Plongée au cœur de ReadyNAS OS 6.10, l’interface de gestion des NAS de Netgear
En attendant ReadyNAS OS 7
Notre dossier sur les NAS rackables de Netgear :
Le 24 janvier 2019 à 16h31
25 min
Hardware
Hardware
Lorsque l'on parle de NAS, on pense mécaniquement à des sociétés comme QNAP ou Synology. Mais il en existe d'autres, telle Netgear qui propose depuis longtemps sa gamme ReadyNAS. Nous en avons décortiqué l'interface, à une période où l'entreprise opère une profonde mutation de son modèle et de ses services.
Comme nous l'avions évoqué à l'occasion de notre test du routeur Nighthawk XR500, Netgear est en pleine transformation. Géant du réseau, la société est avant tout « une boîte de hardware » dont les interfaces étaient pensées pour des utilisateurs souhaitant tout contrôler, efficacement, sans trop se soucier du design.
Mais avec la montée en puissance d'internet dans notre quotidien, puis des objets connectés, les choses ont changé.
Nouveau look pour une nouvelle vie
Les produits grand public ont été les premiers concernés. On l'a vu avec l'arrivée de la gamme Orbi et son application simple à prendre en main, de l'interface DumaOS pour les joueurs, ou encore d'Arlo. Une société désormais indépendante qui se focalise sur la sécurité de la maison, proposant des applications et produits qui se veulent faciles d'usage.
Ces dernières années, Netgear s'est mis à proposer aussi bien des switchs Multi-Gig/SFP+ à plusieurs centaines ou milliers d'euros que des solutions de gestion de parc telles qu'Insight ou... des tableaux connectés. Un changement de culture évident, qui infuse désormais plus globalement au sein de la société. Notamment en ce qui concerne les interfaces.
Ainsi, outre quelques cas spécifiques évoqués plus haut, le switch SX10 de la marque, destiné aux joueurs, arbore un tout nouveau look pour l'interface web de gestion. Plutôt réussi, on aimerait le voir dans plus de produits Netgear. Le domaine professionnel est également visé avec Insight, qui affiche des codes graphiques similaires, dans des tons plus sobres.
Pour le moment, cette mutation est partielle. Nous n'avons pas encore vu le gros des interfaces évoluer, comme celles de la majorité des switchs et routeurs. Une question de temps ? Nous étions néanmoins curieux de voir l'état d'avancement sur une gamme de produits où l'interface fait parfois tout : les NAS.
Ce que nous avons pu faire avec un RN3138 de la marque.
- RN3138 de Netgear : que vaut un NAS 1U à base d'Atom C2558 avec 4 ports gigabit ?
- Plongée au cœur de ReadyNAS OS 6.10, l'interface de gestion des NAS de Netgear
À la rencontre de ReadyNAS OS 6.10
Le secteur du stockage réseau est actuellement dominé par deux acteurs, notamment au sein de l'offre grand public : QNAP et Synology. Ils ont fait de leurs interfaces un argument fort, plaçant presque les composants matériels au second plan. Synology est d'ailleurs leader en la matière avec son Disk Station Manager (DSM), bientôt en version 7.
Comme d'autres, Netgear est néanmoins présent sur ce marché, où il vise un usage classique, avec des modèles à poser sur un bureau ou près de la box de votre FAI, sa série 200. Les entreprises également avec ses séries 400 à 600 et une gamme rackable. Cette dernière contient sept modèles, allant du format 1U à 4U.
Tous ces produits reposent sur une même couche logicielle : ReadyNAS OS (RNOS). Actuellement en version 6.9, la mouture 6.10 est accessible en bêta (nous y reviendrons). C'est cette dernière que nous avons testée (Beta 3) afin de ne passer à côté d'aucune nouveauté. Elle est basée sur Debian 8 (Jessie, noyau 4.4.163, x86-64).
