVidia et je suis pas convaincu que les cartes dédiés PhysX soit encore fabriquées …
Le 18/06/2021 à 11h49
Non le moteur PhysX en tant que tel a continué à être utilisé et distribué sur toutes les plateformes (notamment les consoles), ce qui est spécifique à NVIDIA c’est l’accélération matérielle via CUDA (m’enfin dans les jeux actuels ce n’est presque plus utilisé puisque plus vraiment nécessaire de toutes façons). Et je vois mal en quoi les deux situations sont comparables;
Le 18/06/2021 à 14h03
Le fait est que, contrairement à AMD, NVIDIA est connue pour sa réticence à open-sourcer ses technologies, le dernier exemple étant DLSS, comparée au projet ouvert FSR des rouges.
J’aurais eu un peu plus confiance si c’était AMD qui avait racheté la boite à nos amis Japonais…
Mais j’aurais eu encore plus confiance si c’était une fondation de type Mozilla ou un SIE qui prenait la main sur tous ces intérêts partisans, orientés et trop intéressés pour être honnêtes.
Pour savoir ce qu’une entreprise a dans le ventre, il suffit d’examiner son histoire. Et là, en ce qui concerne NVIDIA, c’est pas brillant…
Nous avons affaire à une entité anti-concurrentielle, très agressive, qui se contrefout de l’open source (exemple : le driver libre “Nouveau”, qui n’arrive pas à la cheville de l’officiel (très fermé, dans le monde Linux on appelle ça un “blob”), parce que NVIDIA cache jalousement nombre de ses secrets, aussi il ne reste aux concepteurs de cette alternative que le reverse-engineering pour essayer d’avancer…).
Sachant cela, rien ne pourra l’empêcher, dans un avenir plus ou moins lointain, en jouant avec les termes des accords et les notions juridiques, de fermer peu à peu l’architecture ARM, ou du moins ses futures déclinaisons qui auront des exclusivités (accélérateurs ?) réservées au caméléon vert et uniquement à lui.
Le problème, c’est que ces exclusivités seront cruciales pour répondre aux futures demandes du marché (et aux dernières tendances / modes / gadgets concernant notamment les portables, la TV et la domotique…).
Dans ce cas les petits seront balayés, les seuls industriels ARM-dépendants capables de résister seront des mastodontes tels qu’Apple ou Samsung, ou (par example) ceux qui oeuvrent dans le domaine des serveurs, du cloud, etc…
Quelque soit l’accord signé, il y aura toujours des failles, des ambiguïtés, que NVIDIA pourra détourner à loisir pour son propre intérêt, au détriment des autres utilisateurs de licences ARM.
Le 18/06/2021 à 14h15
« Il y a une faille en tout, c’est comme cela que la lumière rentre… »
~ Leonard Cohen ~
(On se console comme on peut…)
Le 18/06/2021 à 18h15
Risk-V n’est-il pas moins cher ?
Il n’y a semble-t-il pas de licence à payer.
Il peut y avoir de la concurrence comme entre Intel et AMD.
Arm est seule, c’est un monopole de fait.
J’attends avec intérêt l’esp32-C3, le successeur de l’ESP8266 qui exploite un coeur Risk-V.
J’espère qu’il sera bien soutenu par la communauté des makers.
Le 19/06/2021 à 08h43
NVIDIA publie pas mal d’OSS, ils ne le font par contre pas pour leurs pilotes (ce qui ne les empêche pas de contribuer ici ou là). On peut le regretter, choisir ses composants selon ce critère.
Mais je vois mal le rapport avec le sujet. ARM n’est pas une boite totalement ouverte, elle vend des licences et vit donc du fait qu’il faut payer pour accéder à ses designs et les exploiter. Et on ne peut pas dire que l’écosystème ARM soit la fête de l’ouverture côté pilote ou accès logiciel à l’ensemble des composants, même dans des solutions comme le RPi par exemple.
