Diplomatie numérique : la Suisse prend les devants et se propose en médiateur
Helvète underground
Le 22 décembre 2020 à 09h30
5 min
Droit
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Dans un contexte de tensions et d’accusations d’espionnage russe et chinois, la Confédération helvétique se propose comme médiateur. Elle dévoile sa politique étrangère qu’elle souhaite « cohérente dans l’espace numérique » international, dominé par des géants du Net.
« Le numérique offre de nouvelles opportunités pour la diplomatie, la lutte contre la pauvreté et en faveur de la durabilité. Cependant, il comporte aussi des risques, par exemple lors du traitement de vastes quantités de données ou en relation avec la diffusion de fausses informations et la surveillance ».
C’est ainsi que le rapport officiel du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dénommé « Stratégie de politique extérieure numérique 2021 - 2024 », présente les enjeux de ce nouveau terrain diplomatique. Bien qu’adressé en premier lieu aux citoyens de la Confédération helvétique, le document fait de nombreux appels du pied aux instances internationales et acteurs privés.
Protéger Internet, normaliser les relations avec les géants
Cette politique extérieure numérique fait écho à celle de l’Union européenne et de pays voisins comme la France, l'une des priorités d’Ursula Von der Leyen à son arrivée à la présidence de la Commission fin 2019.
Elle avait notamment répété l’importance de définir une « identité européenne numérique ». Le contexte tendu des relations internationales en 2020 est pointé du doigt par la Suisse, qui s’inquiète de ses répercussions sur Internet : « Le regain d’importance de la géopolitique se manifeste aussi dans l’espace numérique, entraînant un risque accru de cloisonnement des réseaux par exemple, qui affaiblirait le caractère ouvert et universel d’Internet ».
L’autre pôle du panorama des relations internationales numérique dressé par le Département fédéral des affaires étrangères suisse tient aux relations avec certains géants américains et chinois du numérique, sans les nommer.
Il précise ainsi que « la fourniture de certains services numériques s’est trouvée concentrée entre les mains des grands groupes d’origine américaine qui dominent le marché et imposent leurs standards, et de leurs concurrents asiatiques. » Ce constat fait, la Suisse ne propose pas de mesure concrète contre ces monopoles, elle envisage même plutôt de les faire participer à ces discussions multilatérales qui ne doivent pas donner lieu à un droit trop contraignant.
Le pays se propose d’ailleurs en « médiateur » dans une « tendance à la constitution de blocs ». Ce rôle n’est pas innocent. On découvre plus loin dans le rapport un appel du pied direct fait aux géants du numérique : « Récemment, ce sont la Libra Association [devenu Diem entre temps, ndlr] ainsi que le Cyber Peace Institute, soutenus par plusieurs entreprises américaines, qui se sont établis à Genève » précise ainsi le rapport.
« À long terme, ces évolutions devraient être favorisées par l’intensification des liens avec les autres pôles technologiques majeurs que sont San Francisco ou Singapour, notamment par le biais du réseau swissnex, reconnu au niveau international », continue-t-il de manière opportune.
La cybersécurité en ligne de mire
Le numérique est présenté par la Suisse comme une composante prioritaire de sa politique extérieure. Elle dévoile à ce titre quatre piliers : la gouvernance numérique, la prospérité et le développement durable, la cybersécurité ainsi que l’autodétermination numérique.
Le rapport insiste lourdement sur les enjeux démocratiques liés aux cyberattaques : « l’éventualité de ces attaques peut à elle seule affaiblir la confiance dans les réseaux et, par conséquent, dans les structures politiques et économiques d’un pays. L’augmentation des tensions géopolitiques renforce encore ces tendances ».
L’un de ses principaux objectifs à travers cette politique étrangère numérique est de plaider pour une plus grande coopération internationale en la matière. Elle recommande ainsi l’application des normes déjà existantes : le droit international reste en effet très volontariste en matière de cybersécurité.