Première surprise, aucune page ne lui est consacrée, bien qu'il s'agisse d'un élément essentiel. Netgear la présente comme un simple firmware comprenant des services rattachés à ses NAS, mais ne semble pas encore le considérer comme un produit à part entière, avec une place dédiée sur son site.
Il y a bien une démonstration en ligne, de nombreuses ressources plus ou moins datées, un guide d'installation datant de 2015, un manuel (en anglais) mis à jour en mars 2018 et un site de support assez complet, mais pas de véritable écrin pour présenter ReadyNAS OS dans son ensemble et ses différentes évolutions.
Comme souvent chez Netgear, il faut se tourner vers les forums en anglais pour trouver les dernières informations.
Une installation simple, mais perfectible
Une fois les HDD/SSD installés et le NAS connecté au réseau, alimenté puis démarré, il vous faut accéder à l'interface d'administration. On y accède par deux moyens : ReadyCLOUD ou RAIDar.
Le premier est un service de gestion distante (nous y reviendrons) accessible via un navigateur, le second une application. On appréciera au passage que cette dernière existe aussi bien sous Linux que macOS ou Windows. Un PPA existe même pour les utilisateurs d'Ubuntu.
Netgear centralise tous les liens des applications liées à ses NAS sur une même page. On regrettera juste que celle-ci ne soit pas mieux mise en avant, dès les fiches produit par exemple.
Dans le cas de ReadyNAS vous serez simplement renvoyé vers l'interface du premier NAS trouvé, ou vers une liste si plusieurs sont disponibles sur votre réseau. RAIDar a l'avantage de livrer directement quelques informations complémentaires comme l'IP des différents ports LAN, l'adresse MAC, le statut du NAS et des disques, etc.
Par défaut, le couple identifiant/mot de passe est admin/password. En cas de problème, une procédure permet de remettre à zéro le NAS ou d'entrer dans un mode particulier (réinstallation, test des disques/mémoire, etc.).
La phase de configuration est assez rapide et vous demandera seulement quelques informations basiques comme le format de l'heure et le fuseau horaire, le nom du NAS sur le réseau ou qui contacter en cas d'alerte.
Cette dernière étape est facultative, même si ce n'est pas clairement présenté comme tel. Il suffit de ne rien remplir et de passer à l'étape suivante. On regrettera aussi un point commun à tous les produits Netgear : le nom d'utilisateur principal est forcément admin.
La récupération du mot de passe demande une question/réponse. Une procédure de sécurité qui peut également se faire via un appui sur le bouton de réinitialisation. On apprécierait tout de même une approche plus moderne, surtout à l'heure de l'API WebAuthn et des connexions sans mot de passe grâce à des clés de sécurité.
Une fois toutes ces informations remplies, les disques seront préconfigurés (en RAID 5 dans notre cas). Lorsque la procédure est terminée, on obtient la page suivante :
La zone Présentation de l'onglet Système regroupe toutes les informations de base sur le NAS et les volumes. Vous pouvez éteindre et redémarrer la machine, accéder aux applications installées (nous y reviendrons), activer l'antivirus et la recherche de fichiers ou encore vérifier la présence d'une mise à jour.
En haut à droite, deux boutons constamment visibles permettent également d'éteindre ou de redémarrer la machine, de se déconnecter, de changer le mot de passe de l'utilisateur courant, la langue ou d'accéder à l'aide et aux forums.
Cette première approche dévoile une interface graphique simple et plaisante, même si elle n'est pas aussi moderne que celles évoquées précédemment (DumaOS, Orbi, SX10). Il faut dire qu'elle n'a guère évolué graphiquement depuis l'arrivée de la version 6.0, il y a six ans tout de même.
Mais qui sait, peut-être Netgear prépare-t-il une version repensée pour ReadyNAS OS 6.20 ou 7. Nous tenterons d'en savoir plus lors de prochains échanges avec la marque.