Pour rappel, le design ne décide d’ailleurs pas de ce point, ça dépend de celui qui conçoit et farbrique la puce, ainsi que sa couche logicielle, que de la développer en OSS ou non.
AMD est pour rappel une société de droit privé qui conçoit des designs de CPU/GPU pour les utiliser à son propre profit ou via des licences vendues à des tiers. L’ouverture d’une partie de sa couche logicielle est un autre sujet, qui dépend de sa stratégie plus que de son modèle économique.
Sur ces sujets, il faut veiller à ne pas tout mélanger, ça sert mal les analyses.
Le 19/06/2021 à 09h59
ARM, jusqu’à présent, vend des licences… à qui veut bien les acheter ! Elle ne fait pas de discrimination entre les acheteurs, parce qu’elle n’a aucun intérêt à le faire.
Qu’est-ce qui empêchera NIVIDIA, dans le futur, de fermer plus ou moins l’accès aux licences, de réserver ce dernier à certains acteurs qui n’entrent pas directement en concurrence avec elle ?
Je pense qu’on peut tomber d’accord sur le fait que cette architecture va évoluer, que certaines briques de base vont devenir obsolètes, au profit d’autres, plus modernes, qui répondent mieux aux besoins des industriels.
Qu’est-ce qui empêchera NVIDIA, en jouant sur les termes des accords signés, de contrôler l’accès à certaines parties de l’architecture (accélérateurs, GPUs ?), cruciales pour concevoir des processeurs en base ARM capables de réellement s’imposer face à la concurrence ?
Parce qu’il est clair pour moi que les verts ont leur propre agenda en ce qui concerne cette architecture, et il est aussi clair qu’ils pourront trouver un moyen astucieux de favoriser ou de mettre en avant leurs propres projets au détriment de ceux d’autres industriels, je pense en particuliers aux nouveaux entrants qui n’ont pas la même force de frappe et les mêmes ressources (juridiques, entre autres) que les “trois gros” que j’ai cité plus haut…
Tu comprends ? je soupçonne NVIDIA d’être juge et partie, de vouloir contrôler et orienter le marché ARM à son avantage interne, au détriment des autres. C’est ce que j’appelle “pourrir un marché”.
Ils ne restera plus alors aux acteurs qu’à se tourner vers d’autres architectures, pourquoi pas effectivement RISC-V, comme souligné par plusieurs membres ? Mais cela signifie aussi une perte sèche en termes de R & D, cela signifiera pour certains qu’il faut tout recommencer leur design quasi de zéro, et ça, seuls les plus solides pourront se le permettre.
Pour résumer : de mon point de vue, confier ARM à NVIDIA correspond à confier une bergerie à un loup, ni plus, ni moins.
Le 19/06/2021 à 08h50
RISC-V appartient à une fondation, je doute qu’elle soit à vendre ou que ça servirait à quoi que ce soit de l’acheter.
Pas pour l’architecture de base. Mais elle ne suffit pas à tous les usages. Du coup des sociétés développent des blocs d’IP complémentaires à utiliser dans des SoC (c’est le modèle économique de SiFive notamment).
C’est déjà le cas, mais on ne peut pas faire des CPU équivalent à ce que proposent AMD et Intel sur une base RISC-V, sans parler de la question de la compatibilité.
ARM propose des architectures, comme d’autres sur base x86, ou RISC-V (entre autres, coucou IBM), il n’y a pas de monopole. A la limite, on pourrait penser que c’est le cas sur mobile, mais c’est simplement une couche de design, chacun fait ce qu’il veut ensuite, la concurrence est là comme le montre la diversité de l’écosystème.
D’ailleurs, et quand Intel a tenté de rentrer sur ce marché, nombreux étaient ceux à se réjouir qu’ils n’y parviennent pas de mémoire. On voit à quoi ça peut mener ;)
Sans doute, mais quel est le rapport avec le sujet qui nous occupe ? PS : il y a déjà des micro-contrôleurs RISC-V et cartes de dev basées sur cette architecture.
