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La mutualisation entre SFR et Bouygues concernera la 2G, la 3G et la 4G

Mais pas avant 2014

La mutualisation entre SFR et Bouygues concernera la 2G, la 3G et la 4G

Le 23 juillet 2013 à 15h30

L'annonce hier par SFR et Bouygues Telecom de leur volonté de mutualiser leurs réseaux mobiles (partiellement) est un véritable choc dans le secteur télécom. Selon SFR, cela devrait concerner tous les réseaux (2G, 3G et 4G) et le territoire entier en dehors des zones très denses, où la mutualisation n'est pas autorisée. Le gouvernement n'a pas caché avoir un avis favorable à un tel rapprochement.

4G SFR Strasbourg

Tous les réseaux concernés

Hier soir, les opérateurs français n°2 et 3 ont donc annoncé être entrés en négociations exclusives, dans le but « d'offrir à leurs clients respectifs la meilleure couverture géographique et la meilleure qualité de service ». Sans rentrer dans les détails, le communiqué commun précisait tout de même que les deux opérateurs « souhaitent relever le défi que représente l’investissement dans les réseaux à très haut débit ». Une phrase qui laissait peu de doute sur leur volonté de mutualiser leurs réseaux 4G (LTE).

 

Interrogé sur ce sujet par nos confrères de ZD Net, Olivier Henrard, le secrétaire général de SFR, a tenu à indiquer que cela concernerait bien la 4G, mais aussi la 2G et la 3G. Si ces deux derniers réseaux ont une couverture quasi nationale chez les deux opérateurs, ce qui réduit l'intérêt de la mutualisation, Henrard note toutefois que « les taux de couverture des opérateurs dans les zones non denses peuvent être très différents ». Il est vrai que certains territoires, notamment en montagne, ne sont pas couverts par tous les opérateurs, contrairement aux zones habitées. Une mutualisation permettra donc des améliorations sur ce point. « Là où un opérateur sera leader, il opèrera les deux réseaux » explique d'ailleurs le cadre de SFR.

« Organiser une répartition géographique des déploiements »

Concernant la 4G, nerf de la guerre actuelle entre les opérateurs, la mutualisation aura pour objectif d'améliorer la couverture nationale commune entre les deux sociétés en utilisant le réseau de l'un et l'autre via des investissements ciblés. « Il s'agira à terme d'organiser une répartition géographique des déploiements. Cette répartition est au coeur des négociations actuelles » résume Henrard.

 

Cela ne signifie pas pour autant que SFR rattrapera immédiatement la couverture 4G dont disposera Bouygues Telecom dans un peu plus de deux mois après avoir exploité sa bande 1800 MHz. Olivier Henrard note ainsi avec justesse que leur mutualisation concernera avant tout les zones peu denses. Or à ce jour et cela sera toujours le cas dans les mois à venir, les réseaux 4G de tous les opérateurs sont concentrés dans les villes, donc dans les zones très denses. Des territoires qui ne seront donc pas concernés par l'accord entre SFR et Bouygues Telecom.

 

Selon le communiqué de presse commun entre les deux opérateurs, ces discussions exclusives devraient se terminer avant la fin de l'année. Néanmoins, d'après Olivier Henrard, il ne faut pas s'attendre à ce que cette mutualisation débute rapidement. Le secrétaire général précise ainsi que cet accord ne devrait entrer en vigueur « qu'à l'été 2014 et mettra quatre ans à se mettre en place ».

« On se devait de réagir »

D'après Henrard, ce futur partenariat est aussi une réponse à l'accord entre Free et Orange. « On se devait de réagir. » Il faut toutefois noter que ce dernier est forcément différent de celui qui sera signé entre SFR et Bouygues. En effet, non seulement l'accord Free/Orange concerne l'intégralité du territoire, mais il s'agit d'un partenariat commercial où seul Free Mobile passe à la caisse. Orange n'exploite d'ailleurs pas le réseau de Free. Cet accord n'est d'ailleurs pas du tout une mutualisation. Néanmoins, en s'alliant, Orange et Free ont surtout poussé Bouygues et SFR à se rapprocher à leur tour d'une façon plus naturelle.

 

Afin de réduire ses coûts tout en améliorant ses taux de couverture et ses services, la mutualisation des réseaux est donc l'une des meilleures solutions à mettre en place. Elle est de plus la moins risquée juridiquement dès lors que les autorités permettent ce type de rapprochement si cela concerne les zones peu denses. Les économies sont pour le moment difficile à évaluer tant que les détails de l'accord ne sont pas encore connus. Tout dépend en effet du taux de la population qui sera touché par cette mutualisation. « En mettant en commun leurs réseaux, les experts estiment que les coûts de maintenance peuvent être réduits de 30 % et les investissements, de l’ordre de 20 % » affirme nos confrères des Échos. Toutefois, Henrard précise que les synergies entre les deux sociétés peuvent passer « du simple au double » en fonction du périmètre de l'accord.

Pour le gouvernement, la mutualisation « apparaît particulièrement adaptée »

Du côté du gouvernement, Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, et Fleur Pellerin, ministre déléguée notamment à l'innovation et de l'économie numérique, ont publié un communiqué commun hier soir. Tous deux ont ainsi pris « acte de la volonté des sociétés SFR et Bouygues Télécom d'engager des discussions exclusives concernant la mutualisation de leurs réseaux 2G, 3G et 4G », confirmant par là même que les trois types de réseaux sont concernés par ces discussions.

 

Si le gouvernement remarque qu'il restera vigilant à l'investissement individuel de chaque opérateur dans les nouveaux réseaux, il confie cependant que ce futur accord « s'inscrit dans la stratégie du Gouvernement de créer les conditions d'investissement pour l'ensemble des opérateurs dans les nouveaux réseaux ». Dès lors que cet accord peut mener à une meilleure couverture 4G du pays, le gouvernement ne semble n'y voir rien à y redire. D'autant que la mutualisation des réseaux « apparaît particulièrement adaptée lorsque les niveaux de marge sont plus contraints, comme c'est le cas à l'heure actuelle » notent ainsi les deux ministres.

L'Autorité de la concurrence favorable à une mutualisation, mais sous conditions

Rappelons qu'en début d'année, l'Autorité de la Concurrence affirmait ceci :

 

Dans les zones peu denses du territoire, il apparaît que l'ensemble des modalités de partage de réseaux est envisageable (partage d'infrastructures passives ou actives) dans la mesure où les gains attendus sont importants et qu'ils peuvent être rétrocédés aux consommateurs par le biais d'un déploiement plus rapide ou plus étendu des réseaux dans ces territoires: la mutualisation peut créer une émulation bénéfique autour d’un « mieux-disant territorial ».

 

Une déclaration en droite ligne du futur accord entre SFR et Bouygues Telecom. Néanmoins, l'autorité ne cachait pas qu'elle émettait deux réserves. Tout d'abord, les opérateurs qui souhaiteront mutualiser leurs réseaux devront justifier, notamment au niveau technique, les raisons de ce rapprochement. Enfin, l'autorité s'inquiète des possibles échanges d'informations entre les deux sociétés, ceci pour des raisons évidentes de concurrence faussée. Elle souhaite ainsi que les acteurs concernés par la mutualisation prennent « des précautions particulières en ce qui concerne l’échange d’informations. À cet égard, la préférence pourra être donnée à la création d’une entreprise commune, chargée de piloter le réseau. » L'autorité précise que cette société commune ne devra pas échanger d'informations avec les maisons mères respectives. « Des clauses très strictes devront également être prévues dans les mandats des administrateurs et les contrats de travail des salariés, avec une surveillance effective. »

 

Si SFR et Bouygues Telecom souhaitent que leur accord soit accepté par l'Autorité de la concurrence (et l'ARCEP), il ne serait pas étonnant que ces conseils soient suivis à la lettre.

Commentaires (19)

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colonelhati a écrit :



J’imagine qu’ils seraient capables de limiter les MVNO à un des deux réseaux, mais pour leurs propres marques low-cost ça serait se tirer une balle dans le pied.



J’ai du mal à voir l’ARCEP autoriser une telle discrimination quand même, qui signerait l’arrêt de mort des MVNO utilisant ces réseaux.





Non seulement ça, mais ça leur couterait bonbon pour… perdre du fric.


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Et donc elle sera où la concurrence en terme de prix ? Car s’il y a mutualisation, il y aura forcément entente sur les prix pour ces 2 sociétés…

Je vois mal Bouygues (par exemple) proposer des forfaits bcp moins cher que ceux de SFR alors que Bouygues utilisent le réseau SFR…

Finalement, encore un traquenard pour les clients ça c’est sur ! Il a bon dos l’accord Orange/Free…

Les opérateurs mobiles, quel qu’il soit, sont toujours “‘obligé de”.. On a l’impression que c’est toujours la faute du contexte économique, des concurents, de l’ARCEP, etc… Ils nous donne l’impression qu’ils ne peuvent jamais rien faire par eux même, pas d’initiatives, pas d’innovations réelles, etc… Les pauvres…. En tout cas, moi je les plains pas.

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Les prix étant déjà très similaires pour les deux, je doute que cela change bcp de choses. Le but premier est de réduire les coûts d’infrastructure pour abaisser les prix augmenter les marges.



Les (mes <img data-src=" />) actions Bouygues ayant pris 6,8% ajd, ça irait plutôt dans ce sens…

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arno53 a écrit :



Je plussoie l’idée d’un réseau radio d’état …

Aujourd’hui, pour schématisé, dans des zones moyennement dense t’as les antennes des 4 opérateurs qui n’utilise chaque une que 25% de leur bande passante et encore pour les petit patelin c’est pire … Autant avec un réseau d’état t’aurais 1 antennes voir 2 grand max … Et l’argent économisé pourrais permettre de couvrir des zones mal desservie aujourd’hui …



Fin bref les compagnies télécom, d’eau, d’éléctricité, de gaz et d’autoroutes font des milliards de profit mais l’état a préféré les privatiser …







Attends, tu parles de péréquation? Non, aujourd’hui des gens pensent encore à ça? Communiste !



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suis entièrement d’accord avec ton post.


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Les dirigeants d’Iliad doivent être dans leurs petits souliers ! <img data-src=" />



Cela promet de nombreux recours devant les diverses juridictions permettant de bloquer ce projet.<img data-src=" />

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arno53 a écrit :



Fin bref les compagnies télécom, d’eau, d’éléctricité, de gaz et d’autoroutes font des milliards de profit mais l’état a préféré les privatiser …







Oui mais tu comprends, il faut qu’on soit à 3% de déficit alors on peut pas tout faire.



3%, ça vaut tout l’or du monde.


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B&You et Red concernés ?

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Marc4444 a écrit :



B&You et Red concernés ?







J’imagine qu’ils seraient capables de limiter les MVNO à un des deux réseaux, mais pour leurs propres marques low-cost ça serait se tirer une balle dans le pied.



J’ai du mal à voir l’ARCEP autoriser une telle discrimination quand même, qui signerait l’arrêt de mort des MVNO utilisant ces réseaux.


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Vais-je enfin avoir un réseau 3G décent avec mon abonnement Bouygues Pro ?



Parce que les connexions H+ alternatives, qui repassent en Edge, puis en GPRS, puis à nouveau en Edge, puis en H+, puis en plus rien du tout etc. sans bouger d’un mètre, ça me fatigue…

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Ont-ils si peur que ça d’orange et free ?

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Marc4444 a écrit :



B&You et Red concernés ?





Etant donné qu’ils sont sur les réseaux des 2 “grands” oui, surtout que ne pas leur laisser l’accès serait vu comme un monopole illégal


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Ah Bouygues ce coucou !

J’espère qu’il va vite dégager sa caravane de la pelouse du château de SFR. Déjà qu’il abuse du château de Numéricable, faudrait pas pousser le bouchon un peu trop loin. <img data-src=" />

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Une excellente idée, depuis le temps qu’il faudrait que ça existe… En espérant que l’ARCEP l’autorise. Normalement pour la 4G ca devrait passer mais le reste… :/

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Et Virgin, film mnvo exploitant SFR et Orange ?

On aura droit à un super combo des trois?



Dommage que cela ne concerne pas les zones denses, je trouve dommage de devoir planter des antennes non mutualisable. Je ne comprendrai jamais pourquoi les antennes ne sont pas mutualisees d’office :-/

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En fait, la mutualisation devrai être pour tous les opérateurs sans exception, sur un réseau état. Ca éviterai la multiplication d’antennes en tout genre et peut être (rêvons un peu) un meilleur réseau global …

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Gilbert_Gosseyn a écrit :



En fait, la mutualisation devrai être pour tous les opérateurs sans exception, sur un réseau état. Ca éviterai la multiplication d’antennes en tout genre et peut être (rêvons un peu) un meilleur réseau global …





Mais la congestion pourrait être un soucis si on a moins d’antennes :/


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Esod a écrit :



Mais la congestion pourrait être un soucis si on a moins d’antennes :/







Je plussoie l’idée d’un réseau radio d’état …

Aujourd’hui, pour schématisé, dans des zones moyennement dense t’as les antennes des 4 opérateurs qui n’utilise chaque une que 25% de leur bande passante et encore pour les petit patelin c’est pire … Autant avec un réseau d’état t’aurais 1 antennes voir 2 grand max … Et l’argent économisé pourrais permettre de couvrir des zones mal desservie aujourd’hui …



Fin bref les compagnies télécom, d’eau, d’éléctricité, de gaz et d’autoroutes font des milliards de profit mais l’état a préféré les privatiser …


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Gilbert_Gosseyn a écrit :



En fait, la mutualisation devrai être pour tous les opérateurs sans exception, sur un réseau état. Ca éviterai la multiplication d’antennes en tout genre et peut être (rêvons un peu) un meilleur réseau global …







+1, sur le modèle erdf / grdf + des distributeurs qui commercialisent des offres.



Avec tout le pognon englouti depuis des années par les différents opérateurs pour construire 3 (et maintenant 4) réseaux aux mêmes endroits.. On aurait un superbe réseau unique !


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Le vrai gros challenge c’est l’ouverture de l’europe à tout les réseaux télécoms. L’interdiction de l’itinerance (2016 il me semble) est un énorme challenge, car l’opérateur qui sera partout (comme orange) sera inévitablement en position de leader car il n’aura pas besoin de se faire payer des frais d’itinérance (transparent pour le client). Alors la mutualisation des moyens va se mettre en place et il est fort possible que d’ici peu, tout les opérateurs essayeront de racheter d’autres opérateurs européens (on pense à free pour la belgique par exemple…)

La mutualisation entre SFR et Bouygues concernera la 2G, la 3G et la 4G

  • Tous les réseaux concernés

  • « Organiser une répartition géographique des déploiements »

  • « On se devait de réagir »

  • Pour le gouvernement, la mutualisation « apparaît particulièrement adaptée »

  • L'Autorité de la concurrence favorable à une mutualisation, mais sous conditions

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