Gestion des volumes et du RAID
Passons à une étape importante: la création du ou des volumes. Netgear dispose ici d'une spécificité avec ses modes X-RAID et FlexRAID. Des noms peu évocateurs et pas vraiment détaillés dans l'interface.
Dans un document technique, le premier est présenté comme « pour débutant » et le second « pour experts/geeks ». C'est un peu court. En réalité, le mode Flex correspond à un fonctionnement classique, avec un choix entre RAID 0, 1, 5, 10, etc. Il implique des règles strictes sur les capacités des HDD/SSD.
Si vous installez en effet des modèles de 500 Go, 1 To et 2 To dans un même NAS, le volume créé se calera en général sur le plus petit espace de stockage disponible. Les constructeurs ont appris à contourner ce souci avec des solutions clé en main, permettant de perdre moins d'espace, comme le SHR de Synology. C'est l'objectif de X-RAID.
On s'étonne d'ailleurs que ce ne soit pas le mode le plus flexible qui soit nommé FlexRAID. Dans tous les cas, X-RAID vous permet de mélanger des disques de différentes capacités et de faire évoluer simplement l'ensemble (à la hausse). Il y a néanmoins une limite : s'il est activé, vous ne pourrez pas créer plusieurs volumes au sein du NAS.
Pour se rendre compte plus concrètement de l'intérêt de X-RAID, Netgear propose un outil en ligne :
La création d'un nouveau volume ne demande qu'un nom et le type de RAID à utiliser, un graphique présentant l'intérêt de chacun sur trois critères : capacité, fiabilité et performances. Si vous optez pour le RAID 0 (stripping), qui n'apporte aucun niveau de redondance et donc de protection de vos données, une alerte évoquant les risques s'affichera.
Vous pourrez ensuite opter pour l'activation de quotas ou du chiffrement. Dans le second cas, la clé devra être stockée sur un périphérique externe relié à l'appareil. Elle pourra vous être envoyée par email. Enfin, on précise si l'on souhaite pas créer les dossiers partagés par défaut (accueil, documents, images, musique, vidéos).
C'est ensuite que le choix du mode X-RAID peut être effectué via un bouton situé en haut à droite de la zone Volumes. Il n'est par contre pas possible de l'utiliser si vous avez créé un volume RAID 0 ou 10 au départ.
Des emplacements peuvent être déclarés comme contenant un élément de rechange. Ainsi, dans le cas d'une grappe RAID 5 par exemple, si un HDD/SSD tombe en panne, il sera automatiquement remplacé. Vous pouvez alors changer le HDD/SSD défaillant puis éventuellement déclarer un nouveau support de rechange.
Chaque volume est identifié par son état (bille de couleur, quantité de données écrites et disponibles), puis type de RAID. Une roue crantée donne accès à différentes fonctionnalités : commande TRIM pour les SSD, défragmentation, nettoyage, équilibrage, export, test et suppression.
La planification permet de lancer régulièrement certaines de ces fonctionnalités. Les paramètres donnent surtout accès à des informations sur les SSD/HDD et des options pour activer ou non les quotas, sommes de contrôle, purge des instantanées à partir d'un pourcentage d'espace occupé, etc.
Cache système et formatage
Il est aussi fait mention de ReadyTIER. Derrière ce nom – là encore peu évocateur – se cache la possibilité d'utiliser des éléments comme cache, typiquement des SSD en complément de HDD. Il faut pour cela que le volume de départ soit de type FlexRAID et qu'il y ait autant d'éléments « rapides » que « lents ».
Dans un NAS avec quatre emplacements, une seule possibilité : deux lents, deux rapides. Autant dire que cette fonctionnalité est surtout pensée pour de plus gros modèles, surtout que contrairement à ses concurrents, Netgear n'intègre pas d'emplacement M.2 ou de carte fille dans des modèles comme le RN3138.
Pour activer ReadyTIER, il faut créer un premier volume puis sélectionner suffisamment d'éléments libres. Un menu apparaîtra alors sous les informations du volume de départ, avec l'option Ajouter un niveau. Vous obtiendrez deux groupes RAID, le système pouvant décider de stocker les données sur l'un ou l'autre afin d'améliorer les performances de l'ensemble.
Notez qu'à aucun moment l'interface ne laisse le choix du système de fichier à utiliser. Et pour cause : ReadyNAS OS 6 n'utilise que Btrfs, sans autre choix.
Suivi des performances, logs et alimentation
La zone consacrée aux performances du NAS permet de suivre certaines métriques comme la température du CPU, du système ou de chaque disque. La vitesse des ventilateurs y est aussi accessible avec trois modes de fonctionnement : silencieux, équilibré ou fort. Appréciable quand on ne dispose pas d'emplacement isolé.
Les graphiques de suivi du volume de lectures/écritures, d'échanges réseau, d'utilisation CPU ou même d'évolution de la température sont plutôt old school, exploitant ce bon vieux RRDtool. On a tout de même fait mieux depuis. Il est possible d'afficher les informations sur cinq minutes à un an, avec une mise à jour toutes les 1 à 30 minutes. Des moyennes sont affichées, ainsi que les valeurs maximales et minimales.
Une section est dédiée aux logs (Journaux) et audits, permettant de fouiller dans ces données précieuses, mais aussi de voir les connexions actives ou passées. La gestion de l'alimentation permet pour sa part de réduire la vitesse de rotation d'un HDD après quelques minutes d'activité et/ou de programmer l'extinction du NAS.
L'activation depuis le réseau local (WoL, ou Wake on LAN) peut également y être activée, un onduleur (SNMP ou distant) pouvant de son côté être configuré pour fonctionner de pair avec le NAS.
Activation des services et autres paramètres
En dépit de fonctionnalités aux noms parfois peu clairs, ReadyNAS OS reste assez bien organisé : on y trouve rapidement ce que l'on cherche. On note un bon équilibre entre éléments très techniques/détaillés et d'autres à l'activation simple.
C'est notamment le cas des services que l'on trouve dans la zone Paramètres. Ils sont tous regroupés au sein d'un même endroit et peuvent être (dés)activés d'un simple clic. Par défaut, seuls SMB, UPnP et HTTP(s) sont actifs. Vous avez ensuite un large choix de protocoles : AFP, NFS, FTP, iTunes, ReadyDLNA, Rsync, SNMP ou SSH.
C'est donc plutôt complet. Mais là aussi, on pourra regretter le manque d'information sur les différents choix qui pourront rebuter l'utilisateur néophyte. L'antivirus et la recherche peuvent être activés dans cette zone, en complément de la page d'accueil. La fonctionnalité liée aux audits est également à activer manuellement.
Comme nous l'avons durant la phase de configuratin, des alertes peuvent être définies, avec un contact à indiquer par email. Un mode de diagnostic sécurisé permet d'envoyer des informations aux équipes de Netgear afin qu'elles puissent vous aider dans une phase de dépannage par exemple.
La configuration du NAS peut être sauvegardée ou restaurée, dans son ensemble ou seulement pour certains points : services, utilisateurs et groupes, paramètres réseau/divers et accès au partage.
En complément de la procédure de secours évoquée précédemment, un bouton permet la remise à zéro du système. L'OS peut être mis à jour via un fichier local ou en ligne, avec un système de notification. Vous pouvez opter pour une version avec support à long terme, stable ou le canal bêta, un choix appréciable.
Seule l'application des correctifs (hotfix) peut être automatique. Elle l'est par défaut.
Gestion des fichiers, partages, instantanés
Le second onglet, Partages, fait également office d'explorateur de fichiers. On y trouve la liste des volumes et des dossiers partagés, avec une présentation claire des autorisations : lecture et/ou écriture, comptes concernés, etc.
Là aussi, on apprécie l'efficacité de l'interface. Un « + » permet d'ouvrir un panneau de gestion des droits, une roue crantée donne accès à des paramètres complémentaires bien plus complets. Protection contre l'érosion des données (bit rot), défragmentation automatique, quota, protocoles permettant un accès, chiffrement SMB3, instantanés, etc.
Sur ce dernier point, Netgear insiste dans sa documentation : il ne s'agit pas d'instantanés Copy-on-Write (CoW), mais via des pointeurs, qui n'impactent presque pas les performances et nécessitent peu de stockage complémentaire. Ils peuvent être gérés de manière automatique ou via un planning de création/destruction défini manuellement.
Une interface permet d'y naviguer afin de retrouver la version antérieure d'un fichier puis de la restaurer.
La fonction Parcourir autorise la navigation dans l'ensemble des répertoires du compte actif, avec la possibilité d'envoyer ou de télécharger des fichiers, et de les afficher sous la forme de liste ou de grille. Cette interface est d'ailleurs accessible de manière isolée, avec un bouton dédié.
Comptes, iSCSI, réseau
Comme dans tout NAS qui se respecte, on peut créer de nombreux comptes utilisateurs, les grouper pour gérer leurs droits plus facilement, y compris ceux par défaut. L'authentification peut se faire localement ou via un serveur Active Directory. Il est également possible d'inviter des utilisateurs extérieurs via ReadyCLOUD (nous y reviendrons).
La création de groupes/LUN iSCSI est bien entendu de la partie, avec le protocole iSNS (Internet Storage Name Service) pour une détection et une configuration automatisées via un serveur tiers. L'allocation d'espace peut être statique ou dynamique. Là aussi les instantanés, défragmentation automatique et protection contre l'érosion peuvent s'appliquer.
Enfin, passons à la gestion des ports réseau qui peuvent être agrégés via les différentes méthodes habituelles sous Linux : Active backup, Adaptative/Transmit Load balancing, Round-robin, XOR, Broadcast ou LACP (IEEE 802.3ad). Chaque lien peut se voir attribuer un VLAN, l'IPv6 et les proxys sont gérés.
Bref, une panoplie complète, mais encore une fois peu détaillée. Dommage pour les débutants.
La boutique d'applications, Docker et SSH
Passons maintenant aux trois derniers gros morceaux, avec tout d'abord la gestion des applications. Ici, on retrouve les limitations inhérentes de toute boutique applicative, avec à peine 69 applications sur le RN3138. Au moins ne sont-elles pas uniquement des modules Netgear ou orientés vers les entreprises.
On trouve aussi bien ReadyNAS Surveillance qu'Emby/Plex, Drupal, NZBGet ou osCommerce. De petits outils sont également proposés comme htop pour la surveillance des services, CPU/Mémoire du système, iStat, Kernel Plus ou SMB Plus pour l'accès aux paramètres de configuration complémentaires de Samba, du serveur DNS, etc.
Il est possible de charger une application manuellement, mais sans dépôts communautaires comme chez Synology. On aurait également apprécié des interfaces avec un affichage plus dense, mais aussi des outils pour faciliter la gestion de machines virtuelles ou de systèmes de conteneurs tels que Docker.
Mais puisqu'il s'agit d'une distribution Linux sur base Debian, avec accès SSH et peu de limitations (APT est présent par exemple), des possibilités infinies (ou presque) s'offrent à l'utilisateur. Surtout qu'une bonne âme (Mhynlo) a eu la bonne idée de proposer un paquet installant simplement Docker Community Edition.
Il faut passer par SSH et la ligne de commandes pour en profiter, puis suivre la procédure post-installation, mais cela fonctionne sans problème. Netgear pourrait largement simplifier l'opération.
Différentes méthodes de sauvegarde
Nous l'avons vu, Netgear propose de la redondance avec les différents modes RAID et de l'historisation avec ses instantanés. Mais le constructeur vante « cinq niveaux de protection » sur les données au sein de ses NAS. Il en manque donc trois. Deux ont en réalité déjà été évoqués : l'antivirus et la protection contre l'érosion des données (bit rot).
Reste la sauvegarde, notamment à travers des services de stockage en ligne. L'occasion de faire un petit rappel : un NAS peut être un moyen de sauvegarde locale des données localement ou de stockage. Le RAID, lui, permet d'éviter les défaillances d'un ou plusieurs HDD/SSD, selon les cas et la configuration.
Mais le RAID n'est en rien une couche de sauvegarde supplémentaire, et un NAS n'est pas une protection contre tous les problèmes. S'il est détruit – incendie, inondation... – l'ensemble des données est perdu.
Une sauvegarde hors-site est donc le plus souvent conseillée. Que ce soit via un second NAS placé dans un autre bureau ou chez un proche (pour les particuliers), ou un service de stockage en ligne à défaut d'autre possibilités.
- Cryptomator : un outil multiplateforme pour chiffrer vos données stockées dans le « cloud »
- Rclone Browser : accédez à vos services de stockage en ligne et chiffrez-y vos données
- CryptSync : chiffrement et synchronisation automatisés... à l'ancienne
- VeraCrypt : comment chiffrer et cacher des fichiers, un disque dur externe ou une clef USB
ReadyNAS OS propose différentes solutions et une FAQ complète (en anglais) consacrée à la sauvegarde. La première consiste en des sauvegardes entre des machines locale et distante via différents protocoles : SMB, FTP, NFS, Rsync (avec ou sans SSH). Cette fonctionnalité est utilisable pour du Local/Local, vers ou depuis un périphérique eSATA/USB par exemple.
La fonction ReadyDR est de son côté spécifique aux NAS de Netgear. Elle assure une sauvegarde entre deux d'entre eux de manière plus complète. Le constructeur précise qu'elle est « basée sur les blocs qui envoient de façon sécurisée des instantanés entre des appareils ReadyNAS locaux ou distants. Ce type de sauvegarde incrémentielle permet un transfert plus efficace de fichiers volumineux en transférant uniquement des modifications tout en conservant l’historique des versions d’instantanés ».
Des éléments de pédagogie appréciables et qui manquent le plus souvent dans le reste de l'interface.
Deux autres modes sont proposés : Time Machine pour les utilisateurs de macOS (via AFP ou SMB), avec la création de plusieurs espaces privés possibles ou de manière partagée. Il est enfin proposé d'importer des éléments depuis un appareil multimédia via le protocole MTP, pour que le NAS puisse simplement les sauvegarder.
Une fonctionnalité de moins en moins nécessaire à l'heure des smartphones et appareils mobiles, mais qui aura parfois son intérêt.
Gestion des services de stockage en ligne
Peu de services dans l'onglet Cloud. Des concurrents comme Synology sont bien plus complets sur ce point. Netgear se contente des principaux : Amazon (Drive et S3), Dropbox, Google (Drive), Microsoft (Azure et OneDrive) ainsi que Wasabi. Comme ailleurs, on regrette qu'un chiffrement natif ne soit pas proposé pour l'espace distant, pour assurer un niveau de protection supplémentaire malgré l'utilisation d'un service tiers.
Il faudra donc procéder manuellement :
- Cryptomator : un outil multiplateforme pour chiffrer vos données stockées dans le « cloud »
- Rclone Browser : accédez à vos services de stockage en ligne et chiffrez-y vos données
- CryptSync : chiffrement et synchronisation automatisés... à l'ancienne
- VeraCrypt : comment chiffrer et cacher des fichiers, un disque dur externe ou une clef USB
Les autres options nécessaires sont là : choix du chemin local/distant à synchroniser, sens de la synchronisation (bidirectionnelle ou non), historique des transferts, limitation des débits de téléchargement/upload et intervalle de vérification. Pour un même service, plusieurs sessions peuvent exister, pour séparer les gestions des répertoires.
On note également la présence de trois services maison : ReadyNAS Replicate (qui n'existe plus), ReadyNAS Vault et ReadyCloud. Le premier est un service de stockage en ligne, en partenariat avec ElephantDrive, facturé 10 ou 20 dollars par mois par To, la différence venant du nombre d'appareils gérés, de sous-comptes, la taille maximale des fichiers, le support, etc.
ReadyCLOUD permet à l'inverse d'utiliser votre NAS comme un stockage pouvant être utilisé à distance, avec des clients de synchronisation disponibles pour Android, iOS, macOS et Windows. Les utilisateurs sous Linux devront cette fois se contenter de l'accès via une interface web.
Le tout passe par le compte MyNetgear auquel vous pouvez rattacher les différents appareils de la marque. Comme tous les autres services de l'onglet Cloud, vous pouvez l'activer ou le désactiver d'un clic. Un port TCP spécifique peut être également forcé pour les connexions entrantes.
ReadyCloud et Insight pour la gestion distante
L'interface de ReadyCLOUD se découpe en trois sections. L'accueil reproduit le gestionnaire de fichiers avec les mêmes possibilités, de l'envoi/téléchargment de fichiers à la création d'un répertoire partagé. Vous y trouverez l'ensemble des NAS liés à votre compte.
Gérer donne accès à quelques informations sur leur statut (état, anti-virus, volumes) et sur les dossiers ou liens partagés avec l'extérieur que vous pouvez supprimer si nécessaire. Rechercher permet d'ajouter un NAS, comme nous l'avons vu lors de la phase d'installation.
Si cette interface sera suffisante pour le grand public et un usage basique, elle ne le sera pas pour les professionnels, aux besoins d'organisation et de gestion de leurs appareils plus complets. Netgear a donc créé Insight.
Arborant le design renouvellé de la marque, il permet une gestion distante des NAS, points d'accès, routeurs et Switchs manageables Netgear. Une liste est disponible ici.
Deux niveaux d'abonnement sont proposés : Basic (deux appareils offerts) et Premium (30 jours offerts). Ils sont facturés 4,99 et 9,99 euros par élément géré et par an. Le second se distingue par la planification PoE, RADIUS et l'accès via l'application mobile.
Le niveau Pro est pour sa part réservé à des revendeurs proposant le service comme prestation à leurs clients avec le niveau Premium, et disposent d'une interface de gestion plus complète.
Vous pouvez organiser vos produits par site, les suivre par type et accéder à des fonctionnalités de gestion plus ou moins poussées. Par exemple, suivre la consommation des données et les périphériques connectés, mettre en place du VPN site-à-site (gratuit, mais deviendra payant par la suite), mettre à jour les firmwares ou programmer cette étape, modifier les paramètres de vos appareils, etc.
L'interface est plaisante, l'ensemble assez complet, même si on aimerait une interaction avec le service ReadyCLOUD, pour l'accès aux fichiers d'un NAS ou à un terminal. Mais c'est un bon début. Reste la question de la facturation qui en rebutera certains, mais ne posera pas vraiment de souci aux entreprises. Surtout pour la gestion centralisée d'appareils qui peuvent coûter plusieurs centaines ou milliers d'euros.
Autant d'éléments qui pointent tous dans la même direction chez Netgear : le renforcement des services et des abonnements pour générer des revenus récurrents hors de la vente des produits. Ces outils, à la manière d'Insight, ne permettent malheureusement que le suivi des produits maison.
Le client a donc le choix entre s'enfermer au sein de l'écosystème d'une marque en particulier ou se tourner vers d'autres outils. Un défi qui attend les constructeurs pour les années à venir.
RNOS à l'heure du bilan
Que penser finalement de ReadyNAS OS ? Netgear prouve que la réussite d'une interface ne passe pas que par son look. Si l'ensemble est plaisant à l'oeil sans être des plus modernes, il est surtout efficace.
La plupart des éléments sont à leur place, il y a peu de redondance, les fonctionnalités importantes sont accessibles simplement, et on ne peste que rarement contre une tâche trop longue à réaliser. Les professionnels y trouveront leur bonheur, tout comme des utilisateurs aux besoins plus basiques. Ces derniers y trouveront des fonctionnalités rassurantes (l'antivirus), des applications comme Plex, des services de stockage en ligne grand public, etc.
On apprécie également l'utilisation d'une base Debian, d'un accès SSH et la présence de Docker, même si elle doit passer par la ligne de commandes. De fait, l'ensemble est assez ouvert et donne accès à de nombreuses possibilités.
Seul vrai regret : le nombre de services en ligne est limité. En outre, on aimerait que Netgear améliore l'aspect didactique des fonctions dans les mois à venir, outre l'adaptation à ses nouvelles interfaces et une meilleure cohérence de ses services (Insight, ReadyCLOUD notamment).
De nombreuses fonctionnalités sont en effet proposées mais peu explicitées, et le site du constructeur est encore trop pensé pour des techniciens, ce qui peut perdre un utilisateur lambda. Le simple fait que RNOS n'y soit pas présenté comme un élément à part entière, mais uniquement comme un firmware, en est le meilleur exemple.
Dans tous les cas, lors d'un choix de NAS, Netgear est à envisager, sans craindre de voir votre usage limité face à la concurrence. C'est un peu moins clinquant, un peu moins complet par certains aspects, mais il fait son travail, et le fait plutôt bien. L'existence de services comme ReadyCLOUD ou Insight vient parfaire l'ensemble.
Plongée au cœur de ReadyNAS OS 6.10, l’interface de gestion des NAS de Netgear
-
Nouveau look pour une nouvelle vie
-
À la rencontre de ReadyNAS OS 6.10
-
Une installation simple, mais perfectible
-
Gestion des volumes et du RAID
-
Cache système et formatage
-
Suivi des performances, logs et alimentation
-
Activation des services et autres paramètres
-
Gestion des fichiers, partages, instantanés
-
Comptes, iSCSI, réseau
-
La boutique d'applications, Docker et SSH
-
Différentes méthodes de sauvegarde
-
Gestion des services de stockage en ligne
-
ReadyCloud et Insight pour la gestion distante
-
RNOS à l'heure du bilan
Commentaires (6)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 24/01/2019 à 18h21
Question : combien de temps les NAS reçoivent des mises à jour de sécurité ? (Chez Netgear et chez les autres).
Il n’y a pas des vieux modèles qui ne reçoivent plus de mises à jour aujourd’hui ?
Le 24/01/2019 à 19h01
J’ai un RN104 depuis 2013 et il est encore mis à jour. Donc pour netgear, ils ont un plutôt bon suivi.
Le 24/01/2019 à 19h09
J’ai aussi un RN104 et j’en suis très satisfait. C’est sûr que c’est plus limité que Synology mais pour le prix il fait tout ce que je lui demande.
Super dossier qui met en lumière une marque dont on parle moins que Syno et Qnap
Le 24/01/2019 à 21h33
J’ai un ReadyNas Ultra 6 (RNDU6000) de 2011 qui reçoit aussi les dernières mises à jour. Je n’ai jamais eu de soucis avec. J’ai du faire une remise à 0 quand je suis passé de l’OS 4.2 à ReadyNAS OS 6.0, et depuis j’ai enchaîné toutes les mise à jours mineures et majeures sans anicroche.
Edit: D’ailleurs, la 6.9.5 est disponible
Le 26/01/2019 à 09h06
J’espère qu’ils n’ont pas enlevé l’interface web directement dispo sur l’IP du NAS ?
Le 29/01/2019 à 20h29
OK merci pour les infos. C’est une bonne chose que des modèles de 2013 et 2011 soient toujours maintenus.