Le 19/06/2021 à 10h19
Ce serait difficile de faire un CPU équivalent aux x86 récents en RISC-V (même après qques années de travail en ce sens)? En terme de perfs globales s’entend, pas la compatibilité qui est un autre domaine.
Le 21/06/2021 à 07h36
On disait la même chose d’ARM. Maintenant le M1 d’Apple poutre du Intel. RISC-V a une carte à jouer.
Le 19/06/2021 à 14h00
tous ces pavés illisibles puis “pour résumer” un truc simpliste…
Tu sais qu’il a des commissions avec des gens dont c’est le métier pour vérifier justement qu’il n’y ai pas de distorsion de la concurrence ?
Le 20/06/2021 à 04h46
Tu sais qu’il y a des juristes et des spécialistes divers et variés dont le métier est justement de te faire passer à travers les mailles du filet, aussi serré soit-il ?
Un exemple flagrant est l’optimisation fiscale, qui échappe toujours et encore (et pour longtemps) à toutes les tentatives de la réguler. En ce qui concerne NVIDIA, son intérêt n’est pas la neutralité dans l’attribution des licences, vu qu’il est loin d’être neutre dans l’affaire.
Il y a un vieux principe, selon lequel on ne peut être juge et partie.
Avec ARM, NVIDIA s’est simplement acheté un bureau de R & D de plus.
Le 19/06/2021 à 23h38
En clair on ramène aux US la propriété intellectuelle de toutes les architectures CPU disponibles afin de verrouiller toute velléité de mise en place d’alternative permettant une certaine autonomie technologique.
La prochaine étape sera-t-elle l’interdiction de distribution de licences de l’architecture ARM à des entreprises Chinoises ou Russes voire Européennes ?
Le 20/06/2021 à 10h44
Oui, cette phrase ne me choque pas.
Arm fait le la recherche et développement.
Nvidia proposai de valoriser cette entité 40 milliards.
C’est une étape, on verra si elle se valide, le processus dure 2ans environ.
En fait tu mélanges 3 sujets j’ai l’impression:
Le business
Toi, le consomateur
L’ingénierie
Le 20/06/2021 à 19h02
Mon sujet, comme dit plus haut, est la neutralité dans l’attribution des licences (je pense en particulier aux nouveaux entrants), et le non-pourrissement (à long terme) du marché au profit exclusif du caméléon, qui serait ici juge (si l’achat est validé, il sera en bonne position pour décider qui bénéficiera de certaines futures innovations ou pas, ou pour orienter subtilement, ou pas, la R & D dans une direction qui n’arrange que lui) et partie (il est lui-même au départ client ARM).
Les monopoles, ou tout ce qui menace la neutralité d’une entreprise aussi cruciale qu’ARM, est un vrai danger pour tout une industrie.
C’est pour cela que je pense que tous les clients actuels d’ARM devraient se regrouper en un GIE (Groupement d’Intérêt Économique) ou SIE (Special Interest Group), qui participerait au financement / au capital et aurait toute sa place pour décider collectivement des futures orientations de la firme, dans l’intérêt de toute l’industrie.
Le 21/06/2021 à 05h38
Maintenant que tu te recentres sur la partie business, je vais te cadrer cet aspect:
une licence pour A pour 10k produits vaudra le même prix pour B pour 10k produits.
C’est justement ce que vont scruter toutes les entités de tous les continents.
Après, pour l’intérêt d’arm, ils ont changé de politique pour justement attirer des nouveaux entrants récemment il me semble, avec un type de licence ou tu ne payes pas l’archi mais juste l’usage silicium.
Bref, c’est à enrichir, pour l’instant on est sur des à prioris.
Le 21/06/2021 à 07h43
C’est à ca que je pensais justement quand j’ai posé ma question
Le 21/06/2021 à 12h26
Depuis le début, je ne parle QUE de biz ! Je sais, des fois c’est dur, le matin…