Dans un article associé, le DFAE précise que dans le domaine de la gouvernance numérique en particulier, « la Suisse revendique là un leadership international. Aujourd'hui déjà, plus de la moitié des discussions internationales sur la gouvernance se déroulent dans la Genève internationale. Notre objectif est d'utiliser ce savoir-faire, consulter les experts présents et faire de Genève la capitale internationale de la gouvernance numérique ».
Par ailleurs, la Suisse insiste sur l’importance d’intégrer les acteurs privés dans ce processus. « À l’échelle mondiale, il n’existe pas de consensus sur des normes impératives de conduite et des responsabilités dans l’espace numérique, ce qui porte préjudice à la cybersécurité. Les États ne peuvent pas garantir à eux seuls la sécurité, la liberté et la stabilité de l’espace numérique, d’autant que les acteurs de l’économie privée jouent un rôle décisif dans ce domaine avec leurs produits et leurs services », conclut le rapport avec un clin d'oeil aux GAFAM et BATX.
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La cybersécurité en ligne de mire
Commentaires (3)
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Abonnez-vousLe 22/12/2020 à 10h49
À l’échelle mondiale, il n’existe pas de consensus sur des normes impératives
de conduite et des responsabilités dans l’espace numérique…
ça fait 30 ans* que “l’informatique-grand-public” existe, .ET c’est (que) maintenant qu’ils s’en…………
Le 28/12/2020 à 12h24
“entraînant un risque accru de cloisonnement des réseaux par exemple, qui affaiblirait le caractère ouvert et universel d’Internet”
En langue commune, ça s’appelle la censure politique, à laquelle ont largement participé les médias helvétiques en 2017, avec une promotion indécente du FN côté romanche… Mais analysons plus globalement la situation.
L’ensemble de la presse française est aujourd’hui sous contrôle de 10 milliardaires proches du pouvoir, lesquels ont réussi à nous parachuter leur fils de Rothschild avec les dégâts incalculables que l’on connaît (et ceux à venir…). Seuls quelques courageux journalistes résistent encore sur le web, isolés dans un cocon, avec un pouvoir totalitaire qui traite de complotiste et de conspirationniste toute personne qui ne suit pas sa doxa.
On a vu ces dernières années nos eurofascistes se lier aux GAFAM pour éradiquer les opposants politiques sur la toile, humoristes compris, et nous fabriquer des inquisiteurs du numérique. Désormais, on a droit à des rubriques “fake news” et “decodex”, sans parler de l’infantilisation constante des politiques, plutôt logique face à une grosse partie de la populace nourrie aux journaux propagandistes de l’UE.
Dans ce contexte, que nos amis suisses se réveillent après la guerre, comme à leur habitude, pourquoi pas. Mais le problème, quand on observe leurs propres titres, c’est qu’ils sont passés eux aussi “sous influence de”. Ce ne sont donc pas nos amis suisses qui sauveront le monde. D’ailleurs en ont-ils réellement l’intention, où veulent-ils juste “singer” leurs homologues outre-Rhin ?
C’est là où le programme de l’UPR proposait un bon équilibre entre indépendance et financement de la presse publique, pour arrêter ce massacre de la désinformation, et revenir à de vrais débats démocratiques, loin des shows télévisés stupides et sans consistance que l’on connaît, ou les seuls invités et autres opposants de pacotille sont copains comme cochons.
Il n’y a pas de démocratie possible dans une UE devenue totalitaire depuis 2008, avec la trahison du Traité de Lisbonne. Et ce n’est pas aux suisses de nous libérer. C’est à nous mêmes de faire le bilan honnête et réaliste de 29 ans d’UE, de dire stop, et d’arrêter un massacre qui n’a que trop duré.
Le 28/12/2020 à 12h51
C’est plus de la coupure ou du filtrage des interconnexions ente réseaux Internet qu’